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Mathilde Montier (Traducteur)
EAN : 9791036000928
176 pages
L’Atalante (21/10/2021)
3.93/5   174 notes
Résumé :
Macon, Géorgie. 1925.
Au sein du Ku Klux Klan, « sorcier » n’est pas qu’un titre : recourant à la magie noire, D. W. Griffith et Thomas Dixon ont fait de Naissance d’une nation un sortilège visant à moissonner les âmes pour invoquer des puissances maléfiques. Face au Klan et ses membres, peu à peu possédés par des monstres qui s’abreuvent de leur haine, se dressent des femmes extraordinaires.

Prix Nebula 2020 et Locus 2021
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 174 notes
P. Djèlí Clark a l'audace d'affranchir le genre fantasy de ses horizons et cadres habituels, loin de son décor médiéval familier. Pourquoi ne pas choisir comme héroïne une jeune femme noire en Georgie sudiste en 1922 ? le Ku Klux Klan est en marche à Macon et dans cette foule humaine encapuchonnée se cachent de vrais monstres nommés Ku Kluxes menant bataille en leur nom. le film La Naissance d'une nation ( 1915, D.W.Griffith ) a attisé les haines, renforçant leur pouvoir et insufflant assez de haine pour convoquer l'assaut apocalyptique de la Grande Cyclope. Maryse et son bataillon de choc entièrement féminin sont prêts à mener le combat.

Le procédé consistant à rendre concret littéralement une situation historique épouvantable, à tordre et mêler la violence raciale à l'horreur surnaturelle n'est pas nouveau. Récemment il y a eu Lovecraft Country ( de Matt Ruff, également sur la thématique du Klan et de la ségrégation ), le film Get out ( de Jordan Peele, sur le racisme contemporain ) ou encore Notre part de nuit ( de Mariana Enriquez, sur la torture durant la dictature argentine de Videla ). Ce qui est très impressionnant avec ce roman, c'est comment il réussit en seulement 160 pages à créer un univers totalement abouti et crédible qui vous embarque totalement.

La maitrise de l'auteur est assez fascinante, convoquant un wagon de références tout azimut, sans que le cocktail ne soit indigeste ou artificiel. La synthèse est au contraire extrêmement brillante et développe une alchimie très originale. Les créatures infernales du Klan évoquent très nettement l'horrifique lovecraftien avec notamment l'entité monstrueuse de la Grande cyclope très cthulhuesque, tout en rappelant le body horror des films de Cronemberg ou Guillermo del Toro. La culture gullah-geechee ( culture très à part des Afro-Américains des plaines de Georgie ayant conservé un mysticisme, une gastronomie, une langue créole et une médecine aux forts traits africains ) infuse tout le récit, tout comme le folklore des anciens esclaves avec les ring shouts ( rituel religieux pratiqué en cercle, dans un mouvement et un rythme qui s'accélèrent jusqu'à l'épuisement ). Et puis, il y a cette incroyable épée de Maryse, qui, contrairement à la Stormbringer d'Elric le Nécromancien ( Michael Moorcock ) boit les âmes de ses adversaires pour lui redonner vigueur, utilise la force des esprits des anciens esclaves en colère, capable de surgir du néant au creux de sa paume impatiente.

La lecture est revigorante, survitaminée aux scènes d'action et aux sensations fortes tout en proposant une réflexion pertinente sur l'histoire des Etats-Unis et les failles de son présent. J'ai adoré suivre les badass gouailleuses chasseuses de monstres Maryse, Salie et Chef, bras armés de Nana Jean, experte en potion root magic, vieille âme entourée de haints ( esprits ) prenant la forme de trois tantines ( trois Parques ? ) et chef de la résistance au Klan. Cette adhésion est renforcée par un formidable travail sur l'écriture, P. Djèlí Clark recourant au créole gullah de façon très immersive. le travail de traduction de Mathilde Montier est remarquable pour rendre ce langage dialectal accessible tout en respectant son authenticité, ses couleurs et son rythme.

