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EAN : 9782290331408
253 pages
J'ai lu (01/12/2002)
3.74/5   254 notes
Résumé :
Les bombes étaient finalement tombées. Malgré l'équilibre de la terreur, un jour un homme avait été assez fou pour appuyer sur le bouton. Cependant, dans ce coin perdu de Californie, la vie continuait. Pour Bonny Keller, toujours perturbée malgré six ans d'analyse ; pour Bruno Bluthgeld, l'un des responsables de la grande catastrophe ; pour Hoppy, le phocomèle, l'ancien bébé thalidomide doté de pouvoirs supranormaux... Elle continuait aussi pour Walt Dangerfield, l... >Voir plus
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Paru en 1965, sous le titre original « Dr Bloodmoney or how we got along after the bomb », ce roman de Philip K. Dick déroute le lecteur habitué aux dédales labyrinthiques et aux jeux de miroirs borgésiens qu'affectionne l'auteur. « Dr Bloodmoney » offre en effet une expérience de lecture rafraîchissante, affranchie des fausses pistes, des mises en abyme, ainsi que des stupéfiantes prémonitions auxquelles K. Dick nous a accoutumés.

1981. L'Holocauste a eu lieu, sans que l'on saisisse précisément la raison du déferlement du feu nucléaire qui a anéanti la quasi-totalité de l'humanité. Dans ce roman post-apocalyptique relativement classique, l'auteur s'attache à nous décrire la destinée de ses protagonistes de la côte Ouest, qui ont miraculeusement survécu. En multipliant les personnages, K. Dick propose une vision kaléidoscopique d'un monde ravagé, qui tente modestement de se reconstruire.

Suart McConchie, un authentique noir (à ne pas confondre avec ceux dont l'apocalypse nucléaire a noirci l'épiderme), ancien vendeur de télévisions, vend à présent des pièges à rats (les animaux ont acquis une forme d'intelligence surprenante). Bonny Keller, dont la beauté a survécu à la fin d'un monde, déborde toujours d'un mélange détonant de vitalité et d'angoisse. Sa fille Edie, sept ans à peine, semble s'être inventée un frère imaginaire. le docteur Stockstill, ancien psychiatre reconverti en médecin généraliste, n'ose confier à Bonny sa conclusion stupéfiante : la présence potentielle d'un homoncule au sein du corps d'Edie.

Si cette multiplication des angles de vue sur un monde détruit par la folie humaine est parfois déroutante, le sort de l'humanité semble avoir été confié à une « trinité » qui ne laisse pas d'inquiéter. le docteur Bruno Bluthgeld (traduction allemande de Bloodmoney) est un physicien hautement paranoïaque que le monde tient pour responsable de la funeste erreur de calcul commise en 1972, lorsqu'un essai nucléaire à haute altitude, qui se voulait inoffensif, conduisit à de terribles retombées radioactives. Hoppy, ancien bébé thalidomide (du nom du médicament) devenu phocomèle, c'est-à-dire privé de bras et de jambe, dispose d'une intelligence hors du commun ainsi que de pouvoirs paranormaux qu'il ne cesse de développer. Walt Dangerfield, l'astronaute expédié à destination de Mars, peu avant la Catastrophe, est à présent prisonnier dans sa cabine en orbite géo-stationnaire. Perdu au sein d'un espace aussi vide qu'infini, il s'est transformé en un super disc-jockey, qui fait la lecture, diffuse de la musique et parle à une humanité désespérée pour qui il représente le dernier lien avec le monde d'antan.

---

Dans « Dr Bloodmoney », Philip K. Dick ne se contente pas d'évoquer un monde inquiet de la menace que représente le feu nucléaire. Il appuie sur le bouton rouge et déclenche l'apocalypse. Si le début du roman permet de découvrir les principaux personnages dans un monde encore intact, l'essentiel de l'ouvrage se déroule après la Tragédie, qui a empêché Walt Dangerfield d'atteindre Mars et le conduit à tourner indéfiniment sur son orbite géostationnaire en lisant « Servitude Humaine » de Somerset Maugham aux derniers survivants d'une planète en miettes.

