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EAN : 9782072978524
208 pages
Gallimard (10/11/2022)
3.93/5   95 notes
Résumé :
Une jurée d'assises qui influence malgré elle l'issue d'un procès, un groupe d'enfants qui s'acharne sur un vieil homme isolé, un homme dont la poupée gonflable est attaquée, une jeune avocate qui doit défendre le chef d'un réseau de prostitution... Dans ces douze nouvelles appartenant à l'univers de la justice, la plume incisive de Ferdinand Von Schirach saisit des existences banales à l'instant précis où elles basculent, que ce soit sous le poids de l'émotion, d'u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Tour à tour cruelles ou ironiques, chacune des histoires qui composent ces douze nouvelles sont d'une redoutable efficacité. Pas étonnant lorsqu'on découvre que leur auteur, Ferdinand von Schirach, a été un avocat pénaliste de renom. Il s'y entend pour nous décrire avec minutie la machine judiciaire, que ce soit du point de vue d'une jurée dans « « La jurée », et qui évoque les violences conjugales, ou bien le parcours de Seyma, la jeune avocate de Subotnik » obligée de défendre un proxénète à la tête d'un important réseau de prostitution. La cruauté existe aussi du côté des enfants, comme Tom et ses copains qui lapident par jeu un pauvre aveugle surnommé « poisson qui pue ». C'est avec une pointe d'ironie que l'auteur nous parle de l'amour d'un homme pour sa poupée Lydia, amour passion qui va le pousser à la violence.
Ce sont tous les travers, les vices et la cruauté de notre humanité que décortique Ferdinand von Schirach avec la précision et le tranchant d'un scalpel. Il démontre aussi les limites de la justice qui, parfois, laisse échapper un coupable ou bien s'acharne sur un innocent.
Toutes ces histoires à la trame psychologique tendue sont à la fois troublantes, inquiétantes et plaisantes à lire


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Avocat pénaliste, Ferdinand von Schirach s'est fait connaître depuis plus de dix ans pour plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont Sanction. Notez que ce titre fait partie d'une trilogie sur le crime, précédé de Crimes et Coupables.
Dans ce recueil chacune des 12 nouvelles retrace un crime, son jugement, ainsi que la condamnation qui s'ensuit. Ou pas.
Car c'est bien l'absence de condamnation qui intéresse l'écrivain autant que la sanction.
Ces nouvelles sont extrêmement dérangeantes : ces hommes et ces femmes basculent dans le meurtre et ce basculement bouscule nos conceptions habituelles sur le bien et le mal, sur la Justice au sens fort.
Car est-il juste qu'un homme soit assassiné pour ses pratiques sexuelles peu conventionnelles ? Est-il juste que l'auteur de violences sur la personne qui a agressé sa poupée soit relaxé ? Est-il juste que cette femme assassine son mari pour le meurtre de leur enfant ?
L'auteur n'impose pas son avis, et au lieu de nous donner un jugement confortable qui nous permettrait un commentaire distancié, il nous laisse avec notre conscience. Et c'est autrement plus difficile.
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12 nouvelles sur la justice, 12 nouvelles sur la morale, qu'est-ce qui est bien ? qu'est-ce qui ne l'est pas ?.
Derrières ces chroniques judiciaires, certaines manifestement inspirées d'histoires vraies, il est surtout question de problèmes humains complexes, de souffrances, de parfois seulement de "pas de chance".
Chaque nouvelle laisse le lecteur dans un abîme de questionnement.
L'écriture est chirurgicale, réaliste, nostalgique et pleine d'humanité.
Cela dit, cette lecture me conforte dans le fait que les nouvelles, ce n'est pas pour moi. C'est trop court pour rentrer dans la psychologie des personnages, pour s'attacher voire se projeter. C'est confirmé, je préfère les pavés.
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Dans ce recueil de douze Nouvelles, Ferdinand von Schirach s'inspire de son expérience personnelle d'avocat pour aborder le thème de la sanction.
