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EAN : 9782849906033
159 pages
Editions des Equateurs (18/10/2018)
4.13/5   36 notes
Résumé :
En janvier 2014, Thomas Coville tente pour la 4ème fois de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire sur son trimaran de 30 mètres. L'anticyclone de Sainte-Hélène s'installe. L'aventure tourne court. Pendant trente jours, Jacques Gamblin écrit quotidiennement à son ami pour lui dire son admiration, le soutenir, l'encourager, le hisser vers le haut et l'humilité à la fois.
Un homme sur terre écrit à un homme en mer, un point jaune se déplaçant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je parle à un homme qui ne tient pas en place ou comment l'espace d'un instant croiser la route de 2 météorites en mouvement. Jacques Gamblin , le comédien toujours entre 2 villes , 2 valises et 2 scènes. Thomas Coville sur les flots seul ou en équipe d'Est en Ouest, du Nord au Sud d'un Océan à l'autre .. Ils se sont rencontrés, appréciés, leur amitié est là , sous nos yeux, palpable. Que c'est beau!
Thomas part et veut décrocher la Lune, un record du tour du monde en solitaire , Jacques lui glisse chaque jour quelques mots, le réconforte , le tient à bout de bras ou simplement l'enlace d'un mot tendre sans pour autant oublier de lui secouer les puces si besoin est :
"Le non-dit est définitivement pestilentiel. Il nous entraine dans des chemins qui bouffent nos existences.Nommer nommer nommer et dire pour échapper à la vase.La parole libre est un cadeau pour tout le monde"p 99
Quand l'amitié offre la joie de donner et de recevoir de l'autre ce n'est que du bonheur!
Ce texte , d'abord destiné au théâtre, est un bijou atypique. Les mots de Gamblin bientôt rejoints par ceux de Coville me sont allés droit au coeur.



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« Un homme à terre écrit à un homme en mer » (4 e de couverture) . À terre, le comédien Jacques Gamblin, en mer le navigateur Thomas Coville qui, sur son trimaran de trente mètres, tente une nouvelle fois de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire et sans escales.

Un échange en trois temps : la 4e tentative de 2014, le convoyage entre Bahia et la Trinité un an après, et la 5e tentative de 2016.

Le premier est, pour moi, le plus touchant du livre.
Les deux hommes ont fait connaissance un an avant et se sont vite liés d'amitié. Quand il embarque en 2014, Coville donne son adresse mail à Gamblin, privilège rare qui va permettre à l'acteur d'envoyer tous les jours, ponctuellement, un petit mot, une longue pensée amicale, une salve d'encouragements, une interrogation, une réelle admiration… mais aussi un récit de ses « aventures » personnelles « Le plateau, c'est mon océan à moi, mon autre monde »

Pendant plus de quinze jours, Jacques soliloque, « une fausse conversation » dit-il, sans savoir si tous ces messages qu'il envoie comme autant de bouteilles à la mer sont reçus et lus. Des mots justes, pour témoigner d'une amitié sincère, qui ont touché Coville en plein coeur comme en témoigne soudain un premier SMS : «  Ce que tu m'as écrit m'a sans doute transformé à jamais. Amitiés. Thomas » et une semaine plus tard, enfin, un long mail dans lequel Thomas se livre à son tour, sans fard, avec ses blessures d'enfance, sa fragilité, sa difficulté à s'accepter, à s'aimer : «Je suis un mec qui rate, qui échoue, qui trébuche. Je pleure, j'ai mal, je ne suis pas un héros. Je navigue parce que je suis un lâche. »
Un message plein de sincérité, qui nous touche à son tour.

Pendant le convoyage, la conversation se poursuit, occasion de connaître un peu mieux le navigateur, puis vient la 5 e et dernière tentative : les échanges sont plus attendus mais l'intérêt revient avec l'adrénaline de la course et les messages trahissent la solitude, la souffrance, la force de caractère et l'envie de se dépasser malgré les éléments déchaînés, et le soutien indéfectible de l'ami à terre.

Je ne connaissais que Gamblin acteur, je le découvre écrivain de talent, et Coville se livre aussi avec pudeur et sincérité. Une histoire d'amitié entre deux hommes passionnés.

