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EAN : 9782073001474
464 pages
Gallimard (12/01/2023)
3.96/5   13 notes
Résumé :
"Cette journée fut la seule dont la maîtrise aura échappé au Grand Roi, lui qui se voulait l'ordonnateur tout-puissant de son royaume. Interroger la portée de la mort de Louis XIV conduit à considérer ce très long règne à l'aune du projet politique que ce prince avait lui-même conçu. Ce livre donne à comprendre ce qui s'éteint avec le Roi-Soleil et ce qui va perdurer de son œuvre. Qu'est-ce qui fait la singulière grandeur du siècle de Louis XIV? La gloire, le roi de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cet ouvrage, écrit par l'éminent historien Joël Cornette, fait parti d'une ancienne collection des années 60 intitulée « les trente journées qui ont fait la France » créée par les éditions Gallimard, et qui se proposait de livrer une analyse nouvelle et inédite d'une date majeure ou particulière qui eut un retentissement ou des conséquences notables pour l'histoire de France.
Collection malheureusement quelque peu tombé dans l'oubli, mais qui récemment grâce à une reprise en 2005 sous le nom « les journées qui ont fait la France » et à plusieurs rééditions, notamment chez Folio, retrouve un certain écho.
Dans l'ouvrage présent, et comme son titre l'indique, Joël Cornette se propose de décrypter la mort de Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715. Une date et une mort dont on pourrait se demander pourquoi elles sont si marquantes ? Certes, Louis XIV fut le plus illustre des rois de France, mais pourquoi la date de sa mort serait-elle plus digne d'intérêt que son règne ? C'est ce que j'avais naïvement pensé avant d'aborder ce livre. Mais Joël Cornette explique sa vision et son but dans le nouvel avant-propos inédit — à l'origine de cette nouvelle parution en poche — et on comprend très vite qu'effectivement la mort du Roi Soleil fut un moment on ne peut plus significatif de la grande histoire.

La mort de Louis XIV fut marquante tout simplement parce que son règne fut marquant. Sa mort représente une véritable bascule, une rupture, un avant et un après. Et c'est à la lumière de cette constatation que Joël Cornette va expliquer exactement pourquoi les changements, les conséquences et les bouleversements ont été causés par la mort du roi. Et pour ce faire, l'historien fait un retour en arrière et analyse les particularités du règne et de la personnalité du ce grand roi. Il passe en revue et explique les domaines particuliers et précis dans lesquelles Louis XIV a construit sa grandeur et donc pourquoi sa mort fut un moment charnière.
Et il s'attèlera à montrer les nombreux aspects dans lesquelles il y eut contraste saisissant entre le début du règne et la fin du règne.

Dans un premier temps l'auteur va revenir sur l'agonie et l'expiration du Grand Roi, puis son inhumation ; une façon d'entrer en matière mais aussi de sentir au plus près l'atmosphère pesante et attristante qu'a provoqué la mort du roi dans l'enceinte de Versailles et auprès des siens. Puis on fera un panorama de l'accueil que reçut l'annonce de la mort dans le royaume parmi ces sujets, un accueil pour le moins surprenant car c'est une véritable libération de la parole et une manifestation du mécontentent latent depuis plusieurs décennie qui va s'opérer. C'est comme ça que l'on apprend que sa mort fut un grand soulagement pour le peuple, ce dont on ne doute pas forcément lorsqu'on pense au Roi Soleil, aimé et adulé.
Ensuite l'historien abordera les deux éléments formateurs de la vie du jeune roi à savoir la Fronde (1648-52) et la mort de Mazarin en 1661, évènements qui a eux deux expliqueront sa conception du pouvoir sa vie durant. Puis on entrera dans le détail de son mode de gouvernement, on l'on découvrira l'organisation des différents conseils et ministères, mais surtout le sujet sera de comprendre comment Louis XIV a mis en place une machine administrative tentaculaire, complexe et efficace dans laquelle le monarque va prendre une place centrale, devenant littéralement l'incarnation de l'appareil d'Etat.

