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EAN : 9782020067102
155 pages
Seuil (01/02/1984)
3.77/5   26 notes
Résumé :
À quoi servent nos morts si nous ne pouvons exhiber leurs reliques ? Au lendemain de la guerre d'indépendance, cet étrange raisonnement réveille les régions d'Algérie les plus reculées. Retrouver leurs morts, tel est le leitmotiv des survivants. Et sur les routes, on voit passer des convois de paysans, à la recherche des chers ossements, perdus bien loin de leurs villages dont ils sortent souvent pour la première foi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ils s'arrangeaient toujours pour arriver dans les différents villages. Allez donc me chercher une contrée ou l'on ne dispose pas librement de ses os. A l'ombre bien faisante des mosquées. La solennité du moment avait partout banni la sieste,
Chaque fois que quelqu'un passait. C'est Said Oukasi du village de Igoudjdal. Espace de la Djemaa. Au sortir de la Guerre d'Algérie. Ils. faisaient des discours sur le licit et l'interdit. Une plaine qui s'étirait comme une journée impitoyable d'été. La terreur des bêtes de sommes. Les chalumeaux du ciel ou côtoyant les vieillards de la djemaa,leurs assises, nous étalent strictement interdites. l'assemblée des hommes ou Hand Ouzerouk aurait modifié sa parole. Amas d'os à conviction ? où il tient plus à ses ânes qu'à ses enfants. Amaouche a consenti à nous prêter sa monture. Il a toujours eu les plus belles bêtes du village. Des hamadas ou mon frère peut être à l'aise la ou il repose. Quel âge mon frère aurait eu si de berger, il était devenu fellah. La montagne se nomme Tamgout.
Rabah Ouali est à des kilomètres de la. le fumier noirâtre épandu sur les champs d'automne autour de la kouba un lion de l'Atlas à la main.
avec le marabout dans la zaouia. Il ne faut pas que le courage me manque.Mohand-oukaci revint d'un de ces voyages. Akki Ouzal le negre de midi comme le disait ma mère. Boubras est une ville comme je n'en ai jamais imaginé. Moh Abchir est le nom de notre bienfaiteur. Emmitouflée dans des kachabias. A Bouharoun je me suis endormi.
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En revenant d'Alger, je me suis lancé dans une lecture d'un des auteurs algériens que je souhaitais découvrir. Tahar Djaout. J'ai plusieurs ouvrages venus d'Algérie qui attendent que je les aborde comme Feraoun (Le fils du pauvre), Boudjedra (L'escargot entêté). J'ai été saisi par la lecture de la première page de ce roman de Tahar Djaout et je n'ai plus lâché ce roman...

On est suspendu sur les montagnes du nord de l'Algérie dans un village où le temps semble s'être arrêté. On a d'ailleurs du mal à poser des dates, des périodes. L'observation attentive de la prose poétique de Tahar Djaout nous fournira des éléments sur la démarche des chercheurs d'os. Une famille envoie deux émissaires à la recherche des ossements de l'un de ses hommes qui est mort pendant la guerre d'Algérie. le narrateur est un adolescent. Il s'agit du petit frère du mort. C'est à l'échelle de sa compréhension du monde que l'histoire de cette recherche nous est contée. Tahar Djaout ne propose pas une trame linéaire.

Un village suspendu sur les hauteurs de l'Algérie
La première partie du roman donne l'occasion à l'auteur de revenir sur le contexte socio-culturel et économique de ce village en terre berbère. Avec beaucoup de poésie, Tahar Djaout décrit la nature, les environs, le caractère hostile des lieux. Des scènes nous racontent l'immobilisme de la société, les abus de pouvoir de ceux qui sont en mesure de l'exercer. La question de la viande par exemple montre combien ce qui sonne comme une évidence pour beaucoup aujourd'hui fut l'objet d'une intense convoitise. Les focales de l'adolescent sur les pratiques des religieux et des abus de ceux qui ont une once d'autorité est très significative dans cette phase du texte. Dans le fond, il y a une forme de lucidité de l'adolescent qui observe les entourloupes des anciens, des religieux profitant de la crédulité de ces petites gens. L'immobilisme est vécu comme une tragédie. Les lieux où la parole est permise comme la djêma sont critiqués...
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S'il fallait illustrer le proverbe « le voyage compte plus que la destination » avec un livre, « Les chercheurs d'os » conviendrait merveilleusement bien. La quête du squelette est en effet certes l'objectif du road-trip du narrateur (non nommé), mais pas le sujet du livre. le sujet du livre, c'est l'Algérie rurale, avant, pendant et après l'occupation des colons français. La guerre n'est vécue que de loin, avec au plus un villageois qui prend le maquis de temps en temps. La colonisation, en revanche, avec ces militaires qui s'accaparent les terrains qui leur chantent, cloîtrent les villageois chez eux et construisent une école pour transmettre leur culture à la place de celle des locaux, on y assiste en premières loges aux côtés du héros. Heureusement qu'avant, on a vécu le début du périple, dans une Algérie qui célèbre encore sa liberté retrouvée. Mais au prix de nombreuses vies, parfois à peine adultes, comme ce fameux frère qu'il faut aller chercher.

« Attends, tu lis ça, toi ? » Yep. que voulez-vous, je l'ai trouvé en boîte à livres et le résumé titillait ma curiosité. Je n'étais pas sûr d'aimer, mais la plume de Tahar Djaout est assez accrocheuse, certes parfois un peu lourde mais jamais indigeste. L'auteur maîtrise l'art d'évoquer avec retenue, pudeur, même, des faits extrêmement graves, grâce au point de vue innocent de son narrateur, qui devine certaines choses mais ne voit et ne comprend pas tout. le roman est également construit de sorte à empêcher la lassitude : d'abord le début du voyage, puis un flash-back narrant l'occupation, et enfin l'aboutissement de la quête, rapidement expédié.

