Le tombeur du Général

Quand Dany rencontre Charly...

Non, ça n'est pas un titre de film mais la fiction que nous propose Christine Clerc, journaliste politique émérite qu'on ne peut pas accuser de ne pas maîtriser son sujet.

Et ce sujet résonne avec un son particulier par les temps qui courent. Nous sommes en plein milieu des événements de Mai 68 : la Sorbonne s'enflamme, les étudiants s'échauffent et rêvent, la police est fébrile, le pouvoir hésite. Pour certains, c'est la chienlit ; pour d'autres, l'éventualité d'un changement profond à venir.

D'un côté de la ligne des CRS, il y a Dany, devenu en quelques semaines le symbole de l'émancipation étudiante, du "tout est possible", là où il est interdit d'interdire. de l'autre, un pouvoir, dont les ministres tremblent à l'idée du débordement de trop, de ce moment où l'irréparable se produit en un rien de temps et où leur avenir s'écroulera. Face à eux, le Général, statue du Commandeur qui en a mâté d'autres mais qui ne comprend plus ce monde nouveau qui lui échappe, qui ne répond plus aux mêmes signaux qu'autrefois et que ses ministres sont déjà prêts à abandonner les uns après les autres.

Bref, le chaos. Ou quelques minutes avant le chaos. Et seuls Dany ou Charly peuvent faire basculer l'instant d'un camp à l'autre. Et pour cela, encore faut-il qu'ils se parlent. à défaut de se comprendre.

Christine Clerc reprend le filon de la rencontre improbable - mais tellement appétissante - comme d'autres avant elle, et notamment récemment D Ormesson, son ancien complice du Figaro, avec Bonaparte et Cambacérès dans La conversation. À son crédit, un récit très bien documenté, qui nous replonge dans ces journées étranges où la France était prête à basculer dans un combat civil et génération à l'issue incertaine. À son débit, un face-à-face qui ne tient pas totalement ses promesses, un peu fade, convenu, attendu. À la fin, so what ?
On peut regretter - c'est mon cas - que Christine Clerc n'ait pas davantage poussé l'exercice de fiction. Dany fut-il le tombeur du général ? On peut en douter, et c'est sans doute l'époque qui l'a fait tomber.

Au final, il reste toutefois une lecture qui résonne incroyablement face à l'actualité de ces dernières semaines de 2016, où il n'y a plus de Général et où Dany, aujourd'hui commentateur radio préparant l'Euro, n'a pas trouvé de successeur.

Merci à Babelio et aux éditions Allary pour cet envoi via Masse critique.

Gagné lors de la dernière Masse Critique fiction, j'ai eu la chance de lire le tombeur du général de Christine Clerc.

Je remercie Babelio et les éditions Allary pour l'envoi de ce livre.

Mi-récit, mi-roman, cet opus relate les événements de Mai 1968 qui entraina la chute du Général de Gaulle un an plus tard.
Très facile et agréable à lire, il met bien en valeur la puissance et la force des deux tribuns qui s'opposent à l'époque: le vieux et expérimenté général face au jeune rebelle, le roux allemand Cohn-Bendit.

Dans la première et la troisième partie, Christine Clerc reste dans le récit historique (fort bien documenté et abordable, une vraie réussite de l'auteur) qui résonne d'ailleurs assez incroyablement face à l'actualité française actuelle... A l'époque, il y avait des hommes forts, des chefs, des visionnaires, des tribuns. Cela nous manque aujourd'hui!
On peut regretter - c'est mon cas - que Christine Clerc n'ait pas davantage poussé l'exercice de fiction. Dany fut-il le tombeur du général ? On peut en douter, et c'est sans doute l'époque qui l'a fait tomber, que cela soit côté pouvoir ou côté rue d'ailleurs.

Dans la partie centrale, elle se livre à un jeu de dialogue imaginaire lors d'une rencontre à l'Elysée entre les deux protagonistes. Purement fictif, on note tout de même quelques forts messages ainsi que finalement l'admiration de Dany le rouge face au vieux Général... Beaucoup de respect mutuel entre les deux hommes d'après les chapitres écrits par Christine Clerc.

A l'arrivée, le tombeur du général est une agréable et intéressante lecture qui aborde Mai 1968 de manière différente. On pourra regretter l'aspect superficiel de ce récit... mais cela reste un roman, et non un ouvrage politique. Il se lit très vite, tellement la plume est vive. Sensibilité, respect...

Et si Cohn-Bendit avait vraiment été "le Tombeur du Général"?

Je remercie Babelio et les éditions Allary pour l'envoi de ce livre à l'occasion de l'opération masse critique.

Christine Clerc s'intéresse à deux personnages incontournables des événements de Paris en mai 68, De Gaulle et Daniel Cohn-Bendit.
L'ouvrage est découpé en 3 parties. Dans la première et troisième partie l'auteure restitue le climat de l'époque. Elle s'appuie sur les témoignages oraux des acteurs ainsi que sur une solide bibliographie et les journaux de la période. Deux mondes s'affrontent une jeunesse bouillonnante qui veut bousculer et réveiller une société certes prospère mais qui ne fait pas rêver, et l'autorité incarné par le général De Gaulle en père de la France. Dans un style alerte et enjoué Christine Clerc raconte fort bien la genèse de mai 68 et les événements qui vont suivre, occupation de la Sorbonne, nuits d'émeutes, affrontements avec les forces de l'ordre et la sortie de crise avec De Gaulle à Baden baden et la grande manifestation gaulliste du mai 1968. Cette période très agitée ne débouchera pas sur la révolution communiste ou l'accès au pouvoir des opposants à De Gaulle mais sur le bouleversement des mentalités.

La seconde partie est totalement fictionnelle. L'auteure imagine la rencontre fictive du général De Gaulle et de Dany le rouge, le soir du 28 mai, dans un palais de l'Élysée désert. Les deux hommes se jaugent, se combattent mais finissent par se rapprocher même si leur utopie respective n'est pas la même. L'un est un vieillard déprimé, prêt à quitter la scène. L'autre un jeune insouciant qui a l'avenir devant lui. Les deux ont en points communs d'être des rebelles, amoureux des chimères et de l'Histoire. Tous deux orateurs surdoués et acteurs majeurs de la période.