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EAN : 9782709672122
200 pages
J.-C. Lattès (07/02/2024)
3.29/5   17 notes
Résumé :
« La mère est certaine, le père toujours incertain. » Une jeune femme de 28 ans effectue à la demande de son père un test de paternité. Mais dans l’attente de la réponse, elle perd pied : cette demande, le doute, ce qu’elle revisite de son enfance, de l’histoire de ses parents, sa relation à l’amour et aux hommes, la somme de ces douleurs la font chavirer.
Des années plus tard, devenue mère, l’héroïne s’interroge et enquête : que veulent dire ces mots, fille,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
De passage à Paris, un homme rend visite à sa fille de 28 ans, lui annonçant qu'il n'est pas sûr d'être son père et lui demande de faire un test de paternité. Rose accepte de prendre « le train du doute » vers un hôpital de Lausanne, le test n'étant pas légal en France. Puis de retour à Paris, elle perd pied, revisite son enfance, l'histoire incomplète de ses parents, sa relation à l'amour et aux hommes. le temps passe mais le malaise s'installe. Des années plus tard, devenue mère, elle cherche des réponses : cette demande a-t-elle un sens ? Quelle est la part du biologique et du culturel dans la filiation ? Elle enquête et cela donne les plus belles séquences de ce récit inspiré de la vie de l'autrice. Elle rencontre un sociologue, un avocat, un juge aux affaires familiales, une ancienne garde des sceaux (son nom n'est pas donné mais je crois avoir reconnu Christiane Taubira) et même un prêtre. Une demande folle parcourt un chemin escarpé, entre les doutes déstabilisants et les chemins résilients qui n'appartiennent qu'à soi-même.

Disons d'emblée que je n'étais pas sûr d'être intéressé par le sujet. J'avais tort. L'auteure trouve les mots, son écriture est riche et intéressante. Suivre le parcours de Rose devient vite addictif, sous l'impulsion de cette écriture vivante, l'héroïne s'appuyant sur des gens qualifiés qui vont l'aider à trouver le chemin d'un certain apaisement. La démarche de cette autofiction pourrait concerner n'importe quel problème existentiel, ainsi le roman peut toucher chacun de nous.

Elle place à bon escient des définitions comme des crans dans le raisonnement, sur lesquels le roman peut progresser sans heurts : rappel de ce qu'est l'état de sidération, la transmission des traumatismes, le recours à un avocat qui va rappeler la loi dans sa précision et son autorité...

J'ai aimé le soin apporté aux débuts des chapitres, toujours travaillés et poétiques. Quelquefois je me suis arrêté avec plaisir sur des mots rares dont j'allais découvrir la richesse, faite de précision et de sophistication. Trouver un mot rare c'est un peu comme découvrir une plante jamais observée pour un botaniste, une excitation esthétique et une nouvelle projection dans le vivant. Les paroles maupiteuses (inconnu de la correction automatique… et ça j'aime...), les mots phatiques, la paréidolie, la péroraison, l'épigénétique... J'ai aimé son irritation au sujet de l'usage de l'expression « je reviens vers vous » ou sur ce que veut dire « le milieu social ». Beaucoup de passages pourraient être cités utilisant des images originales, des associations de mots inattendus, par exemple « bander les divagations ».

Elle y va direct dans la narration de son intimité affective et sexuelle mais d'une manière tout à fait à elle, sans reprendre les codes qui sont trop souvent des codes masculins, hérités certainement de siècles de culture où on n'a pas laissé les femmes s'exprimer. Images nouvelles, portant haut le désir, l'érotisme… Elle le dit joliment : « Je me fais la réflexion que j'ai des standards et qu'un homme ne pourrait pas écrire cela. »

Un livre surprenant qui me révèle une autrice possédant un style propre et une exigence de justesse. J'ai bien envie de découvrir son premier livre consacré à la femme d'André Breton, intitulé Simone. La formation de Léa Chauvel-Lévy en philosophie politique et éthique à la Sorbonne puis à l'École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS) donne visiblement de l'épaisseur à un sujet assez improbable au départ pour moi.

Un livre qui dit bien plus que cette folle demande et une vraie belle découverte. Et puis, rappeler avec la manière que la loi peut-être là pour protéger, qu'il est possible de trouver une aide efficace quand le malaise s'installe, n'est pas une mauvaise chose. Qu'en pensez-vous ?
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Dans ce 2e roman, Léa Chauvel-Lévy part d'un postulat célèbre : « la mère est certaine, le père toujours incertain » pour développer un thème personnel.