Excitant et brillant !
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N'étant pas du tout fan du genre fantasy, il faut de solides arguments pour parvenir à m'en faire lire un. Prix Nebula du meilleur roman court 2020, prix Locus du meilleur roman court 2021 et finaliste du prix Hugo 2021, « Ring Shout » avait de quoi titiller ma curiosité, surtout qu'il mettait en scènes trois jeunes femmes noires bien décidées à botter le cul du Ku Klux Klan.

« Ring Shout » se déroule en effet en 1922, au moment où les rangs du Ku Klux Klan ne cessent de grossir suite à la sortie du film « Naissance d'une Nation », produit et réalisé par D. W. Griffith en 1915. A Macon, en Géorgie, un petit groupe de résistants mené par Nana Jean, une vieille Gullah, compte cependant leur donner du fil à retordre. Planquées sur un toit, Maryse, Sadie et Chef ont d'ailleurs décidé de tendre un piège à trois de ces monstres qui participent à un défilé du Ku Klux Klan …

J'ai beaucoup aimé le point de départ de ce roman, qui consiste à restituer toute la monstruosité du Ku Klux Klan en transposant cette réalité historique nauséabonde des années 20 dans un univers mêlant fantasy, science-fiction et horreur. Les klanistes ne sont en effet pas seulement constitués de fidèles éblouis par cette idéologie extrémiste, mais comptent parmi eux également quelques véritables monstres nommés Ku Kluxes, des créatures diaboliques et surnaturelles se nourrissant de haine. Ce procédé permettant de donner vie à la monstruosité du Ku Klux Klan fonctionne à merveille !

J'ai également beaucoup aimé le côté très féministe de ce récit porté par des femmes. de Nana Jean, qui fait office de chef de la résistance, à l'irrésistible trio de chasseuses de démons, composé de Sadie, fine gâchette munie de sa Winchester, Chef, l'experte en explosifs, et Maryse Boudreaux, la narratrice pourvue d'une épée magique, les héroïnes de P. Djèlí Clark réduisent leurs homologues masculins de l'époque à des rôles de figurants.

Je dois également souligner le fait que P. Djèlí Clark parvient à créer un univers totalement abouti et parfaitement cohérant en seulement 160 pages, tout en insufflant beaucoup de rythme grâce à de nombreuses scènes d'action. J'ai même adhéré à la plupart des codes du genre fantasy que l'auteur transpose avec brio dans cette Amérique des années 20, allant de l'élue vouée à vaincre le Mal à cette épée magique qui se nourrie de la souffrance et de la colère des âmes des anciens esclaves noirs. J'ai par contre plus de mal avec les « facilités » inhérente au genre, qui consiste à sortir plusieurs lapins blancs du chapeau de l'auteur afin de multiplier les rebondissements. Si les monstres Ku Klux passaient encore, j'ai eu plus de mal à digérer la Grande Cyclope et les Docteurs de la Nuit qui s'invitent à la bataille finale… Faut y aller à petites doses avec moi !

Finalement, malgré le travail de traduction aussi délicat qu'exemplaire de Mathilde Montier, j'ai tout de même eu du mal avec les passages recourant à ce dialecte gullah, issu de cette communauté afro-américaine de Géorgie. Si la réalité et le langage partent en sucette en même temps, je me retrouve totalement perdu !

