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EAN : 9782848050171
206 pages
Sabine Wespieser (08/01/2004)
3.31/5   13 notes
Résumé :
"C'est fini.." Ainsi commence le roman fiévreux de Chahdortt Djavann, qui se glisse dans la peau d'un homme au seuil de la mort. Dans un monologue intérieur bouleversant, où les images de l'enfance, de la mère, de l'amour et de la guerre s'entremêlent, l'auteur met à nu la vie d'un grand photographe de guerre. Un bras de fer entre le personnage et sa vie dont il voudrait comprendre le sens. Pourquoi a-t-il passé des années à traquer des images de mort ? Sur quelles ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Déroutant ! On ne comprend pas tout immédiatement. C'est peu à peu que la narration prend tout son sens. L'intrigue se met en place par à coups. Mais le malaise de cet homme nous prend aux tripes. Son dégoût du monde, de la société s'éclaire par son enfance bouleversée. Il est très tôt confronté à la mort, ce qui pourra expliquer son parcours. Il devient photographe de guerre sans vraiment en prendre conscience. Mais c'est à travers cette prise de risques, en côtoyant la mort et en photographiant les atrocités sur toutes les zones de conflit qu'il va se réaliser. le récit est véritablement haletant et met le lecteur très mal à l'aise. Alors il y a l'amour, évidemment, qui pourrait être une solution, mais c'est sous les bombes et dans une cave, que s'effectuera cette passion fugace, à la fin du récit, comme une apparente mais illusoire apothéose.
A travers ce livre choc, Chahdortt Djavann nous confronte à l'inhumanité du monde, à la souffrance, à la misère, à la mort. Elle nous amène à nous questionner sur le sens de notre vie. J'ai lu en parallèle "Man crazy" de Joyce Carol Oates et bien que les intrigues, le lieu et l'époque soient complètement différents, ces deux auteures nous font côtoyer l'enfer, chacune à leur manière.
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Ce roman est le monologue intérieur d'un photographe de guerre au seuil de sa vie, sur son lit de mort. Il revient avec beaucoup de cynisme sur ces frontières et ces lieux qui ont fait son métier et sa réputation, celles entre les pays bien sûr, mais celle aussi qu'il est en train de franchir et qui a alimenté tout son travail. Il a bâti sa vie et son art sur le malheur des autres, sur les conflits absurdes auxquels se livrent les hommes, et au moment de l'ultime sursaut, il revient sur ses morts à lui, ses deuils, ses échecs et son passé, ce qu'il a fait et ce qui l'a fait.
J'ai retrouvé dans ce texte ce que j'aime chez l'autrice, la limpidité de son style, ici dans des phrases courtes, hachées, qui rendent bien les pensées du personnage et son urgence à les dire, et sa dénonciation de la folie des hommes, en écrivant cet autoportrait de l'autre qui semble davantage éloigné d'elle mais que nous pourrions être aussi.
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Dès les premières pages le lecteur en prend pour son grade. Nous sommes spectateurs de l'agonie tourmentée d'un homme dont la complainte n'est interrompue que par les accusations qu'il profère envers l'humanité tout entière. L'auteur s'adresse à nous directement et nous prend à partie. Elle nous met face à nos contradictions et nos lâchetés.

Le style est haché, les phrases sont courtes et semblent à l'unisson d'un souffle qui peine à soulever une cage thoracique devenue trop lourde. le poids des remords et des questions existentielles paraît peser sur la conscience de cet homme en fin de vie.

À travers son personnage, l'auteur semble vouloir nous faire prendre conscience de la fragilité de l'existence. Elle créée un être animé par le désespoir et par un cynisme tels qu'il en devient abjecte. Je frémis à l'idée qu'il puisse incarner, à ses yeux, tous les hommes.

Les personnages féminins du livre me semblent être des représentations archétypées, des projections de l'auteur. Nous pouvons scinder le récit en deux parties : la première partie, bretonne est animée par des femmes soumises, inexistantes, effacées, dont la seule raison de vivre semble être la souffrance muette et le travail harassant.

La deuxième partie, parisienne est animée par des femmes, en apparence, plus libres, maîtresses de leur sexualité, de leur désir, de leur plaisir. Cette représentation de la femme libérée est incarnée à son paroxysme par le dernier personnage féminin, Lilith, véritable emblème de la lutte contre le patriarcat.

Il est difficile de ne pas faire un parallèle avec l'histoire de l'auteur et j'imagine que ce roman résonne en écho de sa mélopée personnelle. Une autobiographie de l'autre, pas toujours très agréable à lire tant la souffrance jaillit à chaque élément de ponctuation. Un malaise constant entretenu tout au long du récit jusqu'au point final.
Lien : http://blogdecyrilleamiel.ov..
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Au gré de sa solitaire (et mystérieuse) agonie dans le décor d'une pièce (une chambre ?) non moins mystérieuse dont il ne nous sera donné à voir que le plafond blanc, le narrateur nous embarque dans le flux fiévreux de ses pensées, de ses souvenirs. Et d'emblée s'exprime la mesure de l'amère douleur qui les imprègne. le dénuement, l'isolement qui entourent ses derniers moments semblent en discordance avec l'existence qui fut la sienne, celle d'un très célèbre photographe de guerre présent sur tous les fronts du monde et de son temps, immortalisant, du Rwanda à la Yougoslavie, les images de la guerre, de la famine et des massacres…
Une carrière à laquelle a priori rien ne le destinait, qui l'a cueilli par hasard. Ses souvenirs les plus lointains ébauchent les tristes contours d'une enfance en Bretagne auprès d'une grand-mère rude et mutique à l'extrême, se substituant à une mère absente, à peine entrevue. Dans cet environnement fruste et rural, lui passait presque pour un idiot du village, en tous cas un garçon de ferme mal dégrossi. Et pourtant, à la mort de de sa grand-mère, survenue l'année de ses dix-sept ans, titillé par des rêves d'ailleurs, il monte à Paris, où sa rencontre avec un photographe scelle son destin.

