Virginie Despentes ose les mots pour le dire. Dire quoi au fait ? La King Kong théorie, c'est-à-dire la réalité des rapports hommes-femmes directement liés au formatage, dès le plus jeune âge, des uns et des autres par une société fondamentalement patriarcale. Ainsi l'homme se doit d'être viril et dominer la femme qui ne connaît qu'une posture : la soumission.
Ceux ou celles qui tentent d'agir autrement, par exemple une femme qui veut être libre doit prendre le risque d'être violée, et si viol il y a, elle doit prouver qu'elle n'était pas d'accord. le viol est donc perçu par la société, et souvent par la femme elle-même, comme un mal inévitable parce que lié à la virilité masculine.
Prenant son expérience personnelle de la prostitution, Virginie Despentes estime aussi que comme la pornographie, celle-ci ne doit plus être organisée par et pour les mâles. Elle revendique pour les femmes le droit de disposer de leur corps pour gagner de l'argent si c'est leur volonté, et ce sans être ostracisées et mises au ban de la société.
Un discours féministe qui peut paraître radical, la forme l'est souvent, qui est une réflexion argumentée, sensible et bien formulée de la condition féminine (et masculine) et de sa nécessaire évolution.
Commenter  J’apprécie         1529
King Kong Théorie n'est pas un roman mais un manifeste féministe , un témoignage . Et ce qu'elle a vécu est assez trash ...
Au commencement, il y a un viol…
La jeune Virginie aimait beaucoup les concerts, et avec une amie , elle sillonnait la France en auto-stop pour s'y rendre, quand soudain , c'est la voiture de trop… 3 gars/deux filles …
♫ C'est comment qu'on freine, j'voudrais descendre de là ♫.
[ " J'imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. Liquider l'événement, le vider, l'épuiser. Impossible Il est fondateur. de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est en même temps ce qui me défigure , et ce qui me constitue" ].
[ " Je suis plutôt King Kong que Kate Moss, comme fille " ]
C'est violent à lire , c'est la vérité brute, une vérité qu'on n'a pas l'habitude d'entendre.
A quel niveau de traumatisme, tu situes le viol, quand tu crains pour ta vie ?
Comment tu (sur)vis en tant que victime , quand pendant tout le viol, tu sais que tu as un couteau dans ta poche et que n'oses pas le sortir ?
Après il y a la prostitution… le chapitre : " Coucher avec l'ennemi"
Les petits boulots l'ennuient et ne rapportent pas assez , la prostitution sera un moyen de gagner plus d'argent , plus rapidement.
[ Ça m'a plu, dans un premier temps de devenir cette fille-là. Comme de faire un voyage. Sur place, mais dans une autre dimension."]
Sur la prostitution, je ne suis pas totalement d'accord avec elle, avec sa vision. Il me semble qu'elle 'bisounourse" un peu ce métier qu'elle a pratiqué dans les années 90. Elle n'a jamais eu de problèmes avec un client violent, jamais eu maille à partir avec un proxénète, même plus tard en travaillant dans un salon de massage . Je pense que ce n'est pas le cas de toutes les prostituées.
Sa vision du mariage (ou du couple hétéro ), en France , à notre époque me parait datée … [ "quand on affirme que la prostitution est "une violence faite aux femmes", on veut nous faire oublier que c'est le mariage qui est une violence faite aux femmes, et d'une manière générale, les choses telles que nous les endurons. Celles qu'on baise gratuitement"...]
Bon, une chose est sûre, les hommes ne sont pas à la fête dans ce livre… Considérer que , seul l'homme a une sexualité, des "besoins" , me fait rire et date un peu. N'a t'elle jamais entendu parler de sex friends ? Les hommes ne sont pas nos ennemis ; je comprend qu'avec ce qu 'elle a subi , elle le pense mais sa vision est un peu binaire.
Il reste que le livre de madame Despentes nous interroge, nous éclaire, nous fait réfléchir . Viol, prostitution, maternité, précarité, sexualité, place de la femme : tous ces sujets passent à la moulinette Despentes !
Je m'attendais à quelque chose de brouillon , pas du tout . Ça bouillonne et c'est plein d'énergie, une énergie qu'on retrouve dans tous ses livres. C'est très agréable à lire : ce livre ne m'a duré qu'une petite soirée...
J'ai adoré.
(merci canel !)
Commenter  J’apprécie         10013
Œuvre majeure de l’écrivaine, ce livre est un coup de poing qui fait voler en éclats les idées reçues sur le viol, la pornographie, ou la prostitution. Virginie Despentes raconte son histoire sans concession, et nous invite à repenser notre féminisme. Un incontournable.
Lire la critique sur le site : Elle
Il était temps de secouer le vieux monde, Despentes l’a fait.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Comme le travail domestique, l'éducation des enfants, le service sexuel féminin doit être bénévole. L'argent, c'est l'indépendance.
Il est vrai que pour se battre et réussir en politique, il faut être prête à sacrifier sa féminité, puisqu'il faut être prête à combattre, triompher, faire montre de puissance. Il faut oublier d'être douce, agréable, serviable, il faut s'autoriser à dominer l'autre, publiquement. Se passer de son assentiment, exercer le pouvoir frontalement, sans minauder ni s'excuser, car rares sont les concurrents qui vous féliciteront de les battre.
