Cet ouvrage reprend les podcasts de l'été 2014 d'
Antoine Compagnon, écrivain et professeur au collège de France. Il se découpe en plusieurs catégories autour des thématiques les plus abordées dans ses
poèmes ou dans ses journaux intimes, notamment
Mon coeur mis à nu.
L'été, à mes yeux, représente la liberté, la chaleur (point trop n'en faut !) et la joie de vivre.
Un seul point commun avec
Baudelaire : l'aridité...
Cet essai, je l'appellerai plutôt « Un hiver avec
Baudelaire ».
Peu attirée et touchée par ses spleens et ses images poétiques à l'adolescence, je me suis dit que cette lecture me ferait sans doute du bien. Force est d'avouer le contraire. Je me suis dit aussi que je verrai ce poète encensé par de nombreuses générations autrement. Force est d'admettre ce fait.
Grossièrement, je retiendrai que
Baudelaire :
- est un homme jaloux et rancunier.
- est un dandy au sens le plus élitiste du terme.
- est un misogyne (voir plus bas ce qu'il dit de
Georges Sand)
- est un chrétien, à sa manière, dont le Dieu est plutôt vengeur que rédempteur
- se joue du peuple qui n'est pour le poète qu'un moyen de s'élever.
- Sacralise ou honnit, il n'y a pas de juste milieu.
- Ne sait pas toujours ce qu'il veut. L'ambiguïté et l'ironie ont bon dos lorsqu'il s'agit de se contredire sur :
→La modernité des rues de
Paris (ou de la photographie), symboles) de déliquescence, dont les rues s'offrent à toutes les mendicités. Ado, j'avais déjà envie de crier que non, tout ne se résume pas à ce célèbre « l'or se retrouve dans la boue » / « tu m'as donné de la boue et j'en ai fait de l'or », que non le poète n'est pas une figure divine, incomprise de ses contemporains…(aux yeux de
Baudelaire, j'incarnais déjà cette déliquescence socialiste !)
→La femme tantôt sensuelle et attirante, tantôt sale et rebutante.
→ le génie et la bêtise dont l'incarnation la plus parfaite à ses yeux est
Victor Hugo.
Évidemment, le but d'
Antoine Compagnon n'est pas de clouer
Baudelaire au pilori, simplement de mieux le connaître. Cependant, avec les catégories choisies (qui ont été assez inégales en termes d'intérêt pour moi), on ne peut que le vouer aux Saints ou à Satan, mais c'est un peu le jeu avec lui, n'est-ce pas ?
Et s'il y a pour moi deux choses à retenir, c'est son idée de la souveraineté populaire, tournée en dérision dans ce court apologue :
Un homme épouvantable entre se regarde dans la glace.
« -Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu'avec déplaisir ? »
L'homme épouvantable me répond : « - Monsieur, d'après les immortels principes de 89, tous les hommes sont égaux en droits ; donc je possède le droit de me mirer ; avec plaisir ou déplaisir, cela ne regarde que ma conscience. »
Au nom du bon sens, j'avais sans doute raison ; mais au point de vue de la loi, il n'avait pas tort.
Ainsi, par le suffrage universel, l'homme cherche désormais la vérité dans le nombre et non plus dans les mains de quelques élus sacralisés par le poète lui-même ! Il rejoint Pascal pour qui le suffrage universel témoignait « de l'orgueil de l'homme, de son illusion qu'il pût trouver la vérité tout seul, par lui-même et en lui-même ».
Et sa vision brutale, lourde, écoeurante de
Georges Sand :
« La femme Sand est le Prud'homme de l'immoralité…
Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois.
Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a, dans les idées morales, la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues.
Que quelques hommes aient pu s'amouracher de cette latrine, c'est bien la preuve de l'abaissement des hommes de ce siècle ».
Continuer, encore aujourd'hui à encenser un poète aussi méprisant et méprisable, c'est bien là l'hérésie. Et c'est également l'origine de l'oubli de toutes ces femmes qui ont fait la littérature française. Je pense qu'il est d'ailleurs temps de leur rendre la place qu'elles méritent dans les programmes scolaires ou dans les diplômes et concours nationaux.
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