C'est le dernier tome qui vient clore les aventures de Mattéo qui est passé de la Première Guerre Mondiale à la Seconde tout en faisant également la révolution en Russie ainsi que la guerre d'Espagne afin de défendre ses idéaux de démocratie. On peut dire que c'est un combattant, le Mattéo.
Mattéo est toujours hors-la-loi et il n'est pas le bienvenue en France mais c'est beaucoup trop risqué de rester en Espagne. Il est accueilli par un vieil ami Paulin à Collioure alors qu'il vient de perdre sa mère. Il retrouve également Juliette et il semble toujours en pincer pour la belle Amélie.
Cette belle fresque imaginé par Gibrat nous emporte dans un final assez grandiose. Cela se laisse lire toujours aussi agréablement. le cheminement personnelle de Mattéo est rattrapé par la grande Histoire.
Au niveau du dessin, c'est comment dire, tout simplement magistral et parfait. J'ai toujours considéré que l'auteur est l'un des meilleurs dessinateurs et il le prouve une fois encore. Son trait n'est pas seulement fin et délicat, il transporte véritablement au panthéon dans une fluidité sans pareille.
Bref, c'est une belle et grande série qui s'achève dont le héros décidément très attachant a porté les illusions et les espoirs à travers son romantisme et sa passion.
Suite et fin des aventures de Mattéo...
J'ai beaucoup aimé ce tome où la tendresse prend toute sa place.
Tendresse d'un amour ancien retrouvé , tendresse entre meilleurs amis, tendresse envers une mère qui se meurt et surtout tendresse d'un père pour un fils qui ne sait même pas qu'il est son père.
Nous sommes au début de la seconde guerre mondiale et déjà les allemands font des ravages. Pour autant, cet album empreint de douceur- tout comme le regard des héroïnes de Gibrat- sonne comme un apaisement dans la vie de Mattéo. Il ne combat plus pour des chimères, comme son père " qui pensait qu'il pourrait changer le monde à lui seul ou presque."
Non, désormais, il doit sauver son fils prisonnier des Allemands, ce fils qu'il connaît à peine... Mais, auquel il a des tas de choses à raconter.
Ça aurait pu être le sujet d'un septième tome mais la pudeur exige qu'on les laisse se retrouver seuls ces deux là, avec la douce Amelie, pour veiller sur eux.
Une série magistrale que je regrette bien de ne pas posséder. Un jour, peut-être...
Au nom du père, du fils et des sains d'esprits
A l'heure où Angoulême essaie de faseyer entre fausse audace et rattrapage promotionnel de minorités, Gibrat conclut sa série Mattéo.
Ce 6ème tome n'est même pas forcément le meilleur. Je trouve que Gibrat a précipité la fin, en réunissant certains personnages de manière un peu forcée, comme s'il mettait à regret un point final à sa saga.
Pourtant, il va falloir se faire une raison. C'est fini.
Cette légère réserve fait que je ne lui accorde que 5 étoiles au lieu des 6 ou 7 que cette BD mériterait.
Depuis le début de la série, en 1914, Matteo oscille entre mauvais choix et abandon aux mains du destin, pour un résultat à peu près identique. Après avoir connu les horreurs des tranchées puis la désertion, la Révolution russe, le Bagne et la Guerre d'Espagne, il aurait mérité de souffler un peu.
D'autant plus que ce monde pour lequel il a combattu lui tourne le dos : Franco a triomphé et le Pacte germano-soviétique vient d'être signé. Dur dans ces conditions, de rester un « pessimiste sifflotant ».
Lui reste-t-il au moins, son amour pour Juliette qui lui a tant coûté ? Même pas.
Mattéo comprend enfin que leurs destins ne seront plus liés, Juliette étant incapable de lui faire une place, à côté de « son » fils.
Mattéo qui a eu tant de mal à dire « notre fils » (voir Mattéo 3ème période), ne supporte plus que Juliette se l'approprie de manière exclusive
L'éditeur a apposé un sticker « La grande saga historique s'achève », mais Mattéo est avant tout une aventure humaine et cette 6ème époque est placée sous le signe de l'identité et de la transmission.
Alors que Mattéo vient tout juste d'apprendre qui était son père, il découvre également que son fils, Louis, qui été corseté dans un environnement très réactionnaire, a réussi à s'extraire en grandissant, de cet héritage culturel.
Se sentant désormais plus proche de lui, Mattéo comprend qu'il est temps d'aller à sa rencontre et de lui avouer qu'il est son père. Seul obstacle à ces retrouvailles souhaitées : Louis, lieutenant dans l'armée française, est prisonnier des Allemands, à Sedan. Matteo va prendre une nouvelle fois la route, allant à l'encontre de la foule qui fuit la débâcle. A contre-courant, encore. On pourra aussi noter qu'une fois de plus, l'histoire finit sur l'eau, comme dans 4 des 5 volumes précédents (les 3 premières époques et la 5ème).
