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EAN : 9782366240405
181 pages
Cambourakis (02/05/2013)
3.88/5   33 notes
Résumé :
A travers l’itinéraire du petit Manolis, chassé de son village de Vourla, dans la région de Smyrne, réfugié dans une famille d’accueil à Nauplie, retrouvant sa famille en Crète pour finalement émigrer en France, ce roman graphique évoque l’expulsion des populations grecques de Turquie, l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire grecque du XXe siècle, connu sous le nom de « Grande catastrophe ».

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Manolis est une bande dessinée adaptée du roman Manolis de Vourla d'Alain Glykos.
La couverture est sobre et évocatrice, le ciel prend toute la place, un enfant marche dans une ruelle entre une mosquée et une église.
Seule la couverture a quelques couleurs , le reste est blanc , noir et gris.
Les deux premières pages surprennent , un théâtre d'ombre avec d'un côté: bulle en grec et église et de l'autre :bulle en turc et mosquée.
Un enfant, Manolis, présente sa famille qui vit près de Smyrne ( Izmir en turc), et la situation après 1918, les alliés partagent le Turquie en plusieurs territoires, mais Mustafa Kemal refuse cette situation et reconquiert son pays.

La vie quotidienne à cette époque est très agréablement évoquée avec les mots simples de l'enfant : ses visites à sa grand-mère , les relations entre voisins. Les deux communautés grecques et turques s'entendent bien, vivent dans l'amitié, la douceur, le respect, la joie de s'amuser ensemble.

Mais quelque chose se prépare, les femmes turques pleurent et les hommes partent.
Avec la défaite des troupes grecques face à l'armée conduite par Mustafa Kemal,les chrétiens sont chassés de Turquie et déportés, les maisons détruites, les hommes tués. Des bateaux bondés coulent, les familles sont séparées.Ces réfugiés sont souvent les malvenus sur le territoire qrec.

Manolis raconte le voyage qu'il a effectué en bateau avec sa grand-mère vers l'île de Samos, puis Nauplie pour quitter le pays, et son périple pour retrouver ses parents!

J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée , avec ses dessins sobres et évocateurs, l'histoire de cet enfant Manolis qui explique bien le début de la "grande catastrophe" d'Asie Mineure.
En plus des dessins,à la fin du livre, une page explique l'intégrations de ces Grecs d'Asie Mineure à la population de la Grèce, un lexique présente les spécialités ou les lieux dont il est question, et une chronologie reprend la situation de 1914 à 1923.

Je remercie Babélio et les Editions Cambourakis de m'avoir permis de découvrir ce livre et m'avoir fait plonger d'une manière sereine dans une Histoire douloureuse que je ne connaissais pas.

Superbe découverte!
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Cette bande dessinée est en noir et blanc, le graphisme mêle lavis et crayon, cela donne un résultat brut et comme pris sur le vif. C'est une histoire d'immigration, celle des grecs chassés de Turquie en 1922, après la guerre. On va suivre le personnage de Manolis, le récit est touchant parce c'est un témoignage de famille, Il est le père du scénariste d'Alain Glykos. Manolis n'a que 7 ans en 1922, dans la fuite, il va être séparé de sa famille, seul avec sa grand-mère, à prendre le bateau, à se retrouver dans des camps de migrants, et à traverser la Méditerranée dans tous les sens pour retrouver sa famille. C'est un passage de l'histoire assez méconnu qu'il fait ressurgir. C'est raconté avec tendresse, mais il ne nous épargne pas pour autant la violence, c'est parfois assez dur, mais c'est les moments heureux qui poussent la larme à l'oeil, c'est très émouvant. J'ai été assez troublé par les similitudes avec des évènements plus récents, l'histoire bégaye, et ne semble pas en tirer de leçons. Encore une bande dessinée sur l'immigration à lire absolument.
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1923. Suite à la défaite des armées grecques face aux troupes de Mustafa Kémal, des centaines de milliers de grecs vivant sur la côte ouest de la Turquie furent expulsés vers leur mère patrie. Un déplacement de population massif effectué à marche forcée et qui laissa sur le carreau nombre de réfugiés. Ayant tout perdu au moment de leur départ ces réfugiés durent de plus, une fois de retour en Grèce, affronter les réactions hostiles de la population locale qui ne les considérait pas comme des compatriotes mais voyait plutôt en eux des immigrés. Une intégration difficile voir impossible et des conditions de vie extrêmement précaires ont longtemps fait de ces Micrasiates (Grecs d'Asie Mineure) des parias dans leur propre pays.

