Evelyn Underhill. Ecrivain, poétesse et essayiste chrétienne.
Considérée de son vivant comme une figure de proue de la mystique chrétienne, Evelynn Underhill a contribué à renouveller celle-ci par une oeuvre quantitativement considérable (39 livres et plus de 350 articles), couvrant des domaines variés. Elle fut éduquée au King's College for Women de Londres, où elle étudia l'Histoire et la botanique, et commença dès l'adolescence sa carrière d'auteur de poèmes et de romans, publiés avant que ne s'affirme son intérêt pour la religion.
Mais c'est au moment -concomitant à celui de son mariage avec l'avocat Hubert Stuart Moore- où elle amorça une reconversion (résultant d'un long processus) au christianisme qu'elle se consacra à des thématiques religieuses qui l'absorbèrent ensuite totalement. Mariée à un protestant qui, bien que ne partageant pas sa foi, n'y fit pas obstacle, sans enfants, Evelyn Underhill eut l'opportunité de se dédier à l'écriture -sous son nom et sous le pseudonyme de John Cordelier, comme pour The Spiral Way (1912) -et à différents travaux de direction de conscience et d'enseignement. Bien que sa conversion l'ait liée au catholicisme, sous la direction de Friedrich von Hugel, son parcours est caractérisé par une grande curiosité à l'égard de différentes formes institutionnalisées du christianisme, parmi lesquelles l'anglicanisme, dont elle finit par se rapprocher, mais aussi l'Eglise grecque orthodoxe, ou différents groupes ésotériques comme la Golden Dawn ou les Rosicruciens. Cette recherche oecuménique constituait alors une pratique d'avant-garde, dans la mesure où elle incitait les protestants en particulier à examiner leurs racines communes avec le catholicisme.
Evelyn Underhill, quoique très indépendante dans ses écrits, fut membre de plusieurs congrégations et groupes religieux, (...). Elle exerça des responsabilités religieuses : à partir des années 1920, elle conduisit des retraites et donna des cycles de conférences, qui furent par la suite publiées. Elle conserva un positionnement à la périphérie des institutions religieuses, en particulier en raison de son sexe -même si Evelyn Underhill eut accès à des honneurs réservés aux hommes jusque-là, comme le poste d'outside lecturer à Oxford ou un doctorat d'honneur à l'université d'Aberdeen.
Ses premières oeuvres, qui sont les plus connues -comme The Path of Eternal Wisdom. A Mystical Commentary on the Way of the Cross (1912) ou Pratical Mysticism. A little Book for Normal People (1914)-, jettent les bases de son approche de la mystique. Son livre Mysticism: A Study in the Nature and Development of Man's Spiritual Consciousness, publié en 1911 et régulièrement republié depuis, illustre la singularité de sa démarche: en effet, Evelyn Underhill s'écarte d'une approche scientifique du mysticisme en particulier, elle critique les thèses de William James qui, identifiant les facteurs psychologiques du mysticisme, lie dans son analyse mysticisme et maladie mentale, qu'il considère comme la face sombre ou "diabolique", du mysticisme. Elle n'adopte pas non plus une approche théologique classique, mais consacre plutôt son oeuvre à une exploration apologétique de l'expérience mystique en en identifiant les éléments fondamentaux, qui incluent la brièveté de l'expérience mystique ou encore l'impression que le moi est absorbé dans un ensemble plus vaste. Elle veille particulièrement à rendre la compréhension de l'expérience mystique accessible à tous et la présente comme à la mesure de chacun; pour elle, les mystiques ne sont pas des individus intrinsèquement exceptionnels, mais des personnes que leur expérience rend extraordinaires, expérience dont ils font bénéficier la société autour d'eux. Pour clarifier la spécificité du mysticisme, Evelyn Underhill s'efforce de le distinguer de ce à quoi il est souvent -selon elle, à tort- associé, comme la magie et l'occulte.
