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Aude de Saint-Loup (Traducteur)Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)
EAN : 9782290381465
416 pages
J'ai lu (27/03/2024)
3.35/5   13 notes
Résumé :
Dans un captivant voyage de l'aube de l'humanité à nos jours, l'économiste et penseur Oded Galor s'attaque à deux des grands mystères de l'humanité : pourquoi l'espèce humaine a-t-elle surpassé toutes les autres ? Quelles sont les causes ultimes des inégalités entre les peuples et comment les résorber ? Première partie du voyage : depuis l'émergence d'Homo sapiens en tant qu'espèce distincte il y a environ 300 000 ans, le niveau de vie de l'humanité, proche de la su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Désolé, ça va être un peu long ! :)

Le sous-titre, « Aux origines de la richesse et des inégalités » traduit bien l'intention de l'auteur d' inscrire cet essai dans la liste déjà longue des essais sur le thème des inégalité. Il fait bien-sûr penser au célébrissime ouvrage de Rousseau : « Discours sur les origines et les fondements des inégalités parmi les hommes », paru en 1755.

Le livre de Galor tente pour sa part de montrer pourquoi certaines nations ou certains peuples se sont développés avant d'autres et sont parfois restées plus riches que les autres pendant de longues périodes, ou à l'inverse pourquoi certains, après s'être enrichis, ont perdu le fil et sont redevenus pauvres.

On l'aura compris, le thème central est : pourquoi les inégalités entre les peuples ?

Pour cela, l'auteur va brosser une fresque historique générale et globalisante faisant inévitablement penser à « Sapiens » de Yuval Noah Harari, à « Humankind » de Rutger Bregman et à « Au commencement était… » de Graeber et Winslow. Un genre littéraire qui regroupe de nombreux auteurs, pour le meilleur, parfois et d'autres fois pour le pire. L'idée est donc de construire un méta-récit de l'histoire de l'humanité capable d'englober dans un même jet la longue marche du progrès ou de la stagnation, des débuts d'Homo sapiens à l'âge de l'internet mondial.

Au vu d'une telle ambition, le risque d'errements méthodologiques ou de tropismes politiques discutables peut rapidement devenir insurmontable – pour l'auteur comme pour le lecteur !

Ce livre en est un exemple typique.

Et M. Galor tombe dans le piège qu'il s'est lui-même tendu : le texte montre si peu de nuances dans le propos et mobilise des données si parcellaires qu'il en devient douteux et, pour le lecteur que je suis, affligeant.

Sur la méthodologie d'abord : On dira ce qu'on voudra, mais traiter d'un sujet aussi vaste suppose d'avoir rassemblé des données, des faits. Beaucoup de données, beaucoup de faits. de ce point de vue, un essai de 256 pages seulement paraît loin du compte. Ainsi, M. Galor semble ne pas savoir, par exemple, que les plus anciens fossiles attestant l'émergence d'Homo sapiens se trouvent en Afrique de l'ouest (au Maroc) et non sur le grand Rift de l'Est africain. Il semble ignorer que les premières grandes villes précèdent de plusieurs millénaires la révolution néolithique. Les documents archéologiques sur ce sujet sont formels. Lacunes peu pardonnables car, évidemment, elles viennent infirmer les affirmations osées qu'il entend faire sur la chronologie d'événements aussi importants pour la démonstration que l'apparition des villes et les migrations d'Homo sapiens...

