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EAN : 9782374538488
533 pages
Les éditions du 38 (04/05/2021)
4.02/5   51 notes
Résumé :
Dans une métropole nord-américaine, le corps atrocement mutilé d’un homme est découvert dans la cour arrière d’une épicerie de quartier. Trois autres assassinats, tous plus violents les uns que les autres, s’enchaîneront dans un temps record. Toutes les victimes, uniquement des hommes, sont assassinées selon des modes opératoires reposant sur des mises en scène d’une horreur absolue. Il n’en faut pas plus pour que le mot serial killer soit lâché.

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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre tout à fait étonnant, qui prend le contre-pied, d'une certaine façon, de ce que l'on a l'habitude de lire en policier et/ou thriller. Pour commencer, remettons-le en contexte : je ne me rappelle même plus trop bien comme je l'ai découvert. Était-ce grâce à son apparition dans une en bande publicitaire sur le site de Babelio, avec quelques autres nouveaux titres des éditions du 38 ? Je sais qu'une telle annonce m'avait fait remarquer plusieurs autres de leurs livres, mais je ne jurerais pas que celui-ci en faisait partie. Était-ce tout simplement, alors, une suggestion de l'offre Kindle quotidienne ? Peu importe : quand il m'a été proposé dans le cadre de mon abonnement Boobox (une box livresque en ligne, qui a arrêté ses activités il y a quelques jours à peine ! pourtant c'était sympa…), alors que je venais de l'acquérir par ailleurs, j'ai su qu'il m'était destiné !
Cela dit, comme c'est le cas pour plusieurs autres livres actuellement, j'écris ma critique alors que j'ai terminé ma lecture il y a plus d'un mois. En effet, je n'ai absolument plus rien rédigé durant tout ce mois d'août : congé des enfants (et de l'homme), vie familiale intense, mais activités personnelles en suspens, et voilà ! Dès lors, les souvenirs de ma lecture se sont bien un peu estompés et, contrairement à ce que j'avais fait pour d'autres livres, dans ce cas-ci je n'avais pris aucune note au cours de ma lecture, tant j'étais scotchée je suppose (vous avez dit page-turner?), si bien que je pars dans un certain flou…

Je ne vais pas réécrire le résumé proposé par l'éditeur, mais j'avoue que ce 4e de couverture ne prépare (absolument) pas à ce qu'on va trouver dans ce livre ! Oui, c'est l'histoire d'un certain Sepp, policier chevronné, habitué à travailler en équipe avec un Black, qui porte sans aucun doute un nom également mais que j'ai complètement oublié, car il n'est jamais appelé (par Sepp et dès lors par les autres) autrement que « Grand Blond » ! Ainsi, d'emblée le ton est donné : ce livre, pourtant très dur par moments, est bourré de ce type d'humour sympathique et un peu décalé, parfois même quand le propos ne s'y prête guère ! Il faut lire, par exemple, les dialogues entre Sepp et le coroner (qui, dans ce livre, joue un rôle quasi identique à celui d'un médecin légiste, ce qui m'a parfois semblé un peu confus, mais je ne suis pas spécialiste des subtilités en la matière, surtout écrites par un Québécois qui place son intrigue aux États-Unis, et de toute façon c'est vraiment un détail), dialogues qui ont lieu, en plus, sur chaque nouvelle scène de crime : c'est à chaque fois une nouvelle page d'anthologie de ce genre décalé pince-sans-rire ! Or, même si ça ne fait pas toujours tout à fait mouche, on peut reconnaître sans aucune hésitation que cette façon d'aborder plus légèrement certaines scènes par ailleurs bien sanglantes, les dédramatise, les rendrait presque « acceptables » - pas dans le sens où des tueries seraient admissibles, mais dans le sens où le lecteur va accepter de continuer à lire malgré tout, et son intérêt sera même amplifié!

