Le style est soigné, voire précieux... mais le côté réactionnaire décomplexé agace. Excessif...
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Poursuivant une oeuvre considérable de littérateur et de grammairien, Renaud Camus plaide, dans son dernier livre, Décivilisation, pour une certaine forme de philosophie utilitariste.
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On peut certes juger d'emblée de tels livres réactionnaires, trop politiquement incorrects pour ne pas nourrir le rêve de corrections sévères à coups de martinet ou de férules moins caressantes encore, et il y a de ça : difficile tout de même d'envisager l'ordre ancien comme une utopie et d'y aspirer de toutes nos forces. [...] Cependant, les pamphlets contre l'époque ont toujours un côté vengeur et réjouissant lorsque les allergies de l'auteur rencontrent les nôtres.
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La société devient de plus en plus brutale, non seulement violente et délinquante, criminelle, mais à tout moment grossière, agressive, mufle, incivile, à mesure qu’elle est plus idéologiquement et médiatiquement bien-pensante : comme si l’exigence là la libérait de toute contrainte ici, et l’idéologie de la morale. Les mêmes qui, en sortant d’un ascenseur, passent devant vous en vous marchant sur les pieds sans vous voir et sans interrompre leur conversation avec des tiers sont prêts à vous donner l’instant d’après de sérieuses leçons sur l’égalité entre les hommes, entre les hommes et les femmes, entre les enfants et les vieillards, entre les races qui n’existent pas. D’une société qui n’a d’autre mot à la bouche qu’ouverture et diversité s’efface progressivement le regard, cette façon de reconnaître l’autre et d’abord de le voir et de laisser paraître qu’on le voit, qu’on lui fait sa place dans la communauté d’espèce.
Le regard, le regard poli échangé, m’a toujours semblé le contraire le plus exact du racisme véritable, parce qu’il est acquiescement muet à la fraternité d’appartenance. Mais notre époque, la plus obsédée qui ait jamais été, et pour cause, par la bonne pensée dogmatico-antiraciste, est en même temps, je crois bien, est-ce par coïncidence, celle qui a inventé la ridicule affectation de ne pas voir, de ne pas voir l’autre, fût-on enfermé trois minutes durant avec lui, entre vingt étages, dans une cabine d’un mètre carré, le croisât-on sur un sentier de montagne ou partageât-on avec lui une salle de petit déjeuner d’hôtel ; de ne pas le voir et, a fortiori, de ne pas le saluer, fût-ce d’un discret signe de tête ou d’une esquisse de sourire.
La culture est liée aux maisons, aux bibliothèques, aux collections privées si modestes soient-elles, aux jardins, à une inscription de l’individu dans le paysage ou dans le quartier, à une expérience héritée du temps, rendue palpable par des objets, des souvenirs, des images, des livres fréquentés dès l’enfance, d’incertains récits, une mythologie intime, le roman familial. On a créé un monde d’éternels nouveaux venus, de fils de personne, auxquels l’espace sensible ne parle pas et qui le traversent sans le voir, tout fiers s’ils peuvent offrir à leurs enfants, à l’arrière de la voiture, une véritable petite salle de cinéma, qui leur permet de voyager sans s’ennuyer, et de n’avoir pas à regarder par la portière. Comment s’étonner si les uns et les autres sont si indifférents à la mise à sac du visible, du foulable, du traversable, du respirable (si mal, si peu), par la laideur, par l’appât du gain, par une conception purement matérielle et pour le coup post-culturelle du territoire, envisagé du seul point de vue de ce qu’on peut espérer en tirer en termes d’exploitation, comme “retombées économiques” (prononcez : au bénéfice de l’emploi).
J’aimais mieux savoir qu’il existait un parc magnifique et préservé dans son silence, dans sa solitude, dans sa poésie, par une exclusion dont j’étais la première victime, que d’y être admis avec la foule sans limite pour laquelle il faudra l’aménager.
La même époque, la nôtre, estime fausses, ou criminelles, et le plus souvent les deux, des opinions qui ont eu cours très sereinement pendant vingt ou trente siècles avant elle.
Comment peut-on espérer faire aimer Racine ou Marivaux à des adolescents qui de toute leur vie ne voient que des choses laides, des villes laides, des quartiers affreux ?
Rencontre avec Renaud Camus à Paris, à la Maison des Mines, le 18 mars 2022
Programme : -Conférence autour de son dernier livre La Dépossession animée par François Bousquet
– Débat avec le philosophe Olivier Rey
– Rencontre et dédicace
Informations utiles :
Date : 18 mars 2022
Horaires : 19h30-23h
Maison des Mines
270 rue St Jacques 75005 Paris
Tarifs :
Billet classique : 10€
Billet classique + La Dépossession : 41€
Billet -26 ans : 7€
Billet -26 ans + La Dépossession : 39€
Billeterie :
https://my.weezevent.com/conference-dedicace-renaud-camus-a-paris