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EAN : 9782258162952
400 pages
Presses de la Cité (17/10/2019)
2.86/5   64 notes
Résumé :
Une île, deux monastères, trois meurtres, quatre siècles d'Ordre occulte... de l'invention de l'imprimerie au transhumanisme. Chloé, une jeune femme ordinaire, archiviste, va affronter les nouveaux adorateurs de la science... Un très savoureux, et original, polar ésotérique.
Chloé, archiviste bibliographe, a l'obsession des livres. La découverte d'un vieux manuscrit pratiquement illisible, dans la maison de vacances de ses parents à Fécamp, est pour elle une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
2,86

sur 64 notes
Je remercie Babelio, ainsi que les Editions Les Presses de la Cité, de m'avoir adressé Les gardiennes du silence dans le cadre d'une Masse Critique.

Il y a des mots qui m'attirent : livres, bibliothèques, archiviste-bibliographe, mystère.
Il y a des noms qui me font rêver comme Gutenberg.
J'ai été déçue par cette lecture qui m'avait promis une belle découverte culturelle, une intrigue bien ficelée, un suspense original et savoureux.
Malgré tous mes efforts, je suis restée à distance de ce roman - le charme n'a pas du tout opéré ; Chloé, Jeffrey ne m'ont pas convaincue, et leur histoire, ainsi que celle des "Blanche", des gardiennes du silence, m'ont laissée perplexe.
Je ne parle même pas des mutilations pratiquées sur ces femmes.
Vous l'avez compris - l'émotion que ce roman a suscité en moi n'est pas de celles que l'on aime partager. Je le regrette, je préfère dire que je n'ai pas compris, que je n'étais pas la bonne lectrice, - qu'il y a eu une sorte d'erreur de casting.

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Je remercie Babelio ainsi que les Presses de la Cité pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée…
Les Gardiennes du silence de Sophie Endelys est l'histoire de « Chloé, archiviste-bibliographe, boiteuse et mal mariée » qui a « une ile à découvrir, une énigme à résoudre, un avenir à construire »…

Ce thriller ésotérique nous entraine dans les problématiques du savoir, de sa conservation et de son usage. L'intrigue se développe sur une ile imaginaire ; il y a des bons qui cherchent à comprendre et des méchants qui ont une conception pervertie de la science et du progrès… C'est peut-être bien moins manichéen tout de même…
Sophie Endelys campe une héroïne passionnée de livres anciens, décryptant un étrange manuscrit palimpseste, héritage familial complexe. Son récit évoque des relations de couples bancales, des secrets de familles, des mythes et légendes enfouis ; elle a l'art et la manière d'orchestrer les péripéties dans une écriture fluide, facile à lire, jamais ennuyeuse. La narration est, en majorité, à la première personne ; nous suivons ainsi le parcours et les réflexions de l'héroïne principale, pouvons nous identifier (ou pas) à elle et à ses choix.
Certes, le dénouement ne m'a pas surprise, mais il est bien amené ; l'ensemble reste captivant, sans temps mort ; le destin de certains personnages n'était pas écrit (il est toujours difficile de chroniquer un thriller car il est hors de question de divulgâcher… ).

Personnellement, j'ai apprécié le sujet très littéraire, autour de la valeur et de la conservation de la chose imprimée… Les femmes jouent un rôle essentiel, « muettes mais pas sourdes ; polyglottes mais pas bavardes ; intelligentes mais pas prétentieuses ; agiles mais pas fugueuses ; soumises mais pas serviles »…
J'ai passé un excellent moment de lecture, lecture-détente mais pas seulement tant l'intertextualité est riche et foisonnante. Tous les auteurs convoqués sont cités par l'auteure en remerciements et c'est une démarche qui me plait.
Quant aux conversations d'étagère qui ponctuent le récit donnant la parole aux livres ou à une narratrice omnisciente…, elles sont originales et savoureuses…

Une belle surprise.
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La Feuille Volante n° 1403– Octobre 2019.
LES GARDIENNES DU SILENCE - Sophie Endelys - Les Presses de la Cité.

