AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782718600154
291 pages
Galilée (23/10/1974)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Ce texte, qui reprend en partie un séminaire sur "La famille de Hegel" tenu à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm en 1971-72, est écrit en double colonne. Dans le Prière d'Insérer, Jacques Derrida en décrit la structure :

- une colonne "Hegel", dialectique,

- une colonne "Genet", galactique [à condition d'entendre dans ce mot la syllabe GLAS],

- entre ces colonnes ou colosses (phalliques), un autre texte, une autre... >Voir plus
Que lire après GlasVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme pour Bourdieu et les philosophes de cette génération à croire qu'ils écrivent pour ne pas être compris.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Qu’est-ce que la poésie ? Qu’est-ce qui bande : ce texte, séduit et trouble le discours doctoral introduit un écart (un « Grand Carré ») dans la pièce où le patient se déshabille, se couche, ne dit finalement rien, fait en revanche bégayer le maître. Quelques jours après, celui-ci envoie un manuscrit dédicacé à l’écrivain patient : avec mon admiration. C’est bon, n’est-ce pas ? C’est un peu comme ce que vous faites, non. L’écrivain ne répond pas. Il n’est surtout pas assez puceau pour dire qu’il occupe la place de l’autre.


Le texte est grappu.
D’où la nervosité perméable et séduite, agenouillée, de qui vou­drait le prendre, le comprendre, se l’approprier.
Il y est traité de l’ersatz, en langue étrangère de ce qu’on pose et rajoute à la place.
La thèse (la position, la propo­sition, Satz) protège ce qu’elle rem­place, cependant.
Or voici qu’un contemporain (le fait importe beaucoup) que tout, sinon son propre glas, aurait dû préparer à lire la scène, se démonte, ne veut plus voir, dit le contraire de ce qu’il veut dire, part en guerre, monte sur ses grands chevaux.

L’ersatz, dit-il, ce n’est pas bien .

Alliance difficilement explicable avec Sartre. Et pourtant : « Sartre a marqué lui-même une étrange difficulté à la base de l’œuvre de Genet. Genet, qui écrit, n’a ni le pouvoir ni l’intention de communiquer avec ses lecteurs. L’élaboration [visiblement pas fait exprès] de son œuvre a le sens d’une négation de ceux qui la lisent. Sartre l’a vu sans en tirer la conclusion : que dans ces conditions, cette œuvre n’était pas tout à fait une œuvre, mais un ersatz, à mi-chemin de cette communication majeure à laquelle prétend la litté­rature. La littérature est communication.

un auteur
Elle part d’un auteur souverain, par delà les servitudes d’un lecteur isolé, elle s’adresse à l’humanité souveraine. [...]

la caricature, l’ersatz, ce n’est pas bien, ce sont des faux. Il aime l’édi­tion originale, le sceau, le seing de l’authentique. Pas le faux, le vrai. Il n’aime pas la galalithe. C’est sûre­ment de la galalithe, rien n’est plus comme avant
« Non seulement Genet n’a pas l’intention de communiquer s’il écrit, mais, dans la mesure où, quelle que soit son intention, une caricature ou un ersatz de communication s’établirait, l’auteur refuse à ses lecteurs cette similitude fondamentale

la vigueur de son oeuvre
que la vigueur de son œuvre risquerait de révéler. [...]
« Genet lui-même ne doute pas de sa faiblesse.

faire œuvre litté­raire
Faire œuvre littéraire ne peut être, je le crois, qu’une opération souveraine : c’est vrai dans le sens où l’œuvre demande à l’auteur

l’œuvre demande à l’auteur de dépasser en lui la personne pauvre, qui n’est pas au niveau... oui
de dépasser en lui la personne pauvre, qui n’est pas au niveau de ses mo­ments souverains. [...]