« Une folle demande », c'est celle de son père envers la narratrice qui consiste à l'emmener faire un test de paternité pour lever ses doutes. Pour ce père aimant bien que violent, dur, autoritaire, anxiogène mais pilier de son existence et sécurisant, elle accepte, et prend avec lui un train de bon matin vers une clinique suisse. En effet, ces tests sont interdits en France sans passer par un juge afin de protéger l'enfant. Cette demande sera le début d'un lourd traumatisme pour la narratrice, écrivaine de son métier, qui partira en quête de savoir sur l'histoire des tests de paternité. A travers le prisme de son enquête qui la mènera à interroger un juge aux affaires familiales, un avocat, un sociologue, et même un prêtre, elle remonte son enfance, son passé, celui de sa mère et s'interroge elle-même sur sa maternité, 10 ans plus tard, étant devenue mère à son tour. Elle cherche à percer le mystère de la filiation, à savoir quand on devient père, si c'est par les gênes, par l'éducation, par l'amour, par la volonté ou tout simplement par ce qu'on le désire, parce qu'on le choisit ? Elle aurait aimé que son père lui dise « je t'aime »…pour se construire.

Léa Chauvel-Lévy a une écriture singulière, basée sur l'urgence des mots, de la compréhension, pour décrire les fêlures d 'une femme principalement causées par un père qui a toujours eu le doute de savoir si elle était sa fille biologique. L'enfance a des répercussions sur la construction de l'adulte. Hannah devient une femme fragile, hantée des souvenirs douloureux de son passé. Comment vivre avec ce passé, ces flashes qui réouvrent les blessures à l'âme ? Une enfance vécue dans le doute des yeux de son père ? Comment s'en sortir ? Exulter ce traumatisme du test de paternité ?

Tout dans l'écriture ciselée, vive, fait transparaitre le choc, la souffrance morale et physique qui altèrent la vie personnelle de la narratrice. L'autrice emploie des mots qui sonnent juste, qui marquent, qui fusent, qui bousculent. Un sujet peu traité en littérature en profondeur comme ici, on se rend compte de la documentation qu'il a fallu à Léa Chauvel-Lévy pour écrire là-dessus, ainsi que sa lourde implication personnelle pour le sujet.

Une lecture à fleur de peau, qui nous met parfois mal à l'aise. La fin n'est pas une fin en soi, le livre se termine, nous laissant un goût amer, comme un non aboutissement.
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Une demande folle de Léa Chauvel Lévy
JC Lattès

« La mère est certaine, le père toujours incertain »

Cette histoire un peu folle a commencé par un doute. Un jour la mère de la narratrice a adressé une parole malheureuse à son époux. Une déflagration et aussi une vilaine petite graine qui mettra du temps à germer puis à éclore.
Cette parole qui un jour mènera un homme, un père aimant à demander à sa fille de 28 ans de le suivre en Suisse afin de réaliser un test de paternité. Ce fameux test ADN source de tellement de déconvenues qu'il est aujourd'hui interdit en France.
Pour le jeune femme la demande sera plus choquante que le résultat. Et le temps passant, il lui sera nécessaire de comprendre le but de cette démarche, son intérêt, sa nécessité.
Qu'est-ce que la filiation ? Qu'est ce qui fait un père ? Est-ce une histoire de biologie ? Une histoire d'éthique ? de responsabilité ? Est-ce de l'amour, de la reconnaissance ?
De cette incompréhension a débouché une véritable quête, les souvenirs et les fragments de vie ont refait surface et se sont mêlés aux informations de ceux qui au quotidien travaillent avec ses questions : juge des affaires familiales, avocat, elle ira même interroger un prêtre et finalement s'en ouvrira à celle qui est à l'origine de cette demande folle, sa mère.
Une quête bien documentée à l'écriture à la fois introspective, intimiste et confidentielle qui met en avant les turpitudes des origines, de la paternité, de l'obéissance et aussi de la sourde violence qui se niche parfois au creux des familles.

Un livre touchant !

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Totale découverte pour moi.
C'est parfois drôle de lire un livre dont on a pas entendu parler, que l'on a pas vu passer sur les réseaux… Totale découverte !
Quelquefois cela réserve de magnifiques surprises, ou pas !

Avec ce récit, inspiré de la vie de l'auteure, je suis d'un avis un peu mitigé.
J'ai par moment ressenti de belles émotions à la lecture de celles ressenties par cette jeune femme. Et puis, à d'autres moments j'ai eu du mal à la suivre !

