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EAN : 9782020863889
192 pages
Seuil (09/03/2006)
4.22/5   29 notes
Résumé :

" Sur un arc de cercle dans les mouvements publics des rivages la flamme est seule et splendide dans son jugement intègre " Ce volume est constitué de la version définitive de Soleil cou coupé et de Corps perdu, réunis sous le titre général de Cadastre, auquel s'ajoute le dernier recueil d'Aimé Césaire, Moi, Laminaire...

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Césaire, maire et communiste n'est jamais bien loin de la politique. Les peuples qui pleurent, leur innocence et les massacres niés, une constante du recueil est donc la négation. Luxuriante comme celle de l'île de Césaire, emportée par l'eau rougie par le sang, violente, telle est la nature qu'il décrit. L'on parle de l'homme noir qui tire à blanc, de ses stigmates, de sa chair. L'espoir d'un avenir vient de l'enfance, du cheval à transmettre générations futures, qui désarmeront les corbeaux. Parfois compliqué, mais intéressant.
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La poésie d'Aimé Césaire est inspirante. On lit ses mots sans faire trop attention et on a des poèmes qui se forment en s'endormant, des images, des réminiscences. On est pris, enveloppé dans son langage, on se l'approprie. En ce sens, Aimé Césaire a touché à l'universel avec ses mots rares voire inconnus du profane, ses animaux exotiques omniprésents, car c'est une nature fantastique, fantasmée et vue à travers des yeux qui semblent détenir son secret. Il ne faut pas trop chercher un "sens" immédiat. On doit se laisser bercer par ces plantes, ces animaux fantastiques, cette mer "toujours recommencée" qui nous "observent avec des regards familiers et l'homme en tueur, destructeur, Moloch mangeur de chair. La métaphore -comme chez tous les grands poètes- est puissante, parle, claque, impacte nos sens :
"Parler c'est accompagner la graine
Pis qu'au noir secret des nombres"

Et le Soleil -dieu céleste- contemple ce monde qui se débat, en témoin souvent bienveillant:

"Pirate" guet-apens de remords
le Soleil n'est pas là en intrus.
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Césaire, c'est l'amour du dire l'engagement, par les racines. C'est vouloir, c'est faire, c'est agir. On ne quitte jamais les éléments, terre, feu, océan, présents à l'être, à sa condition, à sa dimension. Tout ancré dans la profondeur historique, de ce qui précède, matrice des jours présents où se débattre, où combattre. C'est aussi sarcler l'homme comme terroir et le laisser respirer, exsuder sa colère. "Fascinant le sang les muscles / dévorant les yeux ce fouillis / chargeant de vérité les éclats routiniers / un jet d'eau de victorieux soleil / par lequel / justice sera faite / et toutes les morgues démises"
Et puis Césaire, c'est également l'artiste du mot rare qui vous ramène au dictionnaire - laminaire, quiscale, épacte, hourque, orle, phosphène, ignivome - placé au lieu juste.
Laminaire, donc... peut-être une eau profonde, "entre chien et loup".
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Joli recueil de poésie.
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Eternel et inégalable Césaire !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pluie, capable de tout sauf de laver le sang
qui coule sur les doigts des assassins
des peuples surpris sous les hautes futaies
de l’innocence.
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Le mot nègre
tout plein de brigands qui rôdent
des mères qui crient
d’enfants qui pleurent
Le mot nègre
un grésillement de chairs de la griffe
sur le trottoir des nuages
Le mot nègre
comme le dernier rire vêlé de l’innocence
entre les crocs du tigre
et comme le mot soleil est un claquement de balles
et comme le mot nuit un taffetas qu’on déchire
Le mot nègre
dru savez-vous
du tonnerre d’un été
que s’arrogent
des libertés incrédules.
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Aguacero
beau musicien
au pied d’un arbre dévêtu
parmi les harmonies perdues
près de nos mémoires défaites
parmi nos mains de défaite
et des peuples de force étrange
nous laissions pendre nos yeux
et natale
dénouant la longe d’une douleur
nous pleurions
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j'habite une blessure sacrée
j'habite des ancêtres imaginaires
j'habite un vouloir obscur
j'habite un long silence
j'habite un voyage de mille ans
j'habite une guerre de trois cent ans
j'habite un culte désaffecté . . .
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Qu'une tempête ne décline que le roc ne titube pour celui poitrail qui fut sûr dont le clairon de feu dans l'ombre et le hasard rustique ne décrut

O peuple guetté du plus haut mirador et défiant du bâton des aveugles

le nom natal de l'injustice énorme

Je t'ai inscrit une fois

au centre du paysage sur un fond de cannaie

debout au milieu de la glèbe de nos yeux

agrandis et d une sorte semblable

à la face d'or noire et haïtienne

d un dieu

Vois dans la forêt sans sommeil

les amis ont poussé patients

tu plissais les paupières tu les plisses aujourd'hui

tu ne parlais guère tu ne parles guère moins maintenant

tu te contentais de sourire de même tu souris encore

très doux

d'un sourire né fort des confuses javelles de la terre et de la mer parentes

de quels salaires viens-tu encore de discuter sur ton sein noir et calme viens-tu encore de réchauffer suprêmes comme un nœud sacré de couleuvres engourdies les colères
d'hivernage et le coutelas des grèves

et dans quelle fraîcheur osas-tu retremper

ton sourire de rosée

comment dans la grande débâcle as-tu mis à l'abri

rusé

ta grande force secrète

ton dur front paysan

les eaux calmes prisonnières du mi-rire de tes yeux

un doute est mien qui tremble d'entendre dans la jungle des fleurs un rêve se frayer
Maître marronneur des clartés aurons-nous la force de hisser ce printemps jusqu'au sein où attendent dormants les climats

féconds nos membres purs

nos ciels impatients

alizés ou autans

réveillez-vous nos races mortes

un instant charmeur d'astres

un vent mauvais souffle des bagasses pourries

ton peuple a faim a soif trébuche ton peuple

est un cabrouet qui s'arrache de la boue toujours

plein de jurons et cinglé au fil sourd de la nuit noire des

cannes

d'un sentiment de sabres

toi le refus de la sombre défaite

chef dur soutien des cases

dieu des dégras arbre à pain des coursières

en fougère imputrescible je t'ai taillé

à révérer sylvestre

quand mai dore en chabin la grosse tête crépue

de ses manguiers les plus rares

le songe s'est levé tu marches toi l'ardeur d'un nom

sous la tenace science d'un pays de silence

tous te flairent aucun chien n'ose te barrer la route

tes murs se sont effondrés les chemins sont boueux

de grands cœurs se suicident rouges aux balisiers

tu marches pèlerin tu marches et tu souris

aux merles du dernier rayon qui picorent les tiques sur le

dos des zébus

Montreur

tout le ciel depuis longtemps s'est éteint

la mer au bas dans l'anse incline et ramène à des oiseaux

perdus

le balancement d'un toit et la lumière la lumière tu la redistribues toute aux écueils orphelins aux feuilles en la filtrant aux pierres du volcan mal refroidies qui renaissent
précieuses

aux yeux des camarades vernissée vaguement sanguinolente
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Vidéo de Aimé Césaire
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Il y a des mots qui font scandale aujourd'hui et qui ne choquaient pas hier. le mot nègre, par exemple. Tiens, savez-vous quel écrivain a réussi à en ruiner le caractère insultant pour le faire sien, fièrement?
« Cahier d'un retour au pays natal », d'Aimé Césaire – C'est à lire aux Editions Présence africaine.
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