Pauline voyage

Sur ce duo illustré avec François Roca, ça ne sera pas Fred Bernard mais l'auteure Marie Desplechin qui prêtera de la malice à ce jeune personnage un peu boudeur et peste.
Pauline n'est qu'une enfant mais elle donnera du caractère (ce qui rendra évidemment l'aventure plus amusante).
Nous serons en croisière - l'idée pourrait être plaisante - mais sans papa (et de surcroît, papa programmera le voyage avec une de ses chères amies, possiblement plus qu'une amie, supposera-t-on). La perspective dénuée de tact pourrait être vécu comme un cauchemar par la jeune Pauline qui en aura l'estomac tout retourné (mal de mer et effet Natalie combinée, probablement).
Pauline nous parlera du chauffeur avec qui elle passera beaucoup plus de temps qu'avec son papa, elle est donc issue d'une famille bien installée.
L'argent ne fera pas le bonheur, nous fera t-elle comprendre, la preuve étant qu'elle préférerait être la fille du chauffeur.
"Le chauffeur, père !"

Son papa lui conseillera de consigner son séjour et ses doléances sur un joli carnet qu'il lui aura confié à cet effet.
Ses écrits ressembleront à des correspondances (qui occuperont Pauline mais que papa ne recevra pas).
A quoi servira donc alors le carnet?
Ce papa jugera t-il que "Pauline caractère de petit cochon rose" aura besoin de se confier ou de passer ses excès d'humeurs quelque part?

La Reine Astrid de Belgique voyagera parmi les passagers en personne.
Voici qui changera tout, pensera Pauline, où est son papa ?
Pauline nous fera sourire, pas un brin méchant et ne cachant rien de ses souhaits, de ses sentiments dans un carnet que finalement papa ne lira peut-être pas. D'où cette franchise sur ce qu'elle pense, un franc parler qui ne sera pas réprimandé.
"Cher papa,
j'ai rêvé que vous étiez mort. Vous flottiez sur la mer, les bras écartés et la figure dans l'eau. Je me demande ce que ça veut dire.
Pour le moment, c'est moi qui risque de finir noyée...Comme Natalie a pris la couchette du bas, j'ai été obligée de descendre discrètement de la mienne pour aller dans le coin toilette. Vous remarquerez que je fais des efforts pour la laisser dormir.
Votre amie Natalie passe son temps à faire la gentille avec les messieurs et à jouer au bridge avec la reine ..."

Pauline est une vraie pipelette à l'écrit et à des avis irrésistibles de "pauvre petite fille riche" qui s'ennuie beaucoup trop, qui envisagera le mariage avec tous les garçons d'à peu près son âge sur le bateau (Jean-Baptiste? Mais il a 13 ans, c'est beaucoup trop vieux! Et puis il est pauvre. "Connaissez-vous des pauvres? Pour moi, il est le premier que je rencontre. Rien ne le distingue tellement d'un riche, sauf ses mauvaises manières..."

Nous saurons pourquoi Pauline portera du persil au cou, pourquoi elle n'aura pas eu peur d'un ours, pourquoi elle n'aime plus trop la musique lyrique et pourquoi la petite sera de corvée de patates!
On aime bien.

Je connaissais le talent de François Roca pour peindre de superbes tableaux de paysages faisant voyager, mais j'avais l'a priori de quelque chose d'un peu figé chez lui. J'ai découvert ici sa vivacité et son humour grâce à son alliance avec Marie Desplechin dans une aventure n'ayant rien à envier à celle de Sophie de la Comtesse de Ségur.

Ce qu'il y a de chouette ici, c'est que l'Ecole des loisirs, c'est qu'elle offre aux auteurs un album grand format pour donner libre court pleinement à leur idée de voyage transatlantique et d'horizon lointain. On sent ainsi à merveille l'immensité des lieux, encore plus à hauteur d'enfant et ça, ça m'a de suite emballée !

L'aventure, elle, pourrait être fort simple. Elle suit la jeune Pauline qui traverse l'Atlantique à bord d'un gros bateau et surtout en compagnie d'une dame qui n'est pas sa mère mais qui semble beaucoup aimer son père, qui lui est absent. Il n'en faut pas plus pour la fillette pour détester celle-ci et pour raconter ses malheurs dans les lettres quotidiens qu'elle adresse à son père.

C'est avec saveur et malice que j'ai donc découvert Pauline et la vie à bord du bateau à travers ses yeux d'enfant chafouin à cause de l'absence de son père et la présence de cette dame qu'elle n'aime pas. J'ai ri de ses portraits des adultes environnants dans les pattes desquels elle se fourre, de cette Natalie qui l'accompagne qui est toujours très séductrice, en passant par la Reine Astrid et sa royale présence, ou le capitaine du bateau : Ragnar et son air impitoyable, sans oublier le jeune mousse Jean-Baptiste, son compagnon de bêtise. Pauline est très amusante, elle grinçante d'abord mais aussi très maligne, ce genre d'enfant qui agace tout en faisant sourire, et il va lui arriver tout plein de jolies aventures.

