Dictionnaire amoureux de l'Italie

Prétendre que Stendhal a rêvé l'Italie comme une terre où chacun n'obéit qu'à ses passions et n'hésite pas à faire couler le sang pour contenter son cœur serait une simplification abusive.
Une autre Italie, nous l'avons dit, se dessine à travers les Chroniques. L'Italie des palais clos, des cloîtres, des couvents, des prisons, l'Italie de la solitude et du renfermement, où l'âme, restée seule avec elle-même, découvre dans la joie qu'elle peut se passer du monde. Le cloître d'Hélène est bien la préfiguration de la chartreuse de Fabrice. Image de la naissance, comme de la mort, c'est bien dans la cellule que se résume le mythe italien des Chroniques. S'il est vrai que l'amour et le crime, que Stendhal trouve en Italie portés à leur point de perfection, l'enthousiasment, l'amour et le crime n'auraient pas autant de fascination pour lui s'ils n'étaient les chemins obligés qui mènent à la claustration, c'est-à-dire au seul moyen d'exister par soi-même.

Art de vivre
Au début d’un livre où il va être beaucoup question de monuments, de tableaux, de musées, la lettre A me donne l’occasion de faire une légère entorse amoureuse à l’ordre alphabétique, pour déclarer que cette Italie-là n’est qu’une de mes Italies, et peut-être même pas celle que je préfère.

Quel eût été le dernier mot de Stendhal ? La vanité française ne permet pas d'aimer, la passion italienne empêche de vivre. On comprend que, placé devant un tel choix, il ait préféré taire sa « doctrine intérieure ».

Toute histoire a un début et celle-ci, comme beaucoup d’autres, est significative.

(Avant-propos)

La pesanteur d'une âme rivée à l'absolu de sa passion ne conduit qu'à la mort.