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EAN : 9782367601175
264 pages
Erick Bonnier (05/04/2018)
3.86/5   7 notes
Résumé :
En 1170, Saladin est maître de l’Égypte, mais son pouvoir est fragile. L’un de ses amis meurt de façon inexpliquée, Saladin entend bien ne pas laisser ce crime impuni ; il charge donc le philosophe juif Maïmonide, son médecin personnel, de lui trouver un savant capable d’apporter une réponse à ce mystère.

C’est un chrétien qui se présente. S’ouvre alors un immense jeu de
dupes. Car, c’est pour un autre objectif que l’Église de Tolède l’a autori... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je me suis plongée dans ce livre sans savoir de quoi il parlait, je connaissais l'auteur à travers l'un de ses précédents romans que j'avais beaucoup aimé et cela me suffisait pour avoir envie de découvrir son nouveau livre. Je lis rarement les résumés dans leur globalité, si je ne connais pas l'auteur je veux juste savoir de quoi parle le livre (relations familiales, période historique, lieux, thriller, fiction, essai…). C'est aussi pour cela que j'évite de lire ou de regarder les vidéos des bloggeurs qui chroniquent un livre que je n'ai pas encore lu. J'aime l'effet de surprise, découvrir au fur et à mesure et surtout ne pas avoir d'idées préconçues. Là, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, seul "roman historique" sur la couverture me donnait quelques pistes et je savais que c'était une enquête après un empoisonnement. Mais j'aime les enquêtes, le mystère, l'histoire, donc tout était réuni pour que je passe un bon moment de lecture. Et ce fut le cas… mais à ma grande surprise pour tout autre chose que ce qui me séduit habituellement.

Dans ce roman, ce n'est pas tant l'enquête en elle-même qui m'a plu mais l'ambiance générale, les descriptions, les personnages, l'atmosphère de la ville, le parfum des rues… D'habitude je fonce à travers les pages de ce genre de roman, avide de découvrir la suite des événements, anxieuse de connaître la prochaine victime, heureuse de trouver quelques pistes de l'intrigue. Ici, ce fut tout le contraire, je savourais chaque page, je prenais mon temps, j'avançais lentement dans ma lecture. L'enquête est prenante et sort des sentiers battus mais pour moi ce n'était pas l'élément central du livre. C'est la ville de Fustât qui reste le pivot de ce roman, ses riches marchands, ses intrigues, ses érudits… A travers les yeux surpris d'Avendeuth, narrateur de l'histoire, on découvre un monde musulman qui n'a rien à envier à l'Espagne de l'époque, tant par la richesse de sa culture que par sa pensée philosophique. Un pays qui va réussir petit à petit à changer Avendeuth, à le sortir de cette espèce de léthargie sensorielle dans laquelle il se complait. Lui qui se voit comme la main de Dieu, comme le Prince des Ténèbres, détaché de toute humanité, semble au fil des pages se réveiller au monde qui l'entoure. Car oui, il est particulièrement antipathique, on n'arrive pas à s'attacher à ce personnage et on se dit qu'autant de pages en sa compagnie risque d'être compliqué ! C'est sûrement l'un des points négatifs pour moi. J'aurai aimé avoir affaire à un personnage moins froid, plus vivant, notamment dans la première partie du livre… Mais heureusement, au fur et à mesure que l'enquête avance, qu'il rencontre les autres protagonistes de l'histoire, suspects ou simples témoins, on le voit entrouvrir la porte aux plaisirs des sens. La nourriture, la sensualité, la beauté du monde commencent à le toucher, voire à l'émouvoir. On sent qu'il est capable de continuer à évoluer et qu'il peut abandonner les ténèbres pour faire entrer un peu de lumière dans sa vie.

J'ai particulièrement apprécié l'écriture, j'avoue que par moments, j'ai retrouvé ce qui m'avait tant plu dans Soufi, mon amour d'Elif Shafak, une atmosphère particulière, un style descriptif et riche totalement immersif. On déambule avec Avendeuth à travers les rues de Fustât, on goûte en sa compagnie les mets les plus parfumés, on découvre à travers ses yeux la richesse des tissus, à travers son nez, les odeurs de la ville ! Je trouve que ce personnage à un vrai potentiel pour devenir un héros récurrent dans d'autres aventures qui nous mèneraient vers l'Italie ou l'Orient de l'époque… En tous cas, j'ai beaucoup aimé mon voyage.

