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Chantal Moiroud (Traducteur)
EAN : 9782070786145
160 pages
Gallimard (02/05/2008)
3.82/5   95 notes
Résumé :
A l'heure où sa vie approche de son automne, Primo Bottardi décide de revenir sur les lieux de sa jeunesse et de retrouver un ami qui lui avait posé quarante ans plus tôt une question à laquelle il n'avait pas su répondre.
Son périple le ramène au bord du Pô, parmi les pêcheurs d'esturgeons, dans une atmosphère de brume et d'eau qui change la plaine en un mirage infini. La présence immémoriale du fleuve imprègne les faits et gestes des hommes. Elle nourrit le... >Voir plus
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C'est l' Italie, au temps des lavandières, des passeurs, des bateliers, des charrettes à cheval et des auberges.
C'est une histoire de fleuve, de brume et d'eau, de ses gens et de ses animaux.
C'est l'histoire d'un homme, Primo. Un homme du fleuve. De Catarana qu'il a quitté pour la ville et où il y revient pour retrouver quelqu'un qui lui a posé une question quarante ans plus tôt, et à laquelle il n'a pas su répondre.
Un voyage dont il ignore où il le conduira.....

Entre réalisme et magie, un livre qui rappelle les films de Tarkovski, dont Nosthalgia,
et qui m'a aussi fortement fait penser à "La maison des autres" de Silvio d'Arzo.
Un récit riche en sensations, où la douceur de la prose contraste avec la violence des eaux du fleuve d'argent.
Merci Bison.

"Il ne peut pas y avoir de secrets sur le fleuve. L'eau ramène à la surface même les plus lourds.......Le fleuve ne permet jamais à ses hommes d'aller loin. Il les oblige à y revenir, parce que c'est là qu'ils doivent mourir".
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« C'est justement alors qu'il se laissait glisser dans un moment de silence, un après-midi de son automne, que Primo Bottardi se rappela soudain la question que Massimo Civolani lui avait posée quarante-deux ans auparavant ».

Primo décide de partir à la recherche de Civolani, poussé malgré lui vers un ailleurs, c'est un peu comme un appel. Les années ont passé et la réponse de Primo se fait évidente.

Primo va alors rencontrer Artioli et prendre place à bord de sa charrette. Ils remontent ainsi le cours du PÔ. Symbole de la vie qui s'écoule, de la source jusqu'à l'estuaire, des vicissitudes de la vie avec ses joies et ses peines, de l'inconscient. Les souvenirs remontent à la surface ainsi que disait la maman de Primo « Il ne peut y avoir de secrets sur le fleuve. L'eau ramène toujours à la surface même les plus lourds ».

Toute une poésie se dégage de ce texte. Ce qui fait la beauté de ce conte, c'est le style et le décor que la magie de l'écriture dessine sous les yeux du lecteur. Bruits, senteurs, couleurs, saveurs, sensualité des corps : le passage qui traite de l'apparition d'Erlinda belle est à couper le souffle. Mais toutes les rencontres sont belles, tous ces êtres qui vivent au rythme du fleuve sont attachants, leur simplicité touche au coeur. le fleuve les nourrit, les effraie, lui qui est tour à tour paisible et cruel. Mais comme le souligne le titre, toutes ces personnes ont le fleuve qui coule dans leurs veines, c'est leur identité qui s'est façonnée au rythme du fleuve. « Notre monde est ici, entre les digues, et c'est là que nous voulons mourir. En dehors c'est la terre des autres ».

Cette lecture renvoie au Styx, au Jourdain, au Gange, à tous ces fleuves mythiques qui jalonnent les croyances. Il y a deux berges, un pont enjambe les deux rives, passer le bac n'est ce pas renaître pour l'éternité ou bien transgresser ou alors peut-être changer d'état ?

La lecture de ce conte a été pour moi une parenthèse harmonieuse qui m'a transportée dans un autre univers. Merci Bookycooky pour cette jolie découverte.

Dario Franceschini, homme politique, a obtenu le prix du premier roman de Chambéry 2007.
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Le temps passe, irrémédiablement. Tu as quarante ans, peut-être même cinquante ou soixante. Tu sens que la mort approche, qu'elle ne se trouve qu'à deux ou trois encablures de ton chemin, prête à te faucher du jour au lendemain. C'est à ce moment précis, prise de conscience que la vie peut s'écourter, que tu repenses à cette question que Massimo Civolani t'avait posé quelques années auparavant.

