Code source

Le premier scénario pour le film Alien 3 a été écrit par William Gibson (l'inventeur du cyberpunk). le scénario a été rejeté (je comprends maintenant pourquoi), et on a eu le film qu'on a eu à la place.

Je tiens à dire : j'adore Gibson et j'adore Alien. Ça m'attriste donc particulièrement de ne pas aimer cette version roman graphique du scénario abandonné.

À la défense de Gibson, il nous explique que les choix douteux du scénario ont été imposés par la production. Alors : pas de Ripley, le xénomorphe a des pouvoirs bizarres, etc.

M'enfin.

La franchise Alien a désormais la quarantaine passée et pour marquer l'occasion, le scénario initialement écrit par William Gibson pour le troisième opus cinématographique est publié de différentes manières : comics, audiolivre. Après l'adaptation de trois romans originaux, Audible s'attaque à cette version antérieure au travail de David Fincher et de ses scénaristes. L'occasion de proposer une nouvelle expérience sonore digne d'un film pendant 2h15.

Le narrateur n'est autre que Bishop, le "synthétique", un des derniers survivants dans "Alien, le retour". Il débute son récit par un résumé des deux premiers films avant d'introduire la nouvelle situation du vaisseau USS Sulaco qui dérive dans l'espace.

Alors que ses passagers sont placés en hypersommeil, le vaisseau est abordé par un commando de l'UPP Interceptor qui découvre les vestiges du combat contre la reine ainsi que le petit cadeau d'adieu qu'elle a laissé derrière elle…

S'engage alors une course à l'arme biologique entre deux blocs ennemis qui ne sont pas sans rappeler le USA face à l'URSS durant la Guerre Froide. D'ailleurs, on notera que l'UPP, Union des Peuples Progressistes, n'est autre qu'une fusion communiste de la Chine et de la Russie. Bien évidemment, cette volonté de transformer les aliens en armes biologiques conduit une fois de plus à une catastrophe que nos héros, bien rodés désormais, devront endiguer.

Ce scénario inédit, bien loin de l'Alien 3 que l'on connait, met en avant cet ennemi contre lequel la Weyland-Yutani Corporation souhaite envoyer sa future arme biologique. Ennemi qui vise les mêmes objectifs. C'est finalement Bishop, un androïde, qui fera figure de sagesse en pointant du doigt le véritable ennemi : l'alien. Cet étranger qui ne peut être ni modeler ni contrôler mais qui pourrait incarner un tiers unificateur de la race humaine, si celle-ci s'en donne les moyens.

Évidemment, on regrette que Ripley soit délaissée. Pour autant, elle n'est pas sacrifiée. Ce scénario reflète l'indécision de Sigourney Weaver à l'époque pour la reprise de son rôle culte. Et William Gibson "protège" les survivants du second film pour d'éventuels retours, là où Fincher les élimine d'emblée...

Et en termes de suite, Gibson proposait déjà quelques pistes comme une quête vers les origines des aliens pour, peut-être, un ultime combat non plus défensif mais offensif. Mais tout cela appartient désormais à une branche parallèle de la chronologie officielle.

Code Source est intéressant dans son genre pour le concept de "locative art" : les artistes donnent à voir leurs oeuvres en pleine métropole, renouvelant le street art à l'aide de la géolocalisation (pour situer l'oeuvre) et de la réalité virtuelle car l'oeuvre ne peut se voir qu'à l'aide d'un casque de VR. Elle est inaccessible sans la tech, l'oeuvre étant dans une autre dimension.
Dommage, le roman ne tourne pas autour de ce concept prometteur, étant avant tout un roman d'espionnage.

Et si Alien 3 de David Fincher avait été tout autre chose? Reprenant un vieux scénario sorti d'un tiroir, Alien III - L'adaptation du scénario jamais révélé donne méchamment envie. le public découvre donc en BD ce qui aurait pu avoir lieu. Bybye la prison et Ripley, bienvenue dans une guerre pour s'accaparer du génome des Aliens et en faire des manipulations génétiques. Evidemment, rien ne se déroule comme prévu.
Un début un peu chaotique, essayer de ne pas faire de parallèle avec le Fincher, accepter un dessin très droit, des visages parfois flous, des dialogues incompréhensibles. Comprendre qui sont les personnages, leurs buts et découvrir finalement que la créature a faim et qu'elle va chercher à savourer chaque humain présent sur son parcours. de l'action, du sang, un virus diabolique, le rendu est assez explicite, et parvient à nous transporter facilement dans une autre galaxie. Dommage que Ripley soit mise sur le bas-côté, et hormis deux/trois défauts en cours de route, on aurait bien aimé découvrir ce scénario sur grand écran. Savourons-le tel quel avec plaisir.

Deuxième roman de la trilogie Blue Ant, dans laquelle Gibson explore de manière fascinante le monde des années 2000 (l'action se passe vers la fin de la décennie). L'histoire a un petit goût de vieux roman d'espionnage, assez plaisant. Mais l'essentiel est dans les détails : descriptions d'objets, de pratiques artistiques, de comportements. Les années 2000 ressemblaient vraiment à cela ?