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3,08

sur 1138 notes
Dans « Le deuxième sexe », Simone de Beauvoir nous expliquait, péremptoire : « on ne nait pas femme, on le devient »… eh bien Marie Darrieusecq, dans ce "Truismes", nous démontre de fort belle manière qu’on peut être femme et devenir cochonne …

L’héroïne de ce petit roman, un peu perdue, se retrouve employée dans un salon de beauté-massage où à force de faire des « cochonneries » et à force de se faire exploiter voit progressivement son corps se transformer pour prendre une forme porcine ; elle se transforme en truie… d’où le titre « truismes », au pluriel, truismes… sans doute pour signifier qu’on n’assiste pas à une transformation définitive mais plutôt à un changement d’état de type loup-garou qui nécessite la présence de circonstances particulières… et qui dit loup-garou dit Yvan, le directeur de Loup-Y-Es-Tu.
Tout ça sur fond d’élections et de politiciens pervers, finalement renversés par des plus pervers encore… on dirait du Houellebecq… dans un Paris dévasté.

Un livre d’odeurs, aussi…

Après une sortie très remarquée et très médiatisée, qui m’en avait éloigné, voilà un bouquin acquis au hasard de la liquidation d’une bibliothèque, que j’ai lu avec un certain plaisir : un style narratif plaisant, une histoire à dormir debout (les nuits de pleine lune)… on est bien loin de Kafka et de sa « Métamorphose », mais qu’importe. Une lecture plaisante, finalement : un peu sexe, un peu fantastique, un peu d’horreur… Une diatribe dénonçant la triste condition féminine, disent certain(e)s. Oui, peut-être… mais ce serait une erreur, je pense, que de limiter ce roman qui présente une esthétique certaine à cette interprétation militante.
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Ovni littéraire. Premier livre. Un énorme succès. Mais clivant, à cause de l'image de la femme qui apparaît fortement dégradée.
Il peut être vu comme une satire sociale, une fable, une farce ou un récit d'aventures décrivant minutieusement les étapes de la transformation d'une jeune femme en animal.

Evidemment une truie, l'animal le plus décrié, le plus sale mais aussi l'un des plus proche de nous. Un bain de boue? Des saillies à volonté avec n'importe qui? La truie c'est la prostituée des bas fonds.

Mais une truie bien dans sa peau alors que l'esthéticienne du départ est constamment salie par son patron ou des clients qui abusent de sa candeur. La critique de la condition féminine est évidente.

Au départ, surpris par le ton des années 1990: pas de filtre pour nommer les minorités ou les femmes. J'ai aimé le ton de Marie Darrieussecq, elle ose tout.

J'ai particulièrement goûté la noirceur du roman et son contexte totalitaire. Comme un miroir des violences et des travers humains dans la société ou vis à vis des animaux.

Encore plus de nos jours, le récit retombe sur ses pattes avec des thèmes comme l'égalité des genres et les maltraitances animales.