Bref, n'étant pas du tout adepte du genre, ce roman est tout de même parvenu à me divertir et à me tenir en haleine de la première à la dernière page. S'il ne me laissera pas un souvenir impérissable, je retiendrai tout même le message principal qu'il véhicule : il n'est jamais bon de nourrir la haine !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Je suis tombé sur ce titre à l'occasion de l'une de mes veilles sur Babelio, quelques billets enthousiastes et le fait qu'il avait obtenu les prix Locus et Nebula m'ont décidé à tenter l'expérience d'autant que ce livre était disponible à ma bibliothèque numérique.
L'idée de départ était plutôt intéressante, combiner littérature fantasy et vingtième siècle dans une uchronie revisitant le sud de l'Amérique et un contexte de ségrégation avec un Klu Klux Klan dominateur et redoutable car dirigé par de puissants sorciers.
P. Djèlí Clark va opter pour une narration particulière, essentiellement exprimée en "patois" plus ou moins digeste, parfois à la limite de la compréhension (Nana Jean) et inconfortable le plus souvent, voire pénible à la longue. L'auteur heureusement nous propose une introduction explicative bienvenue sur cet aspect, ce qui m'aura incité à l'indulgence.
Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, j'ai été globalement déçu. le contexte est à peine développé de même que la psychologie des personnages, on rentre vite dans l'action pour ne plus en sortir ou presque, c'est trash et gore, on ne fait pas dans la finesse.
Côté scénario c'est faible, plutôt confus et le plus souvent outrancier, les combats et confrontations s'enchaînent sans souci de crédibilité jusqu'à un final délirant.
Heureusement il s'agit d'un format court, une novella de 144 pages au format numérique.
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Difficile de trouver mes mots pour cette sorte "d'uchronie fantastique"(?)
Une guerrière équipée d'une épée magique, des monstres haineux. Tout semble croire que nous sommes dans un banal roman fantastique manichéen...

En 1915, la sortie du film Naissance d'une Nation, réveille (ou attise) la haine des suprémacistes blancs. Un groupe de résistants, mené par Maryse, décide de chasser ses membres du Ku klux klan qui seront, au sens propre, d'abominables monstres.

Très fréquemment, on transpose tout un univers pour dénoncer une vérité, un problème, pour faire passer un message. Mais c'est tellement discret, qu'il faut généralement faire une analyse du sujet pour révéler le message implicite. Ici, l'auteur ira chercher des éléments du registre du fantastique, qu'il transposera dans la réalité. Wouah quel pari! Mais l'un dans l'autre, l'horreur de la haine, ne prendra pas sa source dans l'imaginaire. L'horreur est réelle.
Roman très original. Certains passages assez éprouvants.
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Pour son troisième ouvrage traduit en français chez L'Atalante, nul doute que l'américain P. Djèlí Clark va faire parler de lui. Après les djinns, c'est à d'autres créatures bien plus malfaisantes que s'intéresse l'auteur dans Ring Shout, prix Nebula et Locus 2021. Grâce une traduction remarquable signée Mathilde Montier, remontons le temps pour prendre le mal à la racine en découvrant que le Ku Klux Klan est encore plus terrible qu'on ne le pensait !

Une histoire américaine
Nous sommes en 1922 dans la petite ville américaine de Macon en Géorgie. Sur un toit, une embuscade se prépare en marge d'un défilé du Ku Klux Klan. Maryse, Sadie et Chef ont décidé de tendre un piège au klanistes…en laissant un carcasse de chien bien en évidence dans la ruelle d'en face !
Alors qu'ils approchent du cadavre, les trois silhouettes révèlent leur vraie nature de Ku Kluxes, des monstres échappés de l'Enfer qui n'ont qu'un but : tuer les Noirs et consommer le reste.
Dans Ring Shout, P. Djèlí Clark a une idée géniale : prendre la monstruosité du Ku Klux Klan et son idéologie raciste au pied de la lettre. Pour cela, l'américain imagine que les klanistes ont ouvert la porte à des entités surnaturelles qui se nourrissent de la haine et qui les font muter au-delà de tout espoir de rédemption. Grâce au film de propagande raciste « Naissance d'une Nation », le Klan et ses démons gagnent du terrain.
Mais en face, la résistance s'organise autour de Nana Jean et des siens, regroupant les Noirs qui veulent rendre les coups et qui savent la vraie nature de la menace qui pèse sur leur pays et sur le monde.
C'est au cours de cette novella de 170 pages que P. Djèlí Clark va se servir de cette idée de départ pour analyser les racines du mal qui ronge l'Amérique raciste tout en observant la chose par le prisme des opprimés en prenant Maryse, une jeune Noire américaine dont la famille a été sauvagement tuée par le Klan alors qu'elle n'avait que dix-huit ans, comme narratrice.
Un choix qui n'a rien d'anodin et qui va, finalement, transcender le récit final.