( Jacques Gamblin a aussi fait de ces échanges une pièce de théâtre qui porte le même titre.)
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17 janvier 2014
Te voilà filant dans le vent.
Pense à respirer !
Je te salue fort !
Jac

Superbes textes, correspondances entre ces deux hommes passionnés, qui se mettent à nu, qui se parlent ouvertement, qui se parlent vrai. D'un terrien à un marin. D'un Prince de la mer à un Prince de la scène. de Tom à Jac.
Une relation épistolaire comme témoin d'une amitié forte et sincère, fraternelle.
J'ai eu la chance de voir le spectacle de Jacques Gamblin et d'en apprécier la mise en scène, avec la mer comme scène, sobre et émouvante, enivrante, dansante et élégante, intime, drôle aussi.
J'aime beaucoup le comédien, j'aime l'auteur, j'aime l'homme, un homme qui, tout comme Thomas Coville, ne tient pas en place non plus.
Si vous en avez l'occasion, je ne peux que vous conseiller d'aller voir Jacques Gamblin tanguer sur scène et de vous plonger ensuite dans les textes de ce petit recueil.

21 janvier 2014
Un petit bonsoir avant la nuit noire.
Ma joie est de te suivre au millimètre sur ton chemin liquide.
Je ne te lâcherai pas.
Je t'écris mes bêtises pour rejoindre ceux qui veulent aller de l'avant, les militants de la joie, de la folie, des possibles. Les hommes qui sont avec. Avec quoi ? Avec ! Toi-même fais partie de ceux qui disent OUI. Ils ne sont pas nombreux ceux qui sont tentés par la chance et qui la tentent. Tu as pris la mer par l'épaule, et le vacarme du vent et les grands silences blancs.
Si je me laisse aller, je te tiens le crachoir deux heures durant et ça non ! Je ferai donc court à chaque fois mais je ferai.
Ma fille se joint à moi, intensément.
Que ta nuit roule et se déroule !
Tu es grand, très grand.
Salut mon pote.
Jac
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Que serait-on?
Que seraient la ville, la musique, la nuit, le sentier, le coucher de soleil, l'océan, l'art, l'hôpital?
Et nous, que serait-on? Que serait-on sans le lien qui unit les hommes?

Ce livre est cela. Il est un lien, il est le lien. Timide, gêné, confus, espérant, rassurant, tenace, fidèle, respectueux, inquiet, protecteur, chaleureux, intense, unique.

Ce livre, c'est la correspondance entre deux hommes, Jacques Gamblin, comédien, et Thomas Coville, navigateur, pendant la tentative de record du tour du monde à la voile en solitaire de ce dernier. C'est un lien entre terre et mer, entre deux personnalités, entre deux histoires.
Ce livre, profondément humain, c'est l'histoire de deux hommes qui ont décidé de ne pas passer l'un à côté de l'autre sans se rencontrer.

Et si, dès maintenant, nous aussi, nous nous rencontrions...
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Un livre en 3 voyages
- Une touchante correspondance en 2014, brute et véridique. Elle n'a pas été fabriquée pour être lu de nous, lecteurs, et elle transpire la sincérité: c'est ça qui m'a emporté, lu en une soirée... J.Gamblin a de l'humour, rebondit sur les mots. Il entame une correspondance à sens unique car dans un premier temps T.Coville ne répond pas. Jusqu'au 6 février où T.Coville offre "enfin" ses mots. Comme un cadeau fait à J.Gamblin qu'ils ont ensuite décidé de nous faire partager. Merci. J'ai été touché. Je ne sais pas si ça fonctionnera avec tous, je connais -un peu- la mer, je suis ces aventures en solitaire autour du monde, tout cela m'a parlé.
- La correspondance du convoyage, fort différente, ne porte pas l'adrénaline de la situation de course. J'ai moins aimé et j'ai pensé à l'importance des déclencheurs d'écriture, au contexte.
- Enfin, lors de la tentative de 2016 les deux hommes se connaissent mieux, ils ont déjà expérimentés leurs échanges. La correspondance est d'emblée à double sens. Une part de spontanéité ou de découverte ou d'attente s'est évanouie. Mais la course s'en mêle, la conversation à sens unique, l'attente et l'incertitude du terrien et son soutien à toute épreuve.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
6 février 2014

