Je me rappelle avoir pensé alors: les oiseaux n'ont pas le vertige. Les montagnards basques non plus. L'aigle, quand il plane, les plumes gonflées de vent, défie le soleil. L'alouette monte au sommet du ciel en poussant son tireli puis se laisse choir comme une pierre. A quelques mètres du sol, elle ouvre les ailes, atterrit en douceur.
Longtemps, je n'ai pas eu le vertige[...] Aujourd'hui, je dois avoir perdu mes ailes: si je grimpe au sommet d'une tour d'où se dévoile un vaste panorama, je garde mes distances. Ce n'est pas tellement que j'aie peur de tomber mais plutôt d'avoir envie de plonger.
Il semble que les cellules de l'encéphale ne se régénèrent pas. Et que toute notre vie, tous nos souvenirs y dorment. A moins qu'ils ne se désagrègent, bus par la boue comme une chaussure perdue.
Je sais aujourd'hui que l'amour n'a ni commencement ni fin. Qu'il ne se découvre pas mais se reconnaît.
Quand vient la vieillesse, les souvenirs peu à peu grignotent les jours.
Le destin n'aime pas laisser place au hasard, le destin toujours prend toute la place.