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4,1

sur 822 notes

Etat de Washington. Un serial killer sévit en toute impunité depuis des années. Surnommé Twice, il enlève, séquestre et viole deux jeunes femmes en même temps, avant de s'en débarrasser lorsqu'elles ne l'intéressent plus pour choisir deux nouvelles proies. Il semble être en pause depuis un certain temps mais voilà qu'on retrouve un cadavre et l'analyse du procédé opératoire ne laisse aucun doute : Twice est de retour. Et c'est là qu'entre en scène la falot Owen, un docile vendeur de voitures, qui vit un enfer depuis son divorce et le chantage au suicide permanent de son ex. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime, le voilà propulsé principal suspect.

A partir de là, Claire Favan déroule un scénario absolument génial, très dense, aux multiples ramifications qui conduisent à un dénouement machiavélique qui fait mal, aux confins de la folie humaine. J'ai été complètement baladée sans avoir été capable d'échafauder une hypothèse crédible. Ou plutôt des hypothèses solides .

A mi-livre, j'ai compris le cas Owen, passionnant personnage dont on découvre le passé progressivement. Mais il y avait tellement d'autres rebondissements à anticiper que la surprise finale a été totale. Et pourtant ... les indices étaient bien disséminés, et ce dès le prologue, absolument clef ( je l'ai relu, formidable " Une graine pourrie a été plantée dans le coeur de ce garçon. Dans le terreau de sa haine, elle germe, tant et si bien qu'elle ravage tout ce qu'il aurait pu devenir". ). Mais le rythme et le suspense sont tellement haletants que je n'ai pas eu le temps de trop réfléchir à ce que je lisais. D'autant plus que certaines scènes m'ont coupé le souffle par la violence qui les sous-tend. J'aurais juste aimé par moment que certaines situations soient plus creusées, amenées de façon moins abruptes pour gagner en profondeur, notamment dans les chapitres consacré au passé.

D'autant plus que Claire Favan soigne parfaitement ces personnages en leur insufflant une psychologie très fouillée, complexe et crédible : Owen, bien sûr, un bon gars auquel on s'identifie facilement, mais aussi Twice le serial killer ( très intéressant, renouvelle ce type de personnage ) , les deux enquêteurs du FBI, Sally, l'ex-épouse d'Owen, Jenna sa nouvelle compagne ... tous ont une partition à jouer, interagissent dans l'intrigue souvent là où tu ne l'attends pas.

Avec ces thèmes forts ( la formation de la personnalité durant l'enfance, la résilience ou pas après des traumatismes cataclysmiques, la vengeance, le renversement bourreau – victime ), on tient là un thriller terriblement addictif avec son scénario original et dingue. Mon premier Claire Favan a un gout de reviens-y

PS : j'ai adoré le clin d'oeil de l'auteure au chapitre 42 à ces acolytes auteurs de polar / thriller Nicolas Lebel, Olivier Norek et Niko Tackian qui apparaissent furtivement sous les noms de Nick Lebeau ( spécialiste dans la surveillance et le démantèlement des groupuscules extrémistes ), Oliver Noker et Niko Tackin ( ex et compagnons de Nick ) hihi ... des pourparlers sont sans doute en cours !




