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EAN : 9782843375002
252 pages
Anne Carrière (20/08/2008)
3.88/5   13 notes
Résumé :
À ceux dont le passeport n'a jamais le temps de moisir dans un tiroir cantine aux sédentaires invétérés. Georges Flipo propose quatorze nouvelles de voyage, et plus précisément de voyageurs : voyageurs en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud, continents que l'auteur a souvent parcourus. Pas de folklorisme ni de longues descriptions de panoramas, mais de prenantes histoires qui emmènent le voyageur - et le lecteur - un peu plus loin que prévu. Dans un cadr... >Voir plus
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S'il est souvent difficile de voyager avec intelligence, les récits produits en retour le sont certainement davantage. Dans son dernier opus de Nouvelles en partance, (Qui comme Ulysse) Georges Flipo a su contourner les obstacles propres à ce genre d'exercice en ne s'aventurant que sur les chemins balisés de son esprit. Pour Ulysse, héros de l'odyssée et pour nous autres, compagnons de route occasionnels, il ne s'agit pas d'un tour du monde alliant la mythologie aux sirènes de la modernité mais bien d'un voyage dans les limbes d'un monde intérieur. Pour autant, il ne faut pas croire qu'un tel périple soit exempt de stupeurs et de tremblements. Disons-le sans détour Ulysse n'est pas un colporteur de rêves exotiques. C'est un voyageur universel. Si ses attributs sont multiples, le héros lui est unique et chacun de ses périples nous donne à réfléchir sur ce qu'il en est de la solitude et les moyens de s'en arranger. Que celle-ci se décline du côté de l'exclusion ou du repli sur soi, de l'effondrement ou de la contemplation, de l'exil ou du deuil, la confrontation se joue tour à tour sur la capacité des uns et des autres à vivre sous la menace de la perte et à supporter, une fois livré au monde, le trop plein du manque.
Georges Flipo n'entraîne pas le lecteur à se reconnaître dans les différents habits du voyageur pas plus qu'il ne lui demande de l'accompagner dans une sorte de double imaginaire de lui-même. Ses nouvelles en partance sont avant tout des fugues. Des échappées belles qui réussissent à subjuguer le lecteur en quelques mots, le temps de brosser le tableau d'une vie misérable, le temps d'éprouver les moyens de ruser avec l'autre, de se mettre à l'abri de son regard, de se soustraire à son désir, bref de le mettre à l'écart. L'important, nous souffle Ulysse, n'est pas seulement de franchir les mers et de s'emmitoufler quelque part dans une sorte de touffeur extatique, tout voyageur un peu sincère en a ressenti un jour l'inanité, l'important c'est ce temps, furtif, proche de l'ivresse, où l'être en partance entend le saisissement du coeur et de l'âme avant d'être projeté en avant vers l'inconnu.
L'auteur, grand voyageur, sait bien qu'il est vain de vouloir partir à la rencontre de l'autre dès lors où celui-là ne l'attendrait pas. La rencontre s'opère toujours avec quelqu'un d'unique, de surprenant, de séduisant et cela vient seulement dire que l'on s'est reconnu dans son désir de partage, qu'on le détermine en quelque sorte. Les voyages n'ont rien à voir là-dedans. le touriste, bête noire de l'auteur, ne fait que virevolter sur place, en circuit fermé, il n'emprunte jamais ces chemins cachés qui mènent au croisement des battements du coeur de l'au-dedans et de l'au-dehors de soi. Emporté au plus près de la foule, Ulysse voudrait toucher, presser, embrasser en un seul enveloppement l'intimité du monde et, dans l'épaisseur de la nuit, tenter encore et encore d'exorciser tout le mal de l'âme humaine.
Nouvelle après nouvelle, Georges Flipo invite le lecteur à entendre les voix de ce périple intérieur, à percevoir l'incessante errance de l'homme dans la nuit terrestre, son besoin de franchir les frontières, de les déplacer, de les détruire… et à mesurer combien est grande son obstination à les reconstruire.
Pris dans la caricature d'une liberté entrevue, Ulysse interpelle le voyageur avec ces ultimes questions : qu'est-il donc arrivé ? qu'ai-je donc vécu au juste ? Les sentiers de la mémoire deviennent toujours plus âpres, se dit-on en refermant le livre. On peut se sentir désespérément seul mais Ulysse est toujours là, longtemps après, à nous faire des signes de bienvenue ou d'adieu selon notre envie ou non de passer de l'autre côté du miroir et de le suivre dans un hypothétique pays des merveilles. C'est si bon de danser en rêvant, en se rêvant… en tout cas c'est ce qu'on raconte à la Confiteria Ideal.
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un recueil de nouvelles. Elles parlent de voyages. Et certaines secouent bien :
Nocturne, où le destin d'un odieux touriste pourrait se révéler fort cruel.
Un éléphant de Pattaya, troublant récit de tourisme sexuel. Bruno refuse de parler au caissier mais accepte d'écrire. Il aurait dû savoir que "Scripta manent, verba volent."
Et à l'heure de notre mort, avec le prêtre Guillermo qui aimait tellement les toros.
La marche dans le désert, où Raoul, président d'entreprise, décide d'emmener son équipe dans une marche nocturne qui ne se passera bien sûr pas comme prévu.
Le voyage vers le frère : Michel Pelluaz va à l'enterrement de son demi-frère Michel Pelluaz (non, pas d'erreur), dont il vient d'apprendre l'existence.
L'île de Sainte-Absence, où Louise se rêve une île disparue.
"Non, elle n'est pas à moi, c'est mon île mais ce mon n'est pas possessif, c'est juste de l'affection. Pourquoi les grammairiens n'ont-ils pas inventé l'adjectif affectif?"
Dans ces cinq dernières nouvelles, superbes moments où le récit bascule sans retour en arrière possible : le sort final est accepté.

