Recueil de poèmes de la Collection Poés'histoires, la collection de poésie jeunesse des Éditions Bruno Doucey, "quand la poésie prend les enfants au sérieux".
Il s'agit de l'un des 4 premiers recueils édités dans cette collection.
Celui-ci est un hymne à la nature. Les 4 éléments sont omniprésents :
FEU, volcan, soleil
EAU, givre, mer, neige, pluie
TERRE, arbres, fleurs
AIR, vent
Ainsi que la faune : lionne, jaguar, castor, oiseaux, tortue
et la musique : flûte, chant, lyre
La nature est personnifiée, notamment la neige.
Autour de toute cette magie, un enfant.
La couverture m'avait intriguée, car les éditions Bruno Doucey éditent d'habitude des couvertures unies et colorées, avec motif à rayures.
Ici, les recueils mêlent poèmes et poésie visuelle : les dessins de Nathalie Novi sur doubles pages, sont de traits fins, bicolores avec des touches de rouge qui font gagner en intensité la lecture des dessins.
Mention particulière à la double page en pages 44-45 avec le dessin qui peut se lire dans les 2 sens grâce à l'effet "reflet dans l'eau".
Ce recueil peut aussi bien être découvert par les enfants mais aussi par les adultes, un réel délice à partager.
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Un bel ouvrage de poésie merveilleusement illustré par Nathalie Novi.
Des textes sans ponctuation qui se lisent à voix haute. Se laisser emporter par le courant de la rivière, séduire par la neige délicate, enchanter par l'oiseau. Au fil des poèmes, Bruno Doucey conte la vie, la nature, l'amour des êtres.
Ce recueil est très onirique (il part des rêves ou nous y emmènent).
A lire et à relire sans modération pour soi-même ou à d'autres.
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Poème de la vie à naître
Un point
un seul
rien qu’un point
dans le clos de la nuit
Un point
un seul
un point qui bat
dans le creux d’une main
Un point
sans âge
presque sans forme
rien qu’un point sans visage
fleur de sel
grain de café
Puis cela bouge
et cela bat
à cloche-pied sous une paume
Deux
deux points
deux poings au bout des bras
rien qu’un pouce
comme une pomme dans la voix
Il ou Elle
presque une vie contre une vie
Tu es et tu n’es pas encore
je serai
je ne suis déjà plus
presqu’île que relie un nouveau bras de mer
je te parle et me parle pour la première fois.
Elle
a dit
Qui es-tu quand tu écris ?
Il a regardé la fillette de dix ans
et il a répondu
Avant d’écrire je suis le volcan
un bateau qui remonte le fleuve lorsque j’écris
et puis le vent
La nuit suivante
la fillette a senti le volcan gronder en elle
Elle a suivi en rêve la remontée du fleuve
vers l’impossible source
Elle a frôlé le pollen du vent
Le vent qui souffle où il veut
le vent léger et libre
le vent que rien n’arrête
Autrefois j'avais un jaguar dans le ventre
un de ces fauves qui mugit quand il dort
et porte sur mon pelage le claire-obscur de son âme
Un jour mon jaguar s'est aventuré
jusqu'aux limites du rêve
qui l'avait enfanté
Il a pris la forme de la pirogue
pour s'extraire de mon corps
les couleurs du toucan pour se mêler à ma voix
Le sourire d'une petite fille
pour être en avance sur la vie
Depuis mon jaguar rêve dans une langue
que personne
jamais personne n'a parlée
Et porte en lui tous les poèmes
que ses bonds de félin
dévoraient d'un seul regard à la surface de la terre.
Qu'est-ce que le jour sans ta présence ?
Une volière
porte fermée
et l'oiseau dans les airs
Qu'est-ce que la nuit en ta présence ?
Des branches
qui se nouent
sous les draps de la neige
La nuit le jour
Neige
se fait
volière
Et l'oiseau calligraphe
débusque
la lumière.
La première fois
que je t'ai lu un poème
tes yeux se sont mis à briller
d'une manière étrange
Je ne saurais dire
ce que j'ai vu dans ton regard
ce jour-là
Mais une porte s'est ouverte
sur une façon de vivre
et de chanter la vie
que peu de gens connaissent
VLEEL 300 Rencontre littéraire avec Bruno Doucey, Indomptables, Éditions Emmanuelle Collas