Ce destin tragi-comique de l'astronaute, devenu un nouveau Sisyphe en apesanteur, illustre le regard sardonique porté par l'auteur sur la conquête spatiale. Cet homme errant dans l'immensité du vide intersidéral s'acquitte inlassablement de la tâche qui est devenue la sienne : devenir la mémoire vivante d'un monde disparu. L'échec de la mission qui devait le conduire sur Mars évoque la très belle maxime d'Henri Michaux : « On n'est pas allé dans la lune en l'admirant. Sinon, il y a des millénaires qu'on y serait déjà. »

Comme à son habitude, K. Dick s'amuse dans ce roman, qui garde paradoxalement une forme de légèreté détachée. Hoppy, le phocomèle devenu mégalomane, l'infirme malfaisant, rappelle la liberté de ton de l'auteur, tandis que Bill, l'homoncule qui vit au sein du corps de sa soeur Edie évoque le célèbre Homonculus de Faust, et renvoie à l'orgueil fou de ces alchimistes qui prétendaient être capables de créer de « petits hommes ».

« Dr Bloodmoney » est un roman post-apocalyptique doux-amer, qui délaisse le questionnement métaphysique de l'existence du réel qui hante l'oeuvre de K. Dick, pour mieux dénoncer l'hubris d'une humanité qui ferait mieux de chérir la planète bleue plutôt que de vouloir acquérir, encore et encore, en se lançant dans une conquête spatiale aussi vaine qu'absurde.

L'image saisissante d'un astronaute, effectuant un mouvement elliptique perpétuel autour de la Terre, dont la lecture d'un roman de Somerset Maugham est devenue une drogue pour les survivants de l'Holocauste nucléaire, résume à elle seule le regard malicieux et désabusé que portait l'auteur sur ses contemporains.

***

« Comme dans ces nouvelles pour dames
De Somerset Maugham

Je voudrais qu'il s'en aille, de quoi j'ai l'air
Avec mes détails, mes haltères
Il portait des lions sur le dos
Pour elle comme cadeau
Ça salissait tout
Moi je me sentais vieillot, fidèle
Propriétaire d'elle
Malheureux comme tout

Comme dans ces nouvelles pour dames
De Somerset Maugham »

Somerset Maugham - Alain Souchon

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Philip K. Dick eut une soeur jumelle, Jane, qui mourut quelques jours après leur naissance.
Sans doute fut-il intimement perturbé par cette disparition, car la présence fictive de sa soeur dans ses livres revint régulièrement .
C'est le cas dans ce roman où également des personnages étranges, supra normaux ou handicapés en apparence, se mêlent aux autres dans une ambiance dédoublée - voire schizophrénique comme souvent - et post-apocalypse… Guerre, satellite perdu, disparition de l'électricité, animaux mutants constituent le décor de ce très bon roman d'anticipation. Encore du « grand » Philip K. Dick
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Avis très mitigé.
Un bouquin assez étrange sur le choix de l'intrigue, des personnages et de l'enchainement des événements. Je n'ai pas trouvé de longueurs à proprement parlé mais je n'ai pas non plus trouvé un intérêt particulier à suivre ces divers destins.

K. Dick nous offre une plongée dans la psychologie de toute une gallerie de personnes ayant survécu à une catastrophe dont on suppose l'origine, bien que celle-ci demeure à juste titre assez floue. Chacun voit dans cette tragédie une occasion rêvée, mais forcée, d'un nouveau départ, une seconde chance, continuer à être ce qu'on était pour certains, mais devenir quelqu'un de plus intéressant et important pour d'autres.
Il y en a qui cherchent à garder un lien avec leur passé et d'autres qui désirent ardemment tirer un trait définitif. Les cartes sont redistribuées.

Mais finalement, jusqu'au bout, l'attente d'un retournement de scénario, d'un dénouement fantastique, persiste et, pour ma part, s'achève d'une façon, non pas décevante car le ton permanent du livre nous y prépare un peu, mais un peu timidement.
Et au-delà de l'absence de surprises dignes de ce nom, il y a également un côté immoral et illogique dans quelques attitudes, comportements, réflexions de certains acteurs, qui m'a un peu dérangé.
De plus, l'aspect très égoïste et égocentrique de tous est drôle mais profondément déprimant en même temps.