Le cheminement de cette femme, dix ans après le test, excessivement choquée par cette demande folle de son père, est un réel parcours de reconstruction, de compréhension. Un énorme travail d'introspection, une recherche de la « vérité » sur la paternité. Au fil de ses rencontres, elle essaye de comprendre ce qui fait d'un père un père ? Qu'est-ce qu'un test de paternité prouve du rôle d'un père ? Doit-on absolument être le père biologique pour assurer le rôle de Papa ? Et après tout qu'est-ce que cela change à l'amour pour un fils ou une fille, si le petit tétard appelé spermatozoide est du papa ou pas ?
L'amour, les câlins, les jeux, l'attention, la complicité ne sont ils pas tout aussi importants ?

Cette jeune femme va chercher à comprendre pourquoi son père a eu besoin de ce test de paternité, 28 ans après sa naissance ?
Pourquoi être allé en Suisse pour le faire ? Et s'il n'est pas son père biologique, quid de ces 28 année de relation ? Pourquoi avoir voulu ce test ?

La plume est franche, parfois dure mais aussi émouvante. Une écriture forte, aiguë laissant bien transparaître, les fêlures, les traumatismes, le choc ressenti par cette femme.
Et puis, j'ai appris pas mal de choses sur la législation française en la matière, sur le pourquoi de la position de la France.

Bref, une lecture sur un thème original, un style fort, mais qui ne fut pas un coup de ❤
Par contre, sa plume m'a donné très envie de découvrir son autre roman #simone

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Elle déplaçait un vieux canapé avec son père. Sa main a lâché prise. Son père a crié. A commencé à l'étrangler. Puis a lâché sa sentence. “De toute façon je ne suis pas sûr d'être ton père.”

Intoxiqué par le doute, il voulait savoir coûte que coûte. S'il était son père, si elle était sa fille. À sa demande, elle l'a accompagné en Suisse faire un test de paternité. Dix ans après, la narratrice est toujours en état de choc. Elle entame alors une enquête douloureuse pour questionner les fondements biologiques ou culturels de la filiation, mais surtout pour comprendre la requête de son père. Une “demande folle”, égoïste, illégale en France, qui malmène l'équilibre d'une famille et qui place un enfant sur un siège éjectable. Elle interroge un sociologue, une juge, un député, un prêtre. Sa mère aussi, absente, silencieuse, fautive peut-être. Son père bien sûr, mais “comment échanger des banalités alors que je mastique l'insensé ?”

Dans ce court roman, cette quête vaine, l'écriture ne pouvait être que torturée, travaillée, grimaçante. “Je m'englue, je suis eau absorbée par le sable, incapable d'entendre qu'à bas bruit, il reste de l'amour après les cris.”
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critiques presse (2)
LeFigaro
28 mars 2024
Ce roman d'une infinie justesse est un rendez-vous avec la réalité, une quête de rationnel pour endiguer la folie qui monte au fil des pages.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
14 février 2024
Dans son deuxième roman, Léa Chauvel-Levy nous plonge dans les mystères de la filiation et les non-dits de la paternité vus à travers les yeux d'une femme déboussolée. Une héroïne esseulée, mais déterminée, constamment sur le fil. Ou comment « Une demande folle » peut faire dévier une trajectoire, remettre en cause nos fondements intimes.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’ai annulé mes impératifs pour sauter dans un train, comme on rejoint son destin, tout le reste devenu caduc. Je suis dans le train matriciel, je me liquéfie. Je n’ai plus d’ossature dans ces moments là.
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Lorsqu'un homme me disait qu'il m'aimait, je souffrais en silence et les joues mouillées, je me demandais comment on pouvait m'aimer sans me faire mal. Je découvrais que l'on pouvait me protéger et cette reconnaissance me faisait me décomposer, parce qu'il était inédit de m'aimer sans faire de moi une victime.
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Il est curieux ce mot « milieu », il dit tout l’en dedans d’une situation. Le milieu, entre quatre murs qu’on ne choisit pas. Le milieu comme la place que l’on voudrait entre ses parents dans le lit, toute la nuit, toute la vie, peut-être. On la veut cette place, rassurante et chaude, contre les portes fermées et les nuits enfoncées, pour la rejeter plus tard si « le milieu » n’est pas satisfaisant, si la culture n’est pas satisfaisante, si les livres manquent, si les coudes sont sur la table, si les bouches sont ouvertes pendant que l’on mange. Cette place.
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Je ne vais pas sortir de cette histoire vivante si je suis seule face à elle. Il faut que je m’entoure d’alliés de raison, tous ceux que j’aurais dû voir il y a dix ans pour bâtir une muraille théorique.
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