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Anna Dubosc (Autre)
EAN : 9782374911434
160 pages
Quidam (22/10/2020)
2.7/5   5 notes
Résumé :
Toi, tu écris des livres que tu fabriques quotidiennement. Tu racontes les choses pendant qu’elle arrivent, en même temps qu’elles arrivent. Ce qui arrive, c’est que tu les racontes. La vie est là.
Dans Bruit dedans, son sixième texte, Anna Dubosc interroge le réel à travers le récit de sa vie présente, ses joies, ses épreuves, qu’elle fixe dans les mots pour qu’ils les lui révèlent. Un récit écrit en direct, sous nos yeux, qui glisse inévitablement et insens... >Voir plus
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« Bruit dedans » est un cerf-volant en plein ciel qu'on ne lâche pas des yeux un seul instant. Retenir dans cet infini ce bruit qui contre le bovarysme, attise la flamme de l'écoute grave voire respectueuse. Anna Dubosc est ici ; altière, superbement vivante, émouvante. Elle n'écrit pas, ne parle pas. Elle rassemble l'authenticité, les roulements de la vie. Les mots ne sont pas des apparences. C'est l'existentialisme même qui chuchote et octroie cette belle littérature raffinée, sincère. On aime imaginer Anna Dubosc près de sa table d'écriture. Puisant dans le quotidien ce regain qu'elle seule connaît. Anna Dubosc délivre l'épiphanie verbale, les entrechocs, ce qui peut être l'ancre, l'arrêt, le phare dans la nuit. Les rencontres sont fédératrices. Anna Dubosc ose les délivrances dans une confiance dont elle seule connaît l'enjeu. Et c'est là la beauté même de ce grand livre. Koumiko est l'empreinte pavlovienne. On aime la sentir dans les pages, dans ces retrouvailles fiançailles, connue et reconnue des lecteurs assidus d'Anna Dubosc. Mère envoûtante, au passé célèbre, dont la santé fragile attise la finitude. On voudrait rester dans ce nid générationnel. Ressentir nous aussi cette force maternante. Ce besoin de toucher la main de la mère. On pleure, car nous aussi on se souvient. Anna Dubosc écrit l'importance du geste qui assigne. le regard pudique d'un amour qui étire ses ailes pour mieux protéger. le symbole du pélican en majesté. « Je suis fascinée par tout ce qui lui sort de la bouche, ce pur don d'écriture orale. - Anna, tu es là ? ça va ? Je t'aime, je t'adore. Je veux te demander si tu as besoin de quelque chose ? -Non, tout va bien, j'ai besoin de rien. Elle me dévisage, l'air soudain perçant : -Tu es mon enfant. -Oui, n'oublie jamais ça. -D'accord. » Les déambulations dans Paris ne sont jamais ordinaires. Anna Dubosc rassemble le fascinant, les respirations d'une ville, les altruistes échappées. Elle collecte les confidences, les littératures échappées des intériorités. Ses amis, les inspirations, fusion de cette trame en porte-voix. Que ce chant est beau ! « - Mon ami, tu sais, tu l'adores. Il parle tout le temps, il est très drôle. Il a dû repasser mais tu ne te souviens pas. -Ah oui ?... – Il a oublié ses notes, c'est marrant… » « T'as écrit quoi ? » « C'est très étrange cette éternité de temps qui s'ouvre et qui écrase une vie. » Soudainement ce récit devient autre. Dualité entre les passages des rois. Les paroles de ceux qui élèvent le filigrane, ce fil doré d'un livre à mille mains. « Je comprends ce que tu dis, les premières pierres posées, ce besoin de me sentir auprès de toi, alors que je n'étais plus là. Je comprends le tour de passe-passe. Pour moi, ces emprunts dessinent une espèce de ligne en pointillés. » Anna Dubosc propulse « Bruit dedans » kaléidoscope dont la fiction est un faux-semblant. Ce récit mature, déjà perpétuel est hors norme. On aime les échos, les maillages. le naturel spontané d'une auteure libre. Une femme humaniste, avant-gardiste, profondément magnanime. « Bruit dedans » est une marelle entre ciel et terre. Un futur grand classique. Un hymne à la mère, à la vie, à la littérature. Un chef-d'oeuvre ! Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.
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Ce qu'il crie à l'intérieur s'entend à l'extérieur

