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Marie-Hélène Dumas (Traducteur)
EAN : 9782070789399
210 pages
Joëlle Losfeld (20/08/2004)
3.21/5   77 notes
Résumé :
Otto et Sophie vivent sans enfants dans une belle maison bourgeoise, où l'on remarque les œuvres complètes de Goethe, une cuisine ultramoderne et une Mercedes garée dans l'allée. Un soir Sophie se fait mordre la main par un chat errant alors qu'elle tentait de l'apprivoiser.
C'est le début d'une série de petits désastres tout-puissants qui viennent gâcher leur vie, révélant les fractures et les erreurs d'un mariage, et celles d'une société qui s'effondre.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Sophie et Otto, un couple de quadra. Otto est avocat, et gagne bien sa vie, Sophie fait des traductions, même si elle n'en a pas besoin pour vivre. Ils semblent avoir tout pour être heureux, alors qu'ils ne le sont pas. Un week-end va mettre à nu leur malaise. Un incident minuscule au départ, Sophie nourrit un chat errant, au grand mécontentement d'Otto. L'animal la mord, la blessure a mauvaise mine. Et Otto vient de se séparer de son associé de longue date, avec qui il se sentait de plus en plus en désaccord.

Nous pénétrons dans ce couple modèle qui paraît tout avoir, et dont la réussite matérielle ne semble que recouvrir un vide abyssal, les petits gestes du quotidien, les habitudes, les manies, nous les livrent en quelque sorte plus que des longues analyses. J'ai eu la sensation de gens en état de siège, angoissés par l'extérieur, par les agressions possibles, par la destruction potentielle qui rôde, sous la forme d'un chat, ou d'un homme, surtout noir, menaçant ou agresseur potentiel. Alors qu'ils se fabriquent eux-même leur propre enfer, sans savoir comment et pourquoi. le manque d'envie semble être de plus en plus fort.

J'ai trouvé la relation entre eux merveilleusement rendue, à la fois pesante, étouffante, un manque d'amour, mais en même temps rassurante, le seul point d'ancrage dans le monde qui se dérobe. Alors malgré tout il faut continuer, car sans elle cela risque d'être l'effondrement total.

Un univers sombre, sans grand espoir, puisqu'on a du mal à dire ce qui ne va pas, et donc d'améliorer les choses. Un mal être insidieux, qui a toujours été présent, suggéré par les souvenirs de Sophie liés à sa mère, qu'elle n'a plus revue depuis 10 ans.

Un livre d'une grande densité.
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Sophie et Otto Bentwood vivent à New York dans un appartement cossu. Sophie ne travaille pas, Otto est avocat, ils ont la quarantaine et n'ont pas d'enfants. En week-end, leur vie bascule, leur monde protégé s'écroule.

Tout commence un soir, lorsque Sophie se fait mordre par un chat errant à qui elle donnait à manger. Cet événement anodin va déclencher une prise de conscience chez Sophie. Elle se rend compte que sa vie n'est pas si idyllique que qu'elle n'y paraît. Sophie semble découvrir les défauts de son mari. Otto est froid, distant, il pense avoir toujours raison et ne laisse jamais de place au moindre doute. Sophie pense qu'il « (…) était incapable d'exprimer ce qu'il avait en tête. » La réalité du caractère de son mari fait remonter en elle les souvenirs d'une liaison passée. Elle avait fréquenté un client d'Otto en instance de divorce. Elle se remémore les moments vécus avec cet homme à regret et pense à ce qu'aurait été sa vie avec lui. Au matin « (…) elle prit soudain conscience de son propre malaise, elle avait la bouche pâteuse, le corps épuisé et l'esprit corrompu par la réminiscence. Elle s'était endormie en se berçant des souvenirs de Francis Early, comme une petite vieille qui serre contre elle un chiffon en guise de bébé. »

Cela ne calme pas sa colère envers Otto qu'elle considère comme injuste avec les autres. Ce jugement hâtif se tourne le plus souvent vers les plus pauvres qui entourent leur quartier. C'est ce que lui reproche son associé, Charlie, qui quitte le cabinet d'Otto car il souhaite défendre les plus démunis. Otto voit lui aussi son monde changé et le malaise le gagne aussi. « Otto ressentit une colère obscure contre la force inéluctable de l'habitude ».

La crise du couple est amplifiée par la morsure du chat. Sophie refuse de voir un médecin, d'aller à l'hôpital mais ne cesse de se plaindre de la douleur. Otto juge son comportement totalement absurde. Celle-ci semble en fait ne pas vouloir savoir si elle est malade : peur des piqûres, de la rage, d'affronter la réalité. « Mon Dieu, si j'ai la rage, je suis semblable au monde qui m'entoure. »

Ce monde reflète le malaise diffus du couple : une pierre fracasse la vitre d'un ami, le téléphone sans personne au bout du fil, les détritus jonchent les trottoirs. le couple semble sortir de sa bulle et découvrir un monde extérieur hostile. « Mais il y avait aussi une grande cathédrale baroque espagnole dont l'entrée était fermée par des grilles de fer. Elle se dressait au milieu de cette décrépitude urbaine suppurante et rampante comme une grande éminence glacée, à moitié morte d'arrogance. » le monde leur apparaît particulièrement violent lorsqu'ils découvrent leur maison de campagne pillée, saccagée. Leur vie protégée n'existe plus.