Melting-pot de genres
Pourtant, avant de revenir sur l'idéologie exploitée par Ring Shout, arrêtons-nous d'abord sur son univers. P. Djèlí Clark offre au lecteur une fantasy inattendue qui reprend tous les codes du genre pour les transposer dans l'Amérique des années 20. de l'élue au terrible champion ennemi, de la bataille rangée finale à la débauche de pouvoirs magiques, de l'épée sacrée aux haints (version Gullah-geechee des esprits, fantômes et autres démons), tout y est même la langue inventée (ou presque) avec le gullah-geeche, dialecte issu d'une communauté afro-américaine particulière de Géorgie et de Caroline du Sud.
En moins de 200 pages, l'américain transporte le lecteur dans un univers complet au potentiel en suspens à l'issue de l'histoire. Mieux encore, P. Djèlí Clark se fiche bien des barrières et va allègrement brasser les genres.
Le lecteur attentif repérera ainsi des allusions à des univers parallèles (voire même un multivers), à du voyage temporel et, bien évidemment à de l'horreur en veux tu en voilà !
Car si cette fantasy foisonnante enchante, elle terrifie aussi par la ménagerie qu'elle apporte avec elle, du terrifiant Ku Klux aux Docteurs de la Nuit cousins de jeu de Pinhead en passant par les Tantines, sorcières inhumaines et intemporelles aux traits malaisants. P. Djèlí Clark injecte du body-horror dans sa fantasy, la saupoudre de science-fiction et tout ça dans un seul et unique but : capturer l'horreur du réel.

Menace universelle
Revenons maintenant sur le propos même de Ring Shout, à savoir la réflexion autour du racisme en Amérique et, plus précisément, les raisons de l'existence du Klan. L'américain, même s'il utilise le prisme du fantastique, n'oublie jamais de préciser l'origine humaine des klanistes qui servent de chair à possédés pour les démons de l'autre côté. Et si leur éradication et le caractère impitoyable de la vengeance qui s'abat sur eux ne font aucun doute quant à leur légitimité, P. Djèlí Clark s'interroge pourtant à travers les yeux de ses héroïnes. Des héroïnes magnifiques qui ont souffert : Maryse et sa famille massacrée, Cordelia “Chef” Lawrence ancienne Harlem Hellfighters qui souffre encore de la Grande Guerre ou encore Sadie et son grand-père assassiné.
En axant son récit sur des femmes, P. Djèlí Clark montrent leur courage et leur ténacité qui n'a rien à envier à leurs homologues masculins de l'époque.
Il permet aussi, et surtout, de se plonger dans les sentiments et les émotions de son héroïne, Maryse, la fameuse « élue » de la prophétie…mais de quel camp ? En imaginant que les démons se nourrissent de la Haine et que celle-ci fascine un tas d'êtres surnaturels, l'américain met également en garde : même si les raisons semblent justes, la Haine mène au précipice, et cela peu importe votre couleur de peau. Maryse doit donc combattre sur deux fronts pour aider les siens, ce qui rend Ring Shout d'autant plus nuancé et intéressant, montrant bien qu'une vengeance aveugle vous transforme en monstre à votre tour, même avec les meilleures intentions du monde.
Comme le dit si bien le Proverbe : « L'Enfer est pavé de bonnes intentions…»