« C'est ça qui est éreintant dans l'écriture, ce boulot d'agent double. Tout est rapport, enquête. Un écrivain a toujours une arrière-pensée, il ne fait rien gratuitement. Il met le nez dehors uniquement dans l'intention d'exploiter l'instant et il écrit pour que l'instant se présente à lui. »

« La fiction puisant forcément dans la réalité et la réalité n'étant qu'un entrelacs de fictions indémêlables. »

Avec ces deux citations, vous voilà tout à la fois plongés dans le cerveau d'Anna Dubosc et dans sa façon de penser la littérature. Il y a une constante dualité, troublante par moment, dans les écrits d'Anna Dubosc. En elle, se concentrent en même temps l'être humain et l'écrivain. Ils se concentrent à tel point qu'ils se confondent, ce qui est bien normal dans la mesure où il s'agit de la même personne mais qui est aussi ironiquement anormal dans la mesure où il n'y a plus aucune frontière entre les deux.

Anna Dubosc joue finement sur le mélange des personnes ou des personnalités mais aussi sur celui des temporalités. Ce roman est avant tout une compilation de moments éphémères, que l'auteur trace sous forme de mémos ou de notes, dans le but avoué de les rendre durables sur le papier, leur donner une sorte d'intangibilité et de permanence. Mais ce qu'il y a d'étonnant dans les récits d'Anna Dubosc, c'est le fait que les instants décrits par l'auteur se sont forcément déroulés avant que le lecteur ne puisse en prendre connaissance alors qu'on a l'impression de le lire avant que l'auteur ne l'ait elle-même vécu et décidé de le jeter par écrit et de livrer en pâture au lecteur… on ne sait donc plus trop si on lit ce qu'a vécu l'auteur ou si on lit la description du processus d'écriture.

Du coup, toujours en jouant sur l'effet des temporalités, on a l'impression de vivre ces instants à plusieurs reprises. Par exemple, avant de décrire un moment dont elle a choisi délibérément de nous parler, elle décrit le moment où elle note ce même instant sur un post-it pour s'en rappeler et pouvoir l'utiliser éventuellement plus tard. On se retrouve donc avec un effet d'écho sur les scènes dépeintes par l'auteur : elles se sont déjà déroulées trois fois dans la vraie vie (lors de leur réalisation, lors de la prise de note par l'auteur et lors de la rédaction du livre) et elles se rejouent sous les yeux du lecteur. Mise en abyme de la mise en abyme de la mise en abyme… vertigineux !

Pris au premier degré, ce récit autobiographiquement romancé, pourrait paraître très nombriliste, égocentré voir à certains moments purement biographiques. Ce serait pourtant une grave erreur de s'arrêter à ce niveau de lecture. Déjà parce que parler de soi, aussi intimement, c'est aussi parler des autres. le récit autobiographique se transforme en miroir, et c'est le lecteur qui devient réfléchissant. Ensuite parce qu'à travers la narration du quotidien, Anna Dubosc interroge profondément le pouvoir de l'écrivain en ne s'épargnant aucune introspection. Toutefois, Anna Dubosc ne manque pas de pudeur et ne sombre jamais dans l'exhibitionnisme. Elle joue avec la réalité et elle a choisi de jeter son dévolu sur sa propre vie pour ce faire.

Anna Dubosc laisse planer l'impression, tout au long du livre, que « c'est le récit qui [lui] donne l'existence ». L'auteur inscrit sa propre réalité, en tant qu'être humain et en tant qu'écrivain, dans le fait d'exister dans son propre récit : pas d'existence réelle en dehors de la fiction ! La présence du personnage de Julien devient alors intéressante. En effet, sa présence dans le récit d'Anna Dubosc en fait-il une personne réelle, de chair et de sang ? Ou ne serait-il qu'un double de l'auteur avec lequel un échange intérieur s'instaurerait ? Ces échanges entre Anna Dubosc et Julien sont les plus intéressants, les plus pertinents, les plus passionnants du récit et, au fil de son développement, y prennent de plus en plus de place.