« Non que nous devions nous arrêter si nous lisons : "... j’écrivis pour gagner de l’argent."

et pourquoi ne pas nous y arrêter ? Qui a dit qu’il n’était pas convenable d’écrire pour de l’argent ? Qui a pu le dire ? L’argent, c’est mal ? C’est quoi au juste ? Et pourquoi ne pas se demander comment on a pu écrire ça ? Qui ? pour qui ? pourquoi ?
"Je m’écoute" s’égale, en grec, à "je suis mon premier client".

Critique du jugement : « l’art est aussi distingué du métier ; le premier s’appelle libéral (freie), le second peut aussi s’appeler mercenaire [...] le bel art doit être un art libre en deux sens : il ne doit pas être, comme une activité rémunérée, un travail dont l’importance serait évaluée selon une mesure déterminée, que l’on pourrait imposer ou rétri­buer ; d’autre part il faut que l’esprit se sente occupé, mais satisfait et excité sans considérer un autre but (indépendamment de tout salaire). »

Par qui, et de quoi, l’« auteur » est-il alors payé ? nourri ? Par une instance économique (libérale), représentée par un marché éditorial (libéral), un ministère de la culture (libéral), voire par Frédéric le Grand, poète et monarque libéral.

A moins qu’il ne vole ? Est-ce encore pire ou autre chose qu’écrire « pour de l’argent » ? Est-ce changer de système ? En tous cas, l’esthète libéral n’aime pas ça. Mais on voit une fois de plus qu’il suffit d’un rien pour que le motif de la dépense pure et hors­ circulation se laisse réinscrire dans l’échange de l ’économie restreinte (ici libérale). Mais que se passe-t-il quand un rien suffit ? Le risque (la confor­table compromission aussi) habite le risque. Le maître peut toujours habiter chez le souverain

des plus dignes d’attention.
"Le "travail d’écrivain" de Genet est l’un des plus dignes d’attention. Genet même est soucieux de souveraineté.

Genet manque de cœur. De loyauté
Mais il n’a pas vu que la souveraineté veut l’élan du cœur et la loyauté, parce qu’elle est donnée dans la communication. [...]


L’ECHEC DE GENET

« L’échec de Genet. » Quel titre. Dénonciation magique, animiste, apeurée. Quel est l’effet recherché ? Mais l’"échec", Genet ne l’a-t-il pas calculé ? Il le répète tout le temps, il a voulu réussir l’échec. Et voilà que, par la simple provocation de son texte, il construit une scène qui oblige l’autre à se démasquer, à ba­fouiller, à se démonter, à dire ce qu’il n’aurait pas voulu, pas dû dire. C’est lui, le texte (Genet) qui piège, acharne, lit le lecteur, le jugement, la critique. Comme Rembrandt. Scène paradigmatique pour le mauvais goût, il faut voir un peu plus loin
L’indifférence à la communication de Genet est à l’origine d’un fait cer­tain : ses récits intéressent mais ne pas­sionnent pas. Rien de plus froid, de moins touchant, sous l’étincelante parade des mots, que le passage vanté où Genet rap­porte la mort d’Harcamone. La beauté de ce passage est celle des bijoux, elle est trop riche et d’un mauvais goût assez froid. [...] il y a la même maladresse chez l’érudit qu’imposent les titres et chez Genet écrivant ces lignes­ qui se réfèrent au temps de ses vagabondages d’Espagne [citation du « palais

il faudrait, entre autres constructions du même genre, circuler à travers tous les palais, dans le labyrinthe, oui, entre tous les palais (le Palais de justice de Notre-Dame, le palais du grand d’Espagne, où nous sommes, le « voile du palais » de Stilitano, « cette toile d’araignée précieuse » où s’élaborent les les gl’s. On s’apercevrait alors, à y séjourner un peu et à y faire un peu travailler sa langue, que le palais est ce précisément dont je parle. Beaucoup. J’argotise, je jargonne, j’ai l’air de produire des mots nouveaux, un nouveau lexique. Un argot seulement, un jargon. Ils sortent tous deux du fond de la gorge, ils séjournent, un certain temps, comme un gargarisme, au fond du gosier, on racle et on crache.
L’argot est un mot d’argot. Comme tous les mots d’argot, Littré ne le mentionne pas. Argotiser c’est travailler contre le lexique. Mais en argumen­tant, en élaborant, en alléguant, depuis le dedans de son corpus. Argot est un très vieux mot, enra­ciné dans la langue et dans la littérature. Comme jargon. Et pourtant, son usage est d’abord argotique, limité à une bande ou à une école