Son immobilité physique le met face à ces trente années de vie adulte, envolées à son insu, sans vraiment savoir ce qu'il en a fait ou ce qu'elles ont fait de lui. le bilan qu'il en dresse est un constat cynique et désespéré. Il a cru vivre en ligne droite, se distinguer de la majorité de ses semblables, de leurs existences routinières et insignifiantes, mais cela n'a été qu'une illusion : le voilà revenu à son point initial, "vers le mystère nauséabond de la vie", là où tout a commencé, sur les lieux de cette enfance dont il n'a jamais exorcisé les démons.

Il réalise que tout ce temps passé à photographier la violence et la pauvreté, les guerres et les injustices, au-delà d'en montrer les victimes, est révélateur de son propre regard sur le monde, et d'une quête de sens. Qu'il s'est jeté à corps perdu dans la cruauté, l'hostilité de ce monde, pour y trouver une intensité lui prouvant qu'il était vivant, puisque la vie n'est jamais aussi intense que quand elle est menacée. Il a photographié comme on fait la guerre, pour tuer, haïr, ressentir la jouissance que procure la puissance…

C'est un homme sans idéal, hanté d'un désespoir froid, qui a couru après un bonheur qu'il savait pourtant vain, et n'a trouvé que de futiles satisfactions, dont il réalise désormais l'insignifiance. Il a cru pouvoir capter la puissance de la vie, mais n'en a été qu'une marionnette…

Chahdortt Djavann déroule le monologue intérieur de son obscur héros d'une manière percutante et fiévreuse, qui suscite le malaise. Toutefois, sa brièveté m'a empêchée d'adhérer complètement au texte, dont les nombreuses ellipses et la rapidité avec laquelle sont traités la plupart des épisodes, laissent le sentiment de rester au bord du gouffre où se noie le narrateur, sans jamais s'y aventurer vraiment…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Quelle superbe histoire que celle de cet homme, né en Bretagne, qui, un beau jour prend la décision de quitter son village natal pour la capitale française où, quasiment par hasard, il se retrouve photographe de guerre à parcourir les zones en conflits, à traverser le globe pour saisir les combats au travers de son objectif.
Fidèle à son habitude, Chahdortt Djavann écrit un récit bouleversant, emprunt de beaucoup de pudeur pour évoquer des drames humains; tant ceux des populations que le personnage principal rencontre que ceux de ce dernier. La plume est si belle que le récit ne peut que l'être aussi.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes tous des humains, des inhumains. C'est absurde de dire que la guerre est absurde. Comme si, depuis la nuit des temps, personne ne s'était interrogé sur la guerre. Les raisons des guerres, le besoin de l'homme de faire la guerre, de détruire, de brûler, de tuer, de violer, de massacrer, restent énigmatiques. Nous sommes tous des barbares.
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Je n'ai pas décidé de devenir photographe de guerre. Je n'ai pas décidé dans ma vie. Jamais.
Ma vie s'est faite toute seule, elle n'avait pas besoin de moi pour avancer, pour grimper les années quatre à quatre ; pour m'épuiser. Je n'étais qu'un esclave, qu'un pion pour elle. Elle n'a jamais demandé mon avis. Elle va bientôt me lâcher. Maintenant qu'elle en a fini avec moi, maintenant que je ne peux plus la suivre, la servir. C'est une pute la vie.
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C'est fini, il ne me reste plus rien. C'est fini avant d'avoir commencé, réellement commencé. tout est fini. Sans qu'on m'ait donné le droit de commencer, de décider de commencer. Sans qu'on m'ait donné le temps de comprendre que c'était commencé. C'est fini. je suis face à rien, dans le vide.
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En sortant, les gens étaient bouleversés, émus, dérangés. C'est vrai, il y a si peu de choses, aujourd'hui, qui nous donnent des sensations fortes. Ca manque, la guerre. Tout le monde aime la guerre. Ca se vend merveilleusement bien, les photos de guerre. Comme des petits pains. Une belle photo atroce à la une et voilà l e tirage qui augmente et monte au ciel. Oui, la guerre fait monter l'adrénaline. Comme forniquer. Ca excite. Depuis la nuit des temps, l'humanité, ou elle baise, ou elle fait la guerre. Tout se résume à ça. Le reste n'est que du superflu. Ce n'est pas moi qui ai inventé la guerre. Ni la baise, d'ailleurs. Alors pourquoi est-ce que je devrais me torturer ? Me demander pourquoi je suis devenu photographe de guerre ?
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C'est une faute énorme que de ne pas essayer de comprendre la guerre, les hommes et leur côtés noirs, dissimulés. C'est jouer au curé, au mollah, au rabbin. Aucun peuple, aucun homme n'a été élu ni par Dieu, ni par Allah, ni par Yaweh. Nous ne sommes que des humains. Nous somme stout à la fois ; tout et son contraire.
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Vidéo de Chahdortt Djavann
CHAHDORTT DJAVANN : LA FORCE DU VERBE Festival du Premier Roman animé par Olivier Nahum avec Chahdortt Djavann
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