Le 19è siècle est sur le point de s'achever en cette fin décembre 1899 et le tout Londres n'a qu'un nom en tête : Montgomery Flinch ! L'homme est mystérieux, personne ne le connait ni ne sait à quoi il ressemble, il fait pourtant les beaux jours du Frisson Illustré, un magazine au bord de la banqueroute avant que cet homme providentiel n'arrive. Ses histoires terrifiantes font le bonheur de ses lecteurs au grand dam des autres périodiques. C'est d'ailleurs lui qui ouvre le récit avec sa première apparition publique à l'occasion d'une lecture de son conte de Noël paru bien évidemment dans le Frisson Illustré et qui bat des records d'impression, avec un million d'exemplaires écoulés, un tirage, qui terrasse tous ses adversaires. Mais le célèbre et adulé Montgomery Flinch n'existe pas, c'est un personnage inventé de toutes pièces par Penelope Tredwell, une jeune fille de 13 ans, qui est l'éditrice, la rédactrice en chef et la véritable auteure du Frisson Illustré ! Depuis la mort accidentelle de ses parents, c'est elle et son tuteur M. Wigram, le meilleur ami de son défunt père, qui ont réussi hisser ce magazine de l'ombre à la lumière pour en faire le magazine le plus célèbre de Londres. Alors qui est cet homme sur l'estrade en train de captiver son auditoire ? Monty Maples, un acteur totalement inconnu, rarement à jeun, à qui incombe la délicate charge d'incarner l'auteur à la mode du moment.
Un homme qui rencontre de tels succès a un lectorat forcément nombreux et fidèle qui l'abreuve de lettres et parmi celles-ci, l'une retient l'attention de Penelope, celle du docteur Morris, le directeur sanitaire de Bedlam, le célèbre asile de fous. Ce dernier requiert l'aide du grand Montgomery Flinch car il se passe de bien étranges choses chaque nuit,
douze minutes avant minuit : tous les patients se réveillent et sont pris d'une frénésie d'écriture impossible à contenir et à tarir, ils sont comme possédés, comme victimes d'un enchantement. Ils écrivent sur tout ce qu'il leur tombe sous la main, sur le papier bien sûr mais aussi sur les murs, les cuvettes et sur eux-mêmes, lorsque c'est le seul support à leur disposition. Ces écrits de minuit que Penelope brûle de lire, ressemblent un peu aux
prophéties de
Nostradamus (je vous rassure en langage très clair) puisqu'ils traitent de faits qui n'auront lieu qu'au 20è siècle, voire au 21è. Malheureusement pour notre héroïne, tous les écrits se sont volatilisés comme par magie et elle va devoir les retrouver d'urgence. le peureux Monty Maples n'a qu'une hâte, partir au plus vite et retrouver son club et son verre de whiskie mais Penelope ne l'entend pas de cette oreille et compte bien percer ce mystère, pour en faire une histoire à sensation et glacer une nouvelle fois ses lecteurs de peur.
Douze minutes avant minuit est une véritable plongée dans un Londres victorien très mystérieux et dont l'atmosphère, gothique à souhait, est très réussie. L'auteur connait bien la période et nous offre des balades nocturnes plutôt angoissantes, entre les bas fonds, la maison de la Veuve Noire, le muséum d'histoire naturelle et l'asile de Bedlam. C'est une lecture étonnante et singulière, destinée à un jeune public à partir de 12 ans, qui m'a pourtant beaucoup plu et que j'ai dévoré, je compte d'ailleur la faire lire aux garçons lorsqu'ils auront l'âge, car bien que le héros de cette histoire soit une fille, elle n'en est pas moins une figure forte, indépendante et intelligente, qui pourra leur plaire.
Christopher Edge nous livre un récit créatif, mélange de polar, d'horreur et de fantastique, idéal pour la période d'Halloween et une bonne introduction pour faire découvrir aux jeunes lecteurs ces différents genres littéraires. L'auteur en profite aussi pour mettre en scène deux grandes plumes de cette fin de siècle : H.G Wells et sir
Arthur Conan Doyle, une bonne façon là aussi de présenter de grands auteurs sous un jour plus familier et abordable et qui donnent envie de les lire à leur tour.
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