Ainsi, Sepp et son coéquipier le « Grand Blond » sont confrontés à une série de meurtres qui finissent par les faire frémir : outre la barbarie affichée à chaque nouvelle scène, les deux flics se rendent compte que, apparemment, un copycat reproduit les mises en scènes des plus célèbres tueurs en série qui ont sévi plus ou moins récemment dans tous les états-Unis, en tuant à leur tour et à leur façon lesdits serial killers ! Ainsi, on a compris le titre, et c'est déjà complètement flippant, d'autant plus que l'auteur ne nous épargne pas les détails sanglants… mais on est loin du compte encore !
Sepp va se faire quasi « kidnapper », et contraindre à retrouver ce tueur hors normes, dans le cadre de la Konvention… Cette Konvention, avec un K comme killer, est un événement épisodique extrêmement sélect, et bien entendu tout à fait secret même s'il a lieu dans un grand hôtel, où ne sont conviés… que des serial killers, pour parler de leurs méthodes, de leurs façons de faire face à la justice, et autres joyeusetés. La seule exigence : il leur est strictement interdit de pratique leur « art » durant cette Konvention – voilà pourquoi l'organisateur a recruté Sepp, connu pour son expérience de flic, pour que le tueur anarchique soit identifié, que l'hécatombe cesse et que les killers eux-mêmes règlent son compte à celui qui ne respecte pas la seule et unique règle de la Konvention. Inutile de dire que ce recrutement est « obligatoire » (sous la menace de s'en prendre à la famille de Sepp), qu'il lui est interdit d'en parler à quiconque de ses collègues ou supérieurs dans la police (pour eux il est tout simplement en congé !), et qu'il va en plus se retrouver à devoir faire équipe avec une profileuse très douée elle aussi dans son domaine, Hélène, qu'il va trouver insupportable dès le début.

En disant cela, je me demande si je ne suis pas déjà à la limite du divulgâchis, pourtant j'aurais aimé entendre parler de cette « Konvention » de façon plus claire dans le résumé, qui reste assez évasif sur ce dont il s'agit réellement, alors que ce n'était pas bien difficile à expliquer !
Bref, Sepp et sa coéquipière Hélène, tout aussi forcée que lui à collaborer à ce qui ressemble bien un peu à une mascarade, mais alors hautement mortifère, vont se mettre en devoir de retrouver l'assassin, intégrant ainsi la Konvention sous la fausse identité d'un couple de serial killers. Bon, on l'a compris : Sepp n'est pas un débutant, et c'est aussi un homme de caractère qui sait qu'il peut compter sur son (ex-)coéquipier quoi qu'il arrive ; il n'empêche qu'il mène son enquête dans un environnement extrêmement angoissant (y compris pour le lecteur) et que, en même temps, on a presque peur qu'il aboutisse, car on devine que le sort réservé au tueur par ses pairs, sera insoutenable… Vont-ils arriver au bout de leur enquête, alors que les cadavres dévastés s'accumulent, et que l'organisateur de la Konvention leur met une pression qu'on ne peut qualifier que de diabolique ?

Hélas, on arrive à l'irréparable en cours de route – qui pour moi a été une grande claque, je ne m'y attendais pas du tout – qui nous mène à une 2e partie, post-Konvention, encore plus musclée, pas tant dans l'action, quoique… mais certainement dans la description des scènes de crime, qui devient de plus en plus nauséabonde. Désormais, Sepp tourne définitivement le dos à son métier de policier et part pour ce qui ressemble furieusement à une croisade personnelle, dont il veut arriver au bout quoi qu'il (lui) arrive !

Avec tout ça, mon sentiment vis-à-vis des personnages est un peu mitigé. J'ai beaucoup apprécié le personnage d'Hélène, véritable pendant à celui de Sepp, d'abord opposé, mais on devine d'emblée qu'ils vont finir par savoir travailler ensemble – et peut-être même plus ? J'ai apprécié aussi que l'auteur, à travers tous ces événements monstrueux, continue de s'attarder à la vie privée et familiale des protagonistes : la fidélité mutuelle entre Sepp et le « Grand Blond » quelles que soient les circonstances ; la difficile vie de famille de Sepp, qui adore sa femme, mais regrette de n'avoir pas pu avoir d'enfants (avec ce détail qu'ils ont tous deux faits des tests mais ont refusé de savoir qui des deux ne pouvait procréer, et Sepp aime tellement sa femme, qu'il ne lui dira jamais qu'en réalité il sait, et que c'est elle qui est stérile…) ; ou encore le passé difficile d'Hélène, qui s'est retrouvée orpheline à la suite du meurtre de sa famille… par un serial killer quand elle était enfant ! Mention aussi, bien entendu, au « Grand Blond », qui apparaît relativement peu, mais dont j'ai aimé le côté « cool » et son indéfectible amitié envers son coéquipier, même quand ce dernier part en vrille.