Lacunes politiques également : M. Galor se propose de retracer les étapes qui ont permis la révolution technique et industrielle qui a fait bondir l'Europe de l'ouest hors de ce qu'il appelle la « trappe malthusienne de la pauvreté ». Pourtant, il ne dit pas un mot – pas un mot – de :
• L'invention des sciences par les Grecs dont tant d'observateurs s'accordent à penser qu'elle fut à l'origine de tout ce qu'a connu l'Occident. Sans doute ignore-t-il Euclide et ses « Éléments », un livre si important dans l'histoire des idées du monde puisqu'il introduisit l'idée de démonstration reproductible. Sans doute n'a-t-il pas lu Démocrite qui conçut l'idée de particules insécables qu'il nomma « atomes » pour expliquer la diversité de la nature. Et sans doute n'a-t-il jamais entendu parler de l'idée de Nature, chère à Héraclite, Platon et Aristote !
• La naissance de l'idée d'individu, de personne individuelle, que l'on doit au christianisme primitif qui proposa aux premiers siècles de notre ère l'espoir d'un salut personnel aux damnés de la Terre. Une première dans l'histoire des idées.
• La révolution copernicienne, galiléenne et newtonienne qui fit sortir l'Europe des ténèbres du dogme par une appréhension du réel reposant sur la recherche, la théorie, l'expérimentation, la preuve soumise à l'examen des pairs. Bref il ne parle à aucun moment des fondements de la méthode scientifique qui ont permis l'extraordinaire révolution industrielle dont parle tant Oded Galor sans visiblement rien en comprendre. Comme si elle était surgie de nulle part !

Faire de telles impasses ne peut être un hasard. Cela relève de choix politiques bien connus et aujourd'hui prédominants dans les universités américaines : une solide haine de la culture de l'Occident européen blanc, colonisateur et surtout pécheur. Ce que la vulgate inculte appelle la « cancel culture » et qui n'est autre qu'une forme inacceptable de censure.

M. Gabor aurai dû lire le difficile ouvrage de MM. Winslow et Graeber, « Au commencement était… » qui se propose sensiblement le même objectif. Il s'agit là d'une somme de 850 pages d'une incroyable densité, fruit de décennies de recherches montrant de façon convaincante que l'histoire de l'humanité est irréductiblement mosaïque, complexe, multifactorielle, non linéaire et non directionnelle, et qu'elle n'est en aucun cas réductible à quelques grands facteurs explicatifs comme le rôle de la géographie ou de la diversité des populations.

Le texte est d'ailleurs ponctué de lieux communs politiquement très « corrects » sur les bienfaits de la diversité des populations sans qu'à aucun moment il soit fait référence aux derniers travaux de la paléogénétique qui permettent, par exemple, de dater et de reconstruire les itinéraires des migrations humaines depuis la plus ancienne préhistoire. M. Galor peut-il ignorer que l'on sait de façon certaine que Homo sapiens s'est hybridé avec Néandertal ? le peut-il ? Il le peut !

Sur de tels sujets, il faut évidemment faire preuve d'une grande prudence et d'une érudition sans failles.

M. Gabor aurait dû lire -- et assimiler – « le génie de l'Occident » de Louis Rougier qui montre de façon remarquable le cheminement des idées qui a rendu l'Occident possible et non probable. Il aurait dû lire « Cosmos » de Carl Sagan et aurait découvert ce qu'apportèrent les Grecs et les Lumières à l'Europe qui a alors fait le choix de suivre la voie ouverte par ces deux révolutions intellectuelles. Il aurait dû lire son compatriote, Eric Chaisson et son extraordinaire « Cosmic Evolution » et comprendre les grandes lois qui ont gouverné les changements qui se sont produits dans l'univers et sur Terre. Et tant d'autres.

Il eût évité ainsi de mettre noir sur blanc tant d'affirmation contestables, parcellaires et finalement fausses.

C'est dommage.

Car la grandeur d'un essai visant un tel objectif tient tout entière dans la tentative jamais achevée de comprendre le réel, en d'autres termes de donner une chance à la vérité.
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Je dois absolument réfréner ma curiosité avant d'acheter un livre dans une librairie. Encore une fois, me laissant guider par un thème que j'affectionne, j'ai fait le mauvais choix. Je l'ai presque totalement lu en diagonale. Espérant un sursaut d'intérêt. Mais non, Ce livre est confus du début à la fin. Je pense avoir une culture générale dans la moyenne, et modestement, j'ai l'impression de ne pas avoir appris grand chose que je ne connaissais déjà. Les chapitres s'enchaînent sans réelle organisation, où alors elle m'a échappée. Tout se ressemble, avec énormément de redondances. Un livre qui mélange tout. du néolithique à Internet. On est bien loin de "Sapiens" de Harari auquel l'éditeur fait référence. Bon, rien à en dire de plus. Encore un livre qui ira rejoindre une quelconque boîte à livres...
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Voilà une synthèse de l'histoire humaine certes très intéressante mais qui n'atteint pas le niveau et l'agrément de lecture de Sapiens de Yuval Noah Harari.
Quelques idées émergent qui me semblent intéressantes de synthétiser :

