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EAN : 9782259248808
960 pages
Plon (18/02/2016)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Plus de quarante années de traversées du monde, de formidables épopées sont retracées au travers de ces lettres de toute une vie que la grande exploratrice et écrivain Alexandra David-Neel adressa à son mari. Une nouvelle édition avec un cahier photo inédit de 8 pages.
Exploratrice, écrivain, orientaliste, Alexandra David-Neel (1868-1969) voyagea à pied durant une quarantaine d'années à travers l'Inde, la Chine et le Tibet et fut la première Européenne à entr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Alexandra David-Néel, française de naissance mais exilée en Belgique avec ses parents, se convertit au bouddhisme dès sa majorité. Rêvant de devenir orientaliste, elle voyage dès son plus jeune âge, et seule, afin d'apprendre notamment l'anglais, de s'initier au sanskrit et au tibétain. Elle visite l'Indochine et l'Inde seule, à l'âge de vingt-trois ans. Elle étudie aussi le piano et le chant, devient chanteuse d'opéra, ce qui la conduit également à voyager. C'est au cours de l'un de ses voyages qu'elle rencontre Philippe Néel, à Tunis. Femme libre et libérée, elle écrit également des articles féministes, ainsi qu'un roman satyrique sur la société artistique, qu'elle renoncera à publier.
Elle épouse Néel à l'âge de trente-six ans, après avoir été son amante durant plusieurs années et avoir toujours vécu de manière libre et indépendante . Sa correspondance débute précisément en 1904, année de leur mariage, et se termine en 1941, année de la mort de Philippe Néel.
Pourquoi donc entretenir une correspondance assidue avec son époux ? C'est que Alexandra David-Néel, dès la première année de mariage, est déjà loin, si loin de son foyer et de ce que son époux se figurait. Elle est à mille lieues d'un mariage conventionnel. Elle voyage. Seule. Elle fait des allers et retours entre Tunis et … partout, rendant leur vie de couple très orageuse, laissant un mari dans l'incompréhension, dans la frustration d'une union de corps, d'un ménage classique. Il est sans doute trop tard pour la domestiquer. Néel a trop goûté à sa liberté.
Pourquoi donc s'être mariée ? Il s'avère que Philippe a feint, plus ou moins volontairement, durant les quatre années qui ont précédé le mariage, de partager ses idées : il aurait lui aussi prôné la liberté de la femme et déploré les ravages des mariages bourgeois. Seulement, une part de lui se refuse à appliquer en pratique ce qu'il pense en théorie. Il réclame une vie « normale » et une épouse à demeure. Cependant, une sorte de respect pour elle, ou de dépit, fait qu'il laisse son orgueil de côté et accepte tant bien que mal de n'échanger avec elle que par lettres ou tout comme.
En 1911, Alexandra David-Néel quitte l'Europe pour le Tibet, après sept ans de mariage et quasiment aucune vie commune.
Manipulatrice (elle promet toujours un retour, elle prétend avoir envie de rentrer mais ne le fait jamais), égoïste et orgueilleuse (se dit largement supérieure à Bergson, et à raison sans doute), Néel me plaît. Elle n'a que faire de l'érudition théorique, des doctrines inventées et reprises, des différentes écoles et courants philosophiques : elle ne se fie qu'à elle. A ses propres observations à sa raison. C'est pourquoi elle parcourt l'orient durant des décennies : elle y recherche sa vérité.
J'ai tout de même lâché le livre aux trois-quarts, et pour plusieurs raisons. Les lettres au fil des années, ne semblent qu'un prétexte : écrit-elle réellement à un homme qu'elle aime et qui lui manque ? Clairement non. Les lettres qu'elle lui adresse ne sont que les récits de ses voyages et le fruit de ses réflexions ainsi que l'état d'avancement de ses projets. Elle se décharge, en somme, autant qu'elle s'éclaircit les idées en les couchant sur le papier. Elle pourrait tout aussi bien s'écrire à elle-même, ou rédiger un journal de voyages et d'études. C'est à peine si le mari est un confident : il est le destinataire de l'avancée de ses travaux, plutôt. Toute tendresse s'efface au profit de récits d'expéditions, de comptes-rendus de rencontres et de travaux anthropologiques.
Je n'ai même pas tant trouvé ses travaux hautement intéressants. Si Alexandra David Neil a une personnalité fascinante, hors du commun en ce qu'elle n'est pas « femme », son mysticisme, présent dès de le début mais s'amplifiant à mesure, m'agace. C'est une sorte de « tape-à-l'oeil » féminin que j'ai déjà remarqué chez d'autres. Elle est certes une femme supérieure, dont l'esprit travaille vraiment, mais qui finit, par incompétence à juger des valeurs, à s'attacher scientifiquement à des domaines compliqués mais inconsistants. Si ses travaux sont certes sérieux, réels, laborieux, lui prenant toute son énergie et tout son temps, le résultat est alambiqué, presque symbolique. Cela me rappelle assez Anais Nin, qui s'est plongée d'abord dans l'astrologie, puis dans la psychanalyse. Ces deux femmes intelligentes et travailleuses peuvent disserter des heures sur une alchimie qui n'a peut-être rien de tangible ou de vrai. Leur esprit travaille, et même beaucoup, mais sans recul. En somme, elles approfondissent de l'inutile.
Alexandra David Neil rend donc des rapports, et c'est paradoxal, aussi savants que creux. Elle a tout de même ce mérite : peu seraient capables de se perdre en observations et raisonnements interminables, de travailler et de réfléchir autant : elle travaillera jusqu'à la fin, consacrant sa vie à l'étude, quand un homme, peut-être, aurait, depuis les premiers succès, cessé de travailler. Sa réputation ne l'arrête pas, bien au contraire. Elle restera sa vie durant dans ce grand défi, dans l'émulation, dans les voyages d'observation et dans la prise de notes.
Sa plus grande oeuvre est pour moi sa vie, qu'elle n'a menée que selon ses penchants et ambitions, se défiant à peu près de tout ce à quoi les femmes prétendent : mariage, enfants, attachements et liens affectifs. Elle ne déviera pas, ne concédera rien, ne vivant que pour elle et pour sa propre élévation. Elle renoncera également aux conforts les plus basiques au profit de ses recherches, unique but de sa vie. Et c'est beau.
Fait-il ajouter que ses lettres sont écrites en haut style, soigné, méticuleux, précis ?
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'attention est le chemin qui conduit à l'affranchissement. Ceux qui sont attentifs ne meurent pas. Les inattentifs sont déjà comme des morts.
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Souffrir est absurde et laid. Toute souffrance est un désordre... Mieux vaut s'accomoder des choses, ou les briser que de pleurer à la lune.
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