En revanche, j'ai eu du mal à suivre Sepp dans la deuxième partie… Oh ! certes, on comprend ses motivations, qui correspondent à son caractère et à tout ce qu'on nous a présenté de lui jusque-là, mais son choix de s'enfoncer aussi profondément dans l'illégalité, même pour traquer des êtres pires que tout, reste le choix controversé d'un homme qui se prend tout à coup pour un justicier sans peur et sans reproche, ce qui pose l'éternelle question : où est la limite entre justice et vengeance et/ou peut-être rendre justice soi-même ? Je ne veux pas trancher, ce n'est pas le but ici, mais le choix clairement assumé de Sepp (j'allais dire : de l'auteur) a quelque chose de dérangeant quoi qu'il en soit, peut-être précisément parce que l'auteur (cette fois je n'hésite pas) donne l'impression qu'il ne se pose pas cette question, ou en tout cas le personnage de Sepp l'élude, tant il est obsédé par sa quête… Au risque de me répéter : je le comprends, et même à 200%, mais décidément je ne parviens pas tout à fait à approuver cette démarche !
Dès lors, même si cette deuxième partie est passionnante – et encore plus barbare que la première partie, c'est dire ! avec foisons de détails crus et cruels, mais tout à coup « justifiés » - je n'ai jamais réussi à accrocher tout à fait. Je ne lisais plus que pour savoir où tout cela allait nous mener (même si, à un certain point, on devine le fin mot de l'histoire), ce qui est bien un peu la définition d'un page-turner… mais avec un mouvement de recul à chaque nouvelle page tournée !
Quoi qu'il en soit, on ne peut nier que ce sont tous des personnages forts et bien campés… qui portent une histoire quand même tout à fait invraisemblable (non ?) et parviennent à nous y faire croire !

Ainsi, je recommande ce thriller pour sa grande originalité, et son humour décalé omniprésent même dans les pires moments. Mais sachez que c'est une histoire très sanglante, avec profusion de détails macabres dans le chef de serial killers avérés, puis de celui qui s'autoproclame justicier contre ces derniers, si bien que la limite entre justice et vengeance est ici complètement effacée, ce qui peut déranger.
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Je dois avouer que je ne connaissais pas l'auteur de ce livre : Danny Philippe Desgagné. C'est donc le titre qui a d'abord retenu mon attention : « Killer kills killers ».

Avec un titre pareil, on pourrait se dire que tout est dit, que l'histoire peut se résumer sur un timbre-poste, et que le livre parle d‘un tueur qui tue d'autres tueurs. Sauf que ce n'est pas si simple. En réalité, le titre a plusieurs niveaux de lecture mais pour le comprendre, il faudra lire le livre jusqu'au bout.

Tout commence comme un polar classique. Un inspecteur de police blanchi sous le harnais et légèrement désabusé, Sepp Ganser, découvre plusieurs crimes bien dégueulasses qui sont manifestement l'oeuvre de détraqués. En tant que lecteur j'ai vite compris et notre inspecteur ne tardera pas non plus à le découvrir : tout ceci pourrait être l'oeuvre d'un tueur de serial-killers qui punit ses victimes en copiant leur mode opératoire.

Et pour rester dans les clichés, notre inspecteur doit travailler avec une profileuse du FBI sur ordre exprès du gouverneur, par ailleurs candidat aux élections présidentielles américaines.

A ce stade, le lecteur se sent en terrain connu et s'attend à lire une histoire mainte fois écrite. Sauf que ce ne sera pas le cas !

C'est à partir de ce moment que tout déraille et que l'auteur nous entraîne dans une aventure totalement inattendue et, il faut l'espérer, imaginaire.

En effet, nos deux héros vont s'enfoncer dans un cauchemar absolu. Ils vont rapidement découvrir l'existence d'une convention de serial-killer dans leur ville. Puis ils seront « invités » par son organisateur à y participer pour traquer leur ennemi commun.

