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EAN : 9782070129393
216 pages
le Promeneur-Gallimard (23/06/2011)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Ce livre invite à déconstruire l’idée contemporaine d’identité nationale à partir de l’Antiquité romaine.
Pourquoi revenir à l’Antiquité ? L’Antiquité sert à conforter les penseurs contemporains qui s’y projettent, ayant le sentiment confortable que leurs idées ont toujours été là. L’anthropologie historique vise à bousculer ce confort intellectuel grâce au fameux « regard éloigné ». Pourquoi Rome et non Athènes? Athènes était une cité refermée sur elle-même.... >Voir plus
Que lire après Rome, la ville sans origine : L'Enéide : un grand récit du métissage ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le naufrage d'une idéologue ! Je dois dire que ce livre m'a paru, à première vue, intéressant en abordant le thème des origines de nos racines latines. Puis en avançant dans la lecture, je me suis dit, c'est quoi ce mélange de genre ? On dirait une idéologie pour déshumaniser l'Italie et sa culture ainsi que ses origines ! Au profit de quoi ? Un mélange d'inepties, de thèses sorti de, je ne sais où ; et qui sont justes fausses ! Ce qui est aisément démontré si on cherche un peu sur Google les preuves archéologique et historique. Non, ce texte est juste un éloge de la bâtardise en somme !
L'auteure, Florence Dupont Énée le Troyen, n'aurait pas, contrairement à ce que raconte Virgile dans l'Énéide, fondé la ville.Déjà c'est une stupidité, et une femme cultivée aurait déjà compris que dans les textes anciens, Énée avait aidé à fonder Alba Longa, dont les habitants ont ensuite aidé à fonder Rome, il était ainsi devenu le titulaire fondateur de la ville éternelle ! Personne n'a dit qu'il avait fondé Rome ! Elle enfonce des portes ouvertes ! Ensuite, que Romulus, donc le fondateur selon la tradition séculaire, n'aurait pas tracé de sillon le long du Tibre après avoir tué Remus : au contraire, la ville primitive aurait été une monarchie composée de villages d'origine étrusque !! Là encore une vaste ineptie ! Puisque les étrusques se situaient à plusieurs centaines de kilomètres de l'emplacement de la future ville de Rome !! Elle nous dit que ce sont des légendes, Oui, certes, encore faudrait-il les citer correctement ! Et combien de légendes ont déjà été vérifié par la suite : comme le cas de la ville de Troie, justement, patrie d'origine d'Énée qui a été retrouvé par l'archéologue Heinrich Schliemann! D'ailleurs, En latin, Legenda veut dire " ce qui doit être lu ". Une légende est ainsi une version officielle des choses de l'époque, une histoire mythifiée, et ce, d'une manière totalement assumée. En parallèle, elle a été aidée par un coauteur qui lui aussi s'embrouille, et avec lui le lecteur sur la thèse fondamentale du livre, à savoir prouver à tout prix que le monde entier n'a pas d'origine ! Mais celui-ci Patrick Boucheron pourtant bien identifié la valeur symbolique de la légende, puisqu'il fait d'Énée le symbole d'une ville dans laquelle tout le monde vient d'ailleurs. Énée, le migrant primordial. Pourtant, il y en a eu d'autres, Jésus etc, je dirais etc, donc là-dessus non plus ce n'est pas convaincant du tout.
L'identité gréco-latine nous apprend Florence Dupont, qui poursuit son raisonnement, n'est pas complètement occidentale : Rome s'étant en effet étendue sur toute la Méditerranée et sa culture a servi de base à d'autres civilisations, non occidentales, qui, elles, ne s'en sont pas servies comme "nous l'avons fait", à savoir " à des fins idéologiques ". Ensuite, nous assène l'auteure ; que c'est pour cela que la civilisation romaine n'est pas strictement occidentale !
Analysons cela de plus près : c'est un argument, d'une stupidité insondable, surtout venant d'une auteure qui est chercheuse en plus. Car cela revient à dire que quand on met des KFC dans le désert de l'Arabie saoudite par exemple, on Américaniserai la nation arabe cité ! C'est tout l'inverse qui s'est passé pour l'Empire romain ! Rome était une machine à romaniser, et ce, sur tous les territoires conquis ! C'est une évidence historique madame, ne vous en déplaise ! La légion romaine rendait ses soldats, quelle que soit leur origine, plus romains après leur naturalisation en leur attribuant des pronoms romanisés. Et des empereurs venus de la légion, militaires d'élite de l'empire finissant, comme Septime Sévère, étaient tout sauf latins. Rome débarquait avec sa culture, sa mythologie, ses lois, ses moeurs, son commerce. C'était une culture venue du Latium, qui trouve sa source dans la région du Lazio actuel. Et qui éclaira sur les peuples conquis, comme les Gaulois, qui deviendront des Gallo-Romains, un exemple connus de nous tous !
Rome était soi-disant "un agglomérat de villages étrusques", nous affirme encore Florence Dupont. Rien ne le prouve. Mais il est vrai que les Romains monarchistes en devenirs, depuis la fin de la monarchie des Tarquins, se sont construit par une guerre contre les Étrusques. Dont ils allaient par la suite englober tout le territoire ! D'où l'impossibilité d'avoir déjà des "villages étrusques" à la place de Rome : cela n'a aucun sens ! On ne conquiert pas ce qu'on a déjà ! Cela me fait bondir ce genre de non-sens ! elle ne se relit pas ??? Florence Dupont Passons au prochain terme qui pose un problème : les Romains se sont inspirés de la culture grecque " pour mieux s'en différencier ". Ce n'est pas faux, mais incorrect dans la terminologie ! On pourrait davantage dire qu'ils ont adapté la mythologie grecque et la culture hellénique à leur propre cadre de vie de l'empire. Ce qui se faisait aussi par le recrutement, par les grandes familles patriciennes, d'esclaves cultivés d'origine grec. Les "Graeculi", ayant ainsi pour but de s'approprier le raffinement culturel et le savoir grecs, non de s'en différencier ! Mis à part pour l'architecture qui évoluera au fil des siècles vers un style "romanisé".
Pour en finir sur cette " identité romaine " qu'elle conteste tant. Je dirai que quand Rome commença d'être " trop ouverte et trop permissive dans la discipline et l'identité", pour le simplifier, que les problèmes qui allaient contribuer à sa chute ont commencé. C'est au moment des régularisations massives de l'édit de l'empereur Caracalla, en l'an 212, que son prestige fut entamé et décrut en grade successif. Si tous les habitants de l'Empire pouvaient devenir dorénavant automatiquement citoyens romains, la citoyenneté romaine n'avait plus rien de spécial ni d'enviable ! C'est également à ce moment crucial que Rome délégua la garde de sa frontière à des gardes issus de tribus barbares, pour qui la ville éternelle ne représentait qu'une lointaine citée abstraite. Avec qui ils n'avait pas de rapports idéologique ou affectif commun, préparant ainsi l'écroulement de 476 !
Être un romain, c'est s'appuyer sur des mythes communs, un langage commun et une racine commune pour que, d'où que l'on vienne, on défende la ville sacrée et les moeurs des anciens, celles du"mos majorum sanctus". C'est être assimilationniste. Mais dans le sens romain !
(Ma cousine est professeur d'histoire à Rome donc je sais de quoi je parle.)

