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EAN : 9782221022818
Robert Laffont (01/11/1972)
3.29/5   7 notes
Résumé :
Marié avec une sotte, l'employé aux chemins de fer Jerry Frost avait deux ambitions dans la vie : devenir facteur ou président des États-Unis. Il sera l'un et l'autre dans des conditions parfaitement rocambolesques. Dans cette comédie satirique, Scott Fitzgerald s'en donne à coeur joie dans l'onirisme et la bouffonnerie, sans pourtant chasser l'émotion. Se déployant dans un décor de guerre conjugale que l'auteur connaît bien, elle anticipe étrangement son destin, si... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un légume est l'unique pièce de théâtre écrite par Francis Scott Fitzgerald, et cette traduction, aux éditions Grasset, est à ma connaissance la seule édition française disponible.
Il faut dire que cette comédie satirique à de quoi surprendre. Les disdascalies sont très nombreuses, et très longues, elles présentent les personnages comme un auteur les caractériserait dans une nouvelle, laissant finalement peu de place à l'interprétation du spectateur (et du metteur en scène. Quant au second acte, n'est-il pas issu tout droit du cerveau dérangé par l'alcool de contrebande de ce pauvre Jerry Frost ?
Revenons d'abord à notre premier acte. Jerry est un modeste employé des chemins de fer, dont la maison est un enfer. Entre les disputes, sourdes, avec Charlotte, sa femme, son père, Papounet, sourd et un peu sénile, et sa belle-soeur, Doris, prototype de l'ambitieuse jeune fille américaine, il lui est difficile de trouver ne serait-ce qu'un coin tranquille pour lire son journal. Son seul geste d'émancipation est l'achat d'alcool de contrebande, sa préparation à domicile et sa dégustation (d'ailleurs, l'argenterie de madame déguste aussi). Nous étions en pleine prohibition, et les protestations de Charlotte ne sont pas seulement de pures formes. Recevoir un c,o,n,t,r,e,b,a,n,d,i,e,r chez soi (épeler le mot semble lui ôter tout caractère dangereux pour Lewis) n'est pas ce qu'elle attendait de cette soirée.
D'ailleurs, qu'en attendait-elle ? Que reste-t-il de ce couple, qui a atteint la trentaine, quelques années après leur mariage ? Rancune, rancoeur, ambition déçu pour Charlotte, rêve d'une autre vie pour Jerry ? Il la vivra dans son rêve, président fantoche dont le ministre des finances (Papounet, un beau cas de népotisme) vide les caisses, tandis que son conseiller militaire, le général Pushing, lui demande fortement de déclarer la guerre ? Tout est blanc à la maison Blanche, vêtements, arbres, animaux, en une caricature de la toute puissance du président américain - et de l'incommensurable naïveté du personnage. Toute ressemblance entre la gestion désastreuse de l'Etat dans cette pièce et la réalité est, de plus, à peine une coïncidence.

Je terminerai en posant cette question essentielle : qu'a bien pu faire l'Idaho à Francis Scott Fitzgerald pour qu'il veuille à tout prix se débarrasser de cet état ?
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"Une colossale dégelée" sont les mots de l'auteur sur cette comédie dite ratée. Voici ce que nous en dit le préfacier, Charles Dantzig.
"Un légume n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est de Fitzgerald. Et quelque chose qui n'est pas tout à fait réussi d'un écrivain qui a écrit au moins un chef-d'oeuvre est plus intéressant que quelque chose qui n'est pas tout à fait réussi d'un écrivain qui n'a écrit que du pas tout à fait réussi. (...) On y trouve une tentative. C'est dans la tentative que réside l'échec et la supériorité. Fitzgerald a plus ou moins réussi sa pièce, mais il a osé essayer une autre forme que celle qu'avait fait son succès, le roman. C'est peut-être d'ailleurs parce qu'on a eu un succès qu'on essaie autre chose. (...) le succès, l'échec, ça n'existe pas. Il n'y a que des livres."
J'ai bien apprécié cette pièce de théâtre parce qu'elle se veut un tantinet comique et satyrique: elle s'attaque aux trois piliers sacrés du pouvoir américain que sont la présidence de la République, la Cour suprême et l'Armée. C'est également intéressant de lire une autre forme d'écriture que ce que l'auteur nous livre habituellement. J'ignorais que Fitzgerald avait écrit cette pièce et j'ai été enchantée de la découvrir. Les critiques de l'époque ont été rudes à son égard et même si le registre comique est quelque peu maladroit (tantôt l'humour est piquant et fin tantôt un peu potache , "la bouffonnerie n'était pas ce que Fitzgerald réussissait le mieux"), le message est entendu et intemporel. La manière de gérer un pays a -t-elle finalement changé depuis lors?..."Les peuples ferment les yeux sur les grandes affaires des élites afin de pouvoir continuer à faire leurs petites affaires."
Les personnages peuvent sembler caricaturaux mais pourtant si vrais.
Une pièce ratée? Mal comprise à l'époque mais sûrement un succès aujourd'hui.
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UN LÉGUME de FRANCIS SCOTT FITZGERALD
La seule pièce de théâtre écrite par Fitzgerald juste avant de faire paraître Gatsby. C'est d'une simplicité et d'une drôlerie absolue, une satyre sociale et politique. C'est également une curiosité car on peine à retrouver la patte de l'auteur de Gatsby. Je me suis beaucoup amusé à le lire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le GENERAL (Désapprobateur)

Hum! Je peux vous monter une jolie guerre à très bon marché. POur trois fois rien, je vous arrange une bataille. (Avec une impatience grandissante.) N'empêche qu'un bon président devrait être capable de dire sur quelle somme nous pouvons compter.