D'un coup, le cadre classique saute. Nos deux protagonistes vont donc devoir mener leur enquête au milieu de tueurs tous plus déjantés les uns que les autres. Après de multiples rebondissements, le tueur sera finalement démasqué avec une issue apparemment classique.

Le lecteur se sent donc à nouveau en terrain connu et attend avec soulagement la fin de l'histoire. Sauf que ce n'est pas la fin de l'histoire !

Et c'est la deuxième surprise de ce polar. Ce qui paraissait être la fin, n'est finalement que le début de la suite de l'histoire. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler l'histoire. Un nouvelle fois, Danny Philippe Desgagné fait exploser le cadre pour entraîner le lecteur dans une course en avant échevelée. Equipée qui se terminera mal et sur une fin beaucoup plus inattendue.

Il y a donc un double effet Ki… Co… dans cette histoire (pour ne pas dire un effet KKK). Et en tant que lecteur, j'ai adoré me faire balader par l'auteur.

Sur la forme, il faut noter que le roman est écrit par un auteur francophone. le lecteur attentif pourra repérer au moins deux passages au début de l'histoire qui peuvent l'attester sans doute possible. En outre, le style est nerveux, direct et facile à lire. Et si la langue est impeccable, le lecteur français trouvera une pointe d'exotisme dans l'utilisation d'expressions utilisées par nos cousins d'Outre-Atlantique. Tout ceci rajoute un charme indéniable à ce roman.

La lecture de ce livre m'a permis de passer un bon moment. Outre ses rebondissements inattendus, l'histoire ne verse pas dans le manichéisme et interpelle aussi le lecteur sur le bien-fondé de la transformation du héros au fil de l'histoire.
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Dans une grande ville des États-Unis d'Amérique, plusieurs hommes sont tués de manière très cruelle bien que toujours différente.
Un politicien en campagne s'en mêle et contraint Sepp Ganser, détective à la Brigade Criminelle et Hélène Laffont, Psychologue au FBI, à travailler ensemble. Mais ils ne sont pas d'accord sur la théorie avancée par la profileuse, qui avance que les hommes assassinés sont des tueurs en série et qu'ils sont tués par le même tueur, qui imite pour chacun leur modus operandi.
C'est alors que les deux policiers sont enlevés par un serial killer de renom, Overkill, qui les oblige à assister à une Konvention de serial killers, qui se réunit tous les cinq ans pour se mettre à jour des dernières techniques de la police scientifique et des manières de se sortir d'un interrogatoire…
Sous la pression d'Overkill, ils devront endosser le rôle de deux tueurs pour participer à cette Konvention d'un style particulier, qui réunit plusieurs dizaines de sociopathes, pour découvrir lequel d'entre eux est le caméléon qui sévit non seulement dans la ville mais aussi dans l'hôtel qui abrite ce drôle de "Kolloque".
Pour le coup, cette fois-ci je dois avouer que j'ai vraiment été scotchée. Se situant entre le Bourbon Kid et n'importe quel thriller sur les tueurs en série, ce livre est un OVNI.
Avec un humour noir et bien décalé comme il faut, on voit deux policiers se dépêtrer dans une Konvention (avec un »K » comme "killer") d'un nouveau genre, entouré des pires criminels (on est tentés d'écrire "kriminels") des États-Unis - qui en abritent trois ou quatre cents bon an mal an - , et ça je dois dire qu'il fallait l'inventer!
Je me suis beaucoup amusée à lire ce livre, quasiment d'une traite tellement il sortait des sentiers battus et surtout parce qu'il y a un rebondissement au deux tiers du livre et que je voulais absolument connaître la fin avant le week end!
Il est toutefois à réserver aux aficionados du genre car certaines scènes sont difficiles.
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Je viens de terminer Killer Kills Killers... quelqu'un pourrait-il me trouver l'adresse de cet auteur? J'ai deux mots à lui dire!!! Je viens de passer trois nuits d'enfer... incapable de lâcher ce foutu roman. Incapable de trouver le sommeil sans passer le reste de la nuit à poursuivre l'aventure avec ce Salopard D'Overkill et sa brochette de cinglés. Tous absolument terrifiants. J'ignore d'ou ce gars tire son inspiration, mais c'est pas un endroit que je fréquente, c'est certain. C'est pas mon premier Desgagné... Chaque fois, c'est pareil; documentation d'enfer, cohérence totale.... et rythme qui te met en sueur... ma foi, y a-t-il quelqu'un qui va un jour penser à lui offrir sa chance au grand écran, ce gars? Il se compare à qui me demanderez vous ? Peut-être un peu à, Lee Child... mais encore... il est vraiment dans une classe à part. Et pour terminer, quelle hallucinante "Kouverture" . C'est quoi le max d"étoiles encore ? 10?
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C'est dans le cadre de mon abonnement chez Audible que j'ai pu découvrir ce livre et cet auteur, que je ne connaissais absolument pas.