Passons de ces destins plus ou moins tragiques à d'autres nouvelles plus souriantes :
Dans Qui comme Ulysse , Ulises Caballo, pour retrouver l'inspiration, prépare des empanadas et écrit des nouvelles dans lesquelles le personnage principal prépare des empanadas. (Vous suivez, là ?)
Dans Rapace , un autre auteur attend de ses dicussions avec Elena des idées pour ses nouvelles.
"- Alors, et ton roman?
Elena me pose la question comme si elle me demandait des nouvelles d'un cancer. J'esquisse un sourire de métastase, je lui réponds que ..."
Délicieux décalage entre la réalité et l'imagination débordante de l'écrivain.
La route de la soie ou comment tenir un blog de voyage sans bouger de chez soi !
Une incartade, c'est celle d'une quarantenaire aux sports d'hiver avec six copines. L'ambiance "entre filles" est très bien rendue ...
La partie des petits saints, où l'on découvre comment des saints méconnus peuvent vous faire gagner aux échecs.
"Le roi, c'est un roi canonisé. Il n'en manque pas. Pour ette partie j'ai invité saint Gondlée, roi des Dimétiens, mort vers 500. la reine, c'est pareil, ce sera sainte Pulchérie, impératrice de Byzance, morte en 453. Pour les fous, je prens un évêque côté roi, une sainte abbesse côté reine : aujourd'hui, saint Hariulf, évêque de Langres, et sainte Lioba, abbesse en Germanie. Tous deux morts vers 800.Pour les tours, il faut des saints ermites ou des saintes recluses, j'ai demandé à saint Pharmuthe et sainte Richilde, ils s'entendent bien."
Pour celles -ci, lecture jubilatoire, page après page ...

Voilà, le menu est varié et copieux, et disons-le, savoureux. Style musclé, sans graisse inutile. J'aurais bien aimé un peu de "rab" de nouvelles que j'ai qualifiées de souriantes.
http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-22285112.html
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"Qui Comme Ulysse" est un recueil de nouvelles évoquant les voyages. On remarque quelques destinations de prédilection, avec une Amérique latine largement représentée dans ces textes aux thématiques variées.

