Patrick Breuzé vit à Samoens, Haute Savoie. Quasiment au bout de cette vallée verdoyante qu'on appelle justement la vallée verte, en contraste avec celle, voisine, de Chamonix : la vallée blanche. Ensuite, c'est le « bout du monde », lieu-dit entouré de cascades dévalant depuis les pics acérés : un cirque où finit la terre des hommes pour laisser la place à ce monde si particulier vénéré des grimpeurs, alpinistes ou même simples randonneurs qui désirent laisser quelques heures ou quelques jours leur vie monotone noyée dans la brume des villes et viennent aérer à la fois leurs poumons et leur âme sur les hauteurs rédemptrices de la
Montagne.
Cette avalanche n'est pas de neige. Juste un éboulement titanesque de rochers qui menacent la vallée et le village des hommes qui vivent chichement sur une terre pauvre.
Nous sommes en plein premier conflit mondial, Adelin, un jeune poilu bénéficie d'une permission de quelques semaines, suite à une blessure au dos.
Breuzé n'a pas son pareil pour évoquer cette époque pas si lointaine où, pourtant, tout était si différent. Par saine curiosité, Adelin souhaite aller voir de plus près ces rochers qui menacent à tout moment de déferler sur les toits des fermes. C'est juste à ce moment que la catastrophe arrive. On le croit perdu, enseveli sous des tonnes de granit. Mais la gendarmerie pense plutôt à une volonté de désertion…
Même si l'action se situe sur les sommets, dans les alpages et les cabanes de berger ou une caverne inatteignable, ce roman n'a rien à voir avec les récits d'alpinisme chers à
Frison Roche. Ici, on ne glorifie pas la
montagne, telle une déesse qui aurait toute autorité sur ces minuscules fourmis qui viennent rivaliser d'audace sur ses flancs.
Non, le roman de Breuzé s'inscrit parfaitement dans cette veine régionaliste souvent dénigrée et oubliée sur les étagères « gros caractères » de la bibliothèque des maisons de retraite.
Pas besoin de connaitre ni même de s'intéresser à la
montagne pour apprécier la prose de l'auteur Haut-Savoyard. On n'y parle que d'hommes (et un peu d'amour aussi) et de cette fierté montagnarde qui nait de conditions âpres et rudes.
Une histoire toute simple qui ne changera pas le monde littéraire mais qui saura faire vibrer cette petite corde qu'on a, tous, au fond du coeur et qu'il est si difficile à cerner, à décrire, à comprendre.