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EAN : 9782864244141
320 pages
Editions Métailié (23/01/2002)
3.67/5   6 notes
Résumé :
"La révolution triomphe à La Havane et trois jeunes gens obsédés par la littérature décident de créer une revue. A la poursuite du roman total, ils testent toutes les écritures et toutes les aventures amoureuses, se heurtant à la médiocrité, à la bureaucratie et à la trahison. "
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Havane, années 60. le castrisme est triomphant, et avec lui, son binarisme irrrrrévocablé – avec moi ou contre moi, qui s'inscrira jusque dans la création littéraire. Enchâssés dans ce récent triomphe révolutionnaire qui prône la culture pour tous, trois jeunes écrivains enthousiastes créent une revue littéraire, le Güije, débrident leurs expériences d'écriture, libèrent leurs ardeurs amoureuses, rêvant du roman suprême, rencontrent les maîtres de la littérature insulaire, dans une galerie de portraits d'une exquise pertinence, pour perdre une à une leurs illusions, minées par la bureaucratique et perverse défense de la Révolution d'une nomenklatura déjà toute puissante.
Si je lui préfère "Les quatre fugues de Manuel" et la muy cubana "Sibérienne", Les paroles perdues sont une délicieuse aventure d'intellectuels perdus d'avance, où Diaz ne sombre jamais dans le règlement de compte idéologique, lui préférant le burlesque et l'humour, ce dernier ingrédient étant aux Cubains l'ultime parade que le castrisme n'a pas réussi à collectiviser.
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Ce roman pourrait être un exercice de style avec ses textes dans le texte et ses références littéraires, mais voilà Jésus Diaz sait m'emporter dans les aventures de ses personnages. Ici, un trio de jeunes aspirants écrivains, accompagnés d'une fille moche (c'est bien connu, les 3 Mousquetaires sont quatre), essaie de monter une revue avec l'ambition de renouveler la Littérature, confrontant leurs points de vue et mettant en question les courants littéraires existants... tout cela dans le contexte d'une révolution cubaine qui décide des mots à utiliser - ne rien remettre en cause en dehors du capitalisme et de la culture de l'ouest - et dans un quotidien de rationnements, queues, appartement dont on doit attendre (et mériter) l'attribution, etc. Ça pourrait être un livre fastidieux ; pour moi - un peu familière de la culture "vaudou" par la littérature haïtienne (je pense que c'est une aide pour apprécier ce livre) et écrivaine (mais pas du tout intéressée par les débats littéraires entre courants et critiques) - c'était jouissif (ah la scène de vente de livres !!), mystérieux (la forme du livre crée du suspense), touchant, et un vrai voyage dans cette île du soleil si étrangement liée aux froids de Russie et de l'Europe de l'est. Après cette lecture, je pars même à la recherche d'un recueil de poète salvadorien qui a été traduit en français !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tandis qu'il descendait vers le Malecon, le Rouquin regarda les palmiers du Paseo, évoqua de nouveau son voyage et se dit qu'il avait bien fait de ne pas suivre sa mère en exil. Que signifiait Miami pour la poésie ? En revanche, dans l'air de cette Havane belle et abîmée, il y avait, comme à Prague, une vocation, un mystère qui expliquait les imposantes structures verbales imposées par les pères. Qu'avaient fait Carpentier, Lezama, Guillen et Diego, sinon écrire comme des dieux dans cette ville à laquelle ils avaient fini par donner une fois pour toutes une place sur la carte de la littérature universelle ?
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Il se servait d’un gros volume, le manuel de marxisme-léninisme d’Otto V. Kuusinen, dont il avait soigneusement creusé les pages, le vidant ainsi de son texte, mais non des marges, si bien que ce n’était plus un livre, mais une brique creuse, une boîte vide. Le reste, mettre Sor Juana Inès de la Cruz à l’intérieur du Kuusinen, était un simple tour de passe-passe.
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Mais le livre avait un emballage de cellophane. Il mit l'ongle de son index sur la ligne où était scellée cette enveloppe, ferma les yeux, se rappela l'après-midi déjà lointain où son doigt avait pénétré pour la première fois le sexe vierge d'Adou Menyel, et il déflora le livre en aspirant l'odeur du cuir de la reliure avec la même impatience retenue que lorsqu'il respirait, comme elle lui avait appris à le faire, l'odeur de ses seins. Il le colla contre son oreille pour jouir du susurrement unique des pages que l'on tourne pour la première fois, il caressa le papier bible comme s'il touchait les cordes d'une guitare et il pensa : "L'amour seul peut comprendre ces mystères..."
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Comment rendre clair pour l'interlocuteur universel, auquel il aspirait à s'adresser, ce que c'était qu'une "neuvaine de viande" ? [...] Personne ne pourrait soupçonner que cela faisait allusion au rationnement, au quota de viande correspondant tous les neuf jours à chaque personne, ni que cette viande était vendue en centimes pour que les plus pauvres eux-mêmes puissent l'acheter, et encore moins que la vie s'entêtait à tromper la justice, parce que certains vendaient leurs neuvaines, comme cette femme, et que d'autres les achetaient, comme sa mère.
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- Guacano ?
- C'est comme ça qu'on appelle les Salvadoriens... expliqua-t-il, gagné par une tristesse soudaine en se souvenant que le Gros, en sortant de la fête, lui avait fait remarquer que Roque n'avait pas bu la moindre goutte d'alcool. Rien. Et que lui-même, au milieu de sa cuite, avait pensé que le Guacano avait écouté son conseil. Ce n'est qu'ensuite, quand la nouvelle était arrivée, qu'il s'était rendu compte du sens cérémonieux de cette rencontre et de la profonde vérité de ce "Je sais qui je suis...".
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