Ce que j'ai apprécié c'est avant tout la richesse de ce recueil : si certains lieux reviennent plus souvent, les histoires sont toutes uniques et les personnages très différents. Chaque nouvelle est une surprise et crée le dépaysement, entraînant souvent le lecteur là où il ne s'y attendait pas.
Autre réussite : le ton, souvent drôle et ironique, avec quelques petites remarques glissées discrètement çà et là. « Raoul regrette son idée : le tourisme d'affaires, c'est une absurdité. le tourisme est suffisamment pénible, inutile d'y ajouter les affaires. »
A priori on pourrait s'attendre à des récits de voyage assez classiques. Pourtant, il n'en est rien. Certains ne partent pas, comme ce blogueur donnant des conseils aux apprentis voyageurs. Pour d'autres, le dépaysement n'est qu'un prétexte, une occasion de s'éloigner du quotidien pour révéler leur personnalité ou découvrir leurs limites : la moralité des touristes en Thaïlande ; l'idéal de vie de cet Argentin venu écrire en France ; le besoin de séduire de ces bourgeoises parties en montagne sans leurs maris ; ou encore ce Français se rendant à la Confitería Ideal pour rencontrer des danseuses aussi désoeuvrées que lui. Plus que l'aspect géographique de la chose, c'est ce voyage au bout de soi qui caractérise ces nouvelles.

Enfin la chute, évoquée dans l'histoire de cet Argentin qui ne savait pas les faire (et en France, on aime les chutes !) est souvent logique, parfois anticipée par le lecteur... quoi qu'il en soit la plupart du temps pleine de charme.

J'ai donc moi aussi passé un très bon moment grâce à ce "Qui comme Ulysse" qui m'a donné envie de découvrir un des textes précédents de l'auteur. Un recueil que je recommande sans réserve.

Pour plus de détails vous pouvez consulter mon blog : http://www.myloubook.com
Lien : http://www.myloubook.com
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J'ai enfin lu le dernier opus de Georges Flipo, son livre de nouvelles Qui comme Ulysse, qui a traversé notre blogosphère telle une étoile filante, laissant derrière lui de le scintillement de son sillage, et une petite lumière au fond de mon coeur, une douce chaleur, comme quand on a fait un voeux et qu'on souhaite ardemment qu'il se réalise...
Je ne vous raconterai pas ces quatorze nouvelles, sur lesquelles on a déjà beaucoup lu, mais vous livrerai juste quelques impressions...
Evasion et rêve, c'est ce qui domine, bien sûr, avec ces contrées lointaines que l'on visite au fil des pages, ces hommes et femme qui vont au bout de leurs idées, qui vivent totalement leur destin, qui le prennent même en main pour l'influer.
Poésie et humour, que l'on retrouve dans les descriptions des personnages, dans les portraits brossés avec tant de délicatesse, de précision, de finesse et parfois de dérision (j'ai vraiment ri à la lecture de "Nocturne", me retrouvant dans un voyage effectué il y a fort longtemps, face aux mêmes touristes !).
Douceur et violence. Des sentiments, des hommes, de la vie, du destin...
Nostalgie et réalisme. Comment au quotidien on peut vivre sa vie, construire ses rêves sans renier sa part d'enfance, sans se perdre, ou en se retrouvant...
Et surtout, amour. Amour de la vie, amour des hommes, amour des belles phrases et des mots qui s'enchaînent...
Un vrai bonheur que cette lecture ! avec un coup de coeur tout particulier pour la poignante "Ile Sainte Absence".