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J'irai droit au but en préambule, je suis toujours subjugué par la facilité déconcertante de Claire Favan de " se moquer de nous , de nous mener en bateau de la première à la dernière page , de nous promener comme des " petits chiens " tenus en laisse et tout juste autorisés à de petits , très petits arrêts au pied d'un réverbère... Pardonnez- moi cette image peu amène envers le lecteur mais , je vous l'assure , cette femme est diabolique , voire machiavélique...Mieux vaut être ami avec elle car " la bougresse " ignore la pitié et , si sa plume est habile , la violence qui peut l'animer est incroyable et sans empathie .Le pire , c'est que la brutalité qui " dégouline " des pages de ce roman , loin de nous détourner, nous fascine ...
Je me faisais la réflexion que si cette dame cuisinait aussi bien qu'elle écrit, ce devait être un plaisir d'aller dîner chez elle .Elle manie tous les ingrédients avec un art extrême...Ceci étant, je m'éclipserai avant le dessert car , on ne sait jamais ...Cuisiner , oui , mais " cuisiner " , les policiers , ils savent le faire aussi , et le pauvre Owen va en faire les frais . Owen, c'est un gars à plaindre, vraiment . Un mec super - sympa , "handicapé " par des atteintes corporelles liées à un accident qui a même effacé un pan de sa vie , divorcé d'une " folle " , Sally , qui vit encore sous le même toit , une folle qui a laissé noyer leur fillette dans sa baignoire ...C'est dire . Et , en plus , une femme qui ne veut pas divorcer et le harcèle...Ça va pour l'image du bonheur selon Claire Favan ?
Et lorsque Jenna entre dans sa vie ...on se dit qu'Owen a enfin trouvé l'âme soeur et le bonheur ... Ça " matche " vraiment entre eux ..Oui mais non . Non parce que l'auteure s'appelle Claire Favan . Non parce que la Sally , elle est jalouse . Non parce qu'un fada de psychopathe " remonte à la surface" aprés une longue absence et que , par de malencontreux événements , le gentil Owen voit fondre sur lui ...toute la perversité du monde , revue et corrigée par ... Claire Favan .
Bon , là , j'arrête, je vous sens bien " mûrs " prêts pour l'enfer , oui , oui . Prêts à vous plonger illico dans ce roman . Facile , les librairies sont ouvertes , vous êtes en confinement . le télétravail ? Oui , bon , mais d'une part les gamins sont toujours dans vos pattes , ça commence ( déjà ) à crier , et d'autre part , lire ce roman , c'est " porter assistance " à personne en danger ....Le patron comprendra...
Claire Favan est une " maestro " qui manie l'humour aussi bien que l'horreur .Certes , certaines scènes sortent sans doute un peu " du cadre " et peuvent sembler " excessives " ( ..heureusement , ouf ) mais je n'ai pas pu m'extirper de cette intrigue avant son dénouement, les pages tournaient , tournaient , tournaient . Je vous rassure , je vais bien , mais le final , wahou , le final ....
Ouf, les repas clandestins sont interdits , chère Claire , je viendrai dîner chez vous plus tard .. Bien plus tard ..D'accord ? En attendant , je vais continuer à vous lire et vous dire un grand " merci " .
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Claire Favan.

J'avoue un faible pour Claire Favan.

J'ai lu tous ses romans. Je lis chaque nouvelle parution. Je me souviens des frissons d'effroi qui m'ont parcouru à la lecture de ce roman culte, à mes yeux, qu'est LE TUEUR INTIME. SERRE-MOI FORT fut un coup de coeur !
Depuis, je suis fidèle.

Claire Favan donc.

Elle nous revient en pleine forme dans un roman impossible à lâcher tant il valdingue et rebondit en tous sens ! On est clairement sur un page turner, efficace et dérangeant ! Âmes sensibles, s'abstenir ! Chaque chapitre qui se termine vous entraîne irrémédiablement vers le prochain !

Au départ, ce pauvre Owen ! Coincé auprès d'une ex-femme suicidaire, il semble voué à ne pas pouvoir vivre sa vie. Brave garçon, plutôt tranquille, les événements ne vont pas tourner en sa faveur …

Dans le registre du noir, on ne peut dire grand-chose sous peine de gâcher le plaisir … Je n'en dirai pas plus sur l'histoire mais préparez vous à rencontrer des personnages peu recommandables.

Si certains retournements sont prévisibles aux yeux des lecteurs aguerris à ce genre de littérature, on passe un excellent moment ! Je suis loin d'avoir tout vu venir ! Comme un puzzle, les pièces, les personnages se mettent en place, au fur et à mesure. Entre coups de théâtre et peur au ventre, on tourne les pages, on veut connaître le fin mot de l'histoire !

Chaque livre de madame Favan est un petit moment de plaisir coupable pour moi. C'est noir, à ne pas mettre entre toutes les mains. La violence est bien là, et fait frémir par instant.

Vous connaissez Claire Favan ? Vous aimez sa plume ? Quel est votre préféré ?

Rendez-vous demain chez votre libraire préféré pour découvrir ce nouvel opus ! Et vivement le prochain !