Dans un deuxième temps, l'auteur s'attarde sur la fabrique de la gloire qu'a entreprit Louis XIV et qui fut sans commune mesure avec tous les précédents rois de France, où tout concourrait à ce que, in fine, l'Etat soit incarnée, représentée partout et tout le temps pour qu'il touche tous les sujets. Aux côtés du roi de gloire Joël Cornette évoque aussi le roi de guerre et il explique très bien comment la guerre fait partie intégrante d'une conception monarchique d'exaltation de sa personne mais combien dans le même temps, et à partir des années 1690, elles deviendront source de grande misère et marqueront un avant et après dans le règne du roi.
Après cela, on entre deux autres aspects plus intimes, mais non moins important dans la marche de ce règne monumental ; la religion et la famille. On découvre le combat acharné que Louis XIV mena toute sa vie contre le protestantisme et le jansénisme, et qu'encore une fois cet ferveur religieuse fait partie de la conception de souverain absolu garant de la chrétienté. Et concernant sa famille, on touche à l'homme intime, mais puisque l'homme et l'Etat ne font qu'un, on touche donc aussi à l'Etat. On découvrira entre autres comment il a difficilement géré l'attribution des faveurs entre ses nombreux enfants légitimes et illégitimes.
Enfin, on refermera ce récit avec la journée du 2 septembre 1715, presque aussi importante que la précédente tant l'enjeu était grand. Car avec l'annulation par le parlement du testament de Louis XIV, cette date signe la prise de pouvoir du régent Philippe d'Orléans qui pour ses intérêts propres rendra le pouvoir aux magistrats et aux nobles, ceux qui justement en furent privés sous l'absolutisme de Louis XIV. Un absolutisme que la régence va donc commencer à déliter et qui ouvrira plus tard, la brèche à la révolution...

J'ai adoré découvrir Louis XIV de cette façon. C'est une forme qui s'avère presque plus passionnante qu'une biographie classique ! C'est à la fois une immersion et une explication. Pour chaque thématique choisie, Joël Cornette en fait une analyse en profondeur, il en montre les tenants et les aboutissants, il en explique la portée et la dimension, et c'est justement ça qui est passionnant. On prend la mesure de la mort de Louis XIV à la lumière d'aspects bien précis de son règne où il met en relation différents faits pour en livrer toutes les facettes. Bref, c'est absolument génial. Même si c'est un livre plutôt érudit, la plume fluide et extrêmement agréable de Joël Cornette, — que j'ai été ravie ici de découvrir en tant qu'auteur car je le connaissais sous la direction des Histoire de France chez Belin, — rend la lecture d'une extraordinaire clarté.

Bref, ce fut un ouvrage absolument passionnant, à vrai dire ce fut tout simplement un coup de coeur !

Un très grand merci à Babelio et Gallimard pour cet envoi !
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La lecture du livre de Joël Cornette, dans la collection "Les journées qui ont fait la France", suffira au lecteur curieux pour s'initier au long règne de Louis XIV, décisif pour l'édification de l'Etat, qui est inséparable pour nous de l'idée de Nation. L'auteur prend appui sur le récit des derniers temps du Grand Roi et des quelques jours qui suivirent, pour dresser le tableau d'une France épuisée, et finalement soulagée à la mort de celui qui l'incarna pendant plus de cinquante ans, de gré ou de force. Il n'hésite pas, dans son essai, à revenir aux premières années du règne, à la Fronde, à la prise de pouvoir personnel, pour expliquer les évolutions politiques et sociales qui conduisent à cet état des choses de 1715. C'est donc un panorama synthétique du règne entier que fait l'auteur, sans oublier les jours de septembre 1715 qui suivirent, où le Parlement, en échange d'un rétablissement de son pouvoir, casse le testament du Grand Roi, instaure le pouvoir absolu du régent et tourne définitivement la page du règne à peine terminé. Le lecteur gardera une image finalement attachante de la personne de cet homme, Louis, identifié à tout prix, courageusement, héroïquement, à sa fonction royale, jusqu'à la mort. La grande ombre du duc de Saint-Simon et de ses magnifiques chroniques est toujours là, à l'arrière-plan, et la tâche de l'historien est de se servir des Mémoires, mais sans perdre la distance critique du savant.
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Ce solide volume ne se limite pas à l'agonie de Louis XIV comme le film sépulcral d'Albert Serra avec Jean-Pierre Léaud. Il présente habilement, et savamment, un cycle qui commence par « Le coucher du soleil » le 1er septembre 1715 et s'achève par « La journée du 2 septembre », où le régent Philippe d'Orléans s'impose et foule au pied le testament du Grand Roi. Dans l'intervalle, Cornette décrit la passion de Louis le Grand pour les guerres, surtout les guerres de siège où il peut se mettre en scène, la mise en place d'un puissant conseil à sa main fait d'hommes exceptionnels (Colbert, Louvois, Vauban, etc.) qui contrôlent les finances et la folle pression fiscale, la religion de sa gloire, la religion tout court avec la révocation de l'édit De Nantes, la crise gallicane avec la bulle Unigenitus, le jansénisme, et encore la domination des Arts : la « Petite Académie » rassemblée par Colbert reçoit du roi une harangue bien sentie : « Vous pouvez, Messieurs, juger de l'estime que je fais de vous, puisque je vous confie la chose au monde qui m'est la plus précieuse, qui est ma gloire. Je suis sûr que vous ferez des merveilles. Je tâcherai de ma part de vous fournir la matière qui mérite d'être mise en oeuvre par des gens aussi habiles que vous êtes » (page 166).