Ce roman graphique raconte l'histoire de Manolis, enfant grec né en Turquie et frappé de plein fouet par « la grande catastrophe ». Séparé de ses parents et de ses frères au moment de monter sur le bateau devant les ramener en Grèce, le jeune garçon reste sous la protection de sa grand-mère. Ensemble ils vont connaître bien des épreuves et échouer dans une ville du Péloponnèse où personne ne fait grand cas d'eux. Placé un temps en famille d'accueil, Manolis apprend que les membres de sa famille sont en Crète. Décidé à les rejoindre coûte que coûte, il part seul pour Athènes afin d'embarquer dans le port du Pirée…

Voila une fois encore un album qui entremêle la petite et la grande histoire. Personnellement j'ai préféré m'attarder sur l'aspect individuel du destin de Manolis plutôt que sur l'universalité de la réflexion concernant les ravages de la guerre. Ce récit d'exil et d'initiation à hauteur d'enfant est simple et touchant, sans excès de pathos. Il est intéressant de constater qu'en grandissant le gamin au départ un peu perdu se forge une identité forte et pose un regard lucide et déterminé sur son avenir.

La narration, surtout dans les premières pages m'a fait penser à la très jolie série « Marzi » de Sylvain Savoia et Marzena Sowa. Graphiquement, on sent l'influence de Craig Thompson mais aussi du Sergio Salma de « Marcinelle, 1956 » (surtout à cause de l'encrage épais et charbonneux).

Tout en émotion et en retenu, ce destin individuel pris dans le tourbillon de l'histoire permet de mettre en lumière un épisode tragique sans doute trop peu connue sous nos contrées. Une belle réussite.
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Encore un conflit sanglant pour une histoire de territoires. A partir de 1919, les soldats turcs ont chassé les populations grecques installées en Anatolie et en Thrace orientale.
Lors d'une visite en Turquie, j'avais entendu parler d'un "simple" échange de populations en 1920 (1 300 000 Grecs de Turquie contre 385 000 Turcs de Grèce). C'est bien ainsi que cette guerre a pris fin, mais la genèse de ces migrations est plus complexe et surtout beaucoup plus tragique que les déménagements pacifiques présentés. Ce conflit méconnu est en effet "l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire grecque du XXe siècle, connu sous le nom de Grande Catastrophe" (cf. présentation de l'éditeur).

L'auteur nous fait découvrir cette guerre à travers le regard de son grand-père grec, Manolis. Il avait sept ans en 1919. Lui et ses proches, grecs, turcs, musulmans, chrétiens, vivaient alors harmonieusement.
Difficile de comprendre le chaos, a fortiori pour un enfant si jeune : des amis qui passent soudain dans le 'mauvais' camp, des proches massacrés, les familles éparpillées, la fuite comme seul moyen de survie.

Ce roman graphique est superbe à tous les égards : le graphisme est doux et expressif, le personnage central très attachant dans son désarroi, sa douleur et son errance, et le propos est à la fois explicite et sobre.
Une page d'Histoire à connaître, une réflexion sur l'exil - qui est parfois un leurre. Et aussi l'occasion de revoir à quel point, d'une guerre à l'autre, les effets désastreux sont les mêmes pour les populations qui en sont victimes.