Pour des raisons assez vagues, Chloé, tire sur Jefffrey, son mari et le laisse pour mort, mais s'enfuit de Fécamp dans l'île quelque peu mystérieuse de Heldenskøn, quelque part entre la Manche et la Mer du Nord. Cette fuite est un quasi aveu et ne manquera a pas d'intriguer les enquêteurs, mais son choix n'est pas fait par hasard, cette île est celle où son père a vécu jusqu'à l'âge de vingt ans et où sa tante s'est noyée. Elle conserve religieusement le tapuscrit paternel d'un roman à succès, mais son choix de cette île est motivé également par un manuscrit ancien qu'elle a découvert dans les archives familiales et qui évoque l'historique un peu confus de ce petit territoire. Ce document est en effet un palimpseste, un parchemin qui, après grattage, a reçu un autre texte a demi-effacé par le temps où l'usage d'une encre invisible et le chevauchement des mots rendent le déchiffrage difficile, même pour Chloé qui est archiviste-bibliographe. Au fur et à mesure de l'étude de ce grimoire, elle s'aperçoit qu'il relate les Mémoires d'un artisan contemporain de Gutemberg mais aussi évoque précisément cette île et son passé quelque peu obscur. Elle découvre l'existence de ces monastères secrets dont un, celui des femmes, les Blanches, a pour règle la clôture et le silence et pour fonction la conservation d'une bibliothèque souterraine. Les livres qui depuis l'invention de l'imprimerie retracent tout le savoir et la connaissance humaine y sont conservés et veillés par ces vestales rendues muettes pour plus de discrétion. Cela parait être une légende qui évidemment a quelques fondements de vérité, mais qui excite sa curiosité. Être la fille d'un célèbre écrivain ayant résidé sur cette île lui ouvre bien des portes et elle s'aperçoit que son grimoire mystérieux et le roman de son père sont liés, en apprend davantage sur l'histoire de sa famille, de la sienne propre, de son mari, de l'intérêt qu'il porte à ce document et de la société bien étrange qu'il préside. Autour de ses investigations se multiplient les cadavres, les cambriolages, les disparitions, les révélations, les non-dits, les mensonges, et plus elle avance dans ses recherches plus le mystère s'épaissit; elle entend parler d'eugénisme, de loge, de secte, d'ésotérisme, de nazisme, de société secrète, de l'Atlantide, constate qu'une personne officiellement morte depuis des années est bien vivantes... Elle sera aidée dans ses recherches par Grégoire son logeur sur l'île et qui ne tarde pas, évidemment, à devenir son amant, mais comme rien n'est jamais simple, celle qui se pensait veuve ne l'est pas tout à fait puisque Jeffrey qu'elle croyait mort revient avec les secrets qu'il porte. A la suite de longues et patientes recherches qui parfois débouchent sur des impasses, une enquête policière avortée et parfois approximative, l'étau se resserre inexorablement sur Chloé, bouleversant sa vie et des personnages aussi abscons que les faits, révèlent leur véritable visage.
En dehors de de cette histoire un peu échevelée, le lecteur est-il invité à s'interroger sur le devenir des livres, surtout à l'heure des tablettes de la numérisation et d'internet. Ont-ils leur propre destin comme il est écrit sur la 4° de couverture?
Je remercie Les éditions des Presses de la Cité et Babelio qui m'ont permis de découvrir ce livre et cette auteure que je ne connaissais pas. le cheminement est assez compliqué et labyrinthique, fait de pas mal d'analepses et d'évocations mystérieuses qui peuvent à la longue dérouter le lecteur. le style est agréable à lire, l'érudition de l'auteure, son imagination, le contexte assez dépaysant et l'architecture de l'ouvrage le rendent attrayant et j'y suis entré au début avec une certaine excitation et même une franche curiosité, mais finalement, le livre refermé, je ne sais pas trop quoi penser de cette histoire abracadabrantesque et de sa fin en forme de "happy end", et je ne suis même pas sûr d'en avoir compris le message.
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com