Toutes choses bien connues des amateurs d'Histoire (avec une grande Hache comme disait Pérec), mais je n'en suis pas : J'ai lu ce livre après avoir entendu l'auteur, par hasard, sur France Culture. Pour le novice, cette synthèse de faits et d'idées animée par les témoignages contemporains est une merveille.
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L'historien Joël Cornette a consacré une part importante de ses recherches à l'Ancien Régime et à la monarchie absolue. Dans cet opus appartenant à la collection initiée par Gallimard, Les Journées qui ont fait la France, il s'attache au 1er septembre 1715, le jour où s'éteint le Grand Roi, Louis XIV, à l'issue d'un règne d'une longueur exceptionnelle : il aura duré 72 ans.
Après une présentation minutieuse de l'avancement de la maladie qui allait emporter le roi, de son agonie, puis de sa mort et de ses funérailles, l'historien revient sur les circonstances ayant façonné sa personnalité et déterminé sa conception du pouvoir. Il dépeint la manière dont l'absolutisme monarchique allait peu à peu imprégner les institutions politiques, façonner la représentation du souverain dans une mise en scène de sa gloire, renforcer la conception d'une Église « gallicane, apostolique et royale » et ancrer l'idée d'une continuité dynastique.
La mort de Louis XIV ouvre la période de la Régence qui non seulement inaugure un changement d'hommes aux premières fonctions de l'État, mais s'annonce comme « la liquidation politique du règne de Louis XIV ».
Passionnant de bout en bout, servi par un style élégant et une plume rigoureuse, ce livre est une formidable clé pour comprendre, au-delà du système monarchique, l'héritage du Grand Siècle dans l'histoire des institutions françaises.
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Le 1er septembre dernier, à l'occasion de la journée commémorative des 300 ans de la mort de Louis XIV, nous vous parlions du règne du Roi-Soleil à travers le livre le Siècle de Louis XIV, publié aux éditions Perrin, sous la direction de Jean-Christian Petitfils.

Aujourd'hui, alors que s'ouvre, jusqu'au 21 février 2016, au Château de Versailles, une exposition intitulée le Roi est mort, c'est le livre de Joël Cornette, La mort de Louis XIV, publié chez Gallimard dans la collection « Les journées qui ont fait la France », qui retient notre attention.

Si de nombreux historiens et biographes se sont penchés sur le règne et la vie de Louis le Grand, peu se sont réellement concentrés sur les derniers jours du Roi-Soleil et sur tout le cérémonial qui les a accompagnés. La commémoration du tricentenaire de la mort de Louis XIV et les publications et expositions s'y référant comblent ce manque.