Sepp Ganser se retrouve avec plusieurs cadavres sur les bras. Séparé de son coéquipier habituel, il va se retrouver accompagné d'Hélène Laffont, une psychologue pour mener à bien cette enquête. D'abord réticent, il va vite se rendre compte qu'Hélène sera indispensable dans la résolution de cette enquête peu commune. Les cadavres s'empilent, les meurtres sont barbares, et les mises en scène sont macabres à souhait. les deux compères vont se retrouver propulsés au coeur d'une enquête originale, sanglante, avec quelques touches d'hmour et beaucoup d'actions...

Pour ce qui est des personnages, j'ai eu un peu de mal à m'y attacher. Effectivement, ils manquent un peu de relief, d'émotions. Hélène a un passif plus intéressant, mais malheureusement peu exploité.
Sepp est un homme déterminé, une véritable tête brûlée. Hélène est plus émotive, sur la retenue, plus intellectuelle aussi. Bourrés de clichés mais leurs aventures ont été intéressantes à suivre.

D'un avis global, cette lecture fut plaisante. On dénombre quelques longueurs et répétitions vers le milieu du livre. Néanmoins, la mise en place de l'histoire, et la conclusion de celle-ci furent intéressantes. Bien que, côté personnages, pas trop de surprises, côté histoire, on va de rebondissements en rebondissements. L'enquête prend un tournant original. Les péripéties s'enchainent, les révélations tombent. le rythme est soutenu, l'écriture vive et crue. Les dialogues font mouche. Aucune note à côté. Digne d'un scénario de film d'action mélangé à un thriller. D'ailleurs, j'ai pas mal pensé au "Livre sans nom", pour le côté action et loufoque. Les derniers mots de l'auteur nous expliquent la naissance de cette histoire. C'était tout à son honneur, et très original.

En conclusion, Killer Kills Killers fut une lecture plaisante, rythmée, originale. Côté personnages, je suis restée un peu sur ma faim tout de même. Bonne lecture !



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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
PARTIE I LA KONVENTION

Deux mois plus tôt, lundi, 8 h 17 du matin.

— Saleté de feux rouges. On pourrait pas passer outre pour une fois, Sepp ? demanda le grand Sykes à son partenaire. Un petit coup de sirène et hop, on ne contribue plus à la destruction de la couche d’ozone…

— Dis-moi, Beau Blond, qu’est-ce qui urge ? On se rend à un buffet froid. Une ou deux équipes sont déjà sur place à sécuriser le périmètre.

Profites-en pour regarder le paysage.

— Paysage… mais quel paysage ? On est cimentés dans le béton, ici.

Regarde autour, il y a quoi de bucolique dans ce décor ? M’ennuie de mon Afrique natale, moi.

— Afrique natale ? rétorqua Ganser en se retournant l’air ébahi. Ça fait huit générations que vous naissez dans le quartier derrière chez moi.

Je parierais que ta queue est en train de blanchir, tellement ça fait longtemps que vous vous reproduisez par ici. Tiens, jette un coup d’oeil sur ta gauche, regarde-moi qui se promène par là.

— Oh… si c’est pas notre ami Troy… il est pas supposé être en retraite fermée, celui-là ? demanda Sykes en tendant la main vers le commutateur de la sirène.

— Touche pas à ça, fit Ganser en lui tapant sur les doigts, il est en conditionnelle. La semaine dernière, en sortant de la cour, je suis tombé

sur son agent de prob. Tu sais, la grosse Philomène.