Si la prostituée exerce son commerce dans des conditions décentes, les mêmes que l'esthéticienne ou la psychiatre, si son activité est débarrassée de toutes les pressions légales qu'elle connaît actuellement, la position de femme mariée devient brusquement moins attrayante. Car si le contrat prostitutionnel se banalise, le contrat marital apparaît plus clairement comme ce qu'il est: un marché où la femme s'engage à effectuer un certain nombre de corvées assurant le confort de l'homme à des tarifs défiant toute concurrence. Notamment les tâches sexuelles.
BAD LIEUTENANTES
J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m'excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n'échangerais ma place contre aucune autre, parce qu'être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n'importe quelle autre affaire.
Je trouve ça formidable qu'il y ait aussi des femmes qui aiment séduire, qui sachent séduire, d'autres se faire épouser, des qui sentent le sexe et d'autres le gâteau du goûter des enfants qui sortent de l'école. Formidable qu'il y en ait de très douces, d'autres épanouies dans leur féminité, qu'il y en ait de jeunes, très belles, d'autres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles à qui les choses telles qu'elles sont conviennent. C'est dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-là. Bien sûr que je n'écrirais pas ce que j'écris si j'étais belle, belle à changer l'attitude de tous les hommes que je croise. C'est en tant que prolotte de la féminité que je parle, que j'ai parlé hier et que je recommence aujourd'hui. Quand j'étais au RMI, je ne ressentais aucune honte d'être une exclue, juste de la colère. C'est la même en tant que femme : je ne ressens pas la moindre honte de ne pas être une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de rage qu'en tant que fille qui intéresse peu les hommes, on cherche sans cesse à me faire savoir que je ne devrais même pas être là. On a toujours existé. Même s'il n'était pas question de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours existé, on n'a jamais parlé. Même aujourd'hui que les femmes publient beaucoup de romans, on rencontre rarement de personnages féminins aux physiques ingrats ou médiocres, inaptes à aimer les hommes ou à s'en faire aimer. Au contraire, les héroïnes contemporaines aiment les hommes, les rencontrent facilement, couchent avec eux en deux chapitres, elles jouissent en quatre lignes et elles aiment toutes le sexe. La figure de la looseuse de la féminité m'est plus que sympathique, elle m'est essentielle. Exactement comme la figure du looser social, économique ou politique. Je préfère ceux qui n'y arrivent pas pour la bonne et simple raison que je n'y arrive pas très bien, moi-même. Et que dans l'ensemble l'humour et l'inventivité se situent plutôt de notre côté. Quand on n'a pas ce qu'il faut pour se la péter, on est souvent plus créatifs. Je suis plutôt King Kong que Kate Moss, comme fille. Je suis ce genre de femme qu'on n'épouse pas, avec qui on ne fait pas d'enfant, je parle de ma place de femme toujours trop tout ce qu'elle est, trop agressive, trop bruyante, trop grosse, trop brutale, trop hirsute, toujours trop virile, me dit-on. Ce sont pourtant mes qualités viriles qui font de moi autre chose qu'un cas social parmi les autres. Tout ce que j'aime de ma vie, tout ce qui m'a sauvée, je le dois à ma virilité. C'est donc ici en tant que femme inapte à attirer l'attention masculine, à satisfaire le désir masculin, et à me satisfaire d'une place à l'ombre que j'écris.
Parce que l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme, cette femme blanche heureuse qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l'effort de ressembler, à part qu'elle a l'air de beaucoup s'emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l'ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu'elle n'existe pas.
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
•
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
•
•
•
Testosterror de Luz aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/testosterror.html
•
Vernon Subutex - Seconde partie de Virginie Despentes et Luz aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/vernon-subutex-t.2.html
Catharsis de Luz aux éditions Futuropolis
https://www.lagriffenoire.com/catharsis.html
•
Indélébiles de Luz aux éditions Futuropolis
9782754823982
•
L'Histoire des 3 Adolf - Édition prestige T01 de Osamu Tezuka aux éditions Delcourt
https://www.lagriffenoire.com/l-histoire-des-3-adolf-edition-prestige-t-01.html
•
Ping pong - Édition prestige T01 de Taiyou Matsumoto aux éditions Delcourt
https://www.lagriffenoire.com/ping-pong-edition-prestige-t01.html
•
Ashita no Joe - Tome 01 de Asao Takamori et Tetsuya Chiba aux éditions Glénat
https://www.lagriffenoire.com/ashita-no-joe-tome-01.html
•
Real, tome 1 de Takehiko Inoue aux éditions Kana
9782871297093
•
Stop !! Hibari Kun ! 1 de Hisachi Eguchi aux éditions le Lézar Noir
9https://www.lagriffenoire.com/stop-hibari-kun-1.html
•
Bonne Nuit Punpun - Tome 1 de Inio Asano aux éditions Kana
https://www.lagriffenoire.com/bonne-nuit-punpun-tome-1.html
•
Vinland Saga - tome 01 de Makoto Yukimura et Xavière Daumarie aux éditions Kurokawa
https://www.lagriffenoire.com/vinland-saga-tome-1-vol01.html
•
•
Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com
•
Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv
•
Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n...
•
Vos libraires passionnés,
Gérard Collard & Jean-Edgar Casel
•
•
•
#lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #editionsalbinmichel #editionsfuturopolis #editionsdecourt #editionsglenat #editionslelezarnoir #editionskurokawa
+ Lire la suite