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Une héroïne fleur bleue-bibliophile-en mal d'amour mariée à un sociopathe, une île mystérieuse, une société secrète, des agents d'Europol infiltrés, un médecin fils de dignitaire nazi, une légende et enfin un policier ersatz de Columbo ...bref vous l'aurez compris Sophie Endelys n'aura pas ménagé ses efforts pour construire une intrigue digne du Da Vinci Code.
Il faut l'avouer, c'est un échec.
L'auteure a complexifié à outrance son intrigue et se perd en rebondissements éculés, flash back, et tentatives de scènes d'action ennuyeuses. L'ensemble est peu crédible et limite gênant à la lecture.
Au final, on reste avec une impression de trop ou de trop peu. Peut-être aurait-il fallu développer certaines idées, approfondir les personnages qui se retrouvent tous finalement secondaires hors l'héroïne.
message derrière cette course à la protection du livre paraît soit un peu niais soit peu compréhensible. 392 pages qui se finissent en un happy end absurde si on s'en réfère au sens même de l'intrigue.
Je remercie toutefois les éditions Presses de la Cité et Babelio de m'avoir permis de découvrir cette auteure.
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Lecture masse critique.

Les gardiennes du silence..un joli titre en trompe l'oeil pour un roman qui ne conduit pas le lecteur dans un univers calme. Tout le contraire.

Un livre qui se déplie sur les fondations et le développement d' une bibliothèque universelle. Une entrée a priori séduisante pour le commun des mortels babelien.

Malheureusement, il ne s'agit pas d'une réplique de la bibliothèque d'Alexandrie emplie de lumière à proximité du non moins célèbre phare.
C'est précisément pour échapper aux vicissitudes des dégâts du temps et ravages des hommes qu'au XViéme siécle Paco l'imprimeur échafaude le projet de créer une bibliothèque où seraient rassemblés et protégés tous les livres qui apparaissaient en Europe ; c'était le moment de la mise au point par Gutenberg de son procédé d'impression. Ce sera chose faite sur l'ile d'Heldenskon, dans les souterrains d'une abbaye de soeurs où des jeunes femmes marginales, sont enfermées pour gérer les masses de livres. Toutes « Blanchies », claustrées et réduites au silence éternel par une mutilation de la parole, il leur est désormais impossible de parler. « La sacrifice d'une langue au service de l'écrit » (p.177)

En fait, le roman commence par un drame contemporain par lequel Chloé archiviste-bibliographe tue Jeffrey son psychopathe de mari sur les bords de la Manche à proximité de leur domicile. Elle prend la fuite et gagne précisément l'ile d' Heldenkson, car son père est originaire de cette île et porteur d'une sombre et mystérieuse histoire.
Les vies du passé et du présent vont se mêler et se contracter en un quotidien de plus en plus inquiétant.

Au total, un thriller avec des coups de théâtre et des personnages assez convenus avec notamment l'incontournable savant démoniaque sorti des poubelles de l'histoire. Mais heureusement c'est plutôt bien écrit, et j'ai lu ce livre très rapidement, nonobstant l'impératif du retour mensuel de la lecture.

Je remercie babelio et les Presses de la Cité.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La maison domine la dune. Il s’agit d’une de ces grandes villas du pays de Caux. Construite sous le Second Empire, elle offre à la vue une façade à colombages avec de larges ouvertures qui plongent directement sur la falaise. Façonnée de damiers en brique, d’ardoise et de bois, elle est une fantaisie charmante dans laquelle j’ai passé une partie de mon enfance.

Sur le seuil, je suis restée immobile, aspirant avec avidité le parfum habituel : cette odeur familière aux notes marines à laquelle se mêlait l’arôme du café que je m’étais préparé avant de descendre à la plage. Sans prendre la peine de me changer, j’ai attrapé mon imper et un sac à dos. Alors que j’allais m’élancer à l’étage, j’ai aperçu la silhouette de Caroll se profiler au bout du chemin. Caroll est une voisine à la retraite qui habite deux villas plus haut sur la jetée.

Une vague de panique m’a saisie. J’ai rassemblé mon énergie et, après avoir enfilé le ciré pour dissimuler les taches de sang, je me suis composé un visage aussi lisse que possible. Lorsqu’elle a atteint la porte, j’étais déjà dans le bureau de Jeffrey. Depuis le balcon, je lui ai demandé :

— Peux-tu me déposer à la gare ?