Paula Fox, née en 1923, a écrit « Personnages désespérés » en 1970. Cette écrivaine américaine fut redécouverte à la fin des années 80 notamment grâce à Jonathan Franzen. Elle nous montre, dans ce roman, un couple dans une bulle sociale et sentimentale et les confronte brutalement à la réalité du monde. Ce couple bourgeois s'ennuie ; Sophie et Otto imbus d'eux-mêmes et de leur réussite sociale se découvrent las. le monde qui les entoure se désagrège et après la morsure ils participent pleinement à ce délitement. Paula Fox s'intéresse et se focalise sur la psychologie de ses personnages. Elle explore l'âme par des dialogues poussés. Les descriptions sont détaillées, froides, presque cliniques. Paula Fox est un écrivain passionnant, disséquant notre triste modernité et Sophie ne peut que s'exclamer : « Mais la vie est vraiment désespérée. »
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J'ai beaucoup aimé ce roman où l' impasse de la relation d'un couple d'américains des années 60 est révélée par un chat errant que la femme prend en pitié, nourrit et qui la blesse sauvagement. S'ensuit une peur assez irraisonnée d'avoir attrapé la rage, qui l'entraîne à réfléchir à son parcours et à sa vie.
C'est un roman très insidieux et qui révèle le vide de l'existence des classes moyennes américaines des années 60 pour lesquelles le confort matériel et la consommation sont les seules valeurs qui comptent. Ca peut faire penser au roman de Pérec " Les choses " (ils ont été publiés à la même époque : 1970 pour le roman de Fox et 1965 pour celui de Pérec).
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Il paraît que l'argent ne fait pas le bonheur...

Apparemment, c'est vrai. La preuve par le roman de Paula Fox, qui s'intitule d'ailleurs "Personnages désespérés", et dont les héros, suffisamment à l'aise pour n'avoir aucune préoccupation d'ordre financière, mènent pourtant une existence des plus déprimantes...
Otto et Sophie, mariés depuis plusieurs années, ont la quarantaine, pas d'enfant, et vivent à Brooklyn Heights, qui perd peu à peu sa dimension populaire pour devenir le nouveau quartier bobo en vogue.

Deux événements viennent bouleverser la tranquille routine de ce couple à priori sans histoires...
Sophie se fait mordre la main par le chat errant qu'elle s'était habituée à nourrir, la blessure prenant rapidement un aspect inquiétant.
L'associé et ami d'Otto a quitté le cabinet juridique qu'ils dirigeaient tous les deux, invoquant une incompatibilité grandissante entre leurs conceptions respectives de la justice.
En réalité, ces événements vont mettre en lumière les failles et les limites habituellement dissimulées sous les apparences d'une vie qui se veut "normale" et paisible. A leur suite, les petits tracas s'enchainent, introduisant dans la prétendue sérénité du quotidien des Bentwood une forme d'insécurité déstabilisante et anxiogène.

Il ne se passe finalement pas grand-chose dans ce roman qui pourtant n'ennuie jamais, le talent de Paula Fox résidant dans la finesse avec laquelle elle exploite le moindre détail, pour dépeindre, par touches, le délitement de la belle mais fragile façade derrière laquelle les héros abritaient leurs doutes, et leur immense désoeuvrement. Car hormis le confort et la réussite sociale, que possèdent-ils ? Ils n'ont ni famille, ni véritables amis, leur existence manque cruellement de stimulations, d'émotions, et leur relation elle-même semble comme vidée de toute substance. Ils vivent centrés sur eux-mêmes mais n'en retirent aucune satisfaction.

L'écriture est à la fois légère et précise, et certains dialogues sont savoureux, exprimant un humour grinçant par lequel l'auteure raille la superficialité et l'affectation qui président aux rapports entre ces membres de la bonne société qui peuplent son roman.
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L'intrigue ou le sujet du roman est mince, Sophie a été mordu par un chat et pendant tout le week-end, cette morsure va la hanté.
Quelque part j'ai trouvé une ressemblance avec le livre de Philippe Grimbert "la petite robe de Paul". Ce point de départ anodin qui déclenche un récit.
Pour moi ce n'est pas un coup de coeur, mais j'aime assez ... et je trouve qu'il y a un certain suspense psychologique comme dirait Philippe Grimbert. Oui, à la lecture de ce livre, un certain malaise étouffant grandit au fil des pages. Il est exact qu'à la lecture de ce livre on a le sentiment d'avoir manqué quelque chose, mais c'est ce que j'aime dans la lecture d'un roman que tout ne soit pas dit, qu'il y ait une place pour l'imaginaire.
et Je trouve que la fin, les dernières phrases sont une image magnifique qui souligne le désespoir de Sophie et d'Otto. C'est vraiment un écrivain à découvrir très intéressant. Mais je pense qu'il est bien et même essentiel pour apprécier ce roman de connaitre un peu l'auteur.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[...] le business enfants, le business pensée radicale, le business culture, le business effondrement des vieilles valeurs, le business militantisme... toute aberration devient un style, un business. Il y a même un business de l'échec.
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Elle se sentait devenir la proie inexorable de choses grossières et risibles à la fois. Elle venait à peine de comprendre que l'on est vieux pendant longtemps.
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- Mais la vie es vraiment désespérée, dit Sophie d'une voix presque inaudible.
- Tu as dit que la vie était désespérée ? " demanda Otto en se penchant vers elle
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Mais la vie es vraiment désespérée, dit Sophie d'une voix presque inaudible.
- Tu as dit que la vie était désespérée ? " demanda Otto en se penchant vers elle
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Ce qu'elle venait d'entendre était exactement ce qu'elle reprochait à Otto, mais pourquoi, de la part de Charlie, cela résonnait-il comme une contrevérité qui se cache de façon méprisable derrière des opinions vertueuses et ne montre que la vanité de celui qui les profère ?
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