Le principe, écrire tous les jours sur une année, un court texte en trois parties indépendantes, souvent mais pas toujours. L'on pourrait établir une sorte de classement des idées et thèmes, les quelques passages reproduits ci-dessous peuvent en donner une faible idée, mais fantaisie et un certain second degré sont omniprésents et difficiles à réaliser hors lecture.
Interviennent Agathe et Suzie, les deux fillettes, liées d'une jolie complicité avec un papa un brin plaisantin.
Agathe (avec un grand rire, comme je lui montre une image du globe terrestre dans le cosmos, parmi les étoiles) - Sauf que normalement, la Terre, elle est pas dans le ciel!
Agathe (tandis que j'écoute bob Dylan) -Il n'arrive pas à chanter en français?
Agathe -Bon, papa, maintenant t'arrêtes de me parler parce que je voudrais bouder tranquille!
L'autodérision n'est jamais bien loin.
Tu as peu de lecteurs, réjouis-toi, ils sont moins nombreux encore à ne pas aimer tes livres.
Il partage ses préférences (Jourde, Michon), ses détestations. D'ailleurs je me demande bien pourquoi
Pierre Bergé persifle dans son dos, mais comme il dit 'moi, quand je me fais tailler un costard, attention, c'est du Yves Saint-Laurent'
La lecture
"Comme nous en relirons fort peu, chaque livre que nous refermons est une époque de notre vie qui s'achève, si courte fût-elle, que nous laissons derrière nous et que nous ne visiterons plus que par le souvenir - un monde encore duquel nous sommes pour toujours bannis bientôt nous n'en comprendrons plus la langue -, auquel ne nous rattache plus que le regret et la nostalgie. Les épisodes de notre existence ne sont jamais si nettement tranchés, leur fin n'est jamais si abrupte; chaque volume lu contient comme une urne funéraire les heures qui ne reviendront plus. le grand lecteur ne cesse de dire adieu à la vie."
"Le lecteur reste attaché à l'oeuvre de
Proust comme le narrateur lui-même à son passé. Il se la remémore à la faveur de sensations, de circonstances fortuites. Ainsi s'affirme la postérité d'une oeuvre selon son principe même. Peut-être existe-t-elle encore plus conformément à sa loi dans ce second temps. le livre qui se déplie dans notre mémoire inclura désormais aussi le souvenir de notre lecture et de celui que nous étions alors, dedans et au-dehors."
"Il n'est malheureusement plus possible de savoir ce que lisent les gens munis de liseuses numériques dans les espaces publics, me fait remarquer un ami. En effet, et j'ajoute que là encore uen fenêtre se ferme et que le volet nosu claque au nez. Car une couverture entraperçue renvoyait quelquefosi le passant à son expérience du livre -surgissement soudain d'une réminiscence proustienne - émouvant partage à contretemps et lui offrait accessoirement un bon prétexte pour aborder la fille : étreitnes et embrassements s'ensuivainet. Puis la joyeuse marmaille, les grandes tablées.. le lecteur qui tient sa tablette devant lui a désormais un dos derrière, un dos devant."
"Conditionnement des esprits. On achète le roman à succès du moment sans se soucier de ce qu'il est. Ce réflexe grégaire désormais bien connu se trouve remarquablement illustré par cette requête d'une cliente à un de mes amis libraires:
- Je voudrais...j'ai oublié le titre...vous savez...le livre qu'il faut que je lise?"
Le téléphone "Il passe ses journées pendu au téléphone, où trouverait-il le temps d'appeler sa mère? Sincèrement?"
Et encore, non classé
C'est un roman plein de rebondissements, certes, mais qui rebondit sur place comme la balle du tennisman dont on se demande s'il va un jour se décider à servir.
N'est-il pas un peu abusif de considérer qu'en retournant une chaise sur une autre, on a rangé les deux?
Quand l'imbécile montre l'étoile, le sage lui apprend qu'elle est morte depuis longtemps. Quel ennuyeux bonhomme décidément!
Voler une vieille dame n'est pas aussi simple qu'on le croit; encore faut-il pouvoir l'arracher à son sac.
Et voir comment 'monsieur Chevilarde' se débarrasse des opératrices de télémarketing...
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