Un récit douloureux mais qui permet d'espérer tout de même que malgré une enfance douloureux, un homme ou une femme peut réussir sa vie. Un très bon livre.
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C'est en consultant les titres sur la résilience, que j'ai repensé à ce livre qui n'en est pas un.Ne vous fiez pas aux résumés qui parlent de pauvreté,de culture qui sauve et qui élève;ce se sont que décors.Vous trouverez un adulte qui souffre de l'enfant qu'il était,qui souffre et ne peut pardonner,qui parle et explique un pardon non mérité.Ce court témoignage et à mettre dans les mains de ceux qui avancent mais continuent à enrager d'etre habité par un enfant traumatisé.Aux adultes,donc ,pour qui résilience ne rime pas avec pardon,et aux autres pour qu'ils connaissent l'autre définition de"foyer""mère" ext...Ni voyeurisme,ni pathos,mais vous en sortirez la gorge nouée et n'oserez plus utiliser cette fameuse expression:"cas social".
Mais tout mon être était tendu dans la résistance, pour que le corps barricadé de l'intérieur tienne encore debout, qu'il ne se décompose pas, ne s'affale pas. Je n'y aurais pas survécu. Je ne tenais debout que dans la résistance, dans l'enfermement. Si le barrage émotionnel avait sauté, je serais devenu fou. Je le savais sans le savoir et je résistais furieusement pour me sauver. (p.66)
De voir cet oncle si petit, si chétif à la sortie de l'église, je n'ai pu m'empêcher de penser au tout petit enfant qu'il avait dû être. Il n'était que souffrance un peu apaisée, anesthésiée par du mauvais vin, lui aussi, jeté dans le grand naufrage familial dont finalement aucun ou presque n'a pu échapper. On avait du mal en le voyant là à imaginer les caresses et l'amour de sa mère probablement trop occupée ailleurs pour l'aimer. Il m'a fait penser lui aussi à un morceau de viande rouge, toujours la viande, la douleur à vif partout, insupportable et en même temps le regard éteint. Les hommes de la famille sont comme ça, bons comme leur père. Bons pour être victimes. Démunis de tout et surtout de la force de faire face.
Je m'en suis sorti,comme ils disent tous.Mais ils se trompent.Je ne m'n suis pas sorti.J'ai toujours le frigo en moi,dans mon ventre,froid,noir
et seul.
Maman,
Ce premier mot me coute,
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Que seulement pensé et pourtant si difficile à penser.