1) Durant des millénaires , le revenu par tête n'a guère évolué. Une journée de travail à Babylone , il y a 7000 ans valait 7kg de grains de blé alors qu'à la veille de la révolution industrielle, une journée de labeur se payait 5Kg à Paris. Ensuite le revenu par tête a été multiplié par 14 au cours des 2 derniers siècles. La population multipliait par 7. Ceux qui prévoyaient des famines de masse ont été largement démentis.

2) Les descendants des premiers humains modernes à avoir quitté l'Afrique se sont éteints suite à la période glacière. La grande migration s'entame avec Sapiens en 150.000 avant JC et nous descendons tous d'une africaine, nommée l'Eve mitochondriale qui date de 150.000 avJC et qui est notre plus récente ancêtre commune.

3) La diversité sociétale a exercé une influence contradictoire sur le bien être économique. le quart des écarts inexpliqués des richesses entre les nations est imputable à la diversité sociétale. ( les sociétés europééennes et nord américaines ayant le plus jouit de l'émigration du berceau de l'humanité ( l'Afrique de l'Est ) , elles en ont le plus profité tandis que l'Ethiopie malgré qu'il soit un des pays le plus diversifié au monde , n'en a pas profité car il y a eu une sorte de statut quo entre les peuples que se sont guère mélangés.

4) Il y a 12.000 ans, le climat change radicalement ( fin de la dernière période glacière ) , nous passons de l'errance nomade à un mode de vie sédentaire. La propagation plus rapide des méthodes d'agriculture, des plantes, des animaux d'élevage permit aux civilisations eurasiennes une longeur d'avance technique.

5) Un point très intéressant, la trappe malthusienne. En 1798, Thomas Malthus publie un Essai, "sur le principe de la population" qui explique qu'à long terme nous ne pourront prospérer car la croissance démographique finit par épuiser les gains réalisés. En effet, le progrès tecnhique permet une population plus large qui devra partager les bienfaits du progrès et qui ramène finalement la population à son point de départ , tel est la trappe malthusienne longuement disserté dans le livre d'Oded Galor. Bien entendu, avec la révolution industrielle qui s'entame avec l'invention de la machine à vapeur en Grande Bretagne fin du 18ième, nous sortirons de cette trappe pour connaître un point de bascule permettant un progrès technique spectaculaire et une immense amélioration des conditions de vie.

L'auteur est aussi audacieux puisqu'il ne participe pas aux grands courants pessimistes de notre temps sans bien entendu nier le réchauffement climatique et les nombreux défis qu'il engendre. Il avance que les causes originelles de notre niveau de vie actuelle pourraient en assurer la continuation, grâce au pouvoir de l'innovation technique accompagné du déclien de la fécondité ( qui est le cas dans presque tous les continents excepté l'Afrique et l'Inde ).

Au final un livre très intéressant qu'il faudrait presque lire trois fois de suite, étant convaincu qu'à chaque lecture, on en comprendrait mieux les explications.
Je regrette effectivement que certains passages donnent une impression de confusion, on a du mal à suivre l'auteur pas toujours clair qui probablement bute en tentant de nous éclairer sur des sujets difficiles et nuancés.

C'est qu'il n'est pas simple de synthétiser des mouvements complexes qui s'étendent sur des siècles.