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les cicatrices, ce sont celles d'Owen, un homme brisé dans tous les sens du terme.
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Il a dû passer des années à se remettre de lourdes interventions chirurgicales, entreprises pour réparer son corps disloqué. Quand il s'en sort, complètement amnésique, il trouve du travail, épouse Sally qui, ayant jeté son dévolu sur lui; a fait le forcing pour atteindre ce but.
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Mais sa jalousie et ses crises incessantes les mènent au divorce, ce que la jeune femme n'accepte pas. 2 ans après la séparation, quand nous faisons leur connaissance, elle croit toujours dur comme fer qu'il va revenir et ne cesse de le harceler.
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Et Owen se met à faire d'horribles cauchemars, sans en comprendre l'origine...
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L'auteure nous plonge en même temps dans l'enfer que traversent des femmes kidnappées par un violeur / tueur en série.
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La police locale, à laquelle s'est jointe un agent du FBI qui a passé une bonne partie de sa vie à poursuivre un tueur appelé Twice parce qu'il détient toujours deux filles en même temps, est sur les dents, parce que des corps sont découverts, et le mode opératoire semble signé par ledit criminel.
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*****
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C'est un roman violent qu'on a entre les mains.
Claire Favan nous entraîne à une vitesse hallucinante d'un personnage à l'autre, la vie d'Owen et sa famille, les prisonnières, les enquêteurs et leur perplexité devant les multiples rebondissements dans cette affaire.
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J'ai aimé, bien entendu.
La qualité de la plume est là, un suspense à couper le souffle. Un habile équilibre entre passages calmes et d'autres d'une violence à la limite du supportable.
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Seul bémol, il y a tant de victimes que j'ai eu du mal à m'y retrouver dans les noms, d'autant qu'on navigue entre deux époques et deux "séries" de prisonnières. de ce fait, j'étais un peu paumée, même après avoir fini le livre.
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Mais bon, ça ne retire rien au plaisir, et la chute est magistrale, comme dans chaque roman de Claire Favan.
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Voilà c'est fait. J'ai enfin lu un "Claire Favan".

Il faut dire que je les ai observés ses bouquins sur Babelio et j'en ai lus des critiques. J'y vais j'y vais pas j'y vais oui mais non.... Peur du choc et de la violence. Finalement j'ai opté pour celui ci.

J'ai adoré. Pas aussi bien que certains Giebel (je vous dirai pourquoi après) mais quand même un bon thriller très efficace, un page turner pour reprendre un terme à la mode.

Alors je ne sais pas si elle m'a vraiment fait tourner les pages à toute allure mais elle m'a retourné le cerveau plus d'une fois. Elle m'a baladée mise KO. Quand enfin tu vois le bout du tunnel, une éclaircie, paf, elle te le fait à l'envers, un bon coup dans le dos. On va dans un sens. On se dit ah oui c'est bon j'ai compris. Et hop ! Elle t'envoie dans une autre direction. arrf !

C'est du lourd tout de même un roman de Claire Favan.
On y découvre Owen, un personnage fracassé par la vie. Se remettant d'un très grave accident, Owen est amnésique. Il a construit une nouvelle vie sur le lieu où il a été retrouvé après son accident. Vendeur automobile, il vit l'enfer avec son ex (fille de son patron, aïe). Comme si ça ne suffisait pas, il se retrouve impliqué dans une enquête sur un tueur en série , le fameux twice (garde 2 captives en même temps).


Question suspense, ambiance, intrigue, rebondissements, cruauté. Tout y est. Tristesse aussi. Une fin aussi comme je les aime. Parfaite.

Il m'a manqué ce petit supplément d'âme, ce personnage auquel on s'attache et qu'on aime et qu'on voudrait sauver. Pour avoir le coup de coeur, il m'a manqué ce lien avec un personnage que j'aurais adoré. Une Marianne par exemple, ou une Tama (Giebel).

Mais j'ai hâte de découvrir d'autres romans de Claire Favan.

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Alors que comme de nombreux Français je me préparais au confinement et que je rangeais dans mon coffre mes dix-huit kilos de pâtes et mes cent cinquante litres d'eau minérale, je n'ai pas du tout prêté attention à la silhouette derrière moi.
Quand le coffre se rabattit sur mon crâne avec une violence inimaginable, j'ai d'abord vu des étoiles puis plus rien.

Reprenant conscience, je suis tout d'abord surpris par mon foudroyant mal de tête.
Par pur réflexe, je cherche à y porter la main pour mesurer l'ampleur de ma bosse, mais mon poignet est entravé.
J'ouvre enfin les yeux et me rends compte dans une semi-pénombre que je suis en fâcheuse posture.
La porte métallique qui m'enferme dans cette cave humide d'à peine six mètres carrés ne m'inspire pas confiance.
Je sais bien qu'on s'apprête à passer au stade 3 en cette époque trouble de pandémie mais je n'en demandais pas tant.
Le matelas crasseux et éventré et les chaînes qui semblent ancrées solidement au mur ne me disent rien qui vaille non plus.
En plus je suis tout nu et j'ai froid.