L'écriture est incisive, les phrases courtes, les mots délicatement choisis. On sent la rigueur et l'objectivité du pénaliste ! C'est ce qui donne aux histoires toute leur épaisseur et captive le lecteur. von Schirach a le don de décrire les faits de manière précise tout en laissant au lecteur la part de réflexion et d'imaginaire nécessaires pour cerner la psychologie des personnages. Dans chacune des Nouvelles, le personnage est un commun des mortels qui voit son destin basculer dans une affaire judiciaire. le suspense que distille l'auteur nous accroche jusqu'aux décisions finales, surprenantes, les sanctions, justes mais pas toujours, ou, au contraire, l'absence de condamnation. Car si le droit est sans équivoque, les êtres qui enquêtent, ordonnent, défendent, accusent et jugent sont perfectibles et soumis à leurs propres émotions et valeurs. L'auteur nous confronte à la partie sombre d'individus qui nous ressemblent, le plus souvent, socialement intégrés et éduqués, qui commettent ou vivent l'irréparable, et ce, sans jamais juger ses personnages.
Dans les recueils, il n'est pas rare de constater une inégalité littéraire parmi les Nouvelles. Bien sûr, il est normal qu'on accroche un peu plus vite et plus fort à certaines d'entre elles. Mais rares sont les recueils où l'on ne ressente pas une pointe de déception à la lecture de quelques-unes des histoires. Sanction est de ces recueils que vous dévorez sans jamais vous en écoeurer !

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Alors que je parlais avec un de mes lecteurs de mon challenge "Feuilles allemandes", celui-ci m'interpelle et me dis :
 - J'espère que vous avez choisi Ferdinand von Schirach dans votre sélection, c'est vous qui me l'avez conseillé et je me suis régalé.
Et moi de me dire : "punaise mais c'est vrai, pourquoi m'y ai-je pas pensé ?
Peut-être parce que sur le coup je n'avais pas sous la main dans ma bibliothèque personnelle un titre de von Schirach que je n'avais pas lu.
Oui mais voilà, j'ai une autre bibliothèque à ma disposition, une bien plus grande, j'y travail même. Et c'est comme cela que je me suis retrouver avec Sanction de Ferdinand von Schirach conseillé cette fois par mon lecteur, c'est le monde à l'envers !
Alors que nous raconte "Sanction"
Ferdinand von Schirach nous propose là un court recueil de nouvelles. Douze pour être précise. Douze textes qui nous entrainent dans l'univers de la justice. Il  nous plonge dans
les coulisses des affaires pénales. Avec lui on saisit parfaitement l'instant où pour chacun d'eutre nous tout peut basculer, quand un individu lamba comme vous et moi peut passer du coté obscure. Quand un l'équilibre fragile s'effondre, d'un fait ordinaire devient quelque chose d'extraordinaire. Quand l'humain est confronté à l'inhumain.  Quand la justice elle-même dérape. Quand l'institution judiciaire elle aussi bégaie.  Car la justice, forcément est rendu par de homme et des femmes, eux aussi friables !
Ferdinand von Schirach est avocat de la défense au barreau de Berlin depuis 1994. J'avais déjà lu ses deux recueils de nouvelles, Crimes et Coupables, ainsi que ses romans L'affaire Collini  qui ouvrait le débat sur la prescription des crimes nazis et Tabou, je connais déjà la puissance d'évocation de notre auteur allemand. J'ai à nouveau apprécié son son style concis Et, ici, une nouvelle fois je n'ai pas été déçue.
L'écriture au scalpel de l'écrivain allemand nous plonge au coeur de la mécanique des affaires criminelles et de la psychologie de ceux qui la rendent.  Il bouscule, il interroge... Pourquoi des innocents vont condamnés, des coupables remis en liberté ? ... Avec Sanction il sonde cette dimension humaine de la justice. Ses erreurs, ses lâchetés peut-être, les crimes impunis, les verdicts  approximatifs voire imparfaits
Il nous donne à voir, avec une prose glaçante, une vision singulière de ce que peut-aussi être la justice. Et croyez-moi cela ne vous laissera pas indemne !
