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Elise Fontenaille (Préfacier, etc.)
EAN : 9782848197630
150 pages
Créer (26/05/1900)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Anne Comtour vit en Auvergne depuis la nuit des temps. Plus récemment elle est devenue poète, romancière, danseuse, choriste, kayakiste et quelque peu harpiste. Après « Anne de Joyeuse » et « Sofonisba », elle signe son troisième roman historique.

Des concerts secrets, nocturnes, au palais ducal. Exclusifs, réservés à un auditoire soigneusement trié. Musique de femmes, beautés irréelles, voix angéliques, instrumentistes virtuoses d’un style nouveau, j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sauvant de l'oubli la mémoire des Dames de Ferrare qu'elle a découvertes par hasard, Anne Comtour nous propose ici de nous en narrer leur singulière, passionnante et passionnée histoire. Car de passion, il en est principalement question dans ce court roman historique, et plus particulièrement de cette passion pour la musique qui enfièvre, qui captive, qui anoblit les âmes et qui pourfend les coeurs. Une passion qui permet de s'élever au-dessus de la condition de mortel, d'homme et de femme, bien que la vie finisse toujours par rappeler à l'ordre même ses sujets les plus talentueux et passionnés.

Mais avant la fin, faut-il encore raconter les débuts de Laura, Anna et Livia. Ces trois musiciennes, chanteuses et instrumentistes, sont réunies par le Duc Alfonso II de Ferrare afin de fonder un harmonieux ensemble. Un ensemble destiné à jouer pour son seul bon plaisir, ainsi que pour les heureux élus qu'il estimera digne des concerts secrets qu'il organise pour que ses trois protégées déploient tout leur vertigineux talent. Des protégées sous la direction d'une autre musicienne émérite dont j'ai tout autant apprécié de découvrir l'histoire.

Amoureux de la musique dans ce qu'elle a de plus pur, de plus beau et de plus noble, le duc Alphonse est une figure étrange, dont la passion semble quelque peu transcender la raison pure. Mais rien d'étonnant, ce dernier comblant les manques et les failles de sa vie par la musique et son projet de concerts secrets, qui intrigue bien des gens et suscite bien des jalousies. Chose dont il semble se réjouir, comme il se réjouit de la domination de sa cour en matière d'art musical. Il faut dire que toutes les guerres ne se jouent pas toujours sur un champ de bataille…

Le roman étant court et la documentation probablement réduite, Anne Comtour ne fait que survoler l'existence de ses protagonistes qui sont enfermés dans une sorte de vie en huis clos, dédiée entièrement à la musique. Une musique source de passion et de cette vie qu'elle insuffle au rythme de ses partitions et de ses notes. Se parant d'une aura presque charnelle, la musique occupe toute la scène, devenant cette sorte d'être impalpable dont on perçoit pourtant les moindres vibrations et la vibrante présence. Mais la musique est exigeante, prenant et demandant autant qu'elle offre et cajole. Un paradoxe parfaitement restitué par l'autrice qui nous dévoile l'emprise totale et étouffante du duc et de cette vie d'artiste de cour qu'il impose à Laura, Anna et Livia .

Travail acharné, répétitions, dévotion, renoncement et sacrifice… Les efforts de nos musiciennes sont récompensés mais à quel prix ? Alors que leurs voix et leurs gestes assurés permettent à leur auditoire de toucher du doigt des instants de grâce, nos musiciennes sont elles pleinement heureuses ? Difficile de répondre à la question, mais on peut néanmoins répondre qu'elles sont loin d'être libres. En effet, si elles sont payées pour leurs prestations, offrant un modèle aux autres femmes, elles n'en demeurent pas moins sous l'emprise des hommes. D'abord, d'un mécène, figure paternelle aimante mais exigeante, puis de leurs maris qui peuvent profiter allègrement et sans complexe des fruits de leur travail. Rappelons que nous sommes au XVIe siècle.

D'ailleurs, si l'histoire des Dames de Ferrare est intéressante, même si j'aurais tant aimé qu'elle soit plus développée, elle l'est aussi parce qu'elle s'inscrit dans un contexte historique passionnant et effervescent qui laisse une place incroyable à l'art, mais aussi à la violence, à la rancoeur et à la jalousie. Page après page, la grande Histoire s'invite à travers des personnes historiques, des faits réels et des références qui permettent de mieux saisir le contexte géopolitique et culturel entourant l'histoire de ces concerts secrets et de nos musiciennes. Les amoureux et coutumiers de la Renaissance italienne devraient se sentir ici comme chez eux. Pour ma part, j'ai parfois eu du mal à restituer chaque personnage et ai donc apprécié le petit récapitulatif proposé en fin de roman.

Musique, musique et musique ! Un seul mot comme pont entre les personnages, un mot qui devient ici synonyme de passion et d'enchantement, un peu à la manière de la plume d'Anne Comtour qui virevolte ligne après ligne. Une plume qui souligne la virtuosité de musiciennes de talent qui auront su, durant un temps, s'élever grâce à leur art et offrir à leur mécène un peu de cette beauté et pureté musicale qu'il tenait à capturer et à conserver secrète. le secret des Dames de Ferrare ou un vibrant hommage d'une artiste à d'autres !