Ma relecture, bien des années après, m'a comblé, Marie Darrieussecq a créé une histoire simple mais riche qui alimente encore bien des sujets d'actualité.
Grouic...
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Bizarre parfois la perception que l'on peut avoir des auteurs et des livres.
Ignorant tout de Marie Darrieussecq, je ne sais absolument pas pourquoi je l'avais associée à Christine Angot, que j'avais vue dans une émission et que j'avais trouvée malsaine à souhait. Et du coup, je n'ai jamais lu aucune des deux.
Hasard d'une brocante, encore, pour un euro je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose et j'ai donc acheté Truismes pour me faire une opinion.
Bien m'en a pris. J'ai été très agréablement surprise. J'ai trouvé le ton et le sujet très originaux.
La narratrice, naïve, crédule et soumise m'a fait penser à Darling de Jean Teulé.
C'est la même descente dans la déchéance. On tombe vite dans le glauque. Pourtant, même dans les pires moments, l'auteur effleure simplement le hard et n'est jamais vulgaire.
Elle nous offre une satire du statut de la femme, et de son corps en particulier. Son image ne lui appartient pas.
En même temps que le corps de la narratrice, la socoété se transforme aussi et on arrive à une deuxième satire, celle de la politique.
On peut aussi penser à la part animale qui est en nous, en dualité avec notre intellect.
Bref, il y a matière à réflexion dans ce livre fable qui peut passer pour loufoque.
Je suis vraiment curieuse maintenant de lire autre chose de Marie Darrieussecq.
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Une femme, ingénue et naïve devient un objet sexuel et en vient à se prostituer. Peu à peu, elle s'animalise pour devenir une truie. Cette histoire à priori farfelue et complètement déjantée se passe dans un futur lointain à l'aube du troisième millénaire où visiblement, le monde est par certains côtés redevenu sauvage et la perversité des puissants s'étale au grand jour sans retenue. On pense très vite à la « Métamorphose » de Kafka. La description de la condition féminine confère à cette comédie acerbe un étrange sentiment de mal-être. On est pris de pitié pour cette pauvre femme qui passe par toutes les conditions sociales. Ce roman peut être vu comme une dystopie illustrant le dérèglement général de notre société. Je ne connaissais pas Marie Darrieussecq, mais ce roman me donne envie de lire les autres.
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La narratrice écrit ce texte alors qu'elle est en situation d'urgence. Elle ressent le besoin de coucher sur le papier l'expérience qu'elle vit depuis plusieurs mois. le lecteur sent que c'est difficile, elle semble en danger et dans l'incapacité physique et intellectuelle de mener son projet à bien.
C'est que la narratrice est en phase d'évolution vers l'état de cochon, de porc, de truie.
C'est sur un ton a priori naïf qu'elle nous raconte la progression de sa transformation.
Le thème essentiel de ce court roman est la condition féminine. L'autrice en passe toutes les facettes au crible : le corps de la femme ne lui appartient pas, il est la cible des hommes qui se transforment en prédateurs. Cela s'exprime tant dans le monde du travail que dans le domaine privé. La femme existe pour donner du plaisir aux hommes et assurer leur confort domestique. Marie Darrieussecq évoque la dépendance financière, l'interdiction d'avoir du plaisir sexuel, la maltraitance gynécologique, l'hostilité sociétale à l'avortement, etc. (je ne vais quand même pas tout vous raconter).
Alors qu'elle devient ce que l'on a fait d'elle, une cochonne, la narratrice explore des mondes interdits et décrit l'harmonie à se sentir au diapason de son corps.
Vous avez compris, ce roman est tout sauf un truisme, il est un pavé dans la mare, écrit au milieu des années 1990, bien avant la révolte Metoo et les revendications féministes actuelles.
Mais Marie Darrieussecq ne s'arrête pas là. Elle place son héroïne dans une temporalité de science-fiction ( ??), celle de la prise de pouvoir de l'extrême droite et de la mise en place d'une dictature visant notamment à se débarrasser des minorités. La violence et la négligence faites à la nature n'échappent pas à sa vision globale du 3e millénaire.
Bien que publié au rayon littérature blanche, ce roman est une vraie dystopie, permettant à l'autrice de taper fort sur un monde pas si imaginaire que ça.
Le titre dit tout par son inverse : distorsion de la vérité, fondamentalité du propos, cynisme assumé par la voix ingénue de son personnage. On notera également un magnifique jeu de mots (ça y est, vous l'avez ?).
Ce livre fourmille de trouvailles sous forme d'analogies, chaque mot compte dans ces quelques 160 pages que le lecteur reçoit en pleine face tel un uppercut.
Marie Darrieussecq brosse le portrait décadent de notre société et par contraste avec la candeur de la narratrice, le propos est glaçant. D'autant plus que 25 ans après la parution, le roman est d'une terrible actualité, la réalité s'approchant dangereusement de sa fiction.
Je vous fais la grâce de vous épargner le paragraphe sur le style de l'autrice qui est impeccable, incisif, ciselé et percutant.
C'est un roman d'une intelligence féroce, d'une grande richesse, j'ai pleuré de rire, à moins que ce ne soit de consternation devant une analyse aussi fine du devenir pathétique de notre société.
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Si, lentement, nous - les femmes - nous transformions en truie, pourrait-on y prendre du plaisir? Et bien oui, suggère Marie Darrieussecq, à travers ce petit livre se présentant plutôt comme une fable.
La narratrice, petit-à-petit, sent son corps changer: sa peau s'épaissit, devient plus lisse, elle perd ses poils et ceux qui restent se font plus dru. Et puis la faim, dévorante, sensuelle. Elle nous donnerait presque envie d'en passer par là nous aussi. Vous l'aurez compris, le titre "Truismes" nous parle d'abord de truie.
J'ai découvert Marie Darrieussecq il y a longtemps, grâce à ce petit livre sans grande prétention, et c'est tant mieux. Car il paraît que c'était son but: se faire connaître, publier, pour pouvoir enfin sortir les autres.