Comme pour Glissement de temps sur Mars, j'ai trouvé cette lecture fluide et bien construite, il y a d'excellentes idées comme dans tout bon K. Dick, mais l'histoire est restée, pour moi, à un niveau d'intérêt légèrement en-dessous du seuil de tolérance.
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Après une guerre nucléaire , on suit quelques personnages dans une communauté près de San Francisco , où la vie s'est reconstruite . Certains ont développé des pouvoirs ou sont né avec ,et vont les mettre au service (ou non) de la communauté. C'est difficile de résumer parce qu'il ne se passe pas non plus énormément de choses ,que souvent le récit s'attarde plus sur des moments de vie que sur le nouvel univers sorti de la catastrophe. J'ai eu aussi un peu de mal au début à me situer au niveau chronologique ( on est avant/après la catastrophe ou il y a un deuxième lâché de bombes ? Je ne comprenais pas bien) . Mais j'ai beaucoup aimé ce monde post apocalyptique, les animaux qui se transforment ,les communautés qui se forment, les nouveaux moyens de transports et l'évolution humaine également avec des pouvoirs plutôt sympas. Mais l'intrigue n'est pas fascinante et les personnages pas toujours attachants. N'empêche que les pages se tournent toutes seules et qu'il y a beaucoup de choses intéressantes (qui mériterait d'être développées).