Jamais personne ne m'a écrit comme cela. Jamais personne n'a compris sans que je lui dise, sans que je lui explique. Je suis en fait très troublé par ce que tu m'as offert. Je vis habituellement seul à bord et j'ai beaucoup de mal à partager ce que je ressens au fond de mes tripes pendant ces longues semaines en mer et là, toi, tu vois tout, tu entends tout, tu fais partie du bord. Tu comprends tout. Tu es là avec moi au quotidien. Certains jours, lorsque j'ai peu dormi, je me surprends à te parler ou même à te bousculer parce que tu pourrais m'aider, te demander comment on va passer ce grain. Je n'ai jamais expérimenté une telle complicité de toute ma vie de marin. C'est incroyable.
C'est presque gênant pour ceux qui vivent avec moi depuis des années et qui n'ont jamais pu prendre cette place à bord. Tous tes mots qui s'entrechoquent, que je lis parfois à haute voix et qui s'amplifient dans l'habitacle. Tu n'imagines pas l'onde qu'ils provoquent dans ma tête et dans mon corps.
Je les entends, je t'entends même les dire. Je jouis de chaque mot, de chaque phrase. Je ne parle ni n'écris à personne d'autre. Quelques mots techniques sur la route ou la météo avec les deux lascars qui se sont enfermés pour me suivre mais leur lecture à eux n'est que chiffres et données, chez toi, tout est sensible et subjectif. Il ne manque rien. Parfois poétique, tantôt humoristique, c'est chaque fois le bon ton.
Mais Jacques je ne suis pas celui que tu crois. Je suis un mec qui rate, qui échoue, qui trébuche. Je pleure, j'ai mal, je ne suis pas un héros. Je merde tout le temps sur tout. Je navigue parce que je suis un lâche. Je fuis la terre, je fuis les autres, je fuis mes responsabilités de père, de mari, de frangin, de fils, d'ami.
Quand je suis sur l'eau, je ne suis que dans l'action, dans l'instant de vivre la risée, la rafale, de lire une voile, entendre un bruit qui m'indique ce qu'il faut faire maintenant.
Je suis en multicoque parce que je suis en sursis permanent, je suis sur le fil. Je ne dors plus, je tente de me reposer. Je ne mange plus, je me nourris. J'attrape de temps en temps une perle de bonheur, une lumière, une vitesse, un mouvement, un son, c'est rare.
Je pars pour tout quitter à chaque fois et voir si j'en suis toujours capable. Je suis grisé par l'espace autour de moi mais il me fait peur. Je suis juste toléré ici. Je viens de sortir du pot au noir ; il s'est joué de moi pendant 30 heures. Je ne suis rien ici, juste un compétiteur, alors je cherche à être le meilleur. J'ai du mal à faire surface et je vais mentir en rentrant et continuer de fuir.
[...]
Je voudrais offrir à mes enfants ce que tu as fait pour moi à distance par cette correspondance unique.
C'est sans doute la particularité du moment : l'isolement, l'épuisement, le questionnement, mais toujours est-il que je m'aperçois que je ne sais pas aimer parce que je me déteste tout le temps. Mon père n'était qu'exigence et mérite et j'ai fui la maison en emportant avec moi les vice et vernis de son éducation jésuite qui me colle à la peau comme une combinaison néoprène qui pue le chien mouillé. Il m'a aimé comme il avait été aimé de loin en étant le huitième enfant d'une fratrie de treize.
Je suis parti et, très vite, il n'y a plus que sur l'eau que j'ai trouvé cette paix avec moi et les autres. Le huis clos, l'immensité, le vent, le contact viril avec quelqu'un qui me touche enfin. Cette nature qui me palpe, me prend, me jette, me caresse, me frappe, m'émeut parce qu'elle change tout le temps et qu'elle me fait changer tout le temps. Je suis à poil, je ne lui cache rien. Je suis en colère, je gueule, je suis malheureux, je pleure, je suis heureux, je ris, je vis.
Les retours à terre sont terribles. Je deviens en quelques semaines d'absence un étranger dans un quotidien qui, d'un coup, n'a plus aucun sens pour moi.