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Essayer de mettre en évidence les facteurs qui font la prospérité de certains peuples et la misère d'autr est est un objectif plutôt fascinant ! L'auteur s'efforce de répondre à la question en analysant depuis la migration primordiale de l'homme depuis le rift est africain jusqu'aux sociétés de abondance, les facteurs de ce déploiement de l'humanité. La réponse à la question est triviale : la possibilité d'accéder à l'instruction pour plus grand nombre des humains. L'ouvrage se veut grand public ce qui conduit à des développements bien connus et de temps à autre à des points de vue plus originaux qu'on aimerait voir développer. Malheureusement la traduction est misérable, avec une transposition d'expression anglaise telle quelle en français. À titre d'exemple on voit apparaître fréquemment l'expression « institutions extractives » qui devrait être traduite par « Institutions spoliatrices ». Il ne s'agit là que d'un exemple !
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Un livre très ambitieux et qui intéressera les passionnés d'histoire, de politique, d'économie, d'anthropologie. Comme le promettait la quatrième de couverture, le style fait penser à Sapiens de Y.N.Harrari, que je n'ai pas lu mais dont je connais les idées.
Sur le fond, le livre est franchement intéressant. Il fait la synthèse de nombreux travaux passionnants, historiques, génétiques, sociologiques, économiques... et délivre des clefs de lecture sur le fameux voyage de l'humanité. Comment expliquer que le progrès n'ait jamais sorti l'humanité de la pauvreté jusqu'à la révolution industrielle ? le trappe à pauvreté malthusienne. Comment l'avons-nous vaincu ? La transition démographique, engendrée grâce à la hausse du capital humain, l'éducation, l'amélioration de la condition des femmes. Pourquoi certains pays sont riches et d'autres pauvres ? Les institutions, leur culture et leur géographie. Pourquoi les institutions et la culture change ? La géographie et l'éloignement par rapport au berceau de l'homo sapiens, l'Afrique.

Ces éléments sont très intéressants et très bien expliqués. S'appuyant sur une très large bibliographie et de nombreuses études, Oded Galor restitue simplement beaucoup de savoir. Mais ce livre m'a laissé une impression de fouillis, mal organisé, mal hiérarchisé, et surtout, l'écriture... le style est agréable à lire mais que c'est lourd par moment. Que c'est grandiloquent pour rien ! J'ai eu l'impression que chaque chapitre se finissait par "nous avons percé le mystère le plus profond de l'humanité ; mais pour percer la question suivante, il faut remonter encore plus loin vers la nuit des temps de l'humanité". Ce qui est devient assez vite lourd.

La présence de chapitres de synthèses me plaît beaucoup et est un vrai + pour moi.
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critiques presse (2)
Bibliobs
10 janvier 2023
Oded Galor, universitaire israélien qui enseigne à Brown University, explore les raisons du fulgurant décollage économique de l’Occident, aux XVIIIe et XIXe siècles, après des centaines de milliers d’années d’économie de survie.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeJournaldeQuebec
03 janvier 2023
« L’espérance de vie a plus que doublé et le revenu par habitant a été multiplié par vingt dans les régions les plus développées du monde, et par quatorze sur l’ensemble de la planète. » Que s’est-il passé pour qu’il en soit ainsi ? demande l’auteur. Et pourquoi, depuis les 200 dernières années, la richesse est-elle si mal distribuée dans le monde?
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Aucune réforme ne transformera du jour au lendemain les pays pauvres en pays riches, parce que le fossé entre économies développées et économies en développement est le fait d'un processus long de plusieurs millénaires. Des caractéristiques institutionnelles, culturelles, géographiques et sociétales apparues dans le passé lointain ont engagé les civilisations sur des routes historiques distinctes et augmenté les écarts de richesse entre les nations. Que des cultures et institutions à même d'assurer l'épanouissement de la prospérité économique puissent être progressivement adoptées et formées est incontestable. En revanche, toute intervention qui ferait fi des caractéristiques apparues au cours du voyage historique de chaque pays a peu de chances de réduire les inégalités et risque au contraire de provoquer frustration et troubles, voire de prolonger la stagnation.
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L'étincelle de départ qui a propulsé l'humanité dans son singulier voyage a été le développement du cerveau humain, dont les capacités croissantes sont nées du besoin de s'adapter aux défis évolutifs propres à notre espèce. Forts de leur cerveau puissant les humains ont progressivement élaboré des techniques de chasse et de cueillette plus efficaces. Ces progrès ont permis à la population de croître, tandis que les traits qui rendaient les humains capables de perfectionner leur maîtrise de ces techniques leur octroyaient un avantage en matière de survie.
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