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EAN : 9782204125444
Le Cerf (01/09/2017)
2.94/5   8 notes
Résumé :
Comment comprendre l'événement Macron ? L'apparent changement politique marque en fait une profonde mutation culturelle. En un essai fulgurant, Régis Debray, directeur de la revue Médium, montre en quoi la France du catholicisme et de la République vient à son tour de s'inscrire dans l'avènement planétaire de la civilisation issue du néo-protestantisme. Un livre indispensable pour comprendre ce qui s'est passé. Et pour anticiper ce qui va arriver.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tout petit constat de 92 pages paru il y a cinq ans n'a pas beaucoup vieilli. Debray braque les projecteurs de son esprit corrosif sur un coin de trottoir que nos réverbères laissent souvent dans l'obscurité: nous sommes obsédés par l'slam alors que le monde dans lequel nous évoluons est avant tout protestant, et c'est la source de nombre de nos malaises, nous autres catho-laïques. le néoprotestantisme calviniste c'est l'individualisme, le puritanisme hypocrite - « comme pourrait en témoigner Bill Clinton, baptiste de l'Arkansas » - le culte de la transparence, l'horizontalité, Gide, Ricoeur -les deux maîtres à penser du chef de l'Etat-. C'est aussi l'argent signe d'élection, la finance exubérante, la prédestination qui nous subtilise discrètement libre-arbitre et responsabilité en applaudissant ceux qui se soumettent au chef d'entreprise, un saint, surtout si c'est une start-up -« le succès de leurs opérations financières témoigne que Dieu est avec eux »- et protestent contre la verticalité de l'Etat. le mépris des pays protestants à notre égard confine dans certains cas à la haine, dans certaines contrées où l'on désapprend que les huguenots et Calvin étaient, comme tant d'autres choses, bonnes et mauvaises, français. Les dragonnades furent une abomination et les prussiens nous ont fait payer l'addition avec trois guerres. Halte à la haine, il y a prescription; désormais ils nous convertissent. Debray ne parle pas du réchauffement climatique dont le protestantisme est l'accélérateur culturel et social. Mettre ses ordures dans le bon conteneur ne changera rien au salut individuel des âmes. Pour Calvin, et donc pour nous dans l'avenir, s'alarme Debray « les valeurs de sincérité, de véracité pèseront plus dans la balance du Jugement dernier que les valeurs de vérité ».
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Fin 2017, au lendemain de l'élection d'E. Macron, Régis Debray fait le constat que la France s'inscrit dorénavant dans une société marchande issue du néo-protestantisme. le catholicisme ne survit plus qu'à la marge, ou sous la forme diffuse du catholicisme zombi (référence à Emmanuel Todd), le protestantisme s'étant incarné dans le libéralisme et son avatar extrême (ça c'est mon avis) le néolibéralisme qui nous gouverne.
Dans cette optique Macron incarnerait cette société « du contrat », les décisions étant issues d'une démarche "bottom up".
Hum ! Aujourd'hui, après deux ans de gouvernance de Jupiter, je ne sais pas si Debray ne retoucherait pas, au moins à la marge, son essai de 2017.
On a là une fois de plus chez Régis Debray un essai brillant où les formules font mouche. Il a un vrai talent pour cela.
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Essai que lui a inspiré l'élection du président de la République. Bon... C'est un style, on aime ou on aime pas. Moi pas trop je dois dire. Il me semble que c'est surtout à titre personnel qu'il écrit, c'est-à-dire ses impressions, sans souci réel du lecteur. Alors oui, c'est brillant, c'est plein de sous entendus et de métaphores, mais à mon sens cela ne sert réellement que l'égo de l'auteur.
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[Extrait de l'article "TUGPÉUA #26 Spécial essais"]

Régis Debray est une figure marquante et atypique du socialisme. Combattant sous Guevarra, se qualifiant de « gaulliste d'extrême-gauche », il est passionnant en conférence et est allé jusqu'à défendre ses convictions sous la torture. Ses essais et articles sont multiples, le nouveau pouvoir étant un des (dix) derniers en date.
La thèse de ce court livre est simple : notre monde a changé de paradigme. Jusque-là, la vision dominante était celle héritée de la tradition catholique européenne, érigeant voire sacralisant des grands hommes ; à présent, elle se fait remplacer par celle des « néo-évangéliques » étasuniens. Tout doit être transparent, et peu importe la vie privée ; il n'est plus tant question de montrer du charisme que de faire bonne figure. En France, ce mode de vie a entre autres été apporté par Macron à force de brosser l'Amérique dans le sens du poil.
Tout cela est certes alléchant, mais c'est sans compter la plume de l'auteur : si à l'oral il sait se cadrer et structurer sa pensée, ici nous assistons à un perpétuel déballage d'érudition. Chaque page est un magma d'anecdotes, de digressions, de réflexions diverses, de néologismes, d'anglicismes, et ce sans jamais expliquer ce que ces évangéliques ont de si « néo ». Au final, de cet essai ultra-dense, dont on aurait pu retirer une richesse intellectuelle immense, on a l'impression de n'avoir rien retenu et d'être resté ignorant au bout de 96 pages. Dommage, il y aurait matière à une thèse.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour parler jeune et comme il faut, le protestantisme agit "bottom up" et le catho "top down". Le premier vient du bas, le second impose ses valeurs d'en haut. Tout comme la condition minoritaire, la condition numérique a tout pour favoriser les congrégations électrisantes et électroniques : c'est leur principe de croissance. Souvenons-nous que c'est le client qui est roi, et non plus Dieu. La parole est à la base.
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Les pays issus de la Réforme ont un avantage sur leurs voisins, plus arriérés : ils ne mettent pas de volets aux fenêtres. La vertu cultive les maisons de verre, le vice, les maisons closes (les prostituées à Amsterdam sont en vitrine). Un citoyen digne de ce nom dans ces contrées nordiques, ne traverse pas au rouge une rue déserte à trois heures du matin. Dans la demeure mal chauffée du pasteur, les descendants d'Adam et d'Ève ne trichent pas avec le fisc. On fait du piano et on lit la Bible le soir, à voix haute, en famille. Cette absence de rideau vient de loin. Du tout début de l'ère chrétienne.
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