Quelques jours d'été, Un îlot de bonheur

Chabouté décide , ici , de traiter de l'enfance . Non pas de celle , insouciante et joyeuse , s'épanouissant au contact de parents attentionnés et aimants mais de cette jeunesse malheureuse et perturbée peinant à se construire dans un foyer parental en perpétuel conflit .
Quelques jours d'été , court récit d'une trentaine de pages , n'est pas sans rappeler le Grand Chemin de Jean-Loup Hubert . L'histoire de ce petit bonhomme confié , par sa mère , aux bons soins d'un couple campagnard et parvenant , à force de tendresse et de petites attentions , à se forger une place au sein de cette famille à la figure paternelle mutique mais cependant toujours empreinte d'un regard bienveillant . Une histoire touchante au twist final sans véritable surprise . Belle mise en bouche...
Plat de résistance : Un Ilot de Bonheur .
Un gamin , un clochard , un banc dans un parc , une rencontre , LA rencontre .
Deux êtres en perdition pour diverses raisons et qui , à force d'écoute réciproque , entreverront un coin de ciel bleu prometteur dans la grisaille persistante de leur morne quotidien .
Chabouté semble affectionner tout particulièrement les bancs publics – cf le magistral Un Peu de Bois et d'Acier – et fait du...Chabouté ! Et quand on connait le talent de conteur et de dessinateur du bonhomme , l'on est en droit de penser qu'il tape une nouvelle fois dans l'excellence  !
Mise en page en noir et blanc toujours astucieuse et vivante . de pleines planches totalement exemptes du moindre dialogue histoire d'accentuer encore un peu plus la gravité du propos . D'un coup de crayon expressif sans être forcément génial et axé sur le détail , l'esbroufe n'étant pas le but recherché , Chabouté transcende son récit par le silence et les non-dits . Attendrissant et finalement optimiste , il met une nouvelle fois dans le mille en laissant à penser que rien ne dure , même pas le malheur...

Pas besoin de beaucoup de dialogues pour agrémenter les albums de Chabouté. Les images emplissent le cadre. L'absence de couleurs ombre et nuance les dialogues avec précision. Les traits des personnages révèlent leurs pensées. Les paysages noirs et blancs teintent les émotions.
Une rivière où on écoute le temps passer
où l'on pêche les mots pour la vie
une voiture, un adieu
une maison pleine de disputes
un banc dans un parc
une rencontre
un nouveau départ
L'enfance qui coule d'obscurité mais aussi d'éveil, de confidences, de clarté.
Un îlot de bonheur à partager pour quelques pages, et sauter avec tendresse de l'hiver à l'été.

Un gamin d'une douzaine d'années dont les parents se déchirent, et un SDF, régulièrement chassé de son banc par les "forces de l"ordre".
Quand l'ambiance devient trop pesante à la maison, le jeune garçon se réfugie dans le parc pour retrouver le vagabond. L'homme apprivoise peu à peu l'enfant malheureux, réussit à le faire parler. Les échanges sont sobres et pleins de sagesse, chacun redonne à l'autre une confiance en l'amour père-fils.
Encore une BD bien sombre, le désarroi et la tristesse de l'enfant sont poignants, on s'attend au pire. La parole de l'adulte sensé et bienveillant vient apaiser cette menace...
Superbe. Mais mon préféré de Chabouté reste le merveilleux 'Tout seul'.
A faire lire dès 13-14 ans.

Deux histoires de petit garçon qui a bien du mal à comprendre ces adultes compliqués. Dans la 2ème, seul un clochard, que les forces de l'ordre chasse, l'écoute quand il fuit ses parents qui se disputent. On voit que la plupart des adultes sont tellement obnubilés par leurs problèmes, qu'ils font peu cas de ce que pensent ou veulent leurs petits bouts. le peu de texte laisse la place à l'émotion, à l'expression attendrissante des visages. Comme d'habitude, une BD de l'intelligent Chabouté qui a compris que quelquefois les silences en disent plus que les paroles.

Deux belles histoires dans cette BD, sans trop de texte, les dessins parlant d'eux-mêmes et laissant entendre chacun selon ses perceptions.
Dans chacune, un enfant qui découvre autre chose que son monde familial peu reluisant. Ce sont les thèmes de la rencontre et de l'écoute qui m'ont paru porter ces deux courtes histoires.
Dans la première, l'enfant découvre la campagne et, à travers un vieil homme, la rivière et la pêche à la mouche. Il va percevoir le "chuchotement de la rivière", loin du tumulte de la vie de ses parents.
Dans la seconde, le contexte familial ne vaut guère mieux et c'est la rencontre avec un clochard ou SDF qui va les aider chacun à avancer, l'enfant en annonçant à sa père la fierté qu'il peut ressentir à son égard, l'homme en le mettant en route vers son fils.
Dans les deux peu de paroles, le lecteur doit écouter en lisant et imaginer...