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EAN : 9782842065775
388 pages
La Fontaine de Siloe (01/06/2014)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Le mitan du XVIIe siècle, dans le Val Montjoie... Dame Misera et la peste, quand ce n'est pas la guerre, rivalisent a qui meurtrira plus sauvagement le pays savoyard. Voilà pourquoi depuis quinze ans, à la mauvaise saison, Gaspard, provisions faites à Notre-Dame-de-la-Gorge, troque ses sabots de paysan pour les bottes de colporteur et prend le large - cap vers "les Allemagnes". En cette année 1645, il embarque avec lui les quinze ans naïfs de son neveu Jean-Baptiste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Et nous voici de retour dans le nord des Alpes, plus précisément dans cette partie de la Haute Savoie que tous les amateurs de grimpe connaissent bien. Un fond de vallée reculé, enchâssé entre des montagnes menaçantes pour qui ne sait pas les apprivoiser, cernée d'une beauté glaçante attirant les candidats à la liberté des cimes comme autant de lampadaires le papillon de nuit insouciant.
Nous sommes en 1645, juste après la réforme et l'invention de l'imprimerie qui vont avoir des implications tout au long de ce roman initiatique. Les paysans de ces vallées abandonnées n'osent pas s'aventurer sur les « glaciaires » comme ils les appellent, à l'image de Jean-Baptiste qui accompagne son oncle Gaspard jusqu'à toucher la langue de glace du glacier de Miage à la recherche de racines de génépi. Pétri d'une religion pas tout à fait débarrassée de croyances ancestrales, d'une idolâtrie païenne sous couvert de saints et saintes et de superstitions bien ancrées au plus profond des âmes, Jean Baptiste vit une vie sans histoire et au destin déjà tout tracé : il sera paysan, tirant le peu de quoi survivre sur ces terres ingrates. Il a tout juste quinze ans, ce qui est déjà un exploit en lui-même dans un temps où la mortalité enfantine n'est pas encore un lointain souvenir et où les épidémies et les guerres savent prélever leur dû chez les moins résistants. Et voilà que son oncle, colporteur et un peu trafiquant, l'engage à le suivre dans sa tournée vers les « Allemagnes » au début de l'hiver. Leur chemin va les amener dans le haut Jura tout proche mais c'est la vie elle-même que va découvrir l'adolescent. Une vie faite de révélations et de déceptions, où l'innocence n'a pas sa place et où les plus filous savent toujours s'en sortir. Il va se frotter aux réalités de l'existence et en apprendre beaucoup, se former le caractère. Lorsqu'il reviendra dans sa vallée pour prier Notre Dame de la Gorge à laquelle il voue un véritable culte (mais réussira-t-il à éviter les écueils que le chemin mettra devant ses pieds?), il sera un autre homme.
On se surprend à entrer de plein pied dans cette histoire toute simple qui a l'intelligence de se situer à un moment clé de l'histoire : la réforme divise la religion en deux camps, les Calvinistes de Genèvre et les moines plus intransigeants que jamais; l'invention de l'imprimerie qui propose quelques livres déjà interdits par l'église et qui sont l'objet d'un trafic à couvert (on imagine même un moment que le roman va prendre cette direction-là). C'est par ailleurs l'un des points positifs de cette aventure : à aucun moment on ne sait quel chemin va emprunter le roman et l'on tremble à chaque recoin de sentier sur ce qui pourrait advenir à notre héros.
Au-delà d'une prose bien écrite, simple, rurale et revigorante, on se pose la question de l'apprentissage de la vie par les voyages qui, dit-on, forment mieux que quiconque la jeunesse. La découverte, la curiosité, l'appétit d'apprendre ont disparu de nos sociétés trop informatisées, aseptisées et trop confortables finalement, où l'on croit tout connaitre d'un clic ou d'un reportage diffusé à la télévision. Ce pèlerinage éducatif a pourtant ses avantages. Découvrir en réel le monde. S'y frotter quitte à s'y écorcher. Evaluer ses idées préconçues face à la force de l'expérience directe, quitte à y perdre un peu de son innocence, de sa candeur. Mais y gagner de toute façon, quoi qu'il arrive.