Sur ton lit, tu y penses, et y repenses. Toute la nuit, tu n'en fermes pas l'oeil. Elle devient obsession. Alors tu attends que le jour se lève, que le soleil jette ses premiers rayons sur le fleuve. Là, tu t'habilles, tu chevauches ta bicyclette et tu remontes ce fleuve, le majestueux Pô, à la recherche de ce vieux camarade d'antan. Tu connais maintenant la réponse à sa question. Il faut que tu le retrouves, cette réponse t'obsède également et tu dois te libérer de ce poids, avant qu'il ne soit trop tard.

Dario Franceschini et son premier roman « Dans les veines ce fleuve d'argent » t'illuminent de sa chaleur et tu voies le soleil se déverser sur la campagne italienne. Un autre temps, celui où tu circulais encore en bicyclette, ou en charrue. Une autre époque où la pèche à l'esturgeon se pratiquait encore dans le fleuve et où pour le traverser, tu devais demander au passeur d'amarrer son bac. La campagne profonde des plaines italiennes, tu vas la remonter, comme si tu remontais en même temps la pendule de quelques années en arrière.

Et ainsi, à chevaucher ta bicyclette toute rouillée, tu feras des rencontres, belles, inoubliables, généreuses. Tu découvriras des êtres chaleureux qui t'inviteront à boire un café serré, un verre de vin ou une bouteille de Lambrusco. Oui, tu aimes le Lambrusco ? Tu ne peux refuser ce verre de l'amitié offert par un inconnu, juste parce que tu te trouves dans sa chaumière, que tu lui as posé une question, juste parce que tu recherchais ton ancien camarade.

Le long de ce fleuve aux reflets argentés, tu plonges dans la poésie d'un autre temps, tu remontes vers la source de ton coeur, tu glisses sur les rivages comme les mots coulent le long du lit du fleuve et tu découvres une Italie rurale. Tu as envie de sortir un disque du sarde, Paolo Fresu que tu apprécies tant, par sa chaleur et par sa trompette. Alors, tu te poses une nouvelle question : lorsque tes pieds trempent dans cette eau fraiche, caressée par le doux courant, que tu entends le chant velouté de la trompette du sarde, tu te demandes si le Lambrusco devrait être blanc ou rosé ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Au fil du Pô, au fil des rencontres, au fil des contes, Primo Bottardi remonte le cours de ses souvenirs.

Il a fait un rêve, et il faut qu'il retrouve un vieux copain d'école, perdu de vue depuis longtemps, pour répondre à la question qu'il lui avait posée et à laquelle il n'avait jamais répondu.

Un voyage initiatique? Un voyage symbolique? Un voyage métaphysique?

Une ballade-ou une balade- entre deux eaux, entre deux brumes, entre deux crues, le long du fleuve capricieux et traître, dans sa fausse indolence et ses vraies tempêtes.

Un pays où les hommes sont des enfants perdus dans le brouillard, où les toutes petites filles collectionnent des petits bouts de peau, de cheveux comme un vieux savant collectionnerait les coléoptères, un pays de pêcheurs d'esturgeons géants, un pays de magiciens ambulants et de baigneuses troublantes.