Joël Cornette, historien réputé, spécialiste de l'histoire moderne et particulièrement du XVIIe siècle, nous conte avec précision les derniers jours de Louis XIV ainsi que les premiers jours de l'après. Il revient aussi sur une biographie plus classique, mais qui a le mérite d'expliciter comment ce monarque est passé de l'adulation à la haine dans le coeur de ses sujets, ainsi que d'analyser « ce qui s'éteint avec sa mort, ce qui va perdurer et ce qui est en train de naître. »

la suite sur : www.actualitte.com
Lien : http://bit.ly/1NxLxDq
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'expérience de la Fronde fit de La Rochefoucauld un juge pessimiste et sévère de la nature humaine. Il semble qu'il en ait été de même pour le jeune roi qui, depuis son enfance, avait appris à se méfier de ce qu'il appelle la malignité de la cour : "On vous dira dans quelle défiance j'ai vécu avec les courtisans, et combien de fois éprouvant leur génie, je les ai engagés à me louer des choses que je croyais avoir mal faites, pour le leur reprocher aussitôt après, et les accoutumer à ne me point flatter." Moins qu'un autre, le roi ne doit passer pour la dupe des assauts de courtisanerie dont il est sans cesse l'objet : "Tandis que nous sommes dans la puissance, nous ne manquons jamais de gens qui s'étudient à suivre nos pensées et à paraître en tout de notre avis." Il devait, pour éviter toute révolte, s'attacher les princes, car s'ils sont liés à la personne du roi, "les mécontents ne pouvant se rallier en aucun lieu, sont contraints de digérer leur chagrin dans des maisons particulières." Versailles, maison publique, maison royale, trouve ici pleinement sa légitimité, comme la nécessité d'une centralité de la figure royale dans le dispositif visible de la souveraineté, car il s'estime seul capable d'arrêter, par sa présence, le jeu des factions et des oppositions.

p. 111-112
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Une autorité sans partage, une et indivisible : voilà la maxime fondatrice de la souveraineté absolue que le roi entend pleinement assumer et exercer. Le signe le plus visible en est précisément cette extrême dénivellation de rangs entre le roi et ses ministres, tous de souche robine – mais, on le verra, cela ne sera pas toujours le cas ; elle signifie que l’autorité ne peut plus être contestée ni discutée frontalement, en excipant de son rang, comme ce fut le cas au temps de Mazarin et de la Fronde.
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Par son ampleur, par la diversité des thèmes qu'elle véhicule, la grande vague critique qui se libère à la mort du roi invite à une relecture du règne de Louis XIV. Au témoignage de cette littérature, alors que le roi est à peine enterré, quel contraste en effet entre le désenchantement, l'épuisement, le soulagement aussi de toute une société à l'issue de ce règne sans fin, et l'élan magnifique qui avait marqué ses débuts ...

p. 70
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Le gouvernement de Louis XIV inaugura ainsi, peu à peu, une longue tradition, bien française, qui mènera à nos hauts fonctionnaires, serviteurs de la chose publique, placés à la charnière de l'administration et de la politique. Les ministres passent, les bureaux et leurs commis restent : entre féodalité et modernité, entre fidélité et technicité, le règne du Roi-Soleil a inventé un modèle de fonctionnement gouvernemental dont la Ve République, au-delà de toutes les ruptures, même celle de la révolution, est pleinement héritière.
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La mort de Louis XIV achève de dessiner la physionomie du Grand Règne en clôturant un chapitre de la longue histoire de la royauté absolue et en en ouvrant un autre. Non qu'il n'y ait pas eu de continuité entre la monarchie louis-quatorzienne et celle du siècle des Lumières. Mais c'est la “manière“ de ce monarque et une certaine conception de l'autorité qui meurent avec lui.
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Vidéo de Joël Cornette
Table ronde de la revue L'histoire, proposée par le Conseil scientifique
Modération: Valérie HANNIN, historienne et directrice de la rédaction de L'Histoire
Intervenants: Anne CAROL, professeure à l'université d'Aix Marseille, Joël CORNETTE, professeur émérite à l'université Paris 8-VincennesSaint-Denis, Véronique FOURNIER, ancienne présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, cardiologue, Claire SOTINEL, professeure à l'université Paris-Est Créteil
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