« Les chercheurs d'os », c'est donc un road-trip (avec tout ce que ça implique : traditions, lieux, impressions du narrateur) et des souvenirs d'enfance, qui l'air de rien te parle de la colonisation et de la guerre certes sans images choc, mais d'une façon beaucoup plus intimiste.
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Tahar djaout a signé un livre d'une étonnante fraîcheur, tout imprégné de poésie et de délicatesse. C'est l'histoire d'un jeune montagnard de Kabylie et de son oncle accompagnés d'un âne partis à la recherche des ossements d'un frère tué au combat, pour l'enterrer au village comme c'est la coutume.
C'est l'occasion de découvrir l'Algérie après la guerre d'indépendance, la vie dans ce village perdu dans la montagne, ses rites, ses habitudes, ses interdits, ses tabous et ses contraintes imbéciles.
Nos héros nous font voir la vie dans les villes à partir de leur vécu en montagne, l'implantation des premiers colons, et des façons de vivre qu'ils n'auraient jamais imaginées.
• l'apparition du cinéma
• l'engagement dans l'armée des rebelles, une certaine forme de libération personnelle.
• la vision de la mort et de l'enfer
L'auteur nous partage avec tendresse sa vie dans la nature pour finir par rentrer au village sans aucun plaisir après avoir fait l'expérience d'un autre monde.
Il se dégage de ce livre une belle expérience du respect des différences et une pratique de l'Islam modéré qui nous laisse rêveur.
Tahar Djaout a su faire une critique assez dure mais nuancée du système en place il a été assassiné à Alger en juin 1993
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#Ma_lecture :
Je viens de terminer ma dernière lecture de 2018 ... triste récit , mais ce qui m'a marqué le plus ... c'est la vison futuriste que développe l'auteur, j'en suis encore toute chamboulée, voilà un titre a ajouter à votre liste de lecture ;)
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au lendemain de la guerre de l’indépendance, un village reculé dans le nord de l’Algérie cache entre ses montagnes une blessure irréfutable de ses jeunes hommes braves qui ont été cisaillés par la guerre en pleine floraison et les vieillards de ce village qui n’acceptent jamais cette morte-formalité qui d’après eux ne sert à rien et n’apitoie personne, alors que la djamaa c’est tout ce qui leur reste et ce qu’ils exigent qui on les y laisse somnoler en paix et en même temps ils ont crée une nouvelle habitude dans le village un sentiment de gène intenable et leurs discussions tournent autour les jeunes qui sont tombés en batail, ils revendiquèrent jusqu'à leurs derniers souffle une sépulture digne à ses morts c’est la seule chose qui peut les consoler. Une famille de ce village renvoie deux émissaires à la recherche des ossements de leur fils ainé, le narrateur de cette histoire est un adolescent kabyle et d’ailleurs c’est son frère qui est tombé aux champs d’honneur. Le narrateur et son compagnon qui ne connaissaient rien de cette vie absurde aient farfouillé dans les registres de morts. Cette histoire se présente sous forme d’une trame linéaire avec la dimension de l’hybridité ; un appel au contexte socioculturel, économique …etc. avec beaucoup de poésie. Il décrit la nature, les environs, l’immobilisation de la société et l’abus du pouvoir dans un style sérieux et ironique, à l’aide d’une formule d’humour noir qui souligné avec cruauté, amertume et désespoir contre ce village tyrannique et surtout un contraste contre ce voyage inutile. Cette supercherie qui a posé beaucoup d’interrogations ; pourquoi faire ce voyage pour ramener les cendres de ce qui ont souvent choisit la guerre pour s’échapper de leurs village natal. Un voyage qui s’est réalisé sous un appel digne et qu’il s’est clôturé sur une suspension ! Maintenant nous avons les os, ils s’entrechoquent comme des pièces de monnaie à chaque fois que l’âne trébuche ou borde les chemins encaissés.ils ont pénétré le village mais juste l’âne qu’est en vie.
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On dit que ces jeunes paysans qui rejoignaient le maquis mouraient avec un courage exemplaire. Sublimes jeunes hommes ou pauvres jeunes hommes? Les voilà maintenant couchés sous la pierre immuable, les voilà de l'autre côté du souffle et du frémissement, eux qui n'ont même pas eu le temps d'apprendre ce que la vie peut donner de rire et d'émois à l'esprit et au corps de la jeunesse. Voici que ceux que la mort a fauchés deviennent chansons sur les lèvres des femmes et palabres éloquentes dans les assemblées mâles.
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Le monde était un miroir givré sur lequel ricochaient des lames de lumières. De rares oiseaux essayaient des notes apeurées sur le sommet des chênes et des peupliers, fantômes sombres sculptés sur la neige.
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- Tu sais, me confie-t-il, dans la vie tout devrait être affaire de patience. Mais malheureusement, il faut toujours se grouiller si on ne veut pas se laisser semer. C'est pourquoi les patients, qui sont pourtant les plus méritants des hommes, ne sont presque jamais récompensés. Comme on dit, la fortune passe de bon matin et malheur à qui n'est pas tôt levé.
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Le soleil installe ses feux sur les collines. Nous reprenons notre route vers d'autres chaleurs et d'autres transes. Les os de mon frère nous attendent comme un trésor, enfouis parmi d'autres cadavres héroïques sur lesquels pullulent les oraisons et les louanges comme les vers que la charogne attire.
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