je ne sais quoi. Critique du je ne sais quoi. Je ne sais quoi de fr

le cœur, vraiment n’y est pas

dont je parle (car cela n’a pas d’autre nom) »]. L’intérêt de l’œuvre de Jean Genet ne vient pas de sa force poétique, mais de l’enseignement qui résulte de ses faiblesses. [...]
Il y a dans les écrits de Genet je ne sais quoi de frêle, de froid, de friable, qui n’arrête pas forcément l’admiration mais qui suspend l’accord. »

A quoi, malgré tout, reconnaît-on ici qu’il s’agit d’un texte de Bataille ? Malgré tout, malgré le Langage des fleurs [74], malgré (?) Le glas, malgré

« Le glas
Dans ma cloche voluptueuse
le bronze de la mort danse
le battant d’une pine sonne
un long branle libidineux. »

Elaborations.
« Le ciel
1. Le bronze de l’amour sonne
Le battant rouge de ta pine
dans la cloche de mon con

2. Le battant chauve de ton glas
dans la cloche (biffé : de mon vagin
de mon urine) du con
le bronze de l’amour sonne
le long branle voluptueux

3. Le bronze de l’amour danse
le long branle voluptueux
et le battant chauve du glas
sonne et sonne et sonne et sonne
dans ma cloche libidineuse

4. Dans ma cloche libidineuse
le bronze de la mort sonne
le battant de la verge danse
le long branle voluptueux. »
G. Bataille

ce qui aurait dû, suivant la logique générale de sa
pensée (le simulacre, la souveraineté comme limite intenable, la transgression, la perte, etc.), l’induire à une autre lecture ? Si ce qu’il faut bien appeler l’académisme sentencieux de ce discours édifiant n’est pas tout à fait un accident, s’il y a là un effet logique d’aveuglement, de dénégation, d’inver­sion négative (comme on dit — et ce n’est pas simplement, ici, une figure — que la névrose est le négatif de la perversion) c’est peut-être que le système le permet. Tout peut y virer à chaque instant vers la prédication la plus policée — sinistre, morale et dérisoirement réactive. Limite instable, inaccessible, la souveraineté, avec tout son système (simulacre, expropriation, perte, rire majeur, etc.) est toujours en train de basculer dans la méta­physique (vérité, authenticité, propriété, maîtrise). Elle peut toujours se lire dans le code qu’elle renverse, qu’elle fait plus que renverser mais doit aussi renverser. Il suffit, pour que la lecture métaphysique s’impose, d’un rien, d’un rien logique ou linguistique ou discursif :
Commenter  J’apprécie          00
II

l’affect d’une identification intolérable (de quoi a-t-il peur ? de quoi est-il inca­pable ?) provoque une décision inter­prétative. Le négatif rentre alors en scène. La décision n’est pas ici un acte de liberté souve­raine. C’est une position. Qui ne peut pas se voir, en peinture, inversée. Mais se laisse, dès lors, observer, signer, assigner, affecter, depuis la place de Rembrandt.
Rappelez-vous, c’est lui qui vous lit.

Les docteurs, en son temps, sont donc venus vers lui et ne l’ont pas reconnu.

par delà toutes les combinatoires, versions et inversions discursives, les échanges et annulations logico-linguistiques, ce qui signe peut-être l’arrêt d’une interprétation, le fait d’un texte, ce serait l’affect. Mais il se classe, s’affecte aussi de son envers et cette fausse opposition tombe aussi, il faut le savoir
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jacques Derrida (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Derrida
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}