J'avais peur mais j'ai beaucoup aimé le format épistolaire qui permet de vraiment saisir les pensées et le regard de Pauline, donnant du relief et de la personnalité à ce voyage peut-être un peu plat sinon. Je me suis notamment beaucoup amusée de ses revirements sentiments ! Mais surtout, j'ai été émue par cette petite fille dont la mère est partie, littéralement, elle n'est pas morte, elle a quitté son père en la laissant. C'est beau de voir comment, elle, qui se sent abandonnée va finalement nouer de nouvelles relations et s'épanouir dans ce cadre hostile, à l'en rendre malade, au premier abord.

Les dessins en grand format de François Roca accompagnent à merveille l'humour grinçant de la plume de Marie Desplechin. C'est un bonheur de pouvoir admirer ainsi ces planches dans une belle ambiance rétro début du siècle passé, dans des couleurs chaleureuses rappelant le chêne clair et le bleu canard des décos scandinaves. En fan de mode, je me suis particulièrement régalée des tenues d'époque chez les hommes et les femmes, et des uniformes des marins. le gigantisme et la richesse du bateau sont rendu avec grandiloquence dans bien des scènes et surtout, ils accompagnent bien le texte jusque dans la maquette, alternant pleine page et incrustation plus discrète, ce qui fait qu'ils sont nombreux et on en est ravis ! Il y a en plein, de tout temps, chez l'auteur une sorte de réalisme, façon visage de poupées à l'ancienne, dans les visages de ces personnages qui est superbe ici vu l'importance apportée aux sentiments. Bref, c'est magnifique !

Je savais que j'allais aimer, mais je ne pensais pas me régaler autant. Avec sa malice rappelant la célèbre héroïne de la Comtesse de Ségur, Pauline voyage offre une petite bulle rétro savoureuse et touchante où une enfant déçue par les adultes apprend à refaire confiance, le temps d'une jolie aventure maritime relatée de manière épistolaire à celui qui lui manque le plus. Superbe !
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Marie Desplechin nous propose un très bel album pour les lecteurs de 6 à 99 ans, je suis vraiment sous le charme. Il faut dire que les illustrations de François Roca sont somptueuses. Admirez la couverture, splendide.

Pauline n'imaginait pas sa croisière au Spitzberg de cette manière, elle avait demandé un voyage à son père et pensait qu'il l'accompagnerait; Il n'en est rien, elle embarque sur le bateau Astrid, en compagnie d'une amie cantatrice de son père mais aussi de la reine des belges et du Prince Baudouin.

C'est sous forme épistolaire que nous allons suivre les journées de Pauline qui n'a pas sa langue en poche, espiègle, elle sait ce qu'elle veut ou plutôt ne veut pas ! Elle raconte ses journées à ce père absent, lui fait comprendre qu'elle a besoin de son amour. Un voyage passionnant ou peu à peu sa colère se transforme en curiosité, rébellion, amitié.

Je recommande vivement. Á lire par tout le monde.

Coup de ♥

Habituée des collaborations de François Roca avec Fred Bernanrd, je découvre ici un texte à la hauteur de mes ambitions de lecture: Marie Desplechin nous raconte à hauteur d'enfant une croisière dans laquelle une enfant dit s'ennuyer à mourir et pendant lequel elle tient un journal de bord à destination de son père absent... n'allons pas chercher la portée de cette histoire, prenons-la et laissons nous porter. C'est magnifiquement illustré par François Roca, dans un beau grand format.

Pauline est furieuse contre son père. Elle, qui voulait passer du temps avec lui, la voilà qui se retrouve à bord d'un navire pour une croisière polaire en compagnie de l'amie cantatrice de son père, Natalie.

Pauline bouillonne de frustration. Elle enrage. Pour exorciser cette colère, elle tient un journal de voyage dans lequel elle consigne son ennui et ses pensées acerbes. Chaque page devient le reflet émouvant de son ressentiment, un témoignage silencieux de sa détresse à être éloignée de celui qu'elle désire tant voir davantage.

Pourtant, à bord, il y a aussi le capitaine Ragnar, le mousse Jean-Baptiste, Astrid, la reine des Belges, et son fils Baudouin, âgé de 5 ans… de quoi rendre la traversée peut-être plus intéressante qu'elle l'aurait imaginée.

ஜ Pauline voyage ஜ @marie.desplechin7 #FrancoisRoca
@ecoledesloisirs

Marie Desplechin et François Roca tissent avec maestria les journées de Pauline où ironie et introspection se mêlent à découvertes et amitiés.

Racontée sous une forme épistolaire, cette croisière est jalonnée de questionnements, d'orgueil, de courage, d'ombres, d'amertume, de patience, de rencontres singulières et d'acceptation.

J'ai tout aimé dans cet album: de ses illustrations saisissantes à la richesse de ses descriptions et de ses pensées finement tissées.

A découvrir sans hésiter !
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