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Nous connaissons tous le "Neveu de Rameau". Nous connaissons presque tous "Gaspard des Montagnes".
Mais qui connaît "Le Neveu de Gaspard" ?
Ce "neveu-là" n'a rien à voir avec le philosophique "Neveu de Rameau" et a quelques points communs avec le héros d'Henri Pourrat.
Roman du terroir se situant au mitan du XVIIe siècle, dans le Val Montjoie -minuscule recoin du pays savoyard- le "Neveu de Gaspard" est dû à la plume de Jean-Paul Gay, écrivain régionaliste du XXe siècle, amoureux de ses montagnes.
Bout de terre tutoyant les cimes le Val Montjoie n'était pas, à l'époque, un havre de joie. Tout au contraire, la misère, les épidémies, la guerre aggravaient des conditions de vie déjà rudes à la base. "La peste lui avait ravi son épouse et six de ses huit enfants", cette phrase pourrait résumer la précarité de la vie dans ce qui n'étaient pas encore des stations de ski huppées ("Chamouny" = Chamonix, bien avant l'alpinisme).
Gaspard est un colporteur qui, à la mauvaise saison, chausse ses bottes de colporteur et s'en va gagner sa croûte au loin, vers "les Allemagnes". Cette année-là il embarquera son neveu Jean-Baptiste, orphelin de père, et c'est à travers les yeux de ce jeune garçon naïf de quinze ans, qui n'a jamais quitté son village, que nous vivons les "Aventures d'un colporteur savoyard", ainsi que l'annonce le sous-titre du roman.
Roman du terroir, roman de la montagne, roman d'apprentissage, roman d'amour (la jolie et jeune Dorine), roman d'aventures (des assauts de brigands tout aussi pauvres que les colporteurs et les paysans), cette histoire de vie et de mort offre tout cela, dans une langue aux accents locaux bien rendus. La rudesse et la misère de la vie n'empêchent pas une grande solidarité familiale et montagnarde de s'exprimer.
Le style du récit est simple, direct, mais pas simpliste, et va droit à l'essentiel, comme on savait si bien le faire en moyenne et haute montagne, pour pouvoir survivre .
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Gaspard décida d'une pause. Levant les yeux, il découvrit la masse du glacier de Miage. Cette fois il en était certain, le glacier avait grossi depuis la dernière fois où il l'avait approché, voilà quatre ou cinq années. Il gardait le souvenir très précis d'une cascade qui jaillissait dans un bruit d'enfer du ventre du monstre. Il n'y avait plus de cascade, un désordre de lames grises l'avait avalée et réduite au silence. Gaspard cherchait se qui pouvait bien faire grossir et avancer cet ogre. Quelle force maléfique le nourrissait si bien ? Ce glacier serait-il bientôt assez sûr de sa force pour avaler les alpages de Miage ?
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Quand arriva le couplet sur l'herbe à bouquetin, Gaspard mit beaucoup de conviction à vanter les mérites de cette médication et à exalter son effet aphrodisiaque. L'exposé ne laissa pas indifférent le représentant de l'ordre(1)

(1 :un sergent de ville)
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La peur, comme une marée, avait reflué dans un recoin profond de son corps, redonnant lentement à ses mouvements une aisance qui lui permettait d'apprivoiser peu à peu ce monde minéral dont il n'avait perçu jusque-là que l'hostilité. Parfois le glacier éructait comme pour faire savoir qu'il était toujours là. Une pierre se détachait pour plonger dans une crevasse, des craquements difficiles à localiser rayaient la nappe de silence. Instinctivement alors, Jean-Baptiste oubliait sa cueillette. D'un bond il se redressait et se signait, comme prêt à se voir happé par un être démoniaque surgissant d'une crevasse.
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Toits de chalets, de granges ou de greniers étaient raccommodés, ravaudés mille fois, avant que la mort dans l'âme, on se décide à écorner son capital de forêt afin de ressusciter une toiture agonisante.
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Quelques-uns possédaient assez d'ambition et de confiance en eux-mêmes pour qu'une simple pichenette du destin ait suffi à les précipiter sur les grands chemins. Beaucoup d'autres s'étaient simplement résignés à fuir les caresses répétées de Dame Misère.
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