C'est un joli voyage, plein de poésie, d'ironie, de nostalgie et même d'effroi, car on ne sait jamais ce que les méandres du fleuve réservent. Ni dans quel sens coule le flot...
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Ce petit livre est une parenthèse enchantée quand les désastres belliqueux du monde et les miasmes sordides de faits divers honteusement récupérés polluent notre envie légitime de sérénité. Quel plaisir de se porter pour un instant hors de ce temps tumultueux et de cheminer dans cette Italie pour laquelle nous investissons tant de rêves… de cette terre où naquirent tant de poètes et de philosophes, il n'y a rien d'étonnant à ce que ce conte relève de ces deux catégories. Suivre le destin de Primo (se pourrait-il qu'il s'agisse d'un discret hommage au grand Levi ?) et ses aventures le long du Pô est l'occasion de partager des rencontres soit insolites, celle des pêcheurs d'esturgeons, soit plus attendues dans ces contrées, comme celle des gens du cirque.
Pourquoi dès lors ne pas attribuer à Franceschini des galons de général d'armée ? En parcourant ces lignes et tout en avouant une connaissance très parcellaire de la littérature transalpine, je ne pouvais m'empêcher de penser à une hybridation entre le Buzzati du Désert des Tartares et le Calvino du Baron Perché. Un air de déjà lu, un joli tour de magie… le seul moyen de vérifier si cette assertion n'est qu'une manifestation de mauvaise foi, sans doute imputable au syndrome de Materazzi* ou s'il s'agit d'une remarque fondée, sera de découvrir cette oeuvre. Dans l'un ou l'autre cas, vous aurez malgré tout le privilège de passer un bon moment. C'est toujours ça de pris !
* syndrome de Materazzi : pathologie bénigne consistant depuis le 9 juillet 2006 à soupçonner tous les natifs de la Botte d'avoir dans leurs gênes, un chromosome les incitant à truquer dans tous les domaines.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Ils s'étaient rencontrés un dimanche d'été dans la guinguette installée sur la berge. Il était venu d'un village voisin avec un groupe d'amis et l'après-midi durant, il était resté immobile, les mains dans les poches, adossé à la balustrade en bois, essayant de croiser ses yeux. Il l'avait regardé jusqu'à l'étourdir. Alors qu'elle s'apprêtait à partir avec ses amies, Capoccia s'était placé sur les marches de la sortie et avait attendu qu'elle passe près de lui dans la bousculade pour frôler sa poitrine sur sa chemise mince. Elle avait senti son haleine si proche qu'elle avait cru un instant qu'il allait l'embrasser. La même chose se reproduisit plusieurs dimanches, avec les mêmes gestes, les mêmes yeux, les battements qui s'accéléraient chaque fois qu'elle se préparait à partir, et lui se plaçait sur les marches pour la frôler d'une façon de plus en plus délicate, jusqu'à lui donner la chair de poule.

Elle finit par le désirer sans cesse. Elle passait ses journées à attendre la nuit pour rêver de l'avoir et le dimanche pour respirer un instant son haleine qui sentait l'herbe. Ses amies plaisantaient chaque semaine davantage sur cet homme qui ne trouvait pas le courage de l'inviter à danser et elle commença à songer à l'été qui finissait, en imaginant la tristesse de l'hiver sans ces yeux.


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Tout petit mon fils me demandait de lui expliquer ce qu'était l'amour, comment on pouvait dessiner ce qu'on éprouvait pour les grand-parents ou pour les parents et pour m'en sortir, je lui racontais, qu'il existait, mais qu'on ne pouvait pas le voire et encore moins le dessiner......Ainsi depuis des années, il m'envoie de Borello des caisses pleines d'amour rien que pour moi et il les remplit toujours de paille pour qu'il arrive là encore intacte. p.74
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Elle passa deux heures à se faire bronzer, caressant parfois sa peau d’un voile d’huile d’olive… Lorsque le soleil déclinant atteignit la pointe des peupliers les plus hauts, elle se leva, ramassa son drap coloré et son grand chapeau, traversa le lit sec du fleuve et disparut dans l’ombre fraîche de la berge, laissant derrière elle un parfum de genêt en amour, si odorant que la brise du fleuve n’eut pas le courage de l’emporter.
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« Mais pourquoi pleure-t-elle et hurle-t-elle comme ça ? » demande Bottardi.
« C’est la faute du fleuve. Il lui a pris son mari et quatre fils, il y a bientôt vingt ans. Tous noyés, en essayant de se sauver mutuellement. Elle était sur la berge et hurlait de désespoir en les voyant disparaître l’un après l’autre dans la crue de plus en plus violente. On a dû l’emporter jusqu’à la maison là-haut et depuis ce jour tous les matins elle se met à pleurer et à hurler. »
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Vois-tu, dit-il en chassant la poussière du dos d’un volume relié de cuir rouge, petit déjà, lorsque je restais éveillé toute la nuit à lire un livre, je ne supportais pas l’idée que les hommes et les femmes que je venais de voir doivent finir serrés et immobiles dans une bibliothèque. Je revois encore la sérénité de ces deux vieillards qui avaient cédé à l’amour après une longue vie d’attente. C’est là que le désordre a commencé. Arrivé au dernier mot du livre, je n’ai pas supporté l’idée qu’après s’être attendus aussi longtemps, Fernina et Florentino soient contrains de goûter le court bonheur su désiré qu’il leur restait à vivre écrasés entre les livres d”une étagère exiguë. Alors, je les ai laissés libres de s’aimer dans tous les lieux de la maison où leur livre s’est déplacé au cours des années.
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Vidéo de Dario Franceschini
A l'occasion de la parution chez Gallimard du deuxième roman de Dario Franceschini, "Ailleurs", la librairie Raspail l'a reçu pour un riche échange littéraire en présence de Teresa Cremisi, Jean-Baptiste Para et Fabio Gambaro.
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