« Je suis né pour le désespoir et ma tristesse est sans raison »,
« Je croupis dans des villes tristes parmi des condamnés bien habillés qui font des affaires, c'est lundi mardi mercredi jeudi...et le reste de la semaine » ,
« Coupez la plus rose des roses et posez-la sur ma poitrine ».,
« toute ma haine vient de votre majuscule,Maman ».
Voilà, ci gît, ci-gît non pas le poème mais la nuit , cette nuit « sans jamais qu'on la nomme » . J'entends Poésie là où tant et tant de larmes furent versées, renversées.
Un pleur, une lamentation. « Les morts me parlent » écrit il dans le recueil suivant.
Les morts...qui gît ?
Est-ce cette colère, cette enfance, cette terrible enfance qu'il sait nous rendre si proche, si chair ?
La douleur, la colère, le désespoir sont peut être inertes, mais ils parlent et s'en reviennent.
La Poésie ne se conçoit ouvertement que dans le partage, elle ne minuscule pas, elle ne réduit pas, elle fait partie du grand royaume des "consolances".
Et puis c'est un acte, un geste, une création. La création d'un autre langage. Celui qui naitra de sa propre terre. « Je suis poète », c'est une gifle, pas une caresse. Un crachat qu'il jette à la face du mal.
« Je suis poète », voilà son arme.
Calaferte perfore les mots. Il ... « entrelascive », il …. « s'enlascine », il voit des « lassos solaires ciseler les lilas, on « l'envoutale », on « l'enlubrique », doucement dans sa nuit,…. on lui sourit.
Voyance/vision phénoménale. Pourtant, à aucun moment, même lorsque la nuit se fait profonde, à aucun moment on ne craint d'être happer par toutes ces ombres.
Dialogue et non emprise.
Parce qu'il est libre, survivant et combattant, on sent l'écriture de Calaferte solide comme un arbre.
« Tournesols des nuits aux doigts grands de l'enfant blême – Il tremble - il a peur – ou peut être est-il glacé – Viens – mon enfant -Ma chair Sang d'autrefois que j'aime – Et parle et pleure – dans tes hoquets noirs je sais que tu m'apportes le Poème . »
Rimbaud, Van Gogh, Calaferte…. Comment peut on ne pas aimer le Poème ?
Astrid Shriqui Garain
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Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie)
Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020.
À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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