— Celle-là, ouais…

— Bon ben, il paraît qu’il a le droit de se promener où bon lui semble. En tout cas, pour le moment.

— C’est pas ça qui va rendre les trottoirs plus sûrs, grommela Sykes en suivant Troy des yeux.

— Pas de problème si t’as moins de soixante-dix ans et que tu sais te défendre. Allez, c’est vert, cesse d’alimenter la couche d’ozone et avance, ricana Ganser. Prends à droite à la prochaine, juste après la taverne, on nous attend derrière le dépanneur vietnamien.

Un véhicule de patrouille dont les gyrophares tournaient en lançant des flashs syncopés était parqué en travers de la rue et bloquait l’accès d’une ruelle.

— Tiens, je crois qu’on y est, dit Ganser en reniflant. Putain de crève d’octobre. Bon, gare-toi là… on fera le reste à pied.

Un sergent en uniforme les aperçut et se dirigea aussitôt vers eux. Ganser parla le premier.

— Salut Thierry, toi et ton coéquipier z’êtes la seule équipe sur place ?

— Non, une autre patrouille est arrivée en même temps que nous. Ils sont en train de prendre les déclarations du proprio de l’endroit. On est deux équipes et personne n’est de trop. Quand les curieux vont commencer à débouler, il va même falloir demander du renfort. Tu sais comment c’est…

Ganser acquiesça de la tête en reniflant.

— Tu sais si la scène a été piétinée avant votre arrivée ?

— Ça va, on a été chanceux. La grand-mère cherchait son clebs ce matin. Comme il tardait à revenir après sa giclette matinale, elle est allée voir et…

— C’est ton binôme qui a pris sa déposition ?

— Ça devait, oui, mais il ne comprenait rien de ce que racontait l’aïeule. Il a préféré faire la sécurisation du périmètre et il m’a laissé avec la vieille. Je vous jure que ce n’était pas facile. Elle parle avec un français aussi approximatif qu’un cornichon à qui on aurait appris la langue des pommes de terre dans un cours accéléré.

Ganser et Sykes échangèrent un bref coup d’oeil.

— Tu parles la langue des cucurbitacées, toi ? demanda le grand Noir à son partenaire.

— Parfaitement, mon concombre. Je suis juste un peu rouillé. Thierry, mon pickle, t’as d’autres comparaisons du genre en réserve ?

— Je… heu…

— Laisse tomber la linguistique végétale et suis-nous sur place.

La cour extérieure de l’arrière-boutique était encombrée d’un monticule de boîtes de carton enchâssées les unes dans les autres. De gros

11 sacs-poubelles, gonflés comme des papillotes, cernaient l’amoncellement de cartons à la manière d’un mur fortifié. Au fond de la cour exiguë et sale, une Ford Tempo, vieille de quelques années, reposait sur trois roues et un bloc de parpaing. Elle évoquait un gruyère en métal emballé dans une chape d’oxyde ferrique. Les deux inspecteurs soulevèrent le ruban jaune qui délimitait la scène de crime, se faufilèrent par-dessous et s’immobilisèrent un instant.

— Ben quoi, Thierry, il est où ton buffet froid ? demanda Sykes en levant les bras en l’air. (Pointant la Ford au bout du terrain.) Me dis pas que c’est pour le cadavre de cette bagnole qu’on nous a fait venir jusqu’ici ?

— Jette un coup d’oeil derrière la ruine rouillée, tu ne seras pas déçu du voyage, dit le sergent avec un petit rictus collé aux lèvres.

Les deux hommes s’avancèrent jusqu’à la voiture en prenant soin de ne poser le pied sur aucun indice éventuel. Sykes arriva le premier à l’extrémité gauche du pare-chocs arrière.

— Meeeerde !

— Oh putain ! ponctua son partenaire. Mais c’est dégueulasse !

Le corps qui gisait par terre était nu, avait les pieds joints et les bras placés en croix. Son ventre était ouvert du diaphragme jusqu’au pubis. Un long boyau, apparemment une partie de ses intestins, entourait le cou du cadavre. Son assassin avait poussé l’horreur jusqu’à fabriquer un noeud de potence dans un simulacre d’exécution. Le bout qui dépassait du noeud s’étirait d’un bon mètre au-delà de la tête rasée et tatouée de la victime.

