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EAN : 9782867449536
160 pages
P.O.L. (08/06/2003)
4.03/5   19 notes
Résumé :
« On fit pour lui un trou sous la façade au midi, un peu à l’écart des autres chiens : c’est ainsi qu’il avait vécu. Sa tombe se trouve exactement sous la fenêtre de son maître, celle d’où vient la lumière à la table de travail, toute la journée. Et quand le maître, pour mieux observer la campagne, fait quelques pas jusqu’à cette embrasure, la pensée du Horla monte vers lui, de la dépouille enterrée là, dix ou quinze mètres plus bas. Elle se mélange dans son regard ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre a valu à l'auteur le prix "Trente millions d'amis", ce qui l'embarrassa un peu, car il rêvait d'une gloire littéraire un peu plus assurée. N'importe : cette vie de chien est magnifiquement écrite, émouvante à chaque page, et toujours extrêmement bien tenue, sans jamais aucun dérapage dans le pathos. Rester digne en exprimant son amour pour son chien, voilà qui n'est pas facile.
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Le maître raconte sa vie avec Horla et avec ses autres chiens : il part chercher, dans les environs de la Rochelle, un labrador sable. Quelques jours plus tard, il ramène aussi un petit chien noir, le frère d'Hapax, qui lui avait manifesté une grande affection par des "lèchements de mains, mordillages divers, cabrioles et battements de queue".
Sur le chemin de la maison, qui est une tour, un pigeonnier, le petit labrador noir ne cesse de hurler : que pleure-t-il?
Arrivé au lieu de sa vie future, il retrouve son frère sable et se sent déjà chez lui.
Le maître nous raconte son amour des chiens, leurs différences de comportement et de caractère, en se gardant bien du défaut de l'écrivain qui prendrait ses distances pour qu'on ne l'accuse pas de mièvrerie.
Horla tient son nom De Maupassant, de ce fantôme qui vient vider la nuit la carafe ou de l'aérostat qu'il est dans un autre texte : c'est le côté sombre de ce nom qui a fait que le chien s'est appelé ainsi, lui qui aime tant son maître mais se plaît aussi à disparaître dans la campagne, ne laissant voir de lui parfois que "deux yeux fixes, très lumineux, dorés, suspendus dans le vide, et qui brillaient entre les branches."

Il y a de beaux passages, et même quelques lignes magnifiques (voir citations).

L'épisode furtif du chat qui s'invite à la maison a fait écho à des choses personnelles, comme beaucoup de choses dans le reste du livre. Quiconque aime les chiens ne peut que retrouver dans ce texte très bien écrit et qui fait sourire par moments, pleurer aussi à la fin, comme on s'y attend malheureusement, à cause de la fatalité des espérances de vie trop différentes.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Voici un homme qui aime les chiens et les hommes bien qu'il soit tenu pour un pestiféré par la doxa médiatique de gôche, toujours prête à trainer dans la boue les mal pensants qui sont de plus en plus nombreux, ce qui la met en rogne et qui est finalement réjouissant.








