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EAN : 9791095086055
201 pages
Inculte éditions (09/09/2015)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Auteur de Basketball Diaries, Jim Carroll, a été l'une des figures centrales du New York artistique des années 1970. Dans cette suite a son premier roman, cet ami d'Allen Ginsberg, Andy Warhol, William Burroughs, Lou Reed et Bob Dylan, nous fait plonger dans le Dowtown new-yorkais des junkies, des paumés et des électrons libres ; un monde sans gravité où tous testent au quotidien les limites de leur corps, de leur vie et de leur santé mentale. Downtown Diaries est u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'américain Jim Carroll, né à New York en 1949 et mort en 2009, est un écrivain, poète et musicien punk (une poignée d'albums et des collaborations musicales avec Lou Reed, Blue Öyster Cult, Boz Scaggs…), connu notamment pour son livre autobiographique The Basketball Diaries qui a fait l'objet d'un film dans lequel joue Leonardo DiCaprio. Downtown Diaries date de 1987, mais vient d'être traduit depuis peu.
Journal ou récit autobiographique, Jim Carroll nous fait revivre à ses côtés le New York artistique des années 70. Si ce monde ne vous est pas inconnu, vous y retrouverez les plans habituels, la dope, le Max's Kansas City et sa scène rock (Velvet Underground), la 42ème rue, la place St Mark, le Chelsea Hotel… le narrateur, quand il n'écrit pas ses poèmes, survit de petits boulots (caissier dans un cinéma porno gay, baby-sitter etc.), logeant dans des appartements prêtés par des amis.
Les noms connus fleurissent à chaque page, Allen Ginsberg dans une scène d'anthologie orgiaque avec un vibromasseur, Andy Warhol (« Les potins c'est le fondement de l'art d'Andy »), Paul Morrissey (un « lèche-cul de première »). Mais l'auteur sait aussi faire profil bas en avouant s'être fait snober par Bob Dylan, avoir été pris pour le barman par William Burroughs (« l'une de mes idoles littéraires ») ou bien s'être fait piquer son taxi sous son nez par un Salvador Dali méprisant.
Pourtant, il y a dans ce texte quelque chose d'autre, une sorte de valeur ajoutée qui le distingue de beaucoup des livres se rapportant à cette époque. Il est fort bien écrit, ce qui n'est pas rien, les phrases sont bien tournées, le rythme le rend agréable à lire et Jim Carroll réussit à décrire les situations les plus glauques (et elles ne manquent pas) avec une sorte d'humour ou de recul qui les rendent très digestes et j'oserai dire, jamais vulgaires. L'écrivain est aussi poète, ce qui doit déteindre sur sa prose, certains passages sont vraiment très beaux, je ne citerai pour exemple que les dernières pages du livre, quand revenu d'une escapade en Californie, il retrouve New York, son New York chéri, son talent de conteur s'exprime alors avec tant d'amour pour sa ville, dans les petits riens qui rendent cette mégapole si attractive que j'étais à deux doigts de faire mon sac pour y retourner…
Jim Carroll pose un regard qui ne manque pas d'acuité sur le monde qui l'entoure et sur lui-même, toujours (ou presque) lucide, « Dans ces écrits, j'essaie de faire toute la lumière sur la double vie que je continue de mener – je parle, bien évidemment, de la destinée du camé, en parallèle de la scène artistique » ou bien encore, « J'en ai plus qu'assez d'écrire à propos de la dope, de la came sous toutes ses formes », et il entamera une cure de désintoxication qui l'exilera vers la Côte Ouest avant un retour qu'il sait risqué, dans la Grosse Pomme, mais là est sa vie.
Un bouquin très agréable à lire par ses qualités d'écriture, un document qui s'ajoute à la longue liste de ceux consacrés à cette période artistique new-yorkaise et qui trouvera sa place aux côtés de votre exemplaire du Just Kids de Patti Smith.
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Ce livre est un recueil de chroniques rigolotes sur la vie d'un junkie à New York au début des années 1970. Bien sûr, la drogue occupe l'avant-plan mais l'aspect le plus intéressant est sans doute qu'il cotoie nombre de personnalités — Andy Warhol, Paul Morrissey, Bob Dylan, Allen Ginsberg — et demeure critique envers elles. Voici un passage sur Warhol :

« Andy n'est pas véritablement un abbé. Il ressemble plus à un pape en exil, à qui l'on aurait accordé un sanctuaire après avoir offensé l'empire. Il flotte au-dessus de ses sujets, accordant d'une main la bénédiction sur les travaux des novices qui viennent le voir tandis que de l'autre il ne fait qu'élargir son cercle d'influence, le plus souvent vers les riches et les puissants. » [p 55] Mais si Warhol s'en tire sans trop d'égratignures, ce n'est pas le cas de Morrissey : «… une des créatures les plus dangereuses sur terre. » [p 56] Comme c'est Morrissey qui a édicté les règles strictement anti-drogue à la Factory, on ne s'étonne pas que l'auteur s'en prenne à lui de façon aussi virulente.