— Et moi qui pensais qu’on trouverait là qu’un type crevé par overdose, dit Ganser en se détournant du cadavre.

Des yeux, il fouillait les alentours à la recherche d’une arme ou d’une piste.

— T’as vu l’allure du mec ? fit remarquer Sykes. Il a autant de svastikas tatoués sur le corps qu’un sapin de Noël nazi a de boules à croix gammées.

— Jolie comparaison. Tu devrais donner des cours à notre distingué collègue. Eh, Thierry, tu sais si le coroner et les spécialistes en scènes de crimes arrivent ?

— Ça devrait pas tarder.

— Bon, en attentant, nous on va prendre quelques clichés et filmer la scène. Sykes, mon Beau Blond, t’as pensé à prendre l’appareil photo avec toi ?

Le grand Noir exhiba un appareil numérique qu’il tenait du bout des doigts par la courroie. Il le faisait se balancer dans le vide comme se balance un pendu au gibet.

— Quel humour ! Bon, pendant que tu immortalises notre ami sur pixels, moi, je vais aller piquer une causette à l’intérieur. L’aïeule doit bien y être encore.

Ganser marcha en direction du dépanneur.

— Tu sais s’il se vend du café quelque part autour ? demanda Ganser au coéquipier du sergent, qui était planté dans l’embrasure de la porte.

— Pas la moindre idée, inspecteur. Là-dedans, dit-il en pointant la bâtisse du revers du pouce, la seule caféine que vous trouverez est en bouteilles de plastique.

— Pepsi, ouais… je sais, fit Ganser en reniflant.

Comme il posait la main sur la poignée de la porte, il entendit crier son nom.

— Détective Ganser, ne partez pas, ne partez pas tout de suite, j’arrive…

La voix aux intonations nasillardes était reconnaissable entre mille. Jonathan Anderson, le coroner. Ganser tourna les yeux vers le ciel. Voilà qu’arrive notre humoriste de service.

— Détective Ganser, détective Sykes, je m’excuse du retard, vous ne me croiriez jamais si je vous racontais ce qui m’est arrivé ce matin.

— Dis quand même, avec toi on ne sait jamais, grimaça Ganser.

— Un chat ! Ouais, un gros chat s’est planqué sous le capot de ma voiture durant la nuit. Les nuits sont plus fraîches ces temps-ci et…

— Et un chat s’est planqué sous le capot, tu viens de le dire, l’interrompit Ganser. Viens-en à la conclusion qu’on passe à autre chose.

— Non, c’est pas ce que vous pensez, il ne s’est pas coincé les pattes dans une courroie. En fait, le chat est une chatte, celle de ma voisine, elle l’attache toujours à l’extérieur avec une corde. Mais ce matin, cette foutue peste a réussi, j’ignore comment, à se détacher pour aller se réfugier…

— Sous le capot, poursuivit Ganser en tournant les yeux au ciel. Écoute, on a un client qui refroidit juste là et…

— Je vous en prie, laissez-moi terminer…

— Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre de la chatte de ta voisine, nous, gronda Sykes en s’approchant du coroner.

— La chatte de ma voisine ? répéta Anderson pensif. Hum, ça pourrait faire un sketch intéressant…

— Viens jeter un coup d’oeil par ici. Tu nous relateras tes fantasmes une autre fois.

— Oh ! Oh ! s’exclama Anderson, en repérant la victime. Excellente mise en scène.

— C’est aussi ce qu’on se disait, Sepp et moi.

— Apparemment, c’est pas un suicide… les pros de la scène de crime sont passés ?

Ganser et Sykes hochèrent négativement la tête.

— Hum… j’hésite un peu à planter mon thermomètre là-dedans. Mais il faut quand même que je sache vers quelle heure on lui a fait ça. Déjà que les nuits sont fraîches, s’il faut encore perdre du temps à les attendre. Je ne voudrais pas qu’on m’accuse encore une fois d’avoir contaminé une scène de crime. Vous les attendez pour bientôt ?

— Sais pas. Mais si tu enfiles ça, ça va passer.

D’une poche, Ganser extirpa une paire de chaussons emballés d’un sac de plastique.