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Au long de cette biographie de chien, Renaud Camus, clamant vouloir éviter la psychologie calquée sur l'humain, décortique les comportements de l'animal avec une grande sensibilité. La hiérarchisation sociale des animaux, parallèle à celle des hommes, mais sous la table. Ainsi en considérant l'application de la loi du plus fort, du dominant, chez l'animal, on en viendrait comme malgré nous à l'idée que peut-être la domination est également naturelle chez l'homme, logique découlant de la sensibilité, des tendances à la domination et de la supériorité de certains. Or, cette vie domestique des animaux, est entièrement dépendante du monde des hommes, n'est-ce pas l'homme qui impose les relations de domination avec les espèces avec lesquelles il entre en interaction ? le lien étymologique entre domestication et domination est d'ailleurs évident. le latin dominus, maître de maison poserait presque comme évidence la sédentarisation comme structuration d'une hiérarchie sociale, ou d'espèces, lutte pour la maîtrise d'un territoire clos appelé maison (doma, en russe).
Si le parallèle avec l'invention De Maupassant est trop poussée et forcée, l'analyse de l'évolution de ce chien, de son caractère, par rapport à ce qui l'entoure, est fine et touchante. le chien Horla représente le chien à la fois dans ce qu'il a de plus touchant, son attachement, sa fidélité sans bornes, son amour, à son maître, mais aussi dans ce qui échappe à la domestication. C'est en cela qu'il porte bien son nom. Il conserve une indépendance de caractère, il refuse l'asservissement et donc la réduction de sa nature à l'obéissance à certaines fonctions accordées. Il revendique une liberté. En tant qu'être imprévisible, conservant dans la domestication une profondeur sauvage, qui échappe à l'homme, le Horla représente une alternative à ce monde de domination du plus fort, de flatterie pour les miettes, ce monde de l'utile (les autres chiens peuvent représenter des figures d'employé modèle et d'employé compétent). le Horla est la force de caractère, l'instinct, l'incalculé ou face obscure du monde rationnel. N'est-ce pas aussi le passionnant de l'existence ? le chien est intéressant parce qu'il a ce caractère imprévisible.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tout se mélange. Il n’y a pas la vie d’un côté, la mort de l’autre. Il n’y a pas ici la raison, et la folie sur cette autre rive, en face, bien séparée. Il n’y a même pas la santé, qui un beau jour s’arrêterait d’un coup, pour faire place à la maladie. Très avant dans le territoire du chagrin, le bonheur a encore ses enclaves, ses bons moments, ses rémissions.
La folie et la mort sont des contrebandières. Elles ne cessent de franchir les frontières. Elles vont et viennent, ce sont des passe-murailles, des Latude, des Robert Houdin. Elles empruntent les miroirs, elles connaissent des sentiers dans la montagne, elles ont leurs barques au bord des fleuves, parmi les roseaux gris dans la lumière. On les voit cheminer dans les trains mal éclairés du soir, couverts de graffitis, et leurs vitres embuées. Elles voyagent sur des rafiots de nuit. Elles débarquent dans des criques. On les reconnaît à de soudains fléchissements de la phrase, à des mots qui se dérobent, des creux sournois dans la présence.
Très tard, il y a encore des jours heureux - c’est déjà de l’autre côté. Il y a de jolies promenades, mais c’est au pays des ombres.
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Le chien Horla ne supportait pas les absences de son maître. Tous les témoignages concordent sur ce point. Littéralement, il en devenait fou. Plus rien n'importait pour lui que l'attente, une attente de tous les instants. Le moindre bruit lui faisait dresser l'oreille, puis la tête, dans une tension sans doute épuisante de tout l'être : comme si le degré le plus extrême de la concentration et du voeu avait pouvoir d'extraire du silence une voix, du vide une présence, un apaisement du néant.

p. 94
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Cependant l'historien, ici, ne voudrait pas mélanger les époques. Et toujours le danger est de forcer le trait. Autant et plus que les deux autres H., Horla fut un jeune chien insupportable – insupportable même, et surtout, et presque exclusivement, pour ce maître qu'il allait tant aimer. Il ne faisait que des bêtises. Mais il n'était pas facile de démêler ce qui, dans ces bêtises, précédait l'amour qu'on a dit, l'ignorait encore, le défiait, le contredisait, le pressentait ou bien en procédait déjà.
C'était un chien qu'on ne pouvait pas laisser seul, même en la compagnie des autres chiens. Il mettait la maison sens dessus dessous – lui ou un autre, bien-sûr : mais il y a de bonnes raisons de penser qu'il prit plus que sa part aux considérables désordres dont cette première période fut marquée.
Chaque fois que le maître devait s'absenter il trouvait en rentrant son logis bouleversé, ses papiers déchirés, ses vêtements en loques, les meubles saccagés et tout ce beau désastre parachevé par les peu savoureuses signatures, largement étalées, qu'il a bien fallu évoquer plus haut, aussi délicatement qu'on a pu. Pour tâcher de circonscrire leurs méfaits, il lui arrivait d'enfermer ses chiens dans une seule pièce, la plus étroite. Mais la catastrophe, d'être plus concentrée, n'en était que plus accablante. (p. 43)
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Ce chien noir-là était tout de même trop aimable. Que serait un Horla qui lècherait toutes les mains ?
Par chance il y avait des bois, ce fut dit, non loin du pigeonnier. Le dernier arrivé de la petite meute les pratiquait assidûment. Il aimait à s'y cacher. Toutefois il voulait aussi qu'on le retrouvât. Aussi s'asseyait-il en leur sein, mais pas très loin du bord. De là il regardait les champs, attendant qu'on vienne le chercher. C'était une sorte de jeu. Son pelage noir, lorsque la nuit montait de la terre, se confondait avec l'obscurité, qui peu à peu gagnait les taillis. Bientôt il n'avait plus de corps. Et lorsqu'on s'approchait de la lisière de la petite forêt, on voyait seulement deux yeux fixes, très lumineux, dorés, suspendus dans le vide, et qui brillaient entre les branches.
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On sentait bien qu’ils étaient pour lui un mystère [en parlant de son autre chien Homps, un bleu de Gascogne qui semble ne pas du tout comprendre l'intérêt que Hapax et Horla attachent à une balle ou un bâton], mais un de ces mystères mystérieux entre tous, de ceux qui ont le moins de chance d’être jamais percés : un mystère dont on ne se soucie pas, qui ne vous intrigue en rien et dont la solution vous est indifférente.
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