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Anna est dans une phase de vie assez mouvementée et peu joyeuse : sa mère en Ehpad, en fauteuil roulant suite à une mauvaise chute, une fille de 12 ans en crise pré-adolescente, des amis envahissants. Avec son mari Ronald, ils vont se ressourcer du côté de Bordeaux, invités par des proches.

J'oubliais : Anna est autrice et souhaiterait boucler son nouveau livre. Seulement, les bruits, les interruptions, les sollicitations, les soucis à régler voire les drames empêchent la concentration requise. Ce qui nous ramène en partie vers le superbe roman « le répondeur » de Luc BLANVILLAIN également sorti en 2020 chez Quidam.

Anna la narratrice, c'est bien sûr Anna DUBOSC. Elle déroule le film de sa vie au moment où elle entreprend l'écriture d'un roman, elle manie l'humour décalé dans une écriture orale. Ce sont des lettres, de vieux papiers jaunis ou des missives bien actuelles, qui vont guider la trame.

En fait le récit dérive, devient livre dans le livre. de la difficulté à écrire au quotidien face aux échanges, sur les personnages du roman par exemple, l'autrice oublie son idée de départ et se laisse porter par des sortes d'improvisations se tissant autour de ses difficultés ou simples émotions quotidiennes. « Je me gare toujours super loin de ma destination, c'est Vincent qui me l'a fait remarquer. Ça doit être lié au resserrement de ma vie. Il faut que je marche, il faut que je fasse quelques pas. C'est comme si j'écartais les murs du temps pour me faufiler dans l'instant ».

Échanges de SMS avec un ami sur la place de la littérature dans une vie, et tout à coup le récit se prolonge, s'auto-questionne, fait face à un miroir, le texte tente de se répondre à lui-même tout en y superposant les gestions d'une mère, d'une femme au jour le jour. le style est alerte, vif, une succession d'images brèves donnant une sensation de visionner un documentaire en vitesse accélérée. Récit moderne, coloré, tonique, il met en lumière le fait que parfois l'écrivain est doublé par son propre projet, il enfante des phrases non prévues, absentes du cahier des charges.

« Je me relis plusieurs fois à voix haute. C'est ma voix qui sait si ça marche ou pas. Au moindre doute, je coupe. Tout doit se tenir sans dépasser. C'est une question de respiration, de survie de l'écriture. Quand j'ai fini d'élaguer, j'insère un saut de page. Je déteste commencer un nouveau chapitre. C'est comme entamer un puzzle de deux milles pièces, sauf que je n'ai même pas les pièces sous les yeux. À moi de me démerder pour les trouver et de faire le tri. Et rien ne me garantit du résultat. J'ai beau connaître ce sentiment par coeur et vivre avec depuis quinze ans, je trouve ça toujours aussi atroce ».

Un texte original, comme écrit en direct, au moment où les pensées surgissent, ou le clavier devient incontrôlable, il vient enfin de sortir chez Quidam après un retard dû à la crise sanitaire.

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Aucune intrigue, juste les bruits du monde autour de la narratrice desquels elle s'inspire pour écrire. le concept est cool mais j'ai eu énormément de mal à y adhérer. Loin d'être inoubliable.
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Avidité d'écriture, de tout capturer avant sa disparition, de figer ce qui, d'ellipses en reconstructions, devient fiction du quotidien. Dans une prose pleine d'allant, d'envolées à l'image de l'urgence qui anime ce livre, Anna Dubosc parvient à capturer ses jours ordinaires où, littéralement, rien ne passe. Au-delà de l'autofiction, Bruit dedans est un miroir pluriel du désir d'écrire.
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