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EAN : 9782246267911
297 pages
Grasset (13/10/1999)
4.2/5   43 notes
Résumé :
Essai aux confins de la théologie, de la philosophie et de la sociologie, "Je vois Satan tomber comme l'éclair" s'inscrit dans le prolongement de l'œuvre de René Girard et en particulier du Bouc émissaire. Selon le postulat de l'auteur, les Évangiles sont loin d'être "un mythe semblable à tous les autres". Partant de là, il démontre tout au cours de cet essai qu'ils sont "une théorie de l'homme avant d'être une théorie de Dieu", rejoignant en cela la philosophe Simo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je vois Satan tomber comme l'éclair, publié en 1999 livre une lumineuse fresque de la théorie de l'homme.

« Lentement mais irrésistiblement sur la planète entière, l'emprise du religieux se desserre. Parmi les espèces vivantes dont le monde menace la survie, il faut compter les religions. Les plus petites sont mortes depuis longtemps, les plus grandes se portent moins bien qu'on ne le dit, même l'indomptable islam, même l'innombrable hindouisme. Dans certaines régions, la crise est si lente qu'on peut encore nier son existence sans trop d'invraisemblance mais cela ne durera pas. La crise est partout et partout elle s'accélère mais à des rythmes différents. Elle a commencé dans les pays les plus anciennement christianisés et c'est là qu'elle est le plus avancée… Les religions les plus vulnérables, de toute évidence, sont les plus intransigeantes et en particulier celle qui fait reposer le salut de l'humanité entière sur le supplice d'un jeune juif inconnu, il y a deux mille ans à Jérusalem »
René Girard nous livre une démonstration qui montre que la singularité et la force du christianisme réside dans la puissance révélatrice d'une mort librement consentie alors que les autres divinités se fondent des héros mythiques et occultent la violence. Il pointe également avec force ce qui a toujours produit mort et désastre, le désir de posséder ce qui appartient à autrui. le christianisme, nous dit Girard a renoncé à énumérer la liste de ce qui provoque le désir de s'en emparer. Sa formulation de l'interdit devient universelle en désignant « le prochain » qui est toujours présent et dont on souhaite ce qui est à lui. « Pour maintenir la paix entre les hommes, il faut définir l'interdit en fonction de cette redoutable constatation : le prochain est le modèle de nos désirs… »

Sa comparaison de l'explication des violences est également lumineuse. « Ou bien la violence passe pour divine, et ce sont les mythes, ou bien on l'attribue à la nature humaine, et c'est la biologie, ou bien on la réserve à certains hommes seulement (qui font d'excellents boucs émissaires), et ce sont des idéologies, ou bien encore on la tient pour trop accidentelle et imprévisible pour que le savoir humain puisse en tenir compte : c'est notre bonne vieille philosophie des Lumiéres… La révélation chrétienne éclaire non seulement tout ce qui vient avant elle, les mythes et les rituels, mais aussi tout ce qui vient après, l'histoire que nous sommes en train de forger, la décomposition toujours plus complète du sacré archaïque, l'ouverture sur un avenir mondialisé, de plus en plus libéré des servitudes anciennes mais privé, du même coup, de toute protection sacrificielle… »

Le christianisme nous montre clairement deux types de paix nous démontre René Girard : La première est celle proposée par Jésus à l'humanité. Si simples qu'en soient les règles, elle surpasse l'entendement humain, pour la bonne raison que la seule paix connue de nous est la trêve des boucs émissaires –la paix telle que le monde la donne - C'est la paix des puissances et des principautés, toujours plus ou moins « satanique » le Christ ne peut apporter aux hommes la paix vraiment divine sans nous priver au préalable de la seule paix dont nous disposons. C'est ce processus forcément redoutable que nous sommes en train de vivre.