LC commune K Dick
Challenge auteur K.Dick et Vance.
Challenge Mauvais genre
Multi-défis 2019
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Avec Dr Bloodmoney, Philip K. Dick raconte le quotidien de quelques américains après un lâcher de bombes sur la terre en 1981. La catastrophe détruit presque tout mais donne aussi des pouvoirs psychiques à certains survivants. Quelques années plus tard, on retrouve nos personnages qui ont bien changé : Hoppy Harrington, le phocomèle est devenu un personnage central et important pour la communauté, Stuart McConchie, devient commerçant itinérant, Walt Dangerfield qui orbite autour de la Terre est devenu une radio, donnant tout à tour nouvelles et quelques moments de détente.
J'avais un peu peur avant de commencer de rester hors de l'histoire. J'ai d'ailleurs mis du temps à m'immerger complètement entre les changements d'époque et de points de vue. Leur quotidien est un peu haché mais une image se fait de leurs vies. L'auteur prend plaisir à jouer avec ses personnages, à leur donner une particularité, ou pas. Ceux qui possèdent des pouvoirs psychiques sont assez variés, il y a même des animaux qui peuvent parler. Hoppy semble déjà posséder quelques dispositions mentales améliorées avant les bombes. le cas de Bruno Bluthgeld est assez étonnant à la fin quand il commence à perdre la tête et le doute se fait sur de possibles pouvoirs... J'ai aimé particulièrement le discret Bill Keller ! Philip K. Dick met en garde pour les dérives du nucléaire... le style a un peu vieilli mais l'histoire reste agréable à lire, même si je suis restée sur ma faim (ça ne m'aura pas choqué d'avoir 50 pages de plus). Je vais regarder si d'autres livres de cet auteur traîne dans ma bibliothèque...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tôt par ce matin lumineux, doré, inondé de soleil, Stuart McConchie balayait le trottoir devant Modern TV, Vente et Service apres-vente. Il entendait ronronner les voitures dans Shattuck Avenue et cliqueter les hauts talons des secrétaires qui se hâtaient vers leur bureau ; il percevait toute l'agitation, toutes les bonnes odeurs d'une nouvelle semaine, une époque neuve pour la réussite d'un bon vendeur. Il songeait au café et au petit pain chaud qu'il prendrait pour son second petit déjeuner, vers dix heures. Il évoquait les clients qu'il avait persuadés de revenir pour un achat ferme, peut-être tous ce même jour, et à son carnet de ventes qui déborderait comme la fameuse coupe de la Bible.
Tout en balayant, il fredonnait une chanson du nouveau disque de Buddy Greco et il imaginait ce que l'on pouvait éprouver à être célèbre, à être un chanteur de renommée mondiale que tout le monde payait pour entendre dans des endroits comme Harrah's à Reno ou dans les boîtes de nuit ruineuses de Las Vegas, que Stuart n'avait jamais visitées, mais dont il avait tant entendu parler.
Il avait vingt-six ans et il lui était arrivé, tard certains vendredis soir, de prendre l'autoroute à dix voies de Berkeley à Sacramento, puis, en franchissant les Sierras, jusqu'à Reno où l'on trouvait le jeu et les filles. Il travaillait pour Jim Fergesson, le propriétaire de Modern TV, au fixe et à la commission et, comme il était bon vendeur, il gagnait bien sa vie. D'ailleurs, on était en 1981 et les affaires ne marchaient pas mal. Encore une année qui prenait un bon départ, et pendant laquelle l'Amérique grandirait et se renforcerait encore, tandis que s'accroîtraient les biens de tout le monde.
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- Mes amis, dit-il à voix haute, présentez-moi le nouvel instituteur un jour prochain. Cela me ferait plaisir de connaître un ex-joueur de violoncelle. On pourrait lui fabriquer un instrument avec une vieille bassine et du fil de fer. Il en jouerait...
- Il faudrait du crin de cheval, coupa Bonny, toujours pratique. L'archet ne pose pas de difficultés. L'idéal serait une grande caisse de résonance en bois pour produire les sons graves. Je me demande si nous ne trouverions pas une vieille commode en cèdre? Cela fera l'affaire. Mais il n'y a vraiment que le bois qui convienne.
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En repartant au volant de son minibus Volkswagen, Andrew Gill eut une dernière vision de la femme en pantalon tâché de peinture et seweater qu'il venait de déposer ; il la suivit des yeux tandis qu'elle allait pieds nus sur la route, puis elle disparut après le premier virage. Il ignorait son nom, mais il lui semblait bien que c'était la plus jolie femme qu'il eût jamais vue, avec ses cheveux roux et ses petits pieds délicatement formés. Et dire, songeait-il avec un certain ahurissement, que nous venons tout juste de faire l'amour, elle et moi, dans le fond du bus !
C'était pour lui tout un déploiement d'irréel, cette femme et les grandes explosions qui avaient déchiré la campagne et soulevé cette coupole grise dans le ciel du sud. Il savait pourtant que c'était une sorte de guerre ou du moins une calamité moderne sans précédent pour tout le monde aussi bien que pour lui-même.
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- Supposons qu'on fouille dans les ruines et qu'on découvre tout un entrepôt plein de calendriers avec des filles dessus. Vous vous rendez compte? (Ses pensées se bousculaient.) Combien le type pourrait-il en retirer? Des millions? Il pourrait les échanger contre des terres, acheter tout un comté.
- Exact, opina Hardy.
- Il serait riche à jamais. Ils en font quelques-uns, en Orient, au Japon, des calendriers, mais ils ne sont pas bien.
- J'en ai vu, acquiesça Hardy, ils sont grossièrement dessinés. Le tour de main en cette matière a décliné, est tombé dans l'oubli. C'est un art mort. Peut-être pour toujours.
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— Est-ce que l’incapacité de monter dans un autobus ordinaire – vous savez bien, avec une douzaine d’inconnus à bord – peut avoir une signification quelconque ?
Mr Tree le regardait intensément.
— C’est possible, dit Stockstill.
— J’ai l’impression qu’ils m’examinent fixement.
— Pour une raison particulière ?
— Parce que j’ai le visage défiguré, dit Mr Tree.
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Depuis Jules Verne, de Philip K. Dick au groupe Limite, la science-fiction n'a cessé d'évoluer jusque dans ses propres définitions. Ainsi, ses différentes déclinaisons se démarquent d'abord entre elles pour mieux se mêler ensuite. Quand le genre mille fois déclaré mort sort du cadre et rebat les cartes pour mieux se réinventer…
Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

Vous êtes infiniment triste
Bof,ce n'était qu'un insecte
Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

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