Fantasy brillante et enragée, Ring Shout retrouve pourtant toute sa nuance quand il parle de la haine et de ce qu'elle fait aux hommes.
P. Djèlí Clark impressionne par sa maitrise absolue des genres et des parts d'ombres de l'Histoire américaine, transformant ce qui aurait pu être une banale fantasy horrifique de plus en un récit intense, émouvant et intelligent.
Lien : https://justaword.fr/ring-sh..
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critiques presse (2)
Syfantasy
30 mars 2022
Ring Shout est une capsule étrange, envoûtante, rafraîchissante et horrifique qui plaira aux lecteurs audacieux, grâce à une traduction qui fait honneur à la culture afro-américaine !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
23 février 2022
Ring Shout mélange brillamment les topoï de la fantasy épique que l’on aime avec une discussion engagée sur la haine et l’opposition raciale. Tour à tout conteur et narrateur, P. Djèlí Clark livre ici une excellente histoire, servie par un trio féminin qui vous restera longtemps en tête. C’est maitrisé de bout en bout, nuancé et émotionnellement fort.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle édicte que chacun des fluides corporels humains préside à un principe. Le sang pour la vie ; la bile jaune, siège de la violence ; la bile noire, source de mélancolie ; le phlegme, de l’apathie. J’ai idée qu’une des humeurs manque à l’appel. Ce que les hommes nomment la haine. Toi et moi en avons trop vu pour nier son existence.
- L'avez trouvée? L'origine de la haine?"
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Connais-tu la théorie des humeurs, transmise autrefois par les Hamites d’Égypte aux Grecs et aux Romains ? Elle édicte que chacun des fluides corporels humains préside à un principe. Le sang pour la vie ; la bile jaune, siège de la violence ; la bile noire, source de mélancolie ; le phlegme, de l’apathie. J’ai idée qu’une des humeurs manque à l’appel. Ce que les hommes nomment la haine. Toi et moi en avons trop vu pour nier son existence.
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Des visions dansent devant mes yeux, comme toujours quand l'épée se matérialise : un homme aux pieds écorchés qui trime dans une mine d'argent au Pérou ; une femme qui expulse en hurlant son placenta dans les entrailles d'un bateau négrier ; un garçon qui patauge, de l'eau jusqu'à la poitrine, dans une rizière des Carolines.
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Notre Klan à nous, celui de 1922, il se fiche bien de se planquer.
Des hommes, des femmes et même des bèbes. Ils baguenaudent là-dehors, tout sourires, comme si qu'ils partaient en pique-nique du dimanche. Ils allument tout plein de feux d'artifice - feux de Bengale, pétards à mèche, fusées et d'autres qui font un bruit de canons. Une fanfare rivalise avec ce tapage et tout le monde en bas, parole, frappe dans ses mains un temps sur deux. Entre les cabrioles et les drapeaux qui s'agitent, on en oublierait presque que c'est des monstres.
Sauf que, moi, les monstres, je les chasse. Et je sais en reconnaître quand j'en vois. (17)
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 -Croyez qu’y a des Nègues là d’où qu’y viennent ?
-Sadie ! je l’interromps, mes minces réserves de patience épuisées. Dieu sait combien de fois j’tai dit d’arrêter de prononcer ce mot-là. Au moins en ma présence.
La mulâtre lève tellement les yeux aux ciel que je m’étonne de ne pas la voir tomber endormie.
-Qu’est-c’est que tu m’charres, Maryse ? J’mets toujours la majuscule à mes Nègues.
Je la fusille du regard.
-Qu’esse ça change ?
Elle a le toupet de me toiser comme si j’étais simple d’esprit.
-Passqu’avec la majuscule y’a du respect.
-Et comment qu’on sait, nous, si tu mets un N majuscule ou minuscule ? intervient Chef en venant à ma rescousse.
Sadie nous dévisage à présent toutes les deux, à croire qu’on connaît pas que deux plus deux font quatre.
-Pourquoi ça que j’dirais nègue en minuscule ? C’est insultant !
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Videos de P. Djèlí Clark (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de P. Djèlí Clark
Let's face it—few people are lucky enough to be able to write full-time when they're starting out. Whether you work a full-time job or have caretaking duties, writing often has to fit in around other obligations. On this panel, authors share tips and tricks—and trials and tribulations—around making time for writing.
Featuring P. Djèlí Clark, Megan Bannen, Richard Swan, and Jackson Ford
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