--- Un grand merci à Babelio (MC du 04/07/2013) et aux éditions Cambourakis pour cette très belle découverte.
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L'épisode de l'expulsion des populations grecques de Turquie est évoqué sur le plan émotionnel, à travers les souvenirs d'un petit garçon, et sur le plan mythique, à travers le refrain récurrent des épisodes d'Ulysse dans l'Odyssée.


Foutue histoire qui ne laisse personne en paix. A cause d'elle, Manolis a perdu sa joie innocente, sa famille a éclaté, et les nuits le torturent quand elles lui rappellent que son père n'a pas reçu de tombe décente. Manolis pense qu'il trouvera réparation en émigrant vers la France mais comme nous le savons, et comme eux ne le savaient pas, la rédemption n'est pas offerte en cadeau de bienvenue.


Le parcours de Manolis témoigne de la grande et de la petite histoire. Enrichissant, à condition de tolérer la gangue émotionnelle sous laquelle on veut nous faire mijoter lentement.
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critiques presse (3)
BoDoi
25 juillet 2013
Le noir et blanc transcrit l’accablante chaleur méditerranéenne, la lumière éclatante et l’obscurité dans laquelle la guerre plonge les hommes. Une histoire simple et forte, à la fois ode à l’amitié entre les peuples et roman d’apprentissage.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
18 juin 2013
Transition hasardeuse de l'écrit à la BD ? Peur de mal faire ? Manolis, sans démériter sur le fond, souffre d'une réalisation formatée et d'une écriture dolente.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
12 juin 2013
Adaptation d’un roman de Allain Glykos paru en 2005, Manolis, du nom du jeune héros de l’album, offre un témoignage sur « la grande catastrophe » et ses conséquences, un moment historique peu connu par chez nous.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A la suite de la large victoires des troupes de Mustafa Kémal sur l’armée grecque en septembre 1922, une conférence internationale se réunit.
Après des mois de tractations, un traité est signé le 24 juillet 1923 à Lausanne entre la Turquie d’une part et la France, le royaume d’Italie, le Royaume-Uni, l’empire du Japon, le royaume de Grèce, le royaume de Roumanie, le royame des Serbes, Croates et Slovènes d’autre part.
Le traité reconnaît la légitimité du régime de Kémal Atatürk installé à Ankara. La Turquie renonce à ses anciennes provinces arabes et reconnaît l’appropriation de Chypre par les britanniques et du Dodécanèse par l’Italie. La Turquie moderne est donc limitée à l’Anatolie occidentale et orientale et la Thrace orientale.
S’ensuit l’échange des populations grecque et turque (1,6 million de grecs vivants en Turquie contre 385 000 musulmans de Grèce).
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[Manolis et Ismet, 7 ans - Turquie, 1922]
- S'il y avait la guerre, ce n'est pas [ma soeur] Nevra qui la ferait, c'est nous ! (...)
- Nous, on ferait la guerre ? On est trop petits !
- Toi peut-être, mais pas moi !
- Hé, mais tu n'as même pas de moustache !
- Parce que je ne la laisse pas pousser !
(p. 27-28)
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- Moi j'avais un ami, il s'appelait Ismet.
- Ismet? Mais c'est turc!
- Oui.
- Tu avais un ami turc!
- Oui.
- Ici, les turcs n'étaient pas nos amis.
- Pourquoi?
- Parce qu'ils occupaient la Crête. Nous, on les combattait. Les turcs, ils tuaient les gens, nous obligeaient à prier comme eux.
- Ce n'était pas comme ça à Vourla avant la guerre. On vivait avec eux. Ils étaient gentils.
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A cause de la guerre et des hommes qui la font avec leurs moustaches, un coin de rêve peut devenir en quelques instants un lieu de cauchemar.
pourquoi ne raserait-on pas les moustaches de tous ces hommes?
Ça donnerait beaucoup de travail à Yorgos, mais ça amènerait la paix.
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A cause de la guerre et des hommes qui la font avec leurs moustaches, un coin de rêve peut devenir en quelques instants un lieu de cauchemar.
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