Caroll ne m’a pas répondu vu qu’elle est muette, mais elle a souri. A cet instant, j’ai actionné mon iPhone et la voix de Jeffrey a brusquement résonné dans la pièce. De là où nous étions, Caroll en bas, moi à l’étage, nous l’avons entendu aboyer :

— Ne me raconte pas n’importe quoi ! C’est des conneries ! Fous-moi la paix ! J’ai du travail !

A Caroll qui écoutait, j’ai esquissé une grimace.

— Jeffrey est au téléphone avec un de ses collaborateurs. Ça chauffe ! Comme il est d’une humeur de chien, je préfère prendre le large. Attends-moi une seconde, je le préviens que je file avec toi…

Dans le bureau, j’ai crié, assez fort pour être entendue de l’extérieur :

— Jeff, je te laisse ! Si tu dois faire du bateau, sois prudent en mer. On annonce une tempête…

Tout en parlant, je surveillais ma voisine. Croisant mon regard, elle a tapoté le cadran de sa montre avec impatience. En un clin d’œil, j’ai fermé la fenêtre avant de glisser dans ma poche l’iPhone sur lequel j’avais enregistré depuis quelques mois mes échanges téléphoniques avec Jeffrey, preuves de son attitude odieuse à mon égard. Epiant les sons, je me suis assurée que la pièce était en ordre et non sans une pointe de nostalgie je suis descendue.



Entre la maison et la gare, les mains de Caroll sont restées silencieuses. Elles savent pourtant être bruyantes lorsqu’elles veulent se faire comprendre. Mais tout au long du trajet, elles n’ont pas cherché à s’exprimer ; juste une caresse sur la joue quand je suis sortie de la voiture. Ce geste accusait une profonde émotion. En retour, j’ai souri. Caroll, je l’aime bien. C’est une femme fiable. Elle est muette, mais pas sourde. Ma voisine a l’oreille fine, on appelle ça la compensation des sens.
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— Un mariage, pourquoi diable ? A ton âge, on ne s’embarrasse pas d’un époux. Consomme-le, tu aviseras après.

Mais j’étais tombée amoureuse comme atteinte d’une maladie. Contre toute raison, contre mon gré. C’était ça ou périr. La passion était un océan dans lequel je plongeais sans retenue, sans me soucier de savoir si je surnagerais ou si je sombrerais.

Tout Ratio-stat était à la noce. Le président épousait la boiteuse, orpheline, riche d’héritage de parents morts. Un voilier pour dot, une maison pour foyer et déjà quelques mesquineries pour ordinaire. Le crépuscule du premier soir est arrivé trop tôt ou trop tard.

— Je suis content que ce cirque soit terminé.

— Quel cirque ?

— Ces cérémonies sont assommantes. Va dormir, Chloé, tu es épuisée.

— Vraiment ?

— Tu en as besoin. Tu es laide à faire peur.

— Mais, Jeffrey, je t’aime !

— Tant mieux, ça nous simplifiera la vie.
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En vérité, je ne voulais pas le tuer. Pas cette fois-ci, pas comme ça. Le coup est parti tout seul. Nous étions tous les deux sur la plage : moi, de retour de Paris où j’avais passé le week-end au chevet de ma tante ; et lui, qui inspectait les agrès de son voilier.

Dès qu’il m’a aperçue, Jeffrey m’a fait signe.

— Pour une fois, sers à quelque chose ! Borde donc ce bout…

Il pointait un cordage épais et rugueux. En m’exécutant, je me suis écorché les mains, cogné le genou, emmêlé les pieds avant de m’écraser sur le sol huileux. Les vêtements de Jeffrey formaient un tas sur le ponton. Le revolver avait glissé du holster. Depuis qu’il a été nommé président de Ratio-stat, mon mari a l’autorisation de porter une arme. Ça fait viril, ça fait riche, ça fait peur. La trouille qu’il inspire le grandit.