Je m'aperçois aujourd'hui que je ne sais pas aimer en retour ceux qui m'aiment autant qu'ils en auraient envie ou besoin. Ils vont bien quand je vais bien, ils souffrent quand j'ai mal. Je me sens enfermé dans cette spirale où la seule issue pour les aimer, c'est d'être heureux et d'arrêter de me faire du mal.
Merci Jacques, tu me fais tellement de bien. Nous allons construire la suite de ce voyage ensemble. Il faut que je le finisse proprement, que je trouve un épilogue qui me permette d'ouvrir la porte.
[...]
Thomas
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9 août 2015
[...]
Tout va vite et tous mes sens sont en éveil. Je commence à être dans l'état où je ressens plus que je ne comprends, ça veut dire que je suis parti, que je fais corps avec mon bateau et je m'en sers comme d'un gigantesque capteur multifonctions pour me connecter avec l'environnement qui ne cesse de changer. Le vent, l'état de la mer, la température, l'humidité, les sons sourds ou parasites décident de tout et je palpe les moindres variations. J'associe tout à tout et alors je laisse entrer mes souvenirs, certaines personnes, des réflexions, des idées, des sentiments, des musiques, des couleurs, des images, des formes dans cet univers entre l'ultra présent et le presque inconscient. Je suis malgré tout très présent et dans l'action, concentré et pleinement dans l'instant, mais pas de façon habituelle. C'est comme si cet environnement déclenchait en moi une partie inexplorée de mon être qui se réveillait pour être là. Je ne sais pas si c'est un état méditatif ou d'ultra perception. J'ai du mal à vivre cela à terre mais parfois je re-capte cet état, il est plus bref et plus précis, moins comme un état mais plus comme une opportunité. Parfois j'ai besoin de le rechercher et ne le trouve pas, parfois il vient naturellement. Lorsqu'on est nombreux à bord comme à l'aller, j'ai du mal à l'obtenir mais ça n'est pas si gênant. Je peux le partager mais j'avoue que c'est assez rare. Je ne le recherche pas forcément à tout prix, ce n'est pas quelque chose de performant ni de précis. Je ne peux pas dire que j'en joue mais certainement que j'en jouis.
[...]
Thomas
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Non-dit
18 août 20105
Je vous remercie d'être parfois le témoin extérieur de cette relation père-fille et fille-père que je trouve admirable avec ses nuances, subtilités, paradoxes ou contradictions mais jamais de non-dit.
Vous êtes beaux dans votre respect mutuel. Vous grandissez sur ce bout du monde qui est devenu le vôtre pour toujours.
Thomas


09 novembre 2016
Le non-dit est définitivement pestilentiel. Il nous entraîne dans des chemins qui bouffent nos existences. Nommer nommer nommer et dire pour échapper à la vase. La parole libre est un cadeau pour tout le monde.
Jac.
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Je parle à un homme qui ne tient pas en place.
Quand je lui parle vers le sud, il est peut-être à l'ouest, quand je suis moi-même à l'ouest et lui parle vers l'est, il a peut-être perdu le nord et le rattrape au vol. Alors pourquoi parler si c'est dans le vide que je parle? Pourquoi envoyer chaque journée une bouteille dans les airs si peut-être mes paroles ne sont jamais bues? Et si, par magie, tu me reçois, quel est ce droit que je m'octroie de t déranger dans ton travail? Pourquoi?
Jac
p:19
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T'écrire est déjà une forme d'inconscience. Cela supposerait que tu as le désir ou le temps de me lire. Mais bon j'essaie ! Si tu as 4 secondes, non pas pour me répondre mais juste savoir si cette adresse mail que tu m'as délicatement transmise fonctionne. Un petit oui m'ira très bien.
Chaleureusement.
Bon chemin grand monsieur.
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Jacques Gamblin - Je parle à un homme qui ne tient pas en place
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