Cette courte étude a pour auteur un homme bien oublié aujourd'hui, soit le critique littéraire Émile Faguet (1847-1916). À l'instar de votre serviteur, d'aucuns se souviennent du portrait caricatural qu'en a dressé
Léon Daudet (1867-1942) dans ses « Souvenirs » (même si ce dernier semble lui reconnaître parfois du talent).
Bref, au-delà de l'oubli peu ou prou mérité, il faut reconnaître que ce livre en forme de réquisitoire représente l'avis de la « critique distinguée » de l'époque sur un écrivain — Émile
Zola — qui a su, quant à lui, s'imposer auprès de la postérité. Je dis « critique distinguée », car je pense que le travail créatif de
Zola ne pouvait représenter, pour les observateurs de la Belle Époque (
Jules Lemaître,
Ferdinand Brunetière,…), que le parfait parangon d'une littérature à la fois démocratique et populaire. Dans les milieux intellectuels de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, il était de bon ton d'affirmer son appartenance à l'aristocratie et de se défier, partant, du « nombre » ou de la foule.
Bien entendu, Faguet reconnaît tout de même à
Zola une force au sujet de la description de certains détails, mais il lui refuse toute capacité d'analyse en ce qui concerne, notamment, la psychologie de chacun des personnages contenus dans ses romans. Même : il considère
Zola comme un plumitif sans intelligence, bien incapable de conceptualiser, voire de réfléchir sur son art. Enfin, l'auteur prend prétexte du Manifeste des cinq, lors de la publication du roman intitulé La terre (1887), afin de mieux rejeter tout intérêt relatif à une oeuvre bassement matérialiste ou proche de « l'égout » (dixit
Léon Bloy !).
Sans oublier la perte d'inspiration de
Zola dans ses derniers livres qui ne peut que confirmer le jugement sans nuances du critique…
http://www.ep-la.fr/index.php?option=com_content&view=article&catid=17:litterature-generale&id=501:emile-faguet