L'approche philosophique d'Evelyn Underhill, tout d'abord fortement idéaliste -elle est au départ proche d'Henri Bergson et adopte ensuite une position néoplatonicienne-, se rapprochera plus tard d'une vision réaliste critique dans laquelle " la prière et le travail deviennent une seule chose". cependant, son adhésion au mysticisme demeure totale tout au long de son oeuvre, dans la mesure où elle considère qu'il est l'état le plus élevé que la conscience humaine puisse atteindre. Malgré le rapprochement des institutions religieuses, perceptible dans ses oeuvres plus tardives comme Worship (1936), elle conserve une approche profondément subjective et personnelle, pourtant accessible, du mysticisme, qui caractérise sa définition de celui-ci.
Brigitte Beauzamy
Quelques notes très sobres recueillies par une amie évoquent l'effet que produisit en elle l'expérience qualifiée de « naissance » véritable : « Quelques jours après la rencontre de son Guru, nageant au milieu du Gange, elle s'arrête tout à coup, se laissant porter par le courant et là se produit la Merveille ! ce fut sa "vraie naissance". Péniblement sortie du Gange, elle va errer quinze jours dans la forêt [de Hardwar ; Haradvara, « la porte de Shiva »] sans faim ni soif ni fatigue, ivre de paix, de douceur, oubliant tout, se cachant dans les buissons sous les regards émerveillés des sadhou et des pèlerins.» Elle se trouva ainsi projetée d'emblée à un niveau d'expérience d'une très haute intensité ; son maître lui fit cependant refaire une à une les étapes de cette aventure intérieure, afin de la rendre capable de transmettre à son tour ce qui lui avait été donné. Dès lors, son seul but fut à la fois de vivre l'aventure de l'intériorité jusqu'à sa plénitude, et d'en transmettre la vie profonde et universelle.
L'œuvre abondante d'Antoinette Bourignon ne comporte pas d'ouvrages proprement mystiques, si l'on entend par là des textes empreints de proximité affective avec Dieu et s'exprimant sur le mode de l'oraison, de l'effusion amoureuse, du chant poétique. Le message est plutôt d'essence prophétique et visionnaire et cela se ressent jusque dans les argumentations polémiques dans lesquelles la prédicante dénonce, avec un verbe apocalyptique, l'indignité et la félonie des Églises établies, ou encore lorsqu'elle élabore ce que l'on pourrait appeler le noyau de ses convictions de base : ainsi sa vocation à l'éveil spirituel des âmes, enracinée dans l'expérience directe de son rapport à l'Esprit-Saint ; ainsi sa conception anthropologique annonçant la fin des sexes, la réinstauration de l'ordre androgynique primordial et la capacité de créer des êtres par la seule vertu du désir sanctifié en amour de Dieu. Tous les commentateurs modernes, à la suite de Pierre Bayle, soulignent la part quelque peu délirante et chimérique de son enseignement.
Antoinette Bourignon (1616-1680)
Toutes les femmes de ce Dictionnaire en témoignent: la mystique est un cheminement intérieur et extérieur tout à la fois, une voie de l'être en quête de transformation, qui est appelé à la présence infinie. Elle aide à poser un regard renouvelé sur le monde, prêt à être transfiguré à chaque instant. Elle apprend à voir, non plus à croire ou à savoir. Elle ouvre à une dimension nouvelle, le réel, où se découvrent l'humanité de Dieu et la divinité de l'homme.
Evelyn Underhill, Ecrivain, poétesse et essayiste chrétienne ( Wolverhampton, 6 décembre 1875 - Hampsead, 15 juin 1941). Cinsidérée de son vivant comme une figure de proue de la mystqiue chrétienne, Evelyn Underhill a contribué à renouveler celle-ci par une oeuvre quantitativement considérable ( 39 livres et plus de 350 articles), couvrant des domaines variés. Elle fut éduquée au King's College for Women de Londres, où elle étudia l'Histoire et la botanique, et commença dès l'adolescence sa carrière d'auteur de poèmes et de romans, publiés avant que s'affirme son intérêt pour la religion. Mais c'est au moment -concomitant à celui de son mariage avec l'avocat Hubert Stuart Moore- où elle amorça une reconversion (résultant d'un long processus) au christianisme qu'elle se consacra à des thématiques religieuses qui l'absorbèrent ensuite totalement.
• Femmes chamanes, Rencontres initiatiques, d'Audrey Fella.
https://www.mamaeditions.com/catalogue/chamanismes/femmes-chamanes