JERRY ( Accablé)

Je demanderai à Papounet.
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SNOOKS (Braillant)

Apportez aussi un tire-bouchon ! (il tend le bidon métallique à Charlotte.) Alcool de grain. (En guise de réponse, Charlotte fait la moue. Il soulève un des flacons.) Esprit de Jupiter. Une goutte, et ça vous embaume la maison pour une semaine. (Il soulève un autre flacon.) Huile d'anis. Pour le goût. Neutralise l'arsenic. (Il soulève un troisième flacon.) Huile de coriandre.

Charlotte (sardonique)
Voulez-vous que j'aille à l'armoire à pharmacie? J'y trouverai peut-être quelque chose pour vous? Peut-être avez-vous besoin d'iode? Ou de baume musculaire de Papounet?
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Quand un homme en est à monter dans la chambre de sa femme pour y voler du parfum à six dollars l'once, il est temps pour elle de le laisser partir.
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Si j'ai supporté cette famille toute ma vie, je pense que le pays pourra le faire.
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JERRY (à Snooks)

Vous êtes Monsieur Snouuuks? Ou Snouks?

SNOOKS
Snouks. Marrant, comme nom, pas? M' le suis inventé. C'est çui d'une marque de tomates en conserve. Légalement, je suis irlando-polonais.
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Videos de Francis Scott Fitzgerald (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Scott Fitzgerald
« L'histoire de ma vie est celle du combat entre une envie irrésistible d'écrire et un concours de circonstances vouées à m'en empêcher. […] Puis, mon roman a été publié. Puis, je me suis marié. Maintenant, je passe mon temps à me demander comment tout cela est arrivé. Selon les mots de l'immortel Jules César : « Tout est dit ; il ne reste plus rien. » (Francis Scott Fitzgerald, « Qui est qui, et quoi? », paru dans le Saturday Evening Post du 18 septembre 1920.)
« […] En mai 1934, Fitzgerald [1896-1940] s'ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins [1884-1947] : « Comme vous le savez, je n'ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j'ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d'articles et de textes divers ont attiré l'attention d'un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l'humour à un soupçon de sagesse. » […] Perkins ne répond pas. Mais l'idée refait surface deux ans plus tard, en mars 1936, quand Fitzgerald lui propose « un livre de réminiscences, non pas une autobiographie, mais des réminiscences ». […] Fitzgerald, plus précis encore : « Il est plus triste de retrouver le passé et de s'apercevoir qu'il n'est pas à la hauteur du présent que de le voir s'échapper pour demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire. » Il s'agit donc, dans ce livre des réminiscences, au cours de cette délicate chasse aux papillons, de retrouver, en dépit de la tristesse et contre elle, un passé à la hauteur du présent, un passé qui tienne ses promesses à l'avenir. […] « Il se trouve que la plus grande partie de ces articles sont intensément personnels : alors qu'un journaliste doit trouver un sujet sur lequel écrire son article quotidien ou hebdomadaire, j'ai écrit ces articles uniquement lorsque l'impulsion venait de l'intérieur. En fait, j'ai les mains plus propres pour la non-fiction que pour la fiction. » […] le projet « Mains propre » était resté lettre morte. Que vive Un livre à soi. » (Pierre Guglielmina, Qu'est-ce qu'un « livre à soi »?)
« […]  […] Jamais la foi dans le destin de l'homme n'avait atteint les sommets auxquels elle est parvenue dans les années 1890 - rarement cette même foi a plongé aussi bas qu'aujourd'hui. Lorsque nous observons autour de nous un rapide déclin des idéaux de conduite, il existe nécessairement une cause fondamentale pour l'expliquer. Il est impossible d'être vicieux dans le vide. Quelque chose de sérieux (que seuls les évangélistes professionnels, les romanciers de gare et les politiciens corrompus prétendent comprendre) affecte le monde. Il faudra un coeur solide pour nager à contre-courant dans ces eaux troubles et ne pas être, comme ma génération, un peu cynique, un peu las et un peu triste. […] - doit-on s'étonner que nous redoutions presque d'ouvrir les journaux le matin de peur d'y découvrir une nouvelle dérive de la civilisation, une nouvelle infamie dans cette chambre obscure que nous appelons le coeur humain ! C'est sur ce monde que nos enfants ouvrent aujourd'hui les yeux. […] […] si mon enfant est un meilleur homme que moi, il viendra me voir enfin pour dire, non pas : « Père, tu avais raison concernant la vie », mais plutôt : « Père, tu avais complètement tort. » Et quand ce moment viendra, et il viendra, puis-je être assez juste et sage pour dire : « Bonne chance et adieu, car j'ai possédé autrefois ce monde qui t'appartient, mais je ne le possède plus. Suis ta voie à présent, avec vaillance dans le combat, et laisse-moi en paix, au milieu de tous ces torts passionnés que j'ai aimés, car je suis vieux et ma tâche est accomplie. » (Francis Scott Fitzgerald, « Attendez d'avoir des enfants à vous ! », paru dans Woman's Home Companion, juillet 1924)
« Crack-up (titre original de ce texte [Craquer]) signifie certes « craquer nerveusement », mais aussi, « rire » ou « faire rire ». Fitzgerald a certainement ce double sens en tête […] » (Note de Pierre Guglielmina)
0:04 - Craquer 13:51 - Générique
Référence bibliographique : Francis Scott Fitzgerald, Un livre à soi, traduit par Pierre Guglielmina, Éditions Les Belles Lettres, 2017
Image d'illustration : https://www.npr.org/2015/01/10/376118599/west-of-sunset-imagines-f-scott-fitzgeralds-last-years-in-hollywood
Bande sonore originale : Gotama - Inner Silence
Site : https://gotama-music.bandcamp.com/track/inner-silence
#FrancisScottFitzgerald #Craquer
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