Lorsque la balle a sifflé, j’ai eu l’impression que c’était le geste le plus approprié, compte tenu de la situation. Le vent a avalé la détonation et Jeffrey s’est affalé sur le pont.

Perplexe, je suis restée à le contempler. Le roulis incessant des vagues berçait la scène. Jeffrey gisait à même le sol, immobile. Sa peau semblait frissonner dans la fraîcheur. Je l’ai consigné tout entier dans ma mémoire ; aucun détail ne m’échappait. Je me suis arrêtée sur cette cicatrice singulière au-dessus de la lèvre. A ma demande d’explication, au début de notre mariage, il m’avait répondu par une grimace signifiant : je ne te dirai rien. Je n’en saurais pas davantage désormais. Mon regard a continué à vagabonder sur ce corps inerte. C’était un adieu sans marche arrière. Comme ma mauvaise conscience sommeillait encore, j’ai pris mon temps. Bizarrement, à l’horreur de mon geste se mêlait du soulagement.

Cet état de sidération se serait prolongé si un instinct de survie ne m’avait brutalement ramenée à la réalité. Je me suis enfin relevée tout en inspectant les alentours. La falaise formait un rempart qui protégeait la crique des curieux. Je n’ai rien vu de suspect.

La suite s’est déroulée en pilotage automatique.

Pendant que je faisais basculer le corps au fond du bateau, mon chemisier s’est couvert de sang. Réprimant une nausée, j’ai balancé dans le cockpit le revolver et les habits, dénoué le cordon d’amarrage et, à l’aide d’un bâton, poussé le voilier vers le large. Par chance, le temps était mauvais et la mer houleuse. L’embarcation a aussitôt dérivé en direction de l’ouest. La côte ici est sauvage et le rivage dessine des arabesques hérissées d’écueils. J’espérais que ce satané rafiot s’échouerait rapidement, là où la brusquerie des courants conduit les navires imprudents, dans un cimetière d’épaves.
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Sur la banquette, je me suis assoupie, la tête calée entre mon sac et la vitre, les yeux perdus dans l’histoire banale d’une épouse qui s’enfuit. Le mari, les rochers, le revolver, c’étaient les préliminaires ; le point de départ d’une existence qui jusqu’ici se vivait à reculons. Les paupières closes, je me suis rappelé tous les mauvais moments de ma vie conjugale, toutes ces humiliations que j’avais ramassées à la pelle. Même en fouillant ma mémoire, il ne me restait rien de bon. Evidemment je ne voulais pas vraiment ce qui était arrivé, mais c’était fait. Excessif, peut-être. A chaque situation, il devrait y avoir une excuse disponible, à laquelle se raccrocher. Comme je n’en voyais aucune, je me suis laissée aller. Au milieu de ma torpeur, je me suis représenté le corps flottant enserré dans les algues, l’enquêteur qui le découvrirait, les questions qu’il se poserait : qui l’a tué ? s’est-il tiré tout seul une balle dans la tempe ? l’y a-t-on aidé ? Perdue dans mon rêve, j’ai imaginé Caroll répondre à l’aide de ses mains qui ne mentent jamais : Je vous jure, inspecteur, Jeffrey était encore en vie quand Chloé est montée dans le train. Caroll ajoutera, elle dont la bouche ne dit jamais mot mais dont les oreilles sont infaillibles à cause de la compensation des sens, que c’était un mauvais jour pour une balade en mer et que Jeffrey râlait contre ces collaborateurs qui ne font que des conneries. Bien, commentera la police, nous nous occuperons de la veuve plus tard. Il n’y a pas d’urgence puisque nous avons des mécontents qui sont des suspects, y compris la victime elle-même, laquelle, accablée de remords que personne ne lui soupçonnait, aurait pu volontairement mettre fin à sa carrière d’homme sans cœur et sans pitié.
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J'excelle dans le désordre. Le contraste est saisissant entre la pièce qui me sert d'atelier et le cabinet de travail de Jeffrey (son mari). Chez lui, rien que du propre et du rangé, tandis que chez moi gît le Verdun des livres. C'est un maquis de bouquins entassés les uns sur les autres. Ici s'envole la conscience de l'homme.
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