Mattéo, sa mère, Juliette, Paulin, Amélie, Louis…tous les survivants sont là pour une ultime revue des troupes. A qui s'ajoutent des gendarmes et un curé qui semblent tout droit sortis d'une chanson de Brassens (pour les premiers : « Depuis ce jour-là, moi, le fier, le bravache, moi, dont le cri de guerre fut toujours « Mort aux vaches ! » Plus une seule fois je n'ai pu le brailler » et pour le second : « Anticléricaux fanatiques, gros mangeurs d'ecclésiastiques, quand vous vous goinfrerez un plat de cureton, je vous exhorte, Camarades, à faire en sorte, que ce ne soit pas celui-là. »). Pour son dernier album de Mattéo, Gibrat se montre magnanime avec les porteurs d'uniforme.
Côté dessin, avec sa technique de vernis successifs, c'est comme d'habitude, du grand art. Ses femmes sont souvent ressemblantes, il le sait, il l'assume et il a raison.
Mais là où peut-être, Gibrat est le plus impressionnant, c'est dans sa maitrise du récit et des dialogues. Même sans dessins, l'histoire de Mattéo serait remarquable. Peut-être faudra-t-il qu'un jour, elle soit reprise sous forme de roman ou de film pour que l'immense talent de Gibrat soit reconnu à sa juste valeur.
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En attendant, même s'il ne fréquente pas les plateaux télés et ne squatte pas les pages des hebdomadaires, cet auteur livre à nouveau un très grand album.
Voilà, il fallait bien que ça arrive un jour, et sans doute était-il temps. Mattéo nous quitte.
Nous le retrouvons où nous l'avions laissé : interné à la citadelle de Collioure en tant qu'ancien républicain espagnol, alors que la menace nazie ne fait que grandir.
Tout comme le précédent tome, celui-ci ne restera pas pour moi le plus réussi. Vers la fin en particulier, on a un peu l'impression que Gibrat survole un peu son histoire pour en finir, n'hésitant pas à faire appel à des deus ex machina auxquels il ne nous aura guère habitués.
Mais je n'ai pas envie d'être plus sévère que ça avec cet auteur de génie. Ses dessins demeurent somptueux (même si ses "greluches" se ressemblent toutes), ses textes sont toujours ceux d'un écrivain, acérés comme autant de flèches qui font bien souvent mouche... et Mattéo continue à porter en lui toutes les contradictions de l'humanité, ce qui fait de lui un personnage impossible à oublier.
C'est un ami duquel il me faut maintenant lâcher la main, et sans doute était-il temps, comme je le disais en préambule.
Mais quand même, ça fait bizarre.
« Voilà, c'est fini » … la saga s'achève et Gibrat célèbre d'une bien jolie manière ses 50 ans de carrière en faisant ses adieux au héros que nous avons suivi pendant près de 15 ans tandis qu'il prenait part aux conflits majeurs de la première moitié du XXe siècle.
Paradoxalement, au moment où l'Histoire est plus que jamais en train de s'écrire, Gibrat choisit de privilégier l'histoire. le récit se recentre et se resserre sur Matteo qui n'a plus rien à perdre si ce n'est son fils qu'il va décider de sauver coûte que coûte alors que celui-ci est prisonnier après Sedan.
Ce dernier tome est l'heure du bilan, des retrouvailles et des adieux …
Comme des acteurs de théâtre qui viennent pour le salut final, on retrouve en effet tous les personnages (sauf les disparus) qu'on avait appris à aimer : sa mère, Paulin, Juliette, Amélie bien sûr. Ceux-ci fonctionnent un peu comme ceux de Sautet, cinéaste cher à l'auteur. Tout sauf manichéens, ils nous émeuvent et nous agacent à la fois par leur côté imparfait et cela renforce la justesse de leur caractérisation. Et il est une silhouette qui acquiert un rôle de premier plan dans ce final : le personnage de Louis. Ce « sale con » évolue par rapport aux autres tomes. Alors qu'il a été imprégné d'une idéologie assez nauséabonde, le voilà qui s'en détache. L'auteur s'est inspiré pour le créer du parcours et des Mémoires de Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin et le dote également du sens de l'humour et de la formule de son père pour notre plus grand bonheur de lecteur !
Car bien sûr il y a le dessin, les femmes magnifiques et la couleur directe aussi somptueuse dans les pages solaires que dans les clair-obscur ou l'évocation de la haute mer … mais il ne faudrait pas oublier la petite musique gibratienne ,ses formules, ses aphorismes qui émaillent les narratifs désabusés de la voix-off très écrite de Matteo et aussi les dialogues percutants à la Audiard.
« Matteo » c'est fini mais on retrouvera les héros de Gibrat avec la suite du « Vol du corbeau » … dans quelques années ! Chronique complète et ITW de l'auteur sur notre blog www.bulles2dupondt.fr
Les réfugiés poussaient des charrettes surchargées, le plus lourd étant ce qu'ils avaient laissé, Belges, Hollandais et maintenant Français, une hémorragie. La lave d'un peuple apeuré s'écoulait sur les routes, une sauce désespérante faisant grumeau à chaque village.
Il suffit d'un mot de trop, ou pire un mot non-dit, pour atteindre un point de non-retour. Je n'aimais plus Juliette.
C'est ton petit couloir de Dantzig, quoi ! Hitler réclamait un accès à la mer, et toi l'accès au père.
D'ordinaire, c'est la mer qui dépose les restes des naufragés, cette fois c'est la terre qui recrachait le désastre d'une France qui avait sombré.
On reconnait la modernité d'une guerre aux armes inédites et à la manière de faire de nouvelles victimes.
Chez qui se rend Julien au début de l'histoire ?