À travers ses yeux, on découvre aussi le Chelsea hotel, le Max's Kansas City (où se produisait le Velvet Underground) et la Factory de Warhol (la seconde). Au sujet de la Factory, il écrit : « Je crois avoir compris comment tout ce beau monde fonctionne. Ce n'est qu'une question de surface, et tout glisse dessus […] Les sentiments sont si superficiels qu'ils ne peuvent s'épanouir et ainsi ralentir le cours des choses. Même l'ennui n'a aucune profondeur ici… » [p. 44]

Le ton est cynique et c'est avec un mépris assumé qu'on découvre certaines galeries d'art et tout ce qui a trait au bon goût, c'est-à-dire tout ce qui se trouve au-dessus de la 14e rue. Mais l'auteur n'est pas plus tendre envers la contre-culture de St-Marks-Place… Bref, le ton est punk avant l'heure et ça fait du bien de lire quelqu'un qui se gêne pas pour dire ce qu'il pense. À la page 150, le récit se déplace en Californie, ce qui ne convient pas à l'auteur et cette partie est moins intéressante. Heureusement, il retourne à New York 35 pages plus loin et on a encore droit à de bons passages, dont un quasi surréaliste avec Salvadore Dali. Fait à noter, la traduction n'est pas trop franchouillarde, ce qui était le principal écueil de son livre antérieur — Basketball diaries. L'argot parisien en plein coeur de Manhattan, très peu pour moi.

© Alain Cliche, 2021.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais, tous ces gens qui survivent à un accident et leur cœur s’arrête de battre pendant un moment, et ils sont déclarés cliniquement morts. Puis un ponte de la médecine se pointe et arrive à les réanimer. C’est comme… les gens décrivent toujours la même sensation, la même expérience… rentrer dans un long tunnel et se diriger vers la plus pure des lumières et ne plus faire qu’un avec cette lumière… et alors, ils reviennent à la vie… mais ils sont vraiment passés à travers cette lumière, et ils auraient pu devenir lumière si le toubib n’avait pas tout foutu en l’air.
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La poésie peut parfois déclencher de terribles angoisses. Peut-être est-ce la peur des possibles, de trop de possibles et de leurs variations infinies. Comme se regarder trop longtemps, collé à un miroir ; tes traits se déforment, puis explosent. Tu te vois de trop près dans tes poèmes, ou tu écoutes trop fort leurs chuchotements, et tes organes – appelle ça le cœur, l’esprit ou l’âme – s’accélèrent, hors de contrôle. Ils se déforment, puis explosent, et libèrent une étrange douleur.
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En fait, je n’ai jamais pensé arriver vivant à cet âge-là. Je me retourne sur mon passé comme on observe un couteau de collection… vous pouvez l’utiliser pour vous défendre ou vous trancher une jugulaire, mais pas le laisser indéfiniment exposé sur un mur.
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Ses seins débordaient, massifs, telle une créature des bas-fonds marins, d’un soutien-gorge noir. Sa robe était si courte que lorsque je me suis accroupi pour faire semblant de refaire mes lacets, j’ai parfaitement aperçu la jointure entre ses bas noirs et sa culotte rouge, tels deux fils mortels qu’il fallait connecter pour déclencher un processus d’explosion totale.
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L’inquiétude de Jenny à propos de cet « endroit dégoûtant » est née quand nous sommes allés tous les trois à Times Square la semaine dernière. Nous nous y rendons assez fréquemment, fiers de toujours choquer la bande de bigots qui y trainent lorsque nous passons devant eux. Roger est d’une beauté insoutenable, avec des yeux égyptiens habités d’un regard étrangement sombre. Quant à moi, j’ai l’air si jeune que l’on me demande encore ma carte d’identité pour entrer dans les bars. Cela doit être la dope. Et, bien sûr, je sais parfaitement comment faire onduler mon cul à force de pratiquer. Jenny Ann est renversante : elle affiche ses seins plutôt imposants sans le moindre soutien-gorge, et ils trônent, lourds et bas, dans ses tee-shirts trop larges ; on la prend sans cesse pour un tapin du quartier.
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Videos de Jim Carroll (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jim Carroll
Lecture à deux voix par Jim Caroll et Nicolas Richard, illustrée en direct par Tom Haugomat, accompagnement musical de Rubin Steiner
Dans le cadre du festival Paris en toutes lettres
Publié initialement en 1983, Fup, de l'écrivain américain Jim Dodge, est un livre qui a connu un succès au long cours. Il raconte l'histoire de Titou, orphelin élevé par son grand-père, un solitaire excentrique. le duo, déjà très attaché, se renforce encore le jour où arrive à la maison Canadèche, un canard boulimique. Un texte tour à tour drôle, rageur ou bouleversant, ici mis en dessin par Tom Haugomat, dont les traits et les couleurs saisissent admirablement les émotions de la vie.
À lire – Jim Dodge, Fup (L'Oiseau Canadèche), trad. de l'anglais (américain) par Jean-Pierre Carasso, illustré par Tom Haugomat, éd. Tishina, 2021.
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