A lire sur le blog :
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Avendeuth, médecin de Tolède est appelé à Fustât, dans la banlieue du Caire, par son confrère, le philosophe juif Maïmonide afin d'élucider un crime étrange. C'est Saladin, maître de l'Egypte qui lui a demandé de s'adjoindre le concours de savants après ma mort mystérieuse de Saad, un marchand de tissu aimé et respecté dans toute la ville. Si le clergé espagnol a poussé Avendeuth a traverser la Méditerranée, ce n'est pas tant pour assister Saladin que pour se rapprocher des textes scientifiques grecs en possession des Arabes.

Hélène Calvez met en scène un enquêteur à la fois philosophe et illuminé, persuadé d'être le bras de Dieu sur terre, empoisonneur érudit. Ce personnage austère, détaché de toutes les contingences matérielles qui s'est forgé une morale bien à lui, justifiée par de fumeuses considération mystiques, se trouve soudain confronté à un monde oriental tout à fait étranger à son mode de pensée. L'auteure le lance dans des investigations complexes où son esprit de déduction fera sensation. C'est surtout l'occasion d'une déambulation dans les quartiers de la ville, où de rencontre en rencontre, se dessine l'image du monde musulman du XIIe siècle dans sa complexité. Son détective improvisé s'émerveille tantôt de l'état d'avancement de la médecine ou du raffinement de certain mets, s'indigne à d'autres moments du manque de religiosité et reste interdit lorsqu'il est confronté à des approches philosophiques qui lui sont étrangères. le procédé est habile, on en apprend beaucoup.

L'intrigue n'en est pas délaissée pour autant, le fin limier espagnol construit petit à petit sa conviction, il interroge les témoins, accumulent les preuves, relève les indices. Et le dénouement de l'affaire, s'il n'est pas d'une originalité remarquable, n'en est pas moins ingénieux et complexe.

Le personnage principal est parfaitement antipathique, même lorsqu'il s'humanise légèrement (et temporairement) au contact des délices de l'Orient. Il a la fâcheuse certitude de sa supériorité, traitant en particulier le pauvre Maïmonide avec dédain et condescendance. C'est fort déplaisant. sans leur dernier entretien, j'aurais fini par soupçonner l'auteure de vouloir le dénigrer par la bouche de son héros.

La fin du livre est un peu bâclée, l'auteure semble soudain se souvenir que le voyage et l'enquête qui s'en est suivie n'était que prétexte à un dessein plus noble, imaginé par quelques religieux. C'est expédié en moins de dix pages, à la vas-y comme je te pousse. Les digressions philosophiques sont souvent un peu naïves et les considérations économiques me semblent parfois anachroniques, en particulier une perception des mécanismes de marché qui n'était pas encore acquise au XIIe siècle (si je me souviens bien de Cameron -c'est loin!). Ajoutons que, si le bouquin se lit facilement et que l'auteure parvient à nous tenir en haleine, c'est écrit assez maladroitement (Hélène, si vous me lisez, je vous en supplie, arrêtez d'écrire "l'on", ça fait première de classe en terminale. Celle qui a finit comptable au ministère.)

En conclusion, j'ai passé un bon moment et appris des choses, même si le bouquin est parfois un peu déséquilibré et verbeux.
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Comme l'affirmait Régine Pernoud dans son étude Pour en finir avec le Moyen-âge (Le Seuil – 1977), cette période de l'histoire de l'humanité ne fut pas aussi obscurantiste que l'ont prétendu bon nombre de manuels d'histoire, et d'historiens.

Et si les technologies numériques n'avaient pas encore été inventées, les sciences philosophiques, médicinales, chirurgicales et autres enregistraient de très gros progrès, surtout avec l'apport des études des Anciens dont Aristote. Et c'est bien en référence à ce philosophe qui aborda tous les genres que le narrateur de ce roman historique, natif de Tolède et ayant suivi des études à Séville auprès d'Avenzoar, médecin, chirurgien et découvreur, nous conte un épisode de sa vie.

Avendeuth ainsi dénommé par son père Jean de Séville, médecin, traducteur et astrologue, à l'âge de sept ans mais aussi connu sous les noms de Jean de Tolède ou Jean David, est mandé par le rabbin philosophe Maïmonide à Fustât, ville incorporée depuis peu au du Caire, à enquêter sur une mort suspecte en la personne de Saad al Dawla al Misri, riche négociant en tissu et tisseur lui-même, soutien de l'Egypte et ami de Saladin alors dirigeant de ce pays qui subit les croisades des Francs.

Or, à cette époque, dans les années 1170, en Espagne et particulièrement à Tolède, Juifs, Musulmans et Chrétiens vivent en bonne intelligence, même si la mosquée a été transformée en cathédrale.