suite sur :
Lien : http://liliba.canalblog.com
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Est-ce que j'en pense quelque chose ? Premier cas en ce qui me concerne de lecture issue de rencontre « bloguesque », je me suis laissée tenter après de nombreuses visites sur le blog de Georges Flipo… le ton, l'humour, l'accueil m'ont donné envie d'en lire davantage et c'est avec une certaine fierté que je me suis emparée du dernier exemplaire d'une grande enseigne de ma ville. Avant de payer, j'ai fait plusieurs fois le tour du rayon, passant devant la libraire avec la couverture bien en évidence, afin qu'elle pense à réapprovisionner sa table des nouveautés ! Ayant placé quelques attentes dans cette lecture, je n'ai pas été déçue. Ces nouvelles sont pour la plupart courtes, écrites avec concision, précision, où l'émotion affleure au détour d'une petite phrase. Elles ont chacune leur univers et leur atmosphère même si elles sont réunies sous le thème du voyage. J'aime l'idée d'un recueil « à thème » qui fait qu'ayant l'impression de savoir où on va, on est toujours surpris tout de même ! J'excepterai Les éléphants de Pattaya et La marche dans le désert qui ressemblent plus à l'idée que l'on se fait de nouvelles sur ce thème. Ces deux-là m'ont moins touchée.
J'ai aimé la tendresse et l'émotion qui se dégagent de L'île de Sainte-Absence, de L'Indifférent et du Voyage vers le frère, j'ai aimé trouver un parfum d'une Amérique du Sud que j'aimerais connaître dans Les sources froides, Qui comme Ulysse, Confitéria Idéale, Et à l'heure de notre mort et La partie des petits saints. J'ai été aussi sensible à l'humour de la route de la soie où un gardien de phare retraité relate des voyages qu'il ne fera jamais dans un blog de voyage plus vrai que nature, et celui de Rapace où un écrivain cherche à soutirer des idées de nouvelles lors de conversations avec une amie.
Un petit reproche : j'aurais bien lu encore deux ou trois de ces petites tranches de vie un peu saignantes ! Ce sera pour la prochaine fois…

Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Guillermo R. était natif de Séville, vicaire à Séville, aficionado à Séville. Il avait reçu du Seigneur ces trois grâces et les vivait en une confusion fervente : quand approchait la fête de Pâques, en son for intime, il s’apprêtait aussi à fêter la résurrection de la saison des corridas.

D’un pas allègre mais recueilli, il traversait alors le Guadalquivir au pont de San Telmo, empruntait le long paseo Cristóbal Colón et, tremblant d’effusion, s’engouffrait dans la Plaza de Toros de la Maestranza comme on pénètre dans une cathédrale : il venait communier à la joyeuse messe de la mort, l’office noir et chamarré.

(Et à l’heure de notre mort)



C’est le jour du blog de voyage. Joseph l’écrit chez lui, confortablement installé devant son PC. Il s’est servi un café allongé, il a choisi la musique qu’il écoutera ; aujourd’hui ce sera l’intégrale des sonates de Liszt, c’est si agréable de voyager en compagnie de Franz Liszt. Sur sa table traînent des atlas, un dictionnaire français-anglais. Son étagère est pleine de Guides du routard, de Lonely Planet.

Joseph hésite : où partira-t-il cette fois-ci ? Il ouvre l’atlas, surfe sur internet, consulte les blogs de voyage des autres. Tiens, la route de la soie, ce ne serait pas mal. Un peu long, peut-être. Il la prendra à la sortie de la Turquie, ça raccourcira le voyage.

(La route de la soie)
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- Prends-le en photo, Jean-René, m'a dit Mimi, ce sera chouette à montrer au retour.
Elle ne comprenait pas mon personnage, elle ne vivait ce voyage que pour en parler au retour. J'ai remarqué qu'il avait souri, brièvement, en entendant Mimi. La marquise parlait donc français.
Alors, j'ai armé mon appareil, j'ai cadré, puis je me suis arrêté, en lâchant : "Et puis non, finalement, il serait bien trop content." Je l'ai vu tressaillir et je me suis écarté, léger, heureux. Méchant.

in "L'indifférent"
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