Si l'auteure, de choc, passe très rapidement sur la question de la Grèce, c'est qu'elle est aussi mal à l'aise avec ce sujet qu'avec l'identité romaine, pourtant le thème principal du livre ! Et elle sait qu'elle ne pourra pas faire de la Grèce, même en tordant son cou très fort L'Histoire, une terre d'accueil des migrants divers ! Chaque cité-État, la "Polis" combat les autres, mais il y a une solidarité du monde grec dans sa cohésion identitaire, Car il y a le monde hellénique et, au-delà, on trouve les " barbares ", c'est-à-dire ceux dont la langue est incompréhensible. Ainsi, ceux qui ne sont pas de sang athénien, spartiate ou corinthien ne peuvent participer à la vie politique de leurs cités respectives. le fait d'être un individu qui a "changé de maison et de terre" se traduit, dans l'Athènes classique, par le mot " métèque ", dont on n'a pas besoin de citer le sens. Et Aristote, au livre V de la Politique, ne va pas non plus dans le sens de l'inclusion de tous, et nous pouvons y lire : " Une cité ne naît pas de n'importe quelle foule. C'est pourquoi les États qui ont admis des étrangers comme cofondateurs, ou ensuite comme colons, ont, pour la plupart, connu des séditions et des conflits" !
Les Grecs anciens sont donc, par nature, des essentialistes de la tradition de la fondation de l'identité ancrée dans le sol du natif. Leur culture et leur panthéon, s'ils ont en effet été conservés par la suite par d'autres civilisations (et encore : relire Aristote ), n'ont pas été réinterprétés et n'ont pas été à la base de l'instruction des enfants pendant des siècles, ailleurs qu'en Occident, car nous sommes tous, les héritiers de la culture latine. Même le français à des racines latines, c'est un fait indéniable !