Avendeuth a donc suivi des études de médecine, est devenu traducteur comme son père, mais surtout s'est spécialisé dans la flore médicinale et aux poisons. Il est devenu un Empoisonneur, et non un tueur, car c'est à la demande des familles qu'il pratique son art. Il s'est d'ailleurs surnommé le Prince des Ténèbres, mandaté par Dieu pour empêcher la résurrection des viles personnes. Et il visite dans son laboratoire l'Autre-Monde grâce aux substances qu'il prépare. Mais c'est pour ses connaissances et plus qu'encouragé par son père et l'archidiacre, Dominique Gundissalvi, qu'il s'est rendu à Fustât afin d'enquêter sur cette affaire. Seulement, une autre obsession l'habite, celle de découvrir la matérialité de l'âme, de la voir, d'en démontrer l'existence ou non. L'âme ou psyché en grec.

Il rencontre Khadi, la veuve de Saad, ainsi qu'un des portiers de la mosquée Ibn Tûlûn dans laquelle vivait le défunt depuis vingt jours. Il apparaissait montant le minaret appelant les fidèles à la prière, puis procédait à ses ablutions, observant un jeûne rigoureux.

Or en conversant avec ses différents interlocuteurs, Avendeuth se rend compte d'une dichotomie entre les actes et les paroles de Saad. Malgré ses connaissances déjà poussées, il découvre d'autres plantes qui peuvent aussi bien être médicinales que mortifères, selon leur dosage.

La suite ci-dessous :
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livre recu dans le cadre de la derniere operation masse critique, un grand merci a Babelio et aux éditions Eric Bonnier.

pardon d'avance pour l'avis un peu abrupt, il est de ce genre de livre ou j'ai enormément de mal a en parler tellement je suis confuse ... du coup ca sort comme ca sort ^^

le résumer est sympa et donne envie, après l'histoire est très.. très théologique en fait c'est sympa certes mais ça reste très très autour des différences entre chrétiens juifs et musulman sur la place de l'âme, sur leurs manières de vivre leur pensée philosophique le tout sur un fond d'enquête sur un meurtre pour découvrir comment et qui et pourquoi il y a vraiment du très bon si ce n'est que c'est peut être un peu trop theologique, philosophique, pour moi par moment , ou au contraire pas assez développé sur le prince des ténèbres et en même temps juste ce qu'il faut.... c'est très étrange le genre de livre ou tu as du mal à te décider si tu as aimé ou pas mais ça reste intéressant... À lire pour se faire une idée
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Très bonne lecture. Moins enquête policière que roman historique et réflexion théologique, l'intrigue n'en reste pas moins prenante et bien rythmée. Ce livre flattera ceux qui s'intéressent aux sciences de l'empoisonnement, à la médecine et aux origines du monde musulman - y compris sur des détails savoureux rapport à l'alimentation de l'époque, par exemple. On sent le long travail de documentation.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Depuis que j'avais posé le pied en Egypte, je n'avais pas manqué d'observer des différences entre le monde chrétien et l'Orient. Au début, cela m'avait amusé, puis intrigué, avant de réaliser qu'il s'agissait bien plus que de codes vestimentaires, ou de bienséance, cela touchait à l'essence même de la société.
Le monde chrétien vivait dans l'attente de la fin du monde et nos théologiens glosaient ad libitum sur les signes que prendrait ladite fin des temps: tantôt ce serait un ciel de sang, tantôt des incendies monstrueux; l'on décortiquait le Livre de l'Apocalypse pour lui faire dire ce que l'on voulait lui faire dire.
A Fustât, l'on jouissait de la vie, avec la bénédiction divine, in sha Allah.
Dieu était-il unique?
Toutes les différences que j'avais pu observer s'était cumulées pour façonner le bélier qui avait enfoncé la porte de mes certitudes.
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Sache que s’il y a une chose dont je ne me suis jamais préoccupé, c’est la politique. Mais ce n’est pas parce que je ne suis pas versé dans cet art que je ne connais pas les politiciens. Ce sont des individus qui n’admettent pas qu’on leur rappelle leurs erreurs.
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S’il est une chose qu’apprécient les gens de pouvoir, c’est la flatterie. Ils seront d’autant plus sensible aux louanges s’ils sont cajolés par celui qui n’est pas réputé en faire.
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L’on sait que raison et foi ne font pas bon ménage. L’une et l’autre ne se comprennent pas, donc s’ignorent. Comment faire entendre raison à qui en est totalement dépourvu ?
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Lorsqu’un médecin ne veut pas te dire la vérité, il t’envoie vers un confrère.
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