Et tiens, tant que j'y pense, il serait bien que je vous parle aussi des autres titres de Ferdinand von Schirach. Car vraiment si vous ne connaissait pas cet auteur, foncez !!!
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Désormais, quand elle n’avait pas cours, elle allait au tribunal de grande instance assister aux audiences. Un jour, elle y vit un avocat d’un certain âge, son client était accusé de fraude fiscale. Lors d’une perquisition, un paquet de viagra et un gode ceinture avaient été trouvés dans son coffre-fort. Au cours du procès, un policier plaisanta sur le sujet. Le vieil avocat leva les yeux de son dossier : « Vous trouvez ça correct de prendre de haut les faiblesses des autres ? » demanda-t-il. Ce n’était qu’une phrase, prononcée tout bas, d’une voix presque blanche, une phrase qui n’avait rien à voir avec la procédure judiciaire ni avec la culpabilité du client. Mais dans la salle d’audience, le silence se fit, et Seyma pensa à sa propre vie. Cinq ans plus tard, elle envoya sa candidature à cet avocat.
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Elle commença à travailler pour une fondation politique. Elle s’occupait des invités pendant les conférences – politiciens, entrepreneurs, lobbyistes. Les hôtels sentaient le savon liquide et, au petit déjeuner, les hommes mettaient leur cravate sur leur épaule pour ne pas la salir. Par la suite, il ne lui resta qu’un vague souvenir de cette époque.
Petit à petit, elle prit ses marques. Le président de la fondation se rendit compte qu’elle était douée : les gens l’appréciaient et, parce qu’elle était toujours sur la réserve, ils en disaient plus qu’ils ne l’auraient voulu. Le président fit d’elle son bras droit, elle l’accompagnait, rédigeait des communiqués de presse, le conseillait, proposait des stratégies. Selon lui, elle avait du talent, mais elle était convaincue qu’elle était nulle, une sorte d’usurpatrice, que son travail ne valait rien. Pendant les déplacements, il leur arrivait de coucher ensemble, comme si ça faisait partie du jeu.
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Le courrier du tribunal de grande instance était imprimé sur papier recyclé. Il disait qu’elle avait été désignée comme jurée pour cinq ans, Elle composa le numéro de l’en-tête et dit qu’il y avait un malentendu, elle n’avait pas le temps pour ça. L’homme au téléphone était las. Elle pouvait tenter de se faire dispenser, répondit-il, et à sa voix c’était loin d’être la première fois qu’il prononçait ces mots. Il était possible de refuser la charge à condition d’être membre du conseil fédéral ou du parlement régional, national ou européen. Ou encore d’être médecin ou infirmier. Tout était dans la loi sur le système judiciaire, c’était à elle d’aller voir. Si, après ça, elle pensait toujours avoir un motif valable, libre à elle de rédiger une lettre, le tribunal statuerait sur sa demande après consultation du parquet.
Katharina interrogea l’avocat de la société d’informatique. Il lui dit qu’elle n’avait aucune chance."
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Il vivait de petites affaires, conflits de voisinage, rixes de bar et trafics de drogue – ses clients étaient des dealers de rue avec des sachets d’héroïne dans la bouche qu’ils avalaient quand ils avaient la police aux trousses. Il passait ses soirées dans un restaurant chinois malfamé. Tous les soirs, il allait s’asseoir dans l’arrière-salle pour jouer aux cartes. Autrefois, il avait défendu des joueurs compulsifs, des gens nerveux, hypersensibles, qui refusaient de devenir adultes. À présent, il comprenait pourquoi ils se sentaient en sécurité à la table de jeu. Ici, les règles étaient simples et claires, et tant que la partie durait, il n’y avait que cette salle et les cartes, le reste du monde n’existait pas.
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Là-bas [...] Les parents étaient tous pareils et les enfants aussi.
Mais ici, dans son quartier, les gens venaient de cent soixante pays différents. Les règles n’étaient pas les mêmes, et l’enfance était plus courte.
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Vidéo de Ferdinand von Schirach
Crimes de Ferdinand von Schirach Marque-Page 29-03-2011
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