Finalement, nous dit Girard, nous assistons à un retour en force de la pensée mythique. Un même groupe humain est capable d'éliminer des individus soupçonnés de provoquer leurs maux, mais ils peuvent aussi bien adorer les mêmes quand le groupe est apaisé ou réconcilié (ou que la prospérité revient)… Finalement, explique Girard, ce sont les désordres caractéristiques des groupes humains qui paradoxalement en s'aggravant de plus en plus fournissent aux hommes le moyen de se donner des formes d'organisation qui surgissent en quelque sorte de la violence paroxystique et y mettent fin. En quelques sortes les crises que nous connaissons ont un effet réconciliateur mais en refusant le réel « dogme numéro un de notre temps » nous perpétuons l'illusion mythique originelle et nous accélérons notre course vers le chaos.

Lien : https://www.gerard-pardini.f..
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René Girard propose une démonstration intéressante sur la prégnance du "prince de ce monde" au sein de la communauté des hommes, Satan étant voué à sa propre perte par l'exercice même de son pouvoir. Certes, la pensée de l'auteur peut apparaître complexe, mais elle est en tout cas profondément cohérente.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les compte rendus mythiques représentent les victimes de la violence collective comme coupables. Ils sont tout simplement faux, illusoires, mensongers. Les compte rendus bibliques et évangéliques représentent ces mêmes victimes comme innocentes. Ils sont essentiellement exacts, fiables, véridiques.
Page 17
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« Entre Dionysos et Jésus, il n'y a « pas de différence quant au martyr », autrement dit les récits de la Passion racontent le même type de drame que les mythes, c'est le « sens » qui est différent. Tandis que Dionysos approuve le lynchage de la victime unique, Jésus et les Évangiles le désapprouvent. Les mythes reposent sur une persécution unanime. Le judaïsme et le christianisme détruisent cette unanimité pour défendre les victimes injustement condamnées, pour condamner les bourreaux injustement légitimés. Cette constatation simple mais fondamentale, si incroyable que cela paraisse, personne ne l'avait faite avant Nietzsche, pas un chrétien ne l'avait faite ! Sur ce point précis, par conséquent, il faut rendre à Nietzsche l'hommage qu'il mérite. Au-delà de ce point hélas, il ne fait que délirer. (…) »
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Une fois que l'on appréhende la critique des emballements mimétiques et de leurs résulats, d'un bout à l'autre de la bible, on comprend ce qu'a de profondément biblique le principe souvent cité par Emmanuel Lévinas : "Si tout le monde est d'accord pour condamner un prévenu, relâchez-le, il doit être innocent." L'unanimité dans les groupes humains est rarement porteuse de vérité, elle n'est le plus souvent qu'un phénomène mimétique, tyrannique. elle ressemble aux élections unanimes des pays totalitaires.
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Nos institutions doivent être l'aboutissement d'un lent processus de sécularisation qui ne fait qu'un avec une espèce de "rationalisation" et de "fonctionnalisation". Il y a longtemps que la recherche moderne aurait repéré leur véritable genèse si elle n'était pas handicapée par son hostilité irrationnelle, au fond, pour le religieux.
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L'unanimité dans les groupes humains est rarement porteuse de vérité, elle n'est le plus souvent qu'un phénomène mimétique, tyrannique. Elle ressemble aux élections unanimes des pays totalitaires.
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Vidéo de René Girard
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-qui_dit_on_que_je_suis_le_mystere_jesus_joel_hillion_stan_rougier-9782336428567-78949.html ___________________________________________________________________________
L'Apocalypse de Jean commence par ces mots : « Révélation de Jésus Christ : Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. » Comment Jésus a-t-il « connu » cette révélation ? À partir de quand s'est-il lancé dans sa mission ? À quelle fin ? Pour tenter d'y voir plus clair, Joël Hillion est parti de la théorie mimétique de René Girard. L'hypothèse est simple : le christianisme est le plus grand « déconstructeur » du sacré qu'on ait connu. Qu'est-ce que Jésus apporte qu'aucun autre humain n'avait compris avant lui ? Cette compréhension du message non sacrificiel de Jésus ne va pas de soi. Après 2 000 ans, nous en sommes encore à nous interroger sur ce qu'il signifie. Conscient de l'originalité absolue de sa mission, Jésus répétait souvent : « Qui dit-on que je suis ? » C'est à nous que la question est posée.
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Bonnes lectures !
Crédit : Ariane, la prise de son, d'image et montage vidéo
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