— Mets ça par-dessus tes chaussures. Je les ai chipés à l’équipe qu’on attend. Comme ça, personne ne pourra te critiquer.

Quelques secondes plus tard, les pieds chaussés des pantoufles spéciales et les mains gantées de latex chirurgical, Anderson alla insérer son thermomètre dans le cadavre.

— Nous on te laisse là-dessus, Jonathan, dit Ganser en pointant la porte arrière du dépanneur. Sykes et moi avons des déclarations à prendre à l’intérieur. T’as pris toutes les photos, Beau Blond ?

Le grand Noir hocha la tête et emboîta le pas à son partenaire.

— Une bouteille de caféine gazeuse, ça te dirait ?

— Si tôt le matin ? Pouah, jamais de la vie…

Le commissariat 44 calquait son rythme sur celui d’une ruche. Sonneries de téléphone, cris de prévenus, plaintes et éclats de voix de la part d’avocats intimement préoccupés par le bien-être de leurs clients. Une journée routinière dans un poste de police ordinaire. À leur b
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Dès que vous aurez glissé le doigt dans l'engrenage, bonne chance pour en sortir. Les chapitres sont courts et les pages tournent d'elles-mêmes. Commencez à lire tôt parce que vos nuits risquent d'être courtes. Desgagné un auteur encore inconnu (pour le moment)... mais il avance comme un tracteur à chenilles prêt à tout écrabouiller sur son passage. Une trame absolument dingue et totalement imprévisible. Un humour décapant, des personnages cyniques, des antihéros héroïques ainsi qu'une brochette de tarés qui fileraient la chair de poule à un cadavre. Cette lecture n'est pas recommandée aux enfants. Rarement eu autant de plaisir à me creuser les méninges ( bien inutilement) pour trouver un tueur... de tueurs. Si je lui donne 5 étoiles, c'est que c'est pas possible d'en mettre plus.
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Ainsi installée, la silhouette humaine évoquait un crucifié en lévitation. L'effet était saisissant. Comme son assassin l'avait ouvert du sternum jusqu'au pubis, presque tous les organes internes pendaient mollement dans le vide jusqu'à s'empiler en un amas de chair sanguinolente sur le matelas.
La scène était effroyable.
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En comparaison de ça, le Seven de David Fincher faisait figure de production des studios Disney.
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Video de Danny-Philippe Desgagné (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danny-Philippe Desgagné
Le meurtre d’une religieuse. Une mise en scène satanique et une enquête qui piétine. Laseule piste exploitable, un mystérieux personnage qui prétend être un ange, réincarné en toxicomane…
- Par l’auteur de Killer Kills Killers, lauréat du prix l’Encre et les Mots 2022, et d’Irimi (2000) finaliste du Prix Abitibi-Consolidated (Québec) - Édition française du Sicarier (2006) finaliste du Prix Saint-Pacôme (Québec)
Un homme aborde un détective à qui il expose que, non seulement il est un ange, mais qu’il est aussi saint Thomas, réincarné dans la peau d’un toxicomane. Il déclare posséder des informations au sujet d’un complot organisé par Lucifer, qui ne convoite rien de moins que le contrôle de l’humanité. Voici comment se présente à Dorian Verdon un individu qui, par un singulier hasard, a souvent croisé sa route au cours des derniers jours. Perplexe, hésitant entre lui passer les menottes ou lui enfiler une camisole de force, le détective Verdon se maudit d’avoir négligé de vérifier si l’hôpital psychiatrique local n’aurait pas laissé filer un de ses patients. Comme un malheur ne vient jamais seul, l’enquête qui préoccupe le détective – le meurtre d’une religieuse – s’embourbe… et la seule piste qu’il lui reste à exploiter semble être ce repris de justice qui se dit être saint Thomas. Ange ou démon ? Illuminé ou meurtrier ? Verdon ne sait que penser. Quelle que soit la direction que prendra son enquête, celle-ci croisera inévitablement la route de ce déconcertant personnage. Les voies du Seigneur sont impénétrables, dit-on, c’est également ce que croyait le détective Verdon…
« Une enquête haletante et sans temps morts ! », Babelio, Filoups « Un trip délirant, ce roman… délirant et addictif à souhait. », Babelio, david1655
Crédit photo : @christophermphoto
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