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EAN : 9782849507377
Syllepse (24/01/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L’Union européenne va-t-elle mourir, va-t-elle survivre?
En d’autres termes, la menace de sa dislocation sera-t-elle conjurée? Bref, l’Union européenne a-t-elle un avenir? Voilà le genre de questions qui ont peu de chance d’enthousiasmer les peuples et de mobiliser les électorats…
Ce qui certainement explique une tendance fort générale, ici en France, et en particulier pour les forces politiques quelle que soit leur position sur l’axe gauche-droite, de... >Voir plus
Que lire après Europe, en risque d'avenirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Coopération égalitaire et citoyenneté intégrale

Europe, élections européennes – en fait des élections nationales pour un parlement européen aux faibles pouvoirs – sans réelle citoyenneté européenne, des fonctions étatiques segmentées et sans contrôle, des politiques néolibérales menées tant au niveau de l'Europe que dans les différents pays, des « ruptures » brisées par l'ordre européen, des affirmations « souverainistes », « l'acceptation (im)morale des conditions catastrophiques dans lesquelles des êtres humains engagent leur périple vers l'Europe », le cynisme des accords de sous-traitance du contrôle des migrant·es, les paniques identitaires (j'ajoute, parfois sur fond de non règlement de questions nationales et nationalitaires), la question d'une citoyenneté européenne ouverte sur le monde et la nécessaire radicalisation du droit du sol (et probablement l'abandon de toute référence au sang)…

Comme pour des autres revues chroniquées, je choisis subjectivement de n'aborder que certains articles.

Laurent Vogel, dans son article « L'outil du droit communautaire dans les luttes pour la santé au travail en Europe », souligne entre autres, « la possibilité de construire une stratégie judiciaire en s'appuyant notamment sur des directives européennes », les contre-tendances « qui peuvent se révéler utiles et servir de leviers » contre la détérioration des conditions de travail induites par les politiques néolibérales (santé au travail, égalité femmes/hommes, lutte contre certaines discriminations).

Il insiste sur la conflictualité quotidienne des questions de santé au travail, la question de la démocratie dans le travail, les luttes pour l'égalité (et donc contre les divisions du travail – dont la division sexuelle du travail). L'auteur aborde la régulation juridique de la santé au travail, l'histoire de la monétisation des risques, les organismes de prévention (comme les CHSCT détruits par la nouvelle Loi travail d'Emmanuel Macron), les risques chimiques, la lutte contre le cancer, « Avec plus de 100 000 morts par an, les cancers constituent la première cause de mortalité liée à de mauvaises conditions de travail dans l'Union européenne. Ils frappent principalement les professions ouvrières et des activités de service fortement féminisées (notamment la santé, la coiffure et les ongleries, le nettoyage) », le rôle de la jurisprudence et de la transposition des directives européennes dans les droits nationaux, « Toute situation où le droit national ne répond pas aux exigences minimales d'une directive peut être soumise à la Cour de justice européenne ». Développer des stratégies judiciaires au niveau européen renforce les luttes contre « la violation systématique des obligations de prévention des entreprises ». J'ajoute, pour autant, que la question du droit soit aussi posée politiquent.

Dans le dossier, manque cruellement un article sur les femmes en Europe, la réalité du travail et du temps de travail féminin, le refus français du « à travail de valeur égale, salaire égal », les droits sexuels et reproductifs dont le droit à l'avortement. le sexe des risques professionnels et de la santé au travail est partiellement abordé par Laurent Vogel. Comme je l'ai déjà signalé à propos d'autres numéros, le prisme du genre (mais ce n'est pas le seul) est indispensable pour analyser les rapports sociaux.

Si les questions nationales et nationalitaires sont abordées, j'y reviendrais, je regrette l'absence de traitement des procès de racisation dans cette Europe (par ailleurs de plus en plus fermée aux migrations et au droit de libre circulation et d'installation des individu·es). La situation des Rroms aurait pu en être une illustration. Les questions européennes ne peuvent par ailleurs être seulement abordées au prisme particulier de chaque État-nation.

De ce point de vue, l'article de Jean-Yves Potel, « L'Europe vue de l'Est » donne un éclairage géographiquement (et politiquent) plus large. Il analyse les évolutions et les changements socio-économiques, les « indicateurs de croissance et de modernisation », les désastreuses conséquences sociales, les nouvelles inégalités, « Les conséquences politiques et psychologiques de ces nouvelles inégalités dans un contexte de détérioration des services publics ont été considérables », le chômage de masse, les contestations nationalistes et les réécritures des « romans nationaux », les corruptions, la construction d'Etats autoritaires et les « bras de fer avec la Commission européenne en remettant en cause les règles de l'état de droit (séparation des pouvoirs, indépendances de la presse, etc.) ». A noter que les tendances autoritaires se développent dans l'ensemble du monde néolibéral . Je souligne les passages sur la précarité sociale, la baisse significative du taux d'activité salariée des femmes, l'émergence d'« ethno-nationalismes »…