Je remercie les éditions Créer et Babelio de m'avoir envoyé le secret des dames de Ferrare d'Anne Comtour en échange de mon avis.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Tout d'abord, je remercie Babelio via Masse critique pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage « le secret des Dames de Ferrare » par Anne COMTOUR édité par la maison d'édition CREER, que j'ai apprécié découvrir au travers de son livret.
Ce récit est axé sur le Concerto secreto qui joua vers la fin du 16ème siècle à la cour du duc de FERRARE, Alphonse II d'ESTE et sa 3ème épouse Marguerite de GONZAGUES, en Italie.
Alphonse II d'Este s'inspira du pape PAUL III ou Alexandre FARNèSE « qui entretenait à la cour papale un ensemble de musique profane pour un comité restreint ». le sien ne publiera les oeuvres musicales qu'à la mort du Duc. Secret parce que ce concerto est pour lui, sa femme, ses courtisans préférés et ses invités. Il le veille comme une poule sur sa couvée. Fils de de Renée de France et petit-fils d'Anne de Bretagne, il a eu jeune un très grave accident d'équitation qui l'a mutilé à l'entrejambe et ne lui permettra jamais d'avoir de descendants et ce « Concerto secreto » sera comme son enfant.
Il veillera à marier ses musiciennes, gage de respect à sa cour et de leur verser des pensions confortables pour se loger elle et leur famille.
Il sera composé par quatre belles voix et des musiciens qui viendront offrir leur création à ses dames.
La première dame TarquinIa MOLZA mariée et rapidement veuve, donnera sa bibliothèque à la communauté de Modène.
La deuxième dame Laura PEVERARA, fille d'un riche marchand lettré, il fut précepteur de princes. Elle suivra une instruction selon les principes du livre du courtisan : La bible de tous les éducateurs des Grands » de Baldassare CASTIGLIONE ;
Les soeurs de sa mère Lucrezia et Isabelle BENDIDO chantèrent avant elle à la cour de FERRARE.
Les « douze madrigaux » auxquels elle participa furent publiés en 1601 à l'automne alors qu'elle disparait à 38 ans le 5 janvier de la même année.
La troisième dame Livia d'ARCO noble demoiselle de Mantoue, père poète et capitaine, intègre l'ensemble musicale à partir de 1582. Livia sera mariée au Comte Alphonse BEVILACQUA, constamment endetté. Ils eurent de bons rapports conjugaux, six enfants et elle mourut en couche l'année 1610.
La quatrième dame Anna GUARINI de Giovan BATTISTA GUARINI, diplomate au service du Duc fut marié à Hercule TROTTI. Malheureusement, sa fin est celle d'un sordide féminicide après la mort de son protecteur le duc ALPHONSE II d'ESTE. Son mari ayant toujours soupçonné une infidélité de sa femme. « ils l'ont taillé à la hache » non loin de son luth en cyprès ! Mais, l'époque autorise cela pour l'épouse adultère même si elle fut une si belle musicienne et vocaliste !
Pour conclure l'histoire, « Ferrare, cour naguère plus provinciale que Florence ou Venise deviendra un haut lieu d'expérimentation musicale ».
Le roman est fluide à lire et j'ai pris du plaisir à découvrir l'histoire. Il nous éclaire sur un concerto dont sur YOUTUBE il est possible d'écouter les 12 madrigaux.
A la fin du livre, se trouvent une liste récapitulative de quelques personnages qui passent dans le livre puis un petit glossaire musical et littéraire et la généalogie des ESTE Duc de FERRARE, Modène, Reggio-en-Emilie, Carpi.
Pour continuer la lecture sur cette période historique et musicale l'auteur a aussi écrit Anne JOYEUSE à découvrir avec la même édition.
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C'est une très belle découverte que ce trio de chanteuses et musiciennes de la Renaissance tardive, membres du "Concerto delle dame", dont Anne Comtour nous compte ici l'histoire méconnue et passionnante.
Anna Guarini, Laura Peverara et Livia d'Arco, respectivement luthiste, harpiste et violiste, unissent leurs voix lors de « concerts secrets » commandités par le duc Alphonse II d'Este, faisant ainsi de la cour de Ferrare l'un des plus hauts lieux de l'innovation musicale. L'autrice remet également en lumière la compositrice, chanteuse et femme de lettres Tarquinia Molza, qui rejoint la formation à la demande du duc Alphonse autour des années 1580. le trio devenu quatuor offrira à la ville de Ferrare un rayonnement artistique sans précédent qui ne manquera pas d'attirer la convoitise des autres cours ducales italiennes.
La narration prend la forme d'une discussion entre les quatre jeunes femmes, qui échangent sur leurs vies respectives, les rumeurs de la cour, mais aussi sur des considérations historiques d'ordre beaucoup plus général. Assez rapidement, le discours prend la forme d'une litanie quelque peu monotone avec sa galerie de personnages et d'anecdotes plus ou moins liées au contexte de la narration. Ces échanges entre les protagonistes auraient mérité à mon sens un peu plus de spontanéité afin de donner plus de matière aux personnages.
Beaucoup plus intéressants sont les questionnements autour du statut des femmes artistes en cette fin du XVIe siècle. Si l'exercice de la peinture, de la musique et de la poésie fait partie du bagage minimum de toute noble et jeune épouse, ces divers talents se doivent de rester au sein de la sphère domestique et ne peuvent se targuer de rivaliser avec la supériorité du « génie » masculin. Les quelques rares élues dont les noms ont traversé les siècles pour parvenir jusqu'à nous n'ont pu exercer leurs talents à un niveau professionnel que sous l'impulsion et la protection d'hommes (soit par le biais de la sphère familiale, citons ici Artemisia Gentileschi ; ou le mécénat artistique d'hommes puissants, telle Sofonisba Anguissola à la cour d'Espagne). C'est au nom de cette toute-puissance que le duc Alphonse II d'Este impose des mariages (ou tout au contraire les interdit) à ses protégées ; unions qui prendront parfois un tournant dramatique à une époque où le crime conjugal était, si ce n'est autorisé, du moins très largement toléré.
Je remercie Anne Comtour d'avoir exhumé et redonné vie temporairement à ces femmes au destin passionnant, ainsi qu'aux éditions Créer pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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