- Psst, comment tu t'appelles ? me demande une voix masculine de l'autre côté.
- Antyryia. Et vous, qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Norbert. Alors c'est toi le nouveau ?
- le nouveau quoi ?
- Mon nouveau voisin de cellule ... Quand Twix en a marre de jouer avec une de ses victimes, elle la tue et va en chercher une autre pour la remplacer. D'ailleurs, si je peux te donner un conseil, ne lui montre jamais que tu as peur. Si tu lui résistes tu as une chance de survivre. C'est la domination qu'elle recherche.
"C'est la séquestration en elle-même qui se situe au coeur de son fantasme."
- Tu veux dire que nous sommes entre les mains d'une tueuse en série ? demandais-je, incrédule.
- Avant toi dans cette cellule j'ai connu au moins six personnes. Certaines ont craqué au bout de trois jours, submergés par le désespoir. D'autres ont tenu plusieurs mois mais ont été rattrapés par le délire et la folie. Marcel lui a résisté pendant un an environ avant de se laisser volontairement mourir de faim. Enfin je n'ai plus vraiment la notion du temps. Et quand elle en a assez de ses jouets, elle les étouffe. J'imagine qu'elle enterre ensuite ses victimes quelque part. En tout cas quand elle revient, elle a déjà une proie de remplacement.
- Et pourquoi tu l'appelles Twix ? Parce qu'elle a toujours deux prisonniers simultanément ?
- Parce que quand elle descend nous voir, l'un ou l'autre, c'est toujours pour ...
( sa voix se met à trembler )
... Pour enfoncer son index et son majeur dans ...
Quand je réalise l'ignominie qui m'attend pendant ces prochaines années, je serre les fesses par pur réflexe.
... Et après elle lèche ses doigts.
- Non mais elle est totalement tarée ! m'exclamai-je
- Les psychopathes sont rarement sains d'esprit tu sais. Et celui qui rédige cette critique ne l'est pas non plus si tu veux mon avis, me confie mon compagnon d'infortune. Peut-être que tu finiras par t'y habituer ?
- Jamais de la vie ! m'écriai-je.

Plus les mois de torture et d'abjections s'écouleront, et plus j'aurai la certitude de ne plus jamais manger de barre chocolatée de ma vie.
Twix, deux doigts coupe-faim.
Mon cul oui.

Le soir même de ma capture, j'allais faire connaissance de Twix, de son tablier de bouchère, de son masque de clown et de ses mains beaucoup trop boudinées.
Entre deux séances de viols et d'humiliations durant lesquels j'essaie de faire bonne figure pour rester en vie et accessoirement recevoir ma maigre pitance quotidienne, je discute avec Norbert, devenu mon seul point de repère dans ces ténèbres.
Réciproquement, nous nous permettons de ne pas sombrer.
Je l'ai bien compris, si je craque elle me tuera. Et si elle me tue je ne m'en sortirai jamais vivant.

Un jour, inévitablement, nous évoquons la lecture. Et de fil en aiguille je repense à ce que Max avait subi en prison dans Dompteur d'anges de Claire Favan. Pris à tort pour un assassin d'enfant, les autres détenus lui en avaient fait baver.
Autre scène de viol d'une cruauté sans nom, beaucoup de lecteurs se souviennent encore de la façon dont s'est achevée la seconde partie de Serre-moi-fort, laissant un de ses personnages principaux aux lisières de la folie après une monstrueuse agression sexuelle.
Dans le tueur intime, Will Edwards était un enfant battu et violé par son père avant de devenir lui même un violeur et un terrifiant tueur en série.
L'auteure d'Apnée noire n'a jamais été tendre, ni avec ses victimes, ni avec ses principaux personnages. Et si Claire Favan est passée progressivement d'un portrait plus vrai que nature d'un psychopathe à des romans davantage basés sur le suspense et les retournements de situation, les tueurs en série et les viols ( aussi bien féminins que masculins ) sont restés à de rares exceptions près les marques de fabrique de sa bibliographie.