Alors, non, Florence et Patrick, vos assertions ne sont pas acceptables en l'état de vos formulations erronées. On appelle ça de nos jours, le "déconstructivisme" Et c'est un jeu dangereux, car ceux qui n'ont plus de raines ni d'identité sont des âmes errantes qui peuvent facilement tomber dans le fanatisme de n'importe quel dictateur. C'est ce à quoi vous ouvrez les portes ! La France, comme l'Europe, ne vous en déplaise encore madame, est de religion pagano-chrétienne, de culture gréco-latine, par toutes les essences de son être ! Noms de lieux, monuments, traditions, langue, livres, représentations picturales, compositions musicales, les sculptures et l'histoire, dont vous ne saurez faire une abstraction dévoyée !

PS ; petite pépite de découverte archéologique récente sur le fondateur de la ville :

https://www.geo.fr/histoire/archeologie-le-tombeau-de-romulus-decouvert-a-rome-199985
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Prometteur mais décevant:
1) en positif, la thèse que Rome n'a pas été "fondée" et que la citoyenneté romaine n'est pas "ethnique": ouverte, elle est le moteur à la fois de la construction de Rome par agglomération et de son expansion.
2) en négatif, les acrobaties visant à établir l'Enéide comme une "poétique de l'origo" pour le compte d'Auguste exprimant la "vérité" de Rome : cette reconstruction paradigmatique ressemble à un exercice de linguistique structurale

La démarche anthropologique revendiquée par l'auteur est tout à fait stimulante mais des ponts avec la démarche historique auraient été nécessaires : notre "modèle" grec de la cité suppose un quelconque discours des origines, mais si la ville de Rome à la forme d'une cité, Rome en tant que processus est une espèce de confédération asymétrique agitée de conflits entre niveaux. N'oublions pas la "guerre sociale" du 1er siècle BC: la citoyenneté n'est pas ouverte par définition, ce sont les non citoyens qui l'ouvrent. Et plus elle s'ouvre, moins elle a de portée (cf le fameux édit de Caracalla de 212).
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critiques presse (1)
LeMonde
01 juillet 2011
Après La Princesse de Clèves, voici donc une autre lecture à suggérer aux hommes qui nous gouvernent et font commerce des peurs identitaires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Qu'est-ce que l'Enéide ? A première vue, un objet esthétiquement étrange.
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Nous possédons vingt-cinq versions différentes de la fondation de Rome.
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Florence Dupont. Rome si proche et si lointaine.
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