Plusieurs articles permettent de rediscuter des questions nationales et nationalitaires, de la négation du droit à l'autodétermination des peuples. Bruno Della Sudda, Patrick Silberstein, Daniel Desmé abordent l'usage des langues, le « sentiment d'appartenance à des cultures minoritaires », les révoltes populaires dans les territoires colonisés, les succès électoraux des « nationalistes » en Corse, le droit des Kanak à l'autodétermination. L'autodétermination est bien un élément stratégique pour l'émancipation – la possibilité pour un peuple « de se donner les institutions économiques, politiques, culturelles qui lui semblent appropriées et des relations qu'il entend nouer avec d'autres nations »…

Les auteurs posent une question que je juge décisive : « Comment (re)construire une Europe démocratique, de coopération égalitaire et de citoyenneté intégrale, tournée vers la satisfaction des besoins de l'ensemble des peuples, les droits des femmes et la fin de la domination masculine, la transition écologique, les droits des minorités linguistiques et culturelles installées ici et là, sans que les peuples soient institutionnellement reconnus comme décideurs ? »

Richard Neuville, Mariana Sanchez et François Caussarieu reviennent sur la Catalogne, la non reconnaissance du caractère plurinational de l'Etat espagnol, le carcan de la constitution de 1978 et la « transition » sans rupture avec le franquisme, les gouvernements qui se sont succédés en Catalogne, les éventements plus récents et les questions stratégiques dont celle de la République…

Il est nécessaire de « Parler encore et toujours de la Syrie… ». L'entretien avec Farouk Mardam-Bey,est un bon complément au récent livre auquel il a participé : Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey : Dans la tête de Bachar al-Assad.
Du coté de la culture, deux articles toujours passionnants de Gilles Bounoure. Une ouverture sur d'autres aspects culturels me semble néanmoins nécessaire. Je rappelle, par exemple, le dernier ouvrage de Nicolas Béniès sur le jazz : le souffle de la révolte. 1917-1936 : Quand le jazz est là.
Reste une question, que je pose maintenant à toustes les auteurs et autrices, pourquoi ne pas utiliser une écriture plus inclusive ? – le point médian, l'accord de proximité, les européen·nes, les habitant·es, les acteurs et les actrices, les militant·es, les ouvrier·es, les employé·es, pour rendre visibles les unes et les autres, les iels et toustes. Peut-on réellement lever le drapeau des émancipations, en continuant à porter les haillons ou les treillis de lois grammaticales et orthographiques adoptées par les académiciens masculinistes (et par ailleurs incompétents). Ces normes « ordinaires » faisant primer le masculin sur le féminin contribuent à invisibiliser les femmes. Il est nécessaire de rompre avec ces fâcheuses habitudes…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
ÉDITO

Antoine Artous, Francis Sitel : « Gilets jaunes » La grande casse…

DOSSIER

Antoine Artous, Francis Sitel : Demain l’Europe ?

François Sabado :Europe : vers l’éclatement de l’Union européenne ?

E. Igor Mineo : Le visage fracturé de l’Europe et la gauche négligente

Alda Sousa : Portugal : Le Bloco et le gouvernement du Parti socialiste

Jean-Yves Potel : L’Europe vue d’Est

Philippe Marlière : Le Brexit, le plan B des néoconservateurs

Maite Mola : Entretien, vice-présidente du Parti de la gauche européenne

Marie-Christine Vergiat : Entretien, députée européenne du Front de gauche

Marie-Pierre Vieu : Entretien, députée européenne et membre de la direction du Parti communiste français

Laurent Vogel : L’outil du droit communautaire dans les luttes pour la santé au travail en Europe

Bruno Della Sudda, Patrick Silberstein, Daniel Desmé : Les questions nationales toujours présentes dans l’Union européenne…

Richard Neuville, Mariana Sanchez et François Caussarieu : L’automne catalan et le retour de la question nationale

Paul Alliès : L’Europe, les Régions et les questions nationalitaires

Antoine Artous : En hommage à Sophie Oudin-Bensaïd

INTERNATIONAL

Farouk Mardam-Bey : Entretien, Parler encore et toujours de la Syrie

MARXISME

Geoffrey de Sainte-Croix : Karl Marx et l’interprétation de l’Histoire ancienne et moderne

CULTURE

Gilles Bounoure : Les grandes années de la photographie « sociale »

Gilles Bounoure : Le Japon et « l’art brut »
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Comment (re)construire une Europe démocratique, de coopération égalitaire et de citoyenneté intégrale, tournée vers la satisfaction des besoins de l’ensemble des peuples, les droits des femmes et la fin de la domination masculine, la transition écologique, les droits des minorités linguistiques et culturelles installées ici et là, sans que les peuples soient institutionnellement reconnus comme décideurs ?
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Avec plus de 100 000 morts par an, les cancers constituent la première cause de mortalité liée à de mauvaises conditions de travail dans l’Union européenne. Ils frappent principalement les professions ouvrières et des activités de service fortement féminisées (notamment la santé, la coiffure et les ongleries, le nettoyage)
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Toute situation où le droit national ne répond pas aux exigences minimales d’une directive peut être soumise à la Cour de justice européenne
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Les conséquences politiques et psychologiques de ces nouvelles inégalités dans un contexte de détérioration des services publics ont été considérables
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