Norbert et moi nous découvrons rapidement une passion commune pour la Parisienne et il veut tout savoir sur les romans qu'elle a pu écrire après son enlèvement deux ans plus tôt.
J'évoque rapidement Inexorable et son histoire d'amour entre une mère et son enfant rendu violent par une vie qui ne lui a pas fait de cadeaux.
- Et elle n'a rien écrit d'autre depuis ? m'interroge-je Norbert fébrilement.
- Si, si, son dernier roman vient à peine de sortir et s'intitule Les cicatrices. A peu de choses près je n'aurais même pas pu t'en parler mais j'ai eu le temps de le terminer juste avant d'être sequestré ici.
- Alors raconte moi tout ! Je veux connaître le moindre détail !
C'est la première fois que j'entends mon voisin de cellule aussi enthousiaste depuis mon arrivée ici.
- De nombreux lecteurs parlent de retour aux sources avec ce roman. Personnellement il m'a parfois fait penser à Miettes de sang. Owen Maker, le personnage principal, est un anti-héros comme l'était à sa façon Dany Myers. Mais pour le reste, on retrouve autant le travail psychologique des débuts que la volonté de surprendre sans cesse le lecteur. Le résultat est assez troublant puisque le livre d'une grande crédibilité dévie vers des rebondissements assez inconcevables. Disons que le spectacle vaut le coup d'oeil à condition de ne pas y regarder de trop près.
- Parle moi de ce Owen ?
- Déjà je peux te dire que c'est lui qui donne son titre au roman. Adolescent, il a fait une chute dans un ravin, a été entraîné par une rivière, et il a été complètement broyé. L'adulte auquel nous avons affaire ignore ce qu'il a pu fuir cette nuit-là, qui lui revient souvent en rêve, mais il en garde de lourdes séquelles physiques et psychologiques.
Physiques en raison des nombreuses opérations chirurgicales qui ont été nécessaires pour le remettre sur pieds, autant de blessures responsables de douleurs fulgurantes quotidiennes.
Psychologiques parce qu'il est amnésique. Il ignore d'où il vient, qui il est, qui sont ses parents.
"Même aujourd'hui, je ne sais absolument pas d'où je viens, ni qui j'étais avant tout ça, comme si quelqu'un avait réinitialisé mon existence."
- Et pourquoi tu en parles comme d'un anti-héros ?
- de son propre aveu, il a une "vie de merde". Principalement à cause de son ex-femme, Sally, de laquelle il a divorcé depuis cinq ans. Et pourtant ils habitent encore la même maison, séparée d'une simple cloison. Et Sally le considère toujours comme l'homme avec lequel elle finira sa vie. Et elle se livre au plus abominable chantage qui soit.
"Sa principale occupation à présent, ce sont ses fausses tentatives de suicide pour me punir de l'avoir quittée."
Sa possessivité maladive fait d'Owen le héros "Trop bon, trop con" par excellence, osant à peine tenter d'entamer une nouvelle histoire sentimentale, toujours présent comme par obligation pour celle qui coninue de lui pourrir la vie. Par devoir et culpabilité, à quarante-deux ans, il n'ose pas prendre sa vie en main et l'a mise totalement entre parenthèses.
- Et pour ce qui est du tueur en série ? Qu'est-ce qu'elle a inventé comme monstre cette fois-ci ?
- Je ne sais pas si ça va te faire rire ou pleurer, mais il s'appelle Twice. Et il a constamment deux prisonnières à la fois, tuant et jetant celle dont il n'a plus besoin pour la remplacer aussitôt.
"Comme il l'aurait fait avec une ampoule cassée, il venait d'aller faire ses courses et il revenait avec sa nouvelle trouvaille."
Elles n'ont d'autre but que de satisfaire ses besoins sexuels. le FBI n'a jamais réussi à l'appréhender ( "Vous m'avez dit vous-même que vous êtes sur ses traces depuis vingt-cinq ans" ) malgré son nombre de victimes ( "Nous lui avons attribué vingt-deux meurtres depuis qu'il est en activité." ).
- Et qu'est-ce qui relie ce psychopathe à Owen ?
- Eh bien alors qu'il n'avait plus fait entendre parler de lui depuis cinq ans, il reprend du service. Il viole et tue de nouvelles victimes.