Truismes n'a pas vraiment à voir avec les suivants de cet auteure, il faut le savoir, et si ce livre pourrait - presque - être du Amélie Nothomb, Darrieussecq remonte drôlement la pente avec White, Mal de Mer, le Pays ou Tom est Mort.
Ca n'en reste pas moins un roman amusant et plaisant à lire, et qui, en fait, reste très longtemps à trotter dans la tête.
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Miam miam … je me suis régalé ! J'ai trouvé que tout était bon, comme dans le cochon. Car je me suis beaucoup amusé à la lecture des péripéties de notre héroïne : rien ne lui est soustrait et le pire lui échoit : se transformer en truie. Et bien sûr, c'est une vraie cochonne dans sa manière de s'alimenter ou de pratiquer le coït. On peut donc lire ce livre comme une grosse farce …
Mais pas seulement … C'est aussi une critique des hommes et de la société en général : les hommes ne pensent qu'au sexe ou à s'entretuer … Et notre narratrice n'est que l'objet du désir balloté dans un flot de sperme et de sang. C'est ainsi une sorte de conte philosophique à la Candide. En ligne de mire, on a également la description d'une société totalitaire à la manière d'Orwell comme dans 1984 mais surtout dans la Ferme des animaux. Edgar le président dictateur n'a pas à rougir devant Big Brother. Mais c'est aussi un beau conte tout court où un loup-garou tombe fou amoureux d'une femme truie et se retrouvent en diner romantique avec un menu constitué pour l'une de pizza et pour l'autre du livreur.
Avec de tels ingrédients, il ne nous reste qu'à magner dignement le pinceau à soie de porc pour dépeindre ce joli cloaque sans s'embourber dans des truismes trop évidents. Et heureusement, ce n‘est pas écrit à la truelle, it's truie ! Et cochon qui s'en dédie…
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Lu ce livre au moment de sa parution en 1998, car il FALLAIT le lire, tout le monde en parlait comme d'un livre de génie...
L'histoire de cette femme qui a si peu d'estime d'elle-même qu'elle se transforme en truie, littéralement, se laisse lire, mais elle m'a laissé un goût de déjà-vu, malgré l'encensement de la critique.
Alors, oui, la symbolique, l'analogie... le corps de la femme, objet de convoitise ou de dégoût...
Mais j'ai préféré une autre métamorphose, plus ancienne et pourtant plus vivante, celle de Kafka.
Et puis, je n'aime pas les truies. Je préfère les cafards...
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Un livre que j'avais acheté à l'époque (dans le cadre d'une collection de cochons), et bien sûr lu. J'ai souvenir que j'avais bien aimé, sans toutefois bien comprendre pourquoi il était à ce point encensé par la critique. A la relecture et à la réflexion, je n'aime pas du tout, mais vraiment pas du tout. Et pas à cause du style, du genre complètement déjanté et fantastique, ni à cause de la forme. Je pense que c'est ce qui m'avait plu à l'époque. Mais quel(s?) messages véhicule-t-il ? Une saine critique du statut de la femme ? Finalement quel que soit l'interprétation que l'on donne à la métamorphose de l'héroïne, il n'y a aucune émancipation. Ce n'est pas un livre subtil, c'est un livre qui reste sur de l'ambigu après avoir soulevé des tas de questions. Finalement c'est juste une métaphore de la femme dans notre monde actuel, et c'est tout, juste un constat. Un constat n'est pas une critique ni même une réflexion. En tout cas, à mon avis, pas de quoi en faire le roman de l'année qu'il a été. Plutôt à oublier, et moi je le garde, … à côté de la collection de cochons.
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J'ai découvert Marie Darrieussecq avec un joli roman intitulé La mer à l'envers.

Absolument rien à voir avec Truismes : entre les deux romans, l'auteure fait le grand écart.
Me croirez-vous si je vous dis que ce roman raconte la métamorphose d'une femme en truie ?
Truismes est l'histoire insolite et stupéfiante d'une métamorphose, qui (toutes proportions gardées) n'est pas sans rappeler la nouvelle éponyme de Franz Kafka.

Employée dans un salon de beauté proposant toutes sortes de massages, où elle est amenée à faire des « cochonneries » aux clients, une jeune femme relate à la première personne l'inexorable mutation de son corps et de ses besoins, une métamorphose aléatoire qui alterne épisodes aigües et phases de rémission, au gré des conditions extérieures.

On ne peut que ressentir de l'empathie pour ce personnage au sort pathétique, prisonnière de son corps et spectatrice inconsciente et impuissante de l'insidieuse transformation.

Sensations, odeurs, réflexions, décrites avec minutie, mettent en miroir notre part animale et notre intellect.
Une histoire « à dormir debout » (les nuits de pleine Lune) qui peut cependant amener des réflexions sur le corps de la femme comme « objet » de désir et de fantasmes, et sur l'assujettissement sexuel.
J'ai aimé l'originalité du ton et du propos, l'audace, l'univers décadent, loufoque et déjanté. Si vous avez lu et aimé le Parfum de Patrick Suskind, vous ne pourrez que vous régaler avec ce petit roman férocement divertissant.
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