"Des femelles à la disposition de ses moindres caprices sexuels."
Qu'Owen connaît de près ou de loin. Lui qui considérait déjà sa vie comme une catastrophe ne va pas être déçu de se voir plongé au centre de cette affaire médiatique. Victime ? Coupable ? Bouc émissaire ? Dommage collatéral ? Alors qu'on lui aurait donné le bon dieu sans confession un lien ambiguë le relie de toute évidence à ces nouveaux meurtres. A la police et à l'agent du FBI hanté par cette affaire non résolue de faire la lumière sur toute cette affaire.
- Et est-ce qu'elle fait un petit clin d'oeil à ses amis écrivains comme elle l'avait fait dans Dompteurs d'anges ? Jacques Saussey, Nicolas Lebel, Olivier Norek ?
- Euh ... Oui, bien vu. Beaucoup de lecteurs ont adoré ce passage humoristique mais personnellement ça fait partie des reproches que j'ai à formuler. On a un livre très noir, très dur par endroits et durant un des cinquante-cinq chapitres, entre deux viols et deux meurtres, l'auteure se permet un humour malvenu en mettant ses confrères romanesques en posture plutôt gênante et ... disons que ça n'a rien à faire dans le roman. Pas de cette façon. C'est une tâche gratuite et indélébile qui vient endommager tout le reste.
- Je vois, c'est un peu comme si nous étions dans une chronique littéraire entâchée par un humour de très mauvais goût ?
- C'est exactement ça ! confirmai-je en hochant la tête, même si Norbert ne pouvait pas me voir.
- Quoi d'autre ? Insiste mon très curieux voisin.
- Eh bien je dirais que c'est un roman sur la dualité. Sur ces cicatrices qui se font ou se défont. La couverture représentant Owen en est une parfaite illustration. C'est le personnage par excellence plus complexe qu'il n'y paraît, partagé entre un passé dont il n'arrive pas à se défaire et un futur qu'il voudrait construire, entre une ineffable gentillesse et une colère contenue, qui plus est privé de tout repères de son enfance.
Le chiffre deux, représentatif de cette dualité, est également au centre du roman. Tout marche par paires en quelque sorte. A commencer par le nombre de prisonnières, et en particulier sur Marie et Emily dont on suivra l'infâme quotidien aux côtés de Twice. Et des couples il y en a bien d'autres : L'insoluble séparation d'Owen et Sally vivant dans une maison coupée en deux, le duo formé par les policiers Cartwright et Bowns. On comprend très vite également qu'il y a au moins deux tueurs et que Twice a probablement un complice. Finalement, pour le lecteur, le travail de déduction consiste le plus souvent à deviner qui forme un couple avec qui pour avoir toutes les réponses.
- Et finalement tu as aimé ou pas ?
- Bien sûr que j'ai aimé ! C'est du Claire Favan quand même. Quoi que j'ai pu lire un mauvais roman de Claire Favan ça n'existe pas. Mais comme je te le disais tout à l'heure, je trouve qu'elle a peut-être voulu trop en faire pour surprendre ses lecteurs. On voit souvent les revirements n'arriver qu'un ou deux chapitres avant et même elle avait déjà utilisé certaines des mêmes ficelles par le passé je suis retombé plusieurs fois dans le panneau quand même. Alors oui, c'est un thriller qui se dévore du début pourtant calme à la fin qui nous emmène de surprises en révélations. Mais autant j'ai cru au tueur intime autant je doute qu'un tueur comme Twice puisse exister. Surtout dans ce roman tel qu'il est construit. En tout cas il ne me restera pas en mémoire comme je me souviens encore de Serre moi fort plus de trois ans plus tard.
- Mais tu ne veux pas m'en dire plus ? Me raconter la fin ?
A ce moment là nous entendons la porte de la cave s'ouvrir et les pas lourds de notre tortionnaire descendre les escaliers.
- Tu sais quoi ? Je vais nous sortir de là et le livre je te le promets, on ira tous les deux l'acheter au Furet du nord. Ou on le commandera sur internet. C'est moi qui te l'offre. Comme ça tu pourras découvrir par toi même tout ce que je ne t'ai pas dit !

Quand la porte de ma cellule s'ouvre et que Twix enfile ses gants de vaisselle, je tire avec tout ce qui me reste d'énergie sur ma chaîne. L'une de mes mains est enfin libre et je propulse mon arme de fortune vers mon bourreau. J'arrive à lui faire perdre l'équilibre. Quand elle se relève, elle n'a pas l'air contente. Et sort un hachoir de derrière sa blouse avant de foncer sur moi.
Je lève mes bras pour protéger mon visage quand elle veut m'asséner un coup fatal.
Quand je constate en rouvrant les yeux que mon bras droit a été tranché net à hauteur du coude et git au sol dans une mare de sang que je continue d'inonder, je pense d'abord que c'est moi qui pousse le cri d'un poulet égorgé.
- Nonnnnnnnnn ! Qui va me raconter la suite maintenant ?
Puis c'est sur ma tête que s'abat le couperet.


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Après "Dompteurs d'anges" et "Inexorable" qui m'avaient fait forte impression, "Les cicatrices" est donc ma troisième rencontre avec Claire Favan, suivi d'ailleurs immédiatement d'une quatrième ( "La chair de sa chair") , mais ceci est une autre histoire. Les critiques de certains de mes amis, notamment celles de @Jeanfrancoislemoine et celle d'@Antyrya m'avaient donné depuis longtemps l'envie de faire connaissance d'Owen et de Twice, et je n'ai pas regretté ces rencontres très "enrichissantes" quand on aime côtoyer les tueurs en série et leurs victimes.

Mais comme vous ne connaissez peut-être pas encore ces personnes, permettez-moi de vous les présenter.
Commençons par Owen, que je placerais dans la catégorie victime, non pas directe, mais au moins sérieusement collatérale. Imaginez un instant la vie de ce pauvre gars : séparé de Sally, mais forcée de cohabiter avec cette femme qu'il ne supporte plus depuis le décès de leur unique enfant. Une séparation que ni Sally ni les ex-beaux-parents n'acceptent, et chacun y va de son chantage, Sally en multipliant les tentatives de suicide (plus ou moins convaincantes), le beau-père, employeur d'Owen qui le tient par son boulot. Owen résiste malgré tout, il ne veut pas reprendre la vie commune. En plus il vient de faire connaissance avec Jenna, avec laquelle les choses se passent plus que bien... Non, il en a déjà assez bavé dans sa vie, ses cicatrices sont là pour en témoigner. Tiens, d'ailleurs il ne se souvient pas trop d'où elles proviennent, juste qu'il a eu un terrible accident il y a très longtemps. Et il n'a pas fini d'en baver, parce qu'inexplicablement son empreinte ADN se retrouve sur une scène de crime, puis sur une seconde. Et comme par hasard, il existe des liens qui le relie à ces victimes. Bref il est mal barré.

Et Twice alors, qui est-ce ? Oh, c'est juste un tueur en série comme il est habituel d'en croiser dans ce type de thrillers, rien de plus banal. Sauf qu'il a quelques petites particularités, notamment celle de ne jamais s'être fait prendre. Et pourtant l'agent spécial Lyle Esteves le traque depuis 25 ans, il en a même fait une véritable obsession. Et puis juste tuer bêtement, ce n'est pas son truc, lui ce qu'il aime c'est kidnapper des femmes, et en avoir toujours deux sous le coude pour satisfaire ses petites lubies. Comme ça on varie les plaisirs. Et plus elles se montrent rebelles et résistantes, plus elles ont des chances de durer. Twice n'avait plus fait parler de lui depuis longtemps, à part Esteves qui s'acharne, personne ne pensait plus à lui, mais ces nouvelles affaires ressemblent curieusement à son "modus operandi". Mais quel rapport avec ce pauvre Owen ?

L'intrigue est tricotée finement, et jusqu'au bout la tension monte, on tire la langue, on est complètement pris de court parfois, même si on a pu sentir venir quelques rebondissements. Mais impossible de s'attendre à cette fin, qui va vous retourner le cerveau. Je ne sais pas si c'est Claire Favan qui a l'esprit tordu ou moi qui souffre d'une forme de perversion qui me fait adorer ce genre de récit, sans doute un peu des deux. Ce que j'ai préféré dans ce roman, ce sont les quelques chapitres en italique où l'on remonte le temps et l'on côtoie d'anciennes captives de Twice, détenues dans des cellules contiguës et tentant de se soutenir mutuellement. On mesure toute l'importance de ces passages ultérieurement...

La plupart des personnages ne sont pas particulièrement attachants. On se prend de pitié pour Owen, pantin mou balloté entre les crises de Sally et les manipulations de ses beaux-parents, on aimerait vraiment qu'il s'impose et envoie bouler ces empêcheurs de vivre tranquille. L'équipe de policiers chargée de résoudre les nouveaux meurtres m'a paru assez inefficace, cet aspect (l'enquête) n'est pas ce qui m'a le plus accroché. Par contre la psychologie des victimes et du (des ?) bourreaux est fouillée, crédible malgré un peu d'outrance par moments.

Certaines critiques font état d'un clin d'oeil de l'auteure à des "confrères" au chapitre 42 (notamment l'excellent billet de @Kirzy). J'avoue que pour ma part cela ne m'a pas frappé, peut-être parce que je ne suis pas assez familière des auteurs en question. Après coup j'ai relu ce chapitre, et oui, effectivement trois personnages très secondaires leur font référence, ça parlera sans doute plus à d'autres lecteurs.

Pour conclure, j'ai vraiment passé un bon moment à me faire balader par Claire Favan, à tel point qu'à peine ce roman fermé je me suis précipitée sur une autre de ses oeuvres. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur, et j'en redemande !



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Que les amateurs de scénarii machiavéliques se réjouissent avec Claire favan, nous avons de beaux jours devant nous !!!
Lorsque l'on a entre les mains un de ses romans, on sait que la notion de temps va être tronquée. C'est la faim qui vous rappelle à l'ordre.
"Il suffit d'une graine pourrie pour que tout le sac soit contaminé". le ton est donné avec cette première phrase du prologue. On devine que le mal va germer et c'est avec agilité que Claire Favan nous amène dans l' antre de Twice le tueur en série.
Il est toujours risqué dans un thriller d'en dire de trop mais pas de souci avec moi, je ne vais pas vous gâcher le plaisir de découvrir vous-même les cicatrices qui peuvent avoir le goût de la vengeance...
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Malgré le fait qu'ils soient divorcés, Owen et Sally partagent une maison divisée en deux. Sally n'accepte pas cette séparation et fait du chantage au suicide. Owen de son coté essaye de refaire sa vie avec Jena qui travaille pour la police.
On retrouve des corps de femmes portées disparues, les éléments recueillis font penser au Lieutenant Dwain Cartwright qu'il s'agit de l'oeuvre d'un tueur en série qui sévit dans le coin depuis des années. Il enlève, séquestre et viole des femmes. Il est surnommé « Twice » car il en détient toujours deux en même temps. le lieutenant demande de l'aide au FBI et principalement à l'agent spécial Lyle Esteves qui a consacré quasiment toute sa carrière à le traquer. Alors que l'enquête piétine depuis des années, un élément vient bousculer l'affaire, l'ADN d'Owen est retrouvé sur une scène de crime.
Claire Favan maitrise parfaite l'art de manipuler son lecteur. Rebondissements, faux semblants et éléments délivrés au compte gouttes permettent de nous tenir en haleine tout au long du roman avec une fin machiavélique. Elle fait partie pour moi des auteurs préférés du thriller français et la liste de ses amis auteurs qu'elle cite en font également partis : Olivier Norek, Nicolas Lebel et Niko Tackian
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Owen est le gendre idéal, au moins pour ceux qui tiennent à en avoir un.
Malgré le divorce, ses beaux-parents font tout pour le retenir, espérant qu'il se ravise et reprenne leur fille, Sally. Les ex- habitent toujours dans la même maison, divisée en deux parties indépendantes, certes, mais la cloison est trop fine pour l'intimité d'Owen et de ses conquêtes, d'autant que Sally est d'une jalousie maladive.
Le beau-père le tient d'une autre manière puisqu'il est son patron. Owen étant 'le meilleur de ses vendeurs' (de voitures), on se demande pourquoi, avec de telles compétences, il ne se casse pas à l'autre bout du monde pour laisser toutes ces embrouilles derrière lui, mais l'histoire s'arrêterait là, direct. Dommage ! Donc on doit y croire.
Parallèlement, des cadavres de jeunes femmes séquestrées et violées sont lâchés dans la nature ; leur bourreau a pris soin de les vêtir comme le jour de leur disparition.

J'ai dévoré 'La chair de sa chair' (2021), aussi agacée qu'accro à l'intrigue, car entraînée par le suspense.
J'avais vaguement juré qu'on ne m'y reprendrait plus... mais après un petit dernier, quand même, histoire d'être sûre.
Hélas, constat similaire avec ce thriller qui reprend les mêmes thèmes (parentalité & filiation, hérédité ou reproduction, folie, couple, emprise, vengeance...) et les mêmes ficelles, avec des invraisemblances, notamment des changements d'attitudes